Son
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Les aventures rocambolesques de l’oncle Migrelin – Elzbieta

9782812609947,0-3008186

Lorsqu’il avait 9 ans, Migrelin a vécu une aventure avec sa grand-mère et s’est même fait enlever ! Des années plus tard, son neveu retrouve ses archives, constituées de coupures de presse, de rapports ministériels top secret, de lettres…

★★★★☆

Connue pour ses albums, Elzbieta se lance dans le roman pour la jeunesse et, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette entrée est tout simplement renversante ! Ce drôle de petit roman, qui nous est raconté par le neveu de Migrelin, est composé de plein de petites choses étonnantes : entre le récit de la découverte de ces archives par le neveu et ses suppositions sur l’aventure qu’a vécue son oncle, on trouve des rapports du cabinet du Ministère des Affaires Etranges (quel est donc ce ministère étrange ? et comment l’oncle est-il entré en possession de ces papiers ?), des rapports de police, des coupures de journaux, des correspondances bizarre de la grand-mère de Migrelin avec un magicien… Bref, un monceau de pistes pour tenter de découvrir ce qui s’est réellement passé quand Migrelin avait 9 ans et, surtout, ce que peuvent bien être ce dragon et ce « kikilapondu » qui semblent au cœur de cette étrange affaire.

Un roman totalement déjanté, parfaitement rocambolesque, faisant ainsi honneur à son titre, qui ravira les amateurs d’enquête policière et de loufoque. Il est en plus très court, se lit avec une curiosité et un intérêt croissant (bah oui, quand même, c’est vachement bizarre tous ces trucs), nous emportant dans cette aventure incroyable et dans laquelle certaines de nos questions risquent malgré tout de rester sans réponse… C’est étonnant et détonant et c’est le genre de petit roman qui fait du bien à lire ! On en redemande ! 😀

Les aventures rocambolesques de l’oncle Migrelin, Elzbieta (Le Rouergue)
collection DacOdac
disponible depuis le 3 février 2016
9782812609947 – 8€
à partir de 8 ans
Discussion
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N’y pense plus, tout est bien – Pascale Maret

Pascale Maret a visiblement été très inspirée par un fait divers, mais en se concertant avec Bob, on s’est dit que vous réveler lequel enlèverait toute surprise et on serait bien embêtées si vous nous en vouliez…donc nous ne spolierons point.

9782364748408,0-3163135

Martin, 13 ans se retrouve sans famille du jour au lendemain. Élevé ensuite par sa tante, il prendra la décision le jour de ses 18 ans, d’embaucher un détective privé qui pourrait l’aider à retrouver la trace du responsable de l’éradication de sa famille à la suite de la découverte d’un indice crucial. Direction la Patagonie pour une chasse au coupable qui remue, où la détermination d’un jeune homme reste l’un des éléments des plus marquants du roman.

Don’t think twice, Jean-Michel

★★★★☆

Sur fond de Bob Dylan, Pascale Maret nous fait vivre une forte expérience, nous parle de désir de clôture, de deuil avec sans doute un soupçon de vengeance qui ère dans un recoin du cerveau tourmenté d’un jeune homme qui ne demande qu’à se re•construire. Je ne m’attendais pas à un début de roman aussi dantesque, une scène douloureuse et étourdissante qui annonce brillamment la suite du roman. L’élément selon moi qui marque le plus le roman ? La maturité de Martin. L’innocence balayée en un coup de pelle, mais sa réflexion reste intacte : il comprend qu’il n’est en rien responsable de la disparition de ses proches. Cependant sa détresse demeure et se traduit par le besoin irrémédiable d’aller au bout de sa piste, la clôture nécessaire du chapitre de sa vie, celle de sa mère, de sa sœur Laure et de son frère Lucas. Ce gros garçon de 13 ans autrefois terrassé par la peur derrière la rambarde de l’escalier s’est transformé en homme qui a réchappé deux fois à la mort par sa bravoure, son incorruptibilité et sa détermination. On souhaite à Martin un bonheur sans encombres ni démons, avec des souvenirs triés sur le volet, précieux et intemporels tels que les sourires des membres de sa famille disparue. Ça tire sur le canal lacrymal, c’est d’une puissance prodigieuse, merci Pascale pour ce moment mémorable.

