Son
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A la place du cœur – Arnaud Cathrine

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Une magnifique couverture brodée, un roman qui aborde les attentats de 2015 et une histoire d’amour en parallèle… C’est le nouveau roman d’Arnaud Cathrine.

Caumes à 17 ans et ce soir de janvier où il fête son anniversaire semble être le grand soir : Esther, la fille qui le fait vibrer, se rapproche de lui et l’embrasse. Le lendemain, en cours, il reçoit un texto de son frère qui travaille à Paris. « Putain, Charlie ». Caumes croyait qu’il s’était trompé de destinataire…jusqu’à ce que les nouvelles se répandent dans le lycée…

★★★★☆

Une semaine dans la vie de Caumes. C’est le temps que dure le roman, c’est le temps qu’il faut à Arnaud Cathrine pour nous interroger sur l’avenir et les pensées d’un adolescent en plein milieu du drame qui a frappé la France en janvier 2015 et qui a changé pas mal de choses dans nos vies. Tout commençait bien pour Caumes : le jour de son anniversaire, il se fait embrasser à pleine bouche par Esther. Enfin. Le retour à la réalité du lendemain est difficile. Il faut émerger de la fête bien arrosée et, surtout, se souvenir du goût du baiser. Quand l’attentat de Charlie Hebdo survient, le changement est perceptible chez Caumes et tous ses camarades. Il y a ceux qui ont des proches à Paris, ceux dont les idées politiques les amène à dire n’importe quoi, ceux qui n’y comprennent rien, et ceux qui doivent aussi se demander comment être amoureux, être plein de désir pour une fille tout en vivant cette période étrange…

Quand j’ai commencé à lire le roman, que j’ai avancé dans l’histoire, je me suis longuement demandé si j’aimais ou non ce que je lisais. C’était un sentiment bizarre et, une fois refermé, je n’avais toujours aucune idée de ce que j’en pensais. Et après m’être laissé le temps de la réflexion, j’ai fini par comprendre que oui, j’avais aimé. J’ai aimé parce Arnaud Cathrine a su parfaitement mêler le roman d’amour et le roman d’actualité et, surtout, parce qu’il l’a fait d’une manière que je trouve la plus réussie jusqu’à présent après avoir lu pas mal de texte abordant les attentats (de janvier ou novembre 2015). Et cette réussite, c’est celle du personnage de Caumes, un garçon qui vit le truc le plus beau de sa vie et qui doit composer avec des événements qui le touchent, certes, mais peut-être pas autant que d’autres, parce qu’il ne comprend pas bien ce qui se passe – s’est passé – ou parce qu’il ne connaît pas grand-monde sur Paris (même si son frère bosse pour un journal là-bas et qu’ils s’inquiète, bien sûr) ou tout un tas d’autres raisons. J’ai trouvé Caumes et les personnages du roman finalement très proches de nous, vraiment très proches de la plupart de la population : ceux qui se sont révoltés aussitôt, ceux qui n’ont pas réalisé, ceux qui ont été profondément affecté, ceux qui connaissaient quelqu’un, ceux qui se sont révélés être des connards et ceux qui ont été touché mais qui devaient ou voulaient continuer à vivre…

Voilà. A la place du cœur, c’est un roman juste, sincère, cru et une belle réflexion sur la vie et l’amour malgré la mort et l’horreur. Et je suis bien curieuse de savoir ce qui nous attend dans la suite, puisqu’il s’agit de la « saison 1 »… et de connaître votre avis si vous l’avez déjà lu !

A la place du cœur, Arnaud Cathrine (Robert Laffont)
collection R
disponible le 5 septembre 2016
9782221193334 – 16€
à partir de 15 ans
Son
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Le secret de Grayson – Ami Polonsky

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Depuis la mort de ses parents quand il était petit, Grayson fait semblant d’être ce que les autres voient. Dans son imaginaire et devant son miroir, en revanche, il s’imagine tel qu’il est réellement… Solitaire et effacé, son monde commence pourtant à se colorer quand il fait la connaissance d’Amelia, une nouvelle, puis lorsque son professeur préféré poste une annonce pour participer à la pièce de théâtre du collège…

