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Bruno : quelques jours de ma vie très intéressante – Catharina Valckx et Nicolas Hubesch

Quand la maman de Billy et le papa de Zouk se rencontrent : ça donne Bruno, qui ravira tous les fans de Catharina Valckx et Nicolas Hubesch. 🙂

9782211224611,0-2817235

Rencontrez Bruno, petit chat avec une casquette à carreaux, qui va vous raconter quelques journées de sa vie très intéressante. Au programme :
*Un jour bizarre
*Un jour de pluie
*Un jour de panne d’électricité
*Un jour idiot
*Un jour beaucoup moins intéressant
*Un jour presque parfait

★★★★☆

Bob et Jean-Michel réunis auraient sans doute tout un tas de journées vachement intéressantes à vous raconter mais celles de Bruno les bat carrément. En fait, on est même un peu jaloux parce que Bruno, il vit des trucs de fou !

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D’abord, ça commence avec un poisson volant. Bizarre, non ? Il y a bien que les héros de fiction pour avoir des journées aussi bizarres. Puis c’est un défilé d’amis (et d’ennemis) chez Bruno alors qu’il pleut des cordes dehors. Sans parler de la panne d’électricité… Bref, plusieurs petites histoires où l’on retrouve tout le talent de Catharina Valckx dans son écriture toute simple mais pleine d’humour et de situations absurdes. En 2 pages ou en 22, on s’attache tout de suite à ce Bruno dont la vie ressemble à celle de tout le monde, entre moments de douceur et instants d’amitié.

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Les illustrations de Nicolas Hubesch se marient parfaitement avec le texte, il nous montre une banlieue familière et rassurante et des personnages expressifs.
Le tout donne un album rempli de délicatesse, totalement à hauteur d’enfant, et dont on prend plaisir à lire et relire les histoires.
La préférée de Bob et Jean-Michel est incontestablement « un jour beaucoup moins intéressant » parce que, comme Michou, ils étaient juste morts de rire. 😀

Bruno : quelques jours de ma vie très intéressante, Catharina Valckx et Nicolas Hubesch (Ecole des loisirs)
disponible le 18 novembre 2015
9782211224611 – 13,50€
à partir de 6 ans

Son
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Blood family – Anne Fine

9782211222341,0-2703702

Après nous avoir fait frissonner avec Le passage du diable, Anne Fine revient avec un roman ado tout aussi terrifiant, mais dans un autre registre… Notons d’ailleurs que ce précédent roman trouve une certaine importance dans ce Blood family (mais je vous laisse la surprise)…

Jusqu’à l’âge de 7 ans, Edward a vécu enfermé dans un appartement avec sa mère, battue comme plâtre par un homme alcoolique et violent. Lorsqu’enfin les services sociaux interviennent, Edward est libéré et découvre un monde totalement nouveau. Il arrive alors en famille d’accueil, puis est adopté et va devoir apprendre à se reconstruire en oubliant l’horreur de son passé. Mais au fil des ans, le passé ne cesse de se rappeler à lui…

★★★★☆

Wow ! Avec les premières pages de ce roman, Anne Fine nous prend à la gorge, nous secoue dans tous les sens et ne nous lâche qu’à la toute dernière ligne…ou pas ? En tous cas, l’histoire de ce jeune Edward nous glace le sang : séquestré depuis son plus jeune âge, l’enfant vit dans la crasse, dort dans un tas de couvertures partagées avec un chien jusqu’à ce que l’animal se retrouve à pourrir dans un sac poubelle. Sa mère est un cadavre ambulant, la peau tellement marquée qu’elle en est bleue ou noire. L’horreur absolue. Une horreur qui a un nom : Bryce Harris. Un homme terrifiant qui n’a même pas besoin d’être physiquement présent dans le roman pour que son nom ou son souvenir provoque des angoisses et une peur indicible chez Edward.