It’s all right, Bob

★★★★☆

Jean-Michel a tout dit ! J’ajouterais simplement que Pascale Maret n’a pas son pareil pour écrire des histoires tirées de faits divers avec autant de souffle. J’avais adoré sa version de l’histoire de Colton Harris-Morre, dans La véritable histoire d’Harrison Travis, hors la loi, racontée par lui-même et j’ai retrouvé ce côte aventureux dans ce nouveau roman, même si la tragédie est ici bien plus grande. Pascale Maret joue avec toutes nos émotions, depuis l’horreur jusqu’à l’espoir, dans cette quête qui nous emmène au bout du monde.

N’y pense plus, tout est bien, Pascale Maret (Thierry Magnier)
collection Grand format
disponible depuis le 23 mars 2016
9782364748408 – 11,50€
à partir de 14 ans
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A bas la vaisselle ! – Yann Mens

Parce qu’un titre de la collection Petite Poche fait toujours du bien, aujourd’hui on vous offre une tranche de bonne humeur avec une grève pas piquée des vers.

àbaslavaisselle

Dans la famille Toucouleur, on vous présente Fatoumata qui un soir après le dîner familial, refuse catégoriquement de faire la vaisselle et déclare la grève. Ce mot sacré est lâché, il faut désormais aller au bout 🙂 Entre demande d’augmentation d’argent de poche et revendications parentales, les négociations s’annoncent tumultueuses.

★★★★★

Alors, on vous rassure : point de bain de sang syndical à l’horizon mais une maman bien habile et des adolescents qui ne démordent pas. Dans cette famille on fait la vaisselle à partir de 8 ans et Fatoumata (12 ans), Rajiv (9 ans) trouvent injuste qu’Arsène (7 ans) ne s’y colle pas. En revanche Elisa, 2 ans de son état semble être dédouanée de cette corvée d’eau sale. Un piquet de grève est organisé

« Quand il n’y aura plus rien de propre, maman sera obligée de céder »

Mais c’est sans compter sur la contre-attaque de maman, qui à son tour, fait la grève de la lessive. Après moult négociations, la fin de la grève générale est déclarée et tout le monde a obtenu satisfaction. Des messages subtils parcourent ces 40 pages : se rebeller c’est aussi grandir, il n’y a pas de meilleur union que celle de la fraternité, parlementer est une solution qui résout n’importe quel conflit, maman n’est pas une bonne à tout faire, et ne jamais sortir des éléments du service de mariage sous peine de casse inévitable.


A bas la vaisselle, Yann Mens (Thierry Magnier)
collection Petite Poche
disponible depuis le 16 mars 2016 (nouvelle édition)
9782364748286 – 3,90€
à partir de 7 ans
Son
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Krol le fou – Sigrid Baffert

9782211225717,0-3174681

Nous avions beaucoup aimé ici l’écriture sensible de Sigrid Baffert quand elle nous racontait l’histoire de la Fille qui avait deux ombres. Cette fois-ci, si c’est à de plus jeunes lecteurs que ce petit roman s’adresse, on retrouve encore une fois toute la sensibilité de l’auteure dans ce très beau texte illustré avec tout autant de finesse par Aurore Callias.

Edgar aime s’assoir après l’école sur le banc qui fait face à la mer et observer le rocher de Bass Rock, où nichent des fous de Bassan. Un jour, un oiseau se pose à côte de lui et se met à lui parler. Il s’appelle Krol, c’est un fou de Bassan et lui aussi aime le calme et rester à l’écart des autres…

★★★★☆

Edgar est un garçon solitaire et « trop lent » pour ses camarades de classe. Ce qu’il aime, c’est observer les oiseaux avec ses jumelles, Edgar est un scrutateur. C’est ce qui a plu à Krol et l’a incité à se poser sur le banc à côté du petit garçon pour lui parler. Passé la surprise de découvrir un oiseau qui parle, Edgar et Krol vont commencer à discuter ensemble et apprendre à se connaître. Bientôt, le fou a un service à demander au garçon, un service très important : lui écrire une lettre. Pas une lettre d’excuse, ou d’amour, mais plutôt une lettre de recommandation car Krol désire se trouver un travail. Un travail un peu comme les humains, ce qui étonne Edgar qui aimerait tant savoir voler, voltiger et plonger comme les fous de Bassan…