★★★★☆

Grayson est en sixième, vit avec son oncle et sa tante qui l’ont recueilli après la mort tragique de ses parents, et partage sa vie avec Jack et Brett, ses cousins. Au collège, il n’a pas vraiment d’amis, passe tous ses repas au CDI en faisant ses devoirs… Sa vie est morne, d’autant plus qu’il ne peut pas être lui-même, être celui qu’il voudrait quand il se regarde dans le miroir et qu’il imagine que son ample tee-shirt est en réalité une jolie robe. Quand Amelia arrive dans sa classe, c’est le début d’une amitié timide. Une amitié qui ne durera malheureusement pas et qui sera brisée lorsque, lors d’une virée shopping dans une friperie, Amelia le découvre essayant des vêtements de fille. Heureusement, Grayson trouvera un réconfort avec la pièce de théâtre montée par Finn, son professeur de sciences humaines, où il va tenir le premier rôle : celui de la déesse grecque Perséphone. Un choix qui va déclencher une tempête autour de Grayson, à l’école mais aussi dans sa famille…

Dans ce très beau roman, tout en finesse et en délicatesse, Ami Polonsky aborde la douloureuse question du genre, d’un garçon qui s’est toujours senti fille et qui est incapable d’être lui-même. Pression familiale, pression sociale, norme, les garçons ne peuvent pas aimer le rose ou porter des jupes, n’est-ce pas ? Pourtant, il n’y a que comme ça que Grayson imagine son reflet. Lorsqu’il se présente à l’audition pour le premier rôle féminin dans la pièce, et qu’il l’obtient, c’est à la fois le déferlement autour de lui mais aussi en lui : comment oser quand on s’est toujours caché, quand on a peur de ce que vont dire les autres, de ce qu’on verra dans leur regard ? Dans ce maelstrom d’émotions, Grayson va pouvoir compter sur certains de ses camarades, à commencer par les filles, mais aussi sur son professeur et son oncle. Mais rien ne sera facile…

Après un début peut-être un peu long – on sent rapidement que l’amitié avec Amelia est vouée à l’échec – le roman se révèle tout en émotions tandis qu’on accompagne Grayson dans sa difficile affirmation, dans son combat pour être lui-même et dans la douleur d’un passé qui ressurgit et de ce que son choix implique pour d’autres que lui. C’est vraiment très beau, très émouvant, le style est à l’image de cette douceur qui émane de l’histoire malgré toutes les difficultés que rencontre Grayson, et même si tout n’est pas rose à la fin, on en ressort avec une note d’espoir, de dépassement de soi. Une très belle lecture !

Le secret de Grayson, Ami Polonsky, traduit par Valérie Le Plouhinec (Albin Michel Jeunesse)
collection Litt’
disponible le 1er septembre 2016
9782226318916 – 15,90€
à partir de 12 ans
Son
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Le fils de l’Ursari – Xavier-Laurent Petit

Xavier-Laurent Petit s’inspire du monde actuel et des gens que l’on rencontre au détour d’une vie dans nombre de ses romans. Avec Le fils de l’Ursari, il continue cette exploration dans un roman encore une fois d’une grande qualité.

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Ciprian est le fils d’un Ursari, un combattant légendaire capable de défier un ours. Avec sa famille, ils se produisent sur les places des villages dans les pays de l’Est. Mais ils sont détestés là-bas et un jour, ils sont contraints de fuir… Deux hommes, Zlot et Lazlo, leur proposent de devenir riches, à Paris, là où l’argent coule à flot, où l’on devient riche sans s’en rendre compte. Bien malgré eux, Ciprian et sa famille se retrouvent alors dans un camion, direction la France…