La première partie du roman est tout bonnement stupéfiante. Par l’histoire terrible que l’on découvre, mais aussi par ce personnage, ce jeune Eddie, qui ne connaît rien d’autre à la vie que celle de cet appartement minable, et des émissions télévisées de Mr. Perkins, enregistrées sur K7, qu’il regardait en boucle avec sa maman quand Harris n’était pas là. Ainsi, là où Eddie aurait pu être un enfant sauvage ou tout simplement idiot à force d’être battu et de ne rien faire de la journée à part craindre le retour d’Harris, il est un enfant étrange, capable de lire ou de compter et incollable sur un certain nombre de sujet évoqués dans les émissions de Mr. Perkins. Comme beaucoup le pensent, c’est sans doute ce qui a sauvé cet enfant…
Je n’ai pas envie de vous en dire plus sur l’histoire, qui se laisse découvrir avec répulsion et fascination. En tous cas, on s’attache instantanément à ce petit bonhomme et à l’adolescent qu’il va devenir. Car le roman va suivre Edward de ses 7 ans à son entrée en première. Une vie qui ne sera pas facile malgré l’amour que vont lui prodiguer bon nombre de personnages. Car le passé ne disparaît jamais véritablement…

J’ai beaucoup aimé la construction du roman, qui fait intervenir plusieurs acteurs de la vie d’Eddie depuis sa découverte dans cet horrible appartement. On a l’impression d’avoir affaire à une compilation de témoignages, ceux d’Edward étant les plus importants, ce qui renforce notre sentiment de malaise à lire cette histoire presque documentaire. Anne Fine signe un roman coup de poing, bouleversant et qui n’interdit pas l’espoir…

Blood family, Anne Fine (École des loisirs)
collection Médium
disponible depuis le 28 octobre 2015
9782211222341 – 17,50€
à partir de 14 ans

Son
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La folle rencontre de Flora et Max – Coline Pierré et Martin Page

9782211223942,0-2817234

Flora est dans une prison pour mineure. Max est enfermé chez lui, incapable d’affronter le monde extérieur. Pourtant, il va commencer à envoyer des lettres à la jeune fille dont il se sent proche par leur enfermement respectif. D’abord étonnée, Flora va finalement se laisser prendre au jeu et tous deux vont tenir cette correspondance au fil de l’année…

★★★★☆

Une folle rencontre, en effet, et une correspondance étonnante entre ces deux jeunes gens que tout semble opposer ! Flora et Max fréquentaient le même lycée, bien qu’ils ne se soient jamais réellement remarqués. Max a dû le quitter suite à une grave crise d’angoisse, qui l’a contraint à rester dans le cocon rassurant de sa chambre. Quand il apprit qu’une jeune fille de son lycée était désormais incarcérée, il s’est trouvé des points communs avec elle et, sur un coup de tête, décide de lui envoyer une lettre. Débute alors une correspondance qui va permettre à ces deux jeunes de se réconforter l’un l’autre, d’essayer de survivre à leurs enfermements respectifs grâce à une amitié naissante et de se construire leur petite place dans le monde.

La folle rencontre de Flora et Max est un roman lumineux, on découvre chaque lettre avec le sentiment d’assister à quelque chose de singulier, d’exceptionnel. Une impression sans doute liée au procédé utilisé par les auteurs. L’éditeur explique en effet que les auteurs, Coline Pierré dans la peau de Flora et Martin Page dans celle de Max, se sont échangés des lettres quatre mois durant. Ce qu’ils considèrent comme « une expérience passionnante et très fertile, car la surprise, la découverte de la lettre de l’autre nous donnait envie de rebondir, de nouvelles idées germaient sans cesse ». Je trouve qu’on sent très bien cette émulation qui transparaît au fur et à mesure que le roman avance, que Flora et Max échangent des idées toutes plus surprenantes les unes que les autres. Mais ce qui m’a surtout beaucoup plu, c’est cette douceur dans les lettres, l’humour et la fantaisie de ces deux jeunes gens. On ressort de cette lecture avec le cœur gonflé d’espoir, comme les personnages de l’histoire. Magnifique !

La folle rencontre de Flora et Max, Coline Pierré et Martin Page (École des loisirs)
collection Médium
disponible le 11 novembre 2015
9782211223942 – 14,50€
à partir de 13 ans

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Dylan Dubois – Martine Pouchain

Après que sa mère eut quitté le foyer, le père de Dylan sombra dans l’alcool et l’adolescent fût envoyé en foyer. De retour aux côtés de son paternel, il se rend vite compte que la nouvelle petite amie de son père Cynthia, est polluante, manipulatrice et à la suite d’événements peu conventionnels, Dylan va s’enfuir et passer par la case forêt…