★★★★★

Chaque jour, nous voyons ces femmes, bébés dans les bras, déambuler dans le métro en demandant quelques pièces. Depuis la vitre du train, on aperçoit des bidonvilles aux portes de Paris… C’est de l’autre côté des grillages que Xavier Laurent-Petit nous emmène dans ce roman fort et bouleversant. Où l’on découvre la famille de Ciprian, son père qui combat les ours et dont la fierté remonte jusqu’aux lettres de protection délivrées par l’empereur Sigismond au XVe siècle ; sa mère gardienne du feu ; son frère Dimetriu qui emprunte tout ce dont ils ont besoin pour manger ; sa sœur Vera qui chante et danse pour attirer le public. Lorsque tout ce monde arrive en France, la fierté doit être oubliée et à chacun est attribué un nouveau métier : ferrailleur pour le père ; nourrice itinérante pour Vera ; gardienne de distributeurs de billets pour la mère et emprunteur de portefeuilles pour Dimetriu et Ciprian, son apprenti. Malgré l’argent qu’ils rapportent chaque soir, la vie se révèle bien plus difficile que ce qu’on leur avait promis. Et bientôt, les véritables ennuis commencent… Du côté de Ciprian, pourtant, il y a un peu de lumière. C’est au jardin du Luxembourg que tout va se jouer, lorsque le garçon découvre ce jeu étrange avec des pièces blanches et des pièces noires…

Est-ce l’espoir qui s’épanouit pour le garçon ? C’est en tous cas l’un des messages du roman de Xavier-Laurent Petit. A travers l’odyssée de la famille de Ciprian, qui dépeint les conditions des Roms dans notre pays et le trafic insurmontable dont ils sont victimes, on découvre « l’envers du décor ». Le destin de Ciprian, qui va trouver une voie d’échappatoire, apporte la note d’espoir pour sa famille et les autres, même si ce chemin est semé d’embûches. Mais il pourra compter sur l’aide de personnages presque mythologiques tant leurs caractéristiques lui sont étonnantes. Car la force de ce roman, c’est aussi le regard de Ciprian sur le monde, son absence d’éducation scolaire en fait un naïf tout voltairien, et apporte une touche d’humour bienvenue. L’écriture de Xavier-Laurent Petit, pleine d’émotions, finit de nous transporter dans ce roman où l’on passe du rire aux larmes, de la tradition ancestrale, presque magique, d’un monde oublié, à la dure et cruelle réalité de la pauvreté et du trafic d’êtres humains en France. Un roman bouleversant et éclatant, à mettre entre toutes les mains !

Le fils de l’Ursari, Xavier-Laurent Petit (École des loisirs)
collection Médium
disponible le 24 août 2016
9782211230070 – 15,80€
à partir de 13 ans
Discussion
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Trois petits mots – Sarah N. Harvey

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Abandonné par sa mère quand il avait deux ans, Sid a été placé dans une famille d’accueil, chez Caleb et Megan. Quatorze ans plus tard, il est toujours chez eux, où il partage sa vie entre le dessin et l’accueil des nouveaux enfants avec ses « parents ». Un jour arrive Fariza, une gamine mutique qu’il a du mal à apprivoiser. Puis un autre jour, c’est Phil qui arrive, un adulte qui annonce à Sid que sa mère naturelle a disparu et que son demi-frère, dont il ne connaissait pas l’existence, a fugué…

Un petit mot de Bob

★★★☆☆

Malgré son abandon quand il était enfant, Sid a eu la chance d’avoir une belle enfance, une famille d’accueil aimante, dont Caleb et Megan ont fini par devenir ses « vrais » parents. Sa mère biologique, Devi, était une folle un peu hippie qui l’a nommé d’après l’autre nom de Bouddha : Siddhârta. Pas de bol ! Il ne se souvient plus vraiment d’elle mais sait qu’il a hérité de ses cheveux roux. Il a fait le deuil de cette mère au fil des années, et sa vie avec Caleb et Megan, au bord de la mer au Canada, à observer le port et les oiseaux, se balader sur les îles, aller à la plage avec sa meilleure amie Chloé qui parle pour deux, dessiner et dessiner…tout ça lui plaît et lui convient. L’arrivée de Fariza, un nouvel enfant placé, est aussi une belle chose, même si la gamine ne parle pas et ne semble pas beaucoup apprécier les garçons. Sid va tout de même aider Megan dans l’accueil de Fariza et à la mettre à l’aise dans cette famille provisoire. Mais alors que le lien commence à se tisser, c’est le passé de Sid qui ressurgit : Phil, un ami de Devi, vient lui demander son aide pour retrouver à la fois Devi, qui a disparu, mais aussi et surtout Gauvain, son demi-frère dont il n’avait jamais entendu parler ! Première surprise passée, une deuxième : Gauvain a 13 ans, est massif comme un footballeur américain et…est noir ! Sid va alors découvrir toute une partie de la vie de sa vraie mère, dont il ne savait rien, ne s’était jamais soucié et n’est pas sûr d’avoir très envie de découvrir…

Bien que les sujets du roman soient régulièrement traités en littérature jeunesse, l’écriture simple et fluide de Sarah N. Harvey nous emporte dans le récit, nous donnant envie de découvrir un peu plus la vie de Sid, ce qui a bien pu arriver à Fariza et ce que la découverte de sa famille biologique va apporter à Sid, à son cheminement dans la vie. Une chronique familiale qui fait aussi la part belle aux paysages canadiens (Sid vit sur une île) et à de beaux moments de sensibilité entre tous ces personnages cabossés par la vie. Intéressant !

Avec les mots de Jean-Michel

★★★☆☆

C’est la première fois que je lis un roman où la famille d’accueil n’est pas diabolisée, ça fait plaisir ! Ecrit du point de vue de Sid, j’ai apprécié le caractère sain de ses questionnements concernant sa mère biologique, sa colère face à l’abandon, sa rencontre avec sa grand-mère maternelle et celle de son demi-frère. Megan et Caleb influencent positivement les réponses et les actes de Sid, ce sont vraiment des chouettes personnes qui inculquent aux enfants certaines valeurs fondamentales de la vie : l’amitié, l’amour, la tolérance. D’ailleurs chaque adulte dans ce roman est appréciable (attendez de rencontrer la grand-mère de Sid).
Sarah Harvey a sainement traité le thème de la maladie mentale, plus précisément la bipolarité. Elle a réussi à capturer les sentiments complexes de Sid, la colère de son frère Wain envers le monde entier (je l’ai trouvé pénible ce petit teigneux), la peur de Fariza face au reste des êtres humains. Mais ce qu’elle a le mieux exprimé dans son roman reste sans conteste cette grande et belle compassion, qui nous ferait presque croire qu’on peut guérir de tous les maux. Une histoire réaliste et contemporaine où l’espoir et l’optimisme touchent du doigt le lecteur pour mieux le percuter.

Trois petits mots, Sarah N. Harvey, traduit par Laurence Bouvard (Magnard)
disponible depuis le 26 août 2016
9782210962910 – 13,90€
à partir de 14 ans
Discussion
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Tu ne sais rien de l’amour – Mikaël Ollivier

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Ne vous fiez à cette couverture…étonnante – aussi bien photoshoppée que quand Jean-Michel joue avec Paint – car dessous se cache un très beau roman. 😉

Le jour où Nicolas reçoit un mail de sa mère intitulé « Ce qu’il vous faut savoir », le jeune homme replonge dans ses souvenirs d’enfance. Une période étrange où, dès son plus jeune âge, on le voyait se marier avec Malina, la plus belle fille qu’il ait jamais vu, et aux côtés de laquelle il aime et grandit. Mais très vite, il se pose des questions sur sa famille, son père qui cache sa maladie, sa mère qui semble cacher des secrets et sur l’amour, celui qu’il porte à Malina et celui des adultes…

Bob ne sait rien…

★★★★☆

Qu’est-ce que l’amour ? Peut-on aimer une seule personne dans toute sa vie ? Quelle différence entre amour et désir ? Tant de questions qui hantent la vie de Nicolas, un garçon gentil, discret, à qui on a jamais vraiment demandé son avis, et surtout pas en ce qui concernait l’amour. Depuis qu’il est bébé, il fréquente la belle Malina. Ils grandissent ensemble et, sous la « pression » de la mère de Nicolas, sont promis à se fiancer, à être le couple parfait. Et tout dans leur vie facilite ce destin : ils sont toujours dans la même classe, passent leurs vacances ensemble et dorment même ensemble dès leur entrée dans l’adolescence… Une relation étrange, presque malsaine dans ce jeune couple qui donne au roman une atmosphère toute particulière. Mais la relation qu’entretient Nicolas avec son père et sa mère vont aussi l’amener à se poser des questions sur sa famille et les secrets qu’elle cache… Mikaël Ollivier signe avec Tu ne sais rien de l’amour un roman subtil et touchant, où les secrets et la maladie coexistent avec une très belle réflexion sur l’amour. J’ai beaucoup aimé l’alternance des souvenirs de Nicolas et de cette nuit où il reçoit le mystérieux mail de sa mère, jouant ainsi sur le suspense. C’est vraiment très fin, avec à la fois de la retenue et de l’émotion… une très belle histoire d’amour et de famille qui plaira tout autant aux grands ados qu’aux adultes.