★★★★☆

dylanduboisOn se prend vite d’affection pour Dylan, 15 ans en quête de stabilité. Lors de son retour, il retrouve la maison familiale affublée d’une belle-mère et de son fils Pedro. La cohabitation se fait difficilement mais cela saute aux yeux : Dylan fait moult efforts et compromis qui ne sont absolument pas reconnus ni récompensés. Martine Pouchain, qui a formidablement réutilisé le mythe de la marâtre, nous offre la version 2.0 de la belle-mère de Blanche-Neige. Sournoise, fainéante, d’une beauté fatale, à tendance escamoteuse, qui a toujours raison, usant de ses charmes pour parvenir à ses fins…tout ce qu’il faut pour vous faire frémir de rage tant les injustices dues à son comportement sont répétées et révoltantes. Elle finira par aller trop loin dans la manipulation, bien après avoir joué avec les cordes sensibles de l’adolescent jusqu’à utiliser des moyens abjects voués à exciter le jeune homme. Dylan, en pleine ambivalence va commettre un acte plus ou moins violent. En plein désarroi, il fuira vers des contrées inconnues mais favorables. Lorsque Dylan rencontre Gus, un ermite vivant en plein cœur de la forêt en parfaite autonomie : nous assistons à la maturité qui fleurit de l’adolescent grâce à la sagesse bonifiée du vieil homme. J’apparente ce roman avec la série Kung Fu : Dylan Dubois est Petit Scarabée, en fuite après avoir frappé sa belle-mère qui elle-même ravage la vie familiale. Il dispose d’une arme solide contre ses ennemis : la réflexion 🙂

A travers ses lectures de Steinbeck, de Kerouac et de Henry David Thoreau, Martine Pouchain nous emporte au fond de nous-même et de nous place face à nos questionnements fondamentaux : qui sommes-nous ? De quoi sommes-nous capable ? Même si l’adolescent est le principal concerné, je dis « nous » car ces questions vous serons familières lors de la lecture. A défaut d’appels de phares, Martine Pouchain nous fait des appels forestiers (elle était vraiment pourrie cette phrase, je ne peux pas croire que j’ai écrit un truc pareil).

Dylan Dubois, Martine Pouchain (Sarbacane), collection Exprim’
à paraître le 4 novembre 2015
9782848658216 – 15.50€
à partir de 14 ans

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Maman Renard – Amandine Momenceau

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Premier ouvrage publié de l’auteur, cet album est insoutenable de mignonnerie. On le repose avec la satisfaction de posséder un ouvrage de qualité, une création intemporelle…on aimerait que ce livre devienne un classique. Amandine Momenceau, assez doué de ses dix doigts maispasque (oui on a lu sa bio, on se renseigne ma petite dame chez Bob et Jean-Michel), découpe en long en large et en travers rendant le final poétique et presque animé.

★★★★★

L’histoire est efficace : par une belle journée d’hiver ensoleillée, quatre renardeaux gambadent allègrement dans la neige et échappent à la surveillance de leur mère. La partie de « cache-cache » est lancée et fonctionne à merveille grâce aux animations de l’auteur. Le but est de nous balader de page en page, les découpes laissant belle part à la découverte des éléments cachés. Divertissant à souhait, le calme s’impose au fil des événements tant on se laisse porter par gaillardise des petits. Si jamais vous ressentez un soupçon d’inquiétude à la lecture ne vous faites aucun souci : tout se passe à merveille, Amandine Momenceau n’a pas réalisé un album sur la chasse et tous les petits finiront par se pelotonner contre leur mère.

Afin de vous rendre compte des animations, l’Agrume a publié une chouette vidéo de démonstration

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Maman Renard, Amandine Momenceau (L’Agrume)
disponible depuis le 20 octobre 2015
9791090743328 – 18€
à partir de 3 ans

 

Son
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Kalil – Michaël Escoffier

9782352412441,0-2687710

Si vous fréquentez la littérature jeunesse, vous devez bien connaître Michaël Escoffier, auteur de tous un tas d’albums très drôles ! (On vous invite à aller voir son site si c’est pas le cas !) Bob et Jean-Michel, eux, sont particulièrement fans de ses albums réalisés avec Kris Di Giacomo. Aujourd’hui, pourtant, Bob va vous présenter le tout premier album de Michaël Escoffier qu’il a fait tout seul comme un grand : Kalil, qui a l’air comme ça un peu plus sérieux que les autres mais cache bien sa petite touche humoristique…

Kalil quitte son foyer à la recherche d’un endroit où il n’aura plus faim ni froid. Dans une église, il trouve un génie dans une lampe à huile, qui lui accorde le vœu de son choix…

★★★★☆

Pour son premier album en solo, Michaël Escoffier a choisi un univers plutôt minimaliste, qui commence dès la page de titre. Sur des pages totalement noires se découpent des formes blanches ou colorées, les mêmes que vous voyez sur la couverture, qui bougent et se déplacent sur la page selon la scène racontée. Le texte, court, nous raconte donc l’histoire de ce « pauvre bougre prénommé Kalil » qui, affamé, va partir à la recherche de nourriture. Sa rencontre avec un génie va lui permettre de faire exaucer son vœu…mais sans doute pas de la manière attendue ! Notre conte finit alors fable où la morale, et surtout son illustration, devrait faire sourire le lecteur.