…et Jean-Michel non plus

★★☆☆☆

Bob devrait arrêter de m’humilier en public parce que je me suis améliorée avec Paint alors que lui, ne sait toujours pas faire cuire du riz.
Il y a beaucoup de définitions de l’amour à assimiler dans ce roman : celle de l’amour maternel (d’une mère envers son fils et envers un enfant qui n’est pas le sien), l’amour d’enfance (Nicolas et Malina), l’amour adultérin (on ne spoliera point vous vous débrouillez), l’amour paternel et l’amour d’un fils envers son père. Ça fait beaucoup. J’ai fait une légère overdose. Mais aucun personnage n’est laissé au hasard : tout le monde remplit une définition, un rôle et qu’il n’y ait aucun personnage secondaire donne un poids certain au roman. Je n’ai pas apprécié cette fin qui annonce clairement des tempêtes qui renverseront à coups sûrs cette belle définition de l’adoration sans limite que se portent les personnages les uns aux autres. Existe t-il un amour possible sans culpabilité ? (ma collègue Léa m’a soufflé cette phrase et je n’arrive pas à trouver une réponse). Le roman offre néanmoins une vision positive et juste de l’amour : il est possible de le vivre mais avec des compromis et des difficultés. Un reflet de la réalité pertinent, mais grisant.

Tu ne sais rien de l’amour, Mikaël Ollivier (Thierry Magnier)
disponible depuis le 24 août 2016
9782364749269 – 15,90€
à partir de 14 ans
Discussion
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Songe à la douceur – Clémentine Beauvais

Après le succès incroyable de son dernier roman, Les petites reines, dont on attend avec impatience de voir l’adaptation théâtrale ET cinématographique, nous avions également hâte de découvrir le nouveau roman de Clémentine Beauvais dont, à moins d’habiter sur une autre planète, vous avez déjà sans doute entendu parler. 🙂 Bob et Jean-Michel vous le présentent, et une fois n’est pas coutume, sont en total désaccord ! Let the fight begin!

9782848659084,0-3389543Tatiana rencontre Eugène un été. Elle a 14 ans, lui 17, et n’ont rien d’autre à faire que parler… Tatiana tombe amoureuse et semble-t-il que lui aussi. Jusqu’à ce qu’une lettre et un accident les sépare pour de bon. Mais dix ans plus tard, ils se retrouvent par hasard… Adaptation en vers libre du roman de Pouchkine et de l’opéra de Tchaikovsky, tous deux intitulés Eugène Onéguine.

Dans les rêves de Jean-Michel

★★★★★

J’ai su que j’allais aimer ce roman au moment où Clémentine a mentionné Roch Voisine, mais aussi la vitesse de connexion internet de 2006, Msn, Skyblog, Dromadaire.fr, Tchaïkovski et Laurent Binet. Une écriture lyrique, presque théâtrale où les mots gigotent au gré des rimes rendant tout acte décrit, langoureux et délicat. Et l’omniprésence de la fraîcheur, on en parle ?

« Je voudrais un exemplaire de la sensation de ses deux doigts sur mon poignet
Oh là là vous êtes sûre ?
Certaine
Vous savez que ça vous garantis de ne pas dormir avant trois heures, trois heures et demie du matin ces choses-là !
Je sais, mais j’en ai besoin
C’est très addictif, je dois vous avertir.
Je ferai attention
Bon. Si vous le dites. Veillez à respecter les précautions d’emploi. »