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Un album étonnant qui, en dépit d’une histoire qui s’apparente aux contes orientaux que l’on connaît, nous paraît hors du temps. Il mêle en effet différents éléments culturels et le procédé d’illustration, qui semble finalement tout simple par son aspect très évocateur, permet une compréhension universelle de l’histoire. J’ai également beaucoup aimé la quatrième de couverture où, l’histoire terminée, les formes sont gentiment rangées dans le coin du livre… Peut-être pour nous inviter à nous en emparer pour construire notre propre petite fable ? Un album à lire et à relire qui a fait le bonheur de Bob ! 🙂

BONUS ! (pour vous donner un peu plus envie) Une petite vidéo réalisée par l’auteur pour présenter son œuvre, avec une musique de Loreena McKennitt, que Bob adore !

Kalil, Michaël Escoffier (Frimousse)
disponible depuis le 29 octobre 2015
9782352412441 – 13€
à partir de 5 ans

Son
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Par bonheur, le lait… – Neil Gaiman et Boulet

Un nouveau roman de Neil Gaiman, c’est un peu comme Noël. On trépigne d’impatience jusqu’au jour fatidique et on se jette sur les cadeaux comme des pigeons sur une miette de pain. Et le mieux, c’est un livre de Neil Gaiman illustré ! Coup de bol, Par bonheur, le lait est un roman à destination des plus jeunes et illustré par Boulet (dont on adore tout particulièrement les Notes, par ici). Pour la petite histoire, il faut savoir qu’à chaque traduction, Neil Gaiman demande à ce que ce soit un illustrateur « local » qui participe à son livre. En Angleterre, par exemple, c’est Chris Riddell qui a fait les illustrations (un illustrateur qu’on aime aussi beaucoup) et qui a notamment choisi de représenter Neil Gaiman dans le rôle du papa de cette histoire, ce que je trouve plutôt cool ! 😀 Pour avoir un aperçu des autres éditions, je vous renvoie sur le tumblr officiel de Neil Gaiman.

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Au petit-déjeuner, un frère et une sœur constatent qu’il n’y a plus de lait à mettre dans leurs céréales ! Puisque maman est partie travailler, c’est à papa de quitter son journal pour aller chercher le précieux ingrédient indispensable à tout petit-déjeuner. Mais ce qui ne devait être qu’une simple course à l’épicerie du coin va se transformer en aventure incroyable…

★★★★★

Et attention : soucoupes volantes, dinosaures, pirates, volcans en éruption et autres joyeusetés sont au programme de cette histoire loufoque et hilarante qui fait habilement basculer une scène de la vie quotidienne en aventure trépidante. Il est intéressant de connaître la petite histoire qui est à l’origine du roman, expliquée par l’auteur en préambule, et dont je ne vous dirais rien (faut bien garder un peu de surprise !) si ce n’est que Par bonheur, le lait est censé réhabiliter le rôle des papas dans la vie des enfants. Avouez que c’est classe un papa qui se fait enlever par des extraterrestres en allant chercher le lait ? Qui se retrouve à parcourir l’espace-temps en dirigeable avec un stégosaure ? C’est le genre de truc idéal pour se la péter dans la cour de récré, non ? En tous cas, ce papa-ci est un véritable héros, surtout dans le fait de raconter des histoires à ses enfants totalement ébaubis par tout ce qu’il a vécu en allant seulement acheter du lait. Est-ce qu’il nous raconte pas des cracks, le padre, là ? Mystère et boule de gomme…

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Comme toujours, on peut compter sur l’écriture de Neil Gaiman et son humour so british pour nous emporter dans une histoire savoureuse. Les illustrations de Boulet sont en parfaite adéquation avec le texte, tous les détails y sont. Et, surtout, elles sont très nombreuses et prennent une importance très appréciable. J’ai particulièrement adoré les scènes de la fin, qui ajoutent au questionnement avec lequel tous les lecteurs termineront leur lecture : vraies ou pas, les histoires du papa ? Génial !