Les affres de la passion se dessinent dans le texte de Clémentine, celles des relations amoureuses aussi. On les croit profondes, elles ne sont que superficialité et égoïsme de la jeunesse. On les croit superficielles, elles représentent le véritable amour. On ne sait malheureusement tout cela qu’à la fin, quand tout est brisé. Tatiana et Eugène le savent. C’est mouvementé et efficace « il m’a claqué la porte au cœur » avec des images fortes au fil des rimes. Ma citation préférée reste celle-ci :
C’est frêle, ces jeunes personnes tellement éblouies par le jour, qu’elles ne sont pas apprêtées pour la nuit
Même si l’écriture de Clémentine est douce, il flotte de l’amour amer teinté de violence. Je suis on ne peut plus ravie par la clôture du roman qui offre la certitude qu’une histoire d’amour reste toujours complexe. Tatiana est tiraillée entre la flatterie d’un homme qui l’a rejeté et désormais ne veut qu’elle…et le désir ardant de s’en protéger : c’est si commun mais si peu exploité dans les romans pour adolescents. Jusqu’aux bout des doigts de son auteur donc, l’audace est présente à toutes les pages. Songe à la douceur est un titre bien pensé. Mais tout de même, j’ai hâte d’avoir la réponse à cette question : comment Léa, Guillaume et Florence, respectivement 15, 14 et 13 ans, vont-ils comprendre cette histoire d’amour de trentenaires ? Un livre qui promet en prime de nombreux débats.

Sur un nuage avec Bob

★☆☆☆☆

C’est un roman atypique et audacieux que nous propose Clémentine Beauvais avec Songe à la douceur et s’il remporte déjà tous les suffrages, dont celui de Jean-Michel, Bob a été beaucoup moins emballé. Est-ce cette écriture en vers et sa petite musique indissociable de sa lecture qui a embêté Bob dans son appréciation du roman ? Peut-être. Si l’écriture est belle, avec de très jolies trouvailles comme celles relevées par Jean-Michel, j’ai pourtant eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire d’Eugène et Tatiana, à me laisser transporter par les mots et les émotions. Je me suis parfois ennuyée, c’est vrai, et les personnages m’ont agacés, je n’ai finalement pas été sensible à leur amour contrarié. Un roman étonnant malgré tout, dans sa forme surtout, qui mêle habilement classicisme et modernisme et, tout comme Jean-Michel, je serais curieuse de savoir ce qu’en pensent les ados et si, comme moi, d’autres lecteurs sont passés totalement à côté… 😐

Songe à la douceur, Clémentine Beauvais (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible le 24 août 2016
9782848659084 – 15,50€
à partir de 13 ans
Son
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Macha ou l’évasion – Jérôme Leroy

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Macha-des-Oyats a cent sept ans et vit dans le monde de la Douceur, où la nature, le respect de l’environnement et des autres a remplacé la violence et la technologie du monde de la Fin. Un jour, de jeunes gens viennent trouver Macha, la dernière à avoir connu ce monde terrible, et lui demandent de bien vouloir raconter son histoire, celle avant la Fin et l’arrivée de la Douceur…

★★★★★

Il y a dans le monde de la Douceur cette utopie qui manque depuis un certain temps dans la littérature d’anticipation et de science-fiction, notamment pour les adolescents. Jérôme Leroy renoue avec le genre dans cette histoire où Macha, une très vieille femme, vit dans un arbre, avec une communauté de gens tous plus sympathiques les uns que les autres. Le monde de la Douceur est né dans les ZAD voilà quatre générations et, désormais, les gens y vivent de la nature, de l’échange, du partage, sans technologie (en tous cas pas celle que l’on connaît et qui est à l’origine de la fin de l’ancien monde) ou notion d’argent, de propriété… Un vrai paradis ! Une utopie parfaite.

Lorsque trois jeunes gens viennent trouver Macha pour qu’elle leur raconte son histoire, celle d’avant la Fin, et non pas celle de la naissance de la Douceur dont ils ont déjà tant de témoignages, Macha est réticente, peu désireuse de retourner dans les tréfonds de sa mémoire, dans la violence et l’horreur qu’elle a connu adolescente. Pourtant, elle le fera, et c’est bien la plus grande partie du roman qui s’intéresse à cette enfance où Macha a vécu le pire. Je ne vous en dirais pas trop sur la vie d’avant de la centenaire, qui se découvre au fur et à mesure de la lecture mais tout se déroule à Nantes, dans une belle-famille de la haute société aux idées bien arrêtées alors que, dans la France de l’époque, les attentats s’enchaînent, les ZAD se multiplient, le parti politique nationaliste du Bloc Patriotique s’approche du pouvoir… Une situation qui n’est pas sans rappeler la nôtre… L’histoire de Macha, pleine d’émotion et de rébellion, nous montre tout le changement qui aura lieu entre le monde de la Fin et la Douceur dans laquelle elle vit désormais.

Un magnifique roman dans lequel Jérôme Leroy a choisi de nous montrer un futur positif et optimiste, qui ne sera peut-être pas le nôtre mais qui nous donne envie d’y vivre et d’y croire. Une très belle façon d’évoquer la politique et les problématiques actuelles. Beaucoup d’espoir, de chaleur et de lumière dans Macha en dépit de la dureté et de la violence vécue par la jeune fille, héroïne attachante et courageuse. Un roman lumineux à mettre entre toutes les mains ! 🙂

Macha ou l’évasion, Jérôme Leroy (Syros)
disponible le 25 août 2016
9782748521900 – 16,95€
à partir de 13 ans
Son
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La Marque – Anne Loyer

Bob et Jean-Michel sont de retour ! Ils ont lu plein quelques livres pendant les vacances, dont ceux de la rentrée littéraire (celle des jeunes et des ados), et qu’on commence à vous présenter dès aujourd’hui ! 😀

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Tous les 5 ans, le Peuple des tentes envoie ses enfants âgés de 15 ans qui possèdent la Marque à la cité-oasis de Kyos, où on leur promet un avenir radieux. Car le monde est un vaste désert et envoyer leurs enfants à la cité de Kyos, c’est assurer au reste de la famille de bénéficier de l’eau, denrée rare et gérée par la ville derrière les murs gigantesques. Bientôt, l’Appel résonne et Sika et Sek, deux jeunes Marqués, vont devoir s’avancer vers la cité-oasis…

★★★☆☆

Dans un monde dévoré par le soleil, un peuple tente de survivre aux pieds d’une cité dont chacun rêve d’entrevoir les merveilles. Car tous les cinq ans, les portes de Kyos s’ouvrent pour laisser entrer les jeunes Marqués destinés à vivre dans la ville merveilleuse. Les autres, ceux qui n’entreront jamais dans la cité, ce sont leurs parents, qui bénéficieront de rations d’eau suffisantes pour vivre décemment. Mais il y a aussi les Oubliés, ceux que la Marque ne choisit pas à la naissance, ceux qui sont rejetés et vivent au-delà des dunes, loin des heureuses familles d’enfants Marqués que sont le Peuple des tentes. Enfin, les Bannis, ceux que la cité rejette au dernier moment et qui rejoignent le camp des Oubliés. Et puis il y a Rey, l’Echappé. Cinq ans plus tôt, le garçon Marqué a tourné le dos à la cité prête à l’accueillir, à sa famille et à son petit frère Sek. Lorsque le nouvel Appel résonne, Rey réapparaît, avec l’idée d’empêcher son frère d’entrer dans Kyos. Mais Sek ne se laisse pas facilement convaincre, pas comme Sika que la naissance d’un frère, la mort d’une mère et les révélations d’une sage-femme vont l’inciter à se rebeller…

Avec La Marque, Anne Loyer nous propose une dystopie aux ressorts assez classiques dans un univers désertique où l’eau est le trésor et la malédiction d’un peuple soumis à la loi d’une cité fermée et mystérieuse. L’univers est vraiment intéressant, le suspens bien dosé et les secrets révélés au compte-goutte. Si le gros avantage de cette « énième » dystopie est qu’elle tient en un seul tome de 340 pages, c’est peut-être aussi son inconvénient ! Les événements s’enchaînent en effet très rapidement, les personnages et leurs décisions mûrissant très vite et donnant l’impression que toute l’histoire ne se déroule que sur 3 ou 4 jours, ce qui n’est sans doute pas le cas. A la fin, on reste aussi avec la sensation de ne pas avoir découvert tout de l’univers inventé par Anne Loyer, qu’on aurait aimé explorer plus en détails, d’être passé trop vite à un endroit ou de ne pas avoir toutes les clés du mystère. Il n’en reste pas moins un roman bien écrit et enthousiasmant, à proposer notamment aux lecteurs qui voudraient découvrir le genre. 🙂

La Marque, Anne Loyer (Bulles de savon)
disponible depuis le 17 août 2016
9791090597587 – 16€
à partir de 13 ans