Par bonheur, le lait…, Neil Gaiman et Boulet (Au diable Vauvert)
disponible le 5 novembre 2015
9782846269681 – 12,50€
à partir de 8 ans

Son
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Le livre sans images – B. J. Novak

9782211225915,0-2817242

Peut-être connaissez-vous B.J. Novak pour l’avoir vu dans un certain nombre de films ou de séries TV. Eh bien figurez-vous que cet acteur, qui est aussi tout un tas d’autres choses dans le monde du cinéma, est également écrivain et vient de publier un album pour enfants, plébiscité outre-Atlantique. Cet album, c’est Le livre sans images, dont voici l’étonnante présentation de l’éditeur :

ATTENTION! ATTENTION!
Ce livre a l’air sérieux mais en vérité il est complètement idiot. Si un enfant essaie de vous obliger à le lire, sachez que cet enfant est en train de vous tendre un piège. Vous allez vous retrouver en train de proférer des insanités, et tout le monde va se tordre de rire. Ne dites pas que vous n’avez pas été prévenu.

Les enfants, ce livre est un piège ! Débrouillez-vous pour que les grandes personnes ne l’apprennent pas !
Ça a l’air sérieux, mais c’est exprès ! En fait, c’est vraiment le livre le plus idiot du monde.

★★★★☆

On connaissait déjà les albums sans texte, voici maintenant les albums sans aucune illustration ! Un album tout blanc, donc, avec uniquement des mots, en noir ou en couleur qui se promènent sur les pages. En effet, les jeux de typographie sont ici indispensables et « remplacent » le blanc laissé par les images. Alors oui, ça peut paraître un peu ennuyeux comme livre, même l’auteur le signale au début de son album. Mais, très vite, on nous dit que dans cet album, comme dans tous les autres albums (et c’est bien utile de le rappeler), le lecteur doit lire TOUS les mots, sans exception ! Et alors là, il vous faudra prendre une voix de robot, chanter, prononcer plein de mots bizarroïdes, faire des bruits… Bref, un enfer pour le lecteur, mais une franche rigolade pour les jeunes auditeurs.
On ne doute pas un seul instant de l’efficacité de cet album malicieux, qui promet d’excellents moments de lecture et de partage entre l’adulte et l’enfant. Et qui invite également le lecteur à voix haute à se mettre en scène, tel B.J. Novak devant cette classe aux États-Unis :

Le livre sans images, B. J. Novak (Ecole des loisirs)
disponible le 4 novembre 2015
9782211225915 – 12,50€
à partir de 4 ans

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Tout revivre – Mélody Gornet

Lorsqu’un auteur écrit son tout premier livre et qu’il est aussi percutant, il est important de le souligner.

 ★★★★☆

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Sophie vient de périr dans un accident de voiture, laissant seuls ses deux fils Jordan et Matthis qui vont devoir cohabiter avec leur père, sa femme ainsi que leurs deux filles Oriane et Axelle. Une cousine de Sophie, Solveig se révèle assez touchée par le décès de sa tante et le destin de ses neveux ne la laisse pas indifférente. Elle décide de renouer avec eux et de les embarquer dans son projet de restauration de sa maison. Roman à trois voix, il explore avec perspicacité et rigueur les affres du deuil.

Comment parler d’une personne disparue alors qu’elle manque cruellement ? Comment gérer son deuil ? Mélody Gornet nous raconte l’essentiel, sans un mot de trop. Pas le temps de s’épancher sur les scènes que nous lisons car à l’image de la vie, le temps ne s’arrête pas et il faut avancer jusqu’à ce que la douleur s’estompe. En perdant leur mère et probablement leur unique point de conversion, les garçons sont propulsés au coeur d’une famille qui ne l’attendait pas. Oriane, nouvelle adolescente de 13 ans, n’accepte pas d’avoir perdu sa chambre qu’elle partage avec sa cadette Axelle, en faveur de ses demis-frères. Leur père ne leur accorde que peu d’attention malgré l’immensité du chagrin qui les habite, causant de nombreux problèmes sur leur état psychique. Seule Sonia, belle-mère à plein temps ne semble pas être un frein au bon fonctionnement du quotidien de la maison.

Matthis…

…se révèle le plus percuté par la mort de sa mère et le bouleversant aussi. Probablement le personnage qui m’a le plus touchée. Son premier cauchemar est le plus traumatisant qu’il m’ait été donné de lire : une femme d’apparence charmante lui cuisine des cookies, puis tout bascule :
– Tu ne sais pas où tu es Matthis ?
Elle posa devant moi une assiette de cookies chauds
[…] Elle approchait son visage un peu trop près du mien. Ses iris s’assombrissaient et grandissaient lentement, mangeant tout le blanc à l’intérieur […] – Mange tes cookies, Matthis. Je sentis une odeur horrible et regardai mon assiette : ils étaient moisis, et des vers blancs grouillaient à leur surface. Quand je relevai la tête, la femme avait les yeux complètement noirs, comme ceux d’un corbeau, et elle me sourit, exhibant une rangée de dents pourries […] – Tu as oublié de manger tes cookies, Matthis […] – Tu as oublié ta mère, Matthis.

Deux pages qui m’ont fait froid dans le dos. Aurait-il peur que sa mère tombe dans l’oubli ? Pour une telle description, je suis persuadée que notre nouvel auteur chouchou a du regarder quelques films d’horreur pour être aussi bien inspirée (arrête Mélody, on sait). Mais reprenons : ce n’est que le début du traumatisme pour le jeune garçon qui en plus d’être effrayé par son sommeil le sera aussi par les ombres et les reflets dans les miroirs…Le harcèlement au collège dont il sera victime ne sera que la goupille qui fera exploser toute la tristesse qu’il lui reste à évacuer.

Jordan,

en guise d’ultime affront envers son père qui ne lui accorde aucune sollicitude, réagira par la violence. On sait pertinemment que le manque d’égard de son paternel ne représente qu’une mince excuse : sa gestion du deuil est plus compliquée. Expulsion du collège, offense brutale contre sa petite amie…la colère l’enflamme à longueur de journée, mais finira par s’éteindre. Quant à…

Solveig

Elle a finalement peu fréquenté sa tante Sophie mais la compassion qu’elle ressent pour ses cousins et l’envie qu’elle éprouve de mieux les connaitre la pousse à passer du temps avec eux, les aider à surmonter cette épreuve douloureuse. Mais secrets de polichinelle oblige, il y a d’autres éléments à découvrir dans ce roman et bien sûr : nous ne dirons rien. Oui, nous ne sommes pas des filles très sympas.

Tout revivre, Mélody Gornet (Thierry Magnier)
disponible depuis 22 octobre 2015
9782364747722 – 12.90€
à partir de 13 ans

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La machine à câlins – Scott Campbell

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Si vous n’avez pas été câliné aujourd’hui, gaffe à la machine à câlins qui traîne sournoisement à la recherche de sa proie. Cet agresseur pour le moins tendre vous attend peut-être au coin de la rue, tapi dans l’ombre, prêt à vous enlacer le plus chaleureusement possible… Un petit garçon se réinvente « robot » doté d’un super pouvoir : la machine à câlins est lancée et personne ne peut y échapper.

★★★★★

Irrésistible, cet album plein d’humour et de tendresse (indéniablement) définit avec brio la définition du câlin : une arme encore méconnue qui peut faire des dégâts comme vous rendre souriant, détendu, un geste simple qui signifie beaucoup. L’un des plus grands moments de l’album reste celui du porc-épic qui bien évidemment n’est pas approché tous les jours par qui que ce soit mais cela gène t-il La machine à câlins ?! Néni ! Armé de maniques et d’un casque, cet animal déboussolé repartira le coeur tout chamboulé par l’étreinte qu’il a reçu. Et admirez les expressions de l’ours et la tortue :
extraitmachineàcâlins
Alors la tortue personnellement je ne m’en remets pas : elle a un petit air narquois qui me plaît bien. Vous connaissez Scott Campbell ? Il a travaillé pour le magazine Nickelodeon (yeah) et vous aurez sans doute reconnu le trait de ses illustrations dans ses deux ouvrages édités chez Cambourakis Les grands duels du cinéma (tome I et II) et après concertation avec Bob nous trouvons que c’est un chouette auteur aux livres pétris à la dérision et à la malice. Son site est ici si vous souhaitez le découvrir un peu plus.

Pour vous exercer à câliner comme il faut : faites comme Will, trouvez un arbre.

Nous sommes très déçus avec Bob d’avoir raté cette semaine si particulière l’an dernier, cétait vraiment une idée originale 🙂
hugabookweek

La machine à câlins, Scott Campbell (Little Urban)
disponible depuis le 9 octobre 2015
9782374080000 – 10.50€
de 2 à 102 ans

Les câlins préservent la santé, étreignez-vous 5 à 10 fois par jour. Tout abus est recommandé