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Je ne vous en dis pas plus et vous laisse découvrir cette très belle rencontre entre ce garçon et ce fou, une histoire étonnante où un drôle d’oiseau va permettre à un enfant d’affronter sa solitude et de gagner en confiance en lui. On ressent toute l’affection de Sigrid Baffert pour ses personnages, pour cette tranche de vie au bord de la mer, ce petit moment de rêve. Les très belles illustrations d’Aurore Callias ajoutent à la tendresse qui se dégage de ce petit roman virevoltant comme un fou de Bassan.

Pour découvrir un peu plus le livre et ses illustrations, l’éditeur a réalisé une petite vidéo très chouette, avec la lecture d’un extrait par Sigrid Baffert herself !

Krol le fou, Sigrid Baffert, illustré par Aurore Callias (L’école des loisirs)
collection Mouche
disponible depuis le 30 mars 2016
9782211225717 – 8€
à partir de 7 ans
Son
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Il ou elle ?

Au début du mois sont parus au Rouergue plusieurs titres à destination de la jeunesse sur une thématique commune : le genre et, surtout, la liberté d’être soi. Aujourd’hui, Bob vous en présente deux : un album et un roman. 🙂

Buffalo belle – Olivier Douzou

9782812610554,0-3163131

Enfant, Annabelle préférait les fusils et les cow-boys aux poupées et à la marelle et s’amusait à interchanger les « il » et les « elle ». En grandissant, ces jeux ont trouvé leur sérieux et Annabelle a commencé à s’interroger sur sa véritable identité…

★★★★☆

Dans cet album pour les plus grands, Olivier Douzou traite du genre en jouant avec inventivité sur celui de la grammaire. Un texte sous forme d’exercice de style, pas si simple, où les mots se finissant habituellement en « il » sont remplacés par des « elle » et inversement. Une gymnastique intellectuelle qui, une fois comprise, nous révèle un texte plein de poésie et toute l’ambiguïté et l’incertitude d’une enfant à la recherche de son identité sexuelle. Les très belles illustrations au fusain, brutes, graphiques, achèvent de nous transporter dans ce texte libre et sans tabou. Un poème tout en « je » de Buffalo Belle termine cet album unique et indispensable.

Pour en savoir plus sur l’album, le Rouergue propose sur leur site une interview de l’auteur.

Buffalo belle, Olivier Douzou (Rouergue)
disponible depuis le 2 mars 2016
9782812610554 – 12€
à partir de 10 ans
Je suis qui je suis – Catherine Grive

9782812610585,0-3163132

Depuis toujours, Raph’ a un gros chagrin, quelque chose qui l’empêche de se sentir bien. C’est l’été, Raph’ passe son temps à fouiller les boîtes aux lettres de ses voisins, et lors d’une sortie avec son copain Bastien, Raph’ rencontre Sarah avec qui l’ado sympathise. C’est peut-être le début de la disparation de son chagrin ?

★★★☆☆

Si Rahp’ ne parvient pas à nommer ce chagrin qui l’habite, nous découvrons petit à petit de quoi il retourne. C’est avec une certaine finesse que Catherine Grive nous parle de cette difficulté à comprendre ce que l’on est au fond de soi. Raph’ est-elle un garçon ? Est-il une fille ? Il nous faut aussi à nous lecteur une bonne cinquantaine de pages pour comprendre si Raph’ est un garçon ou une fille de naissance, l’auteur ne nous donnant que peu d’indices. Alors que l’été avance et que Raph’ trouve en Sarah une véritable amie, son chagrin va petit à petit se dénouer et la jeune fille lui apporter de l’espoir. Dommage que la fin de l’histoire soit un peu rapide ! Néanmoins, Je suis qui je suis est un roman sensible, construit autour de non-dits, et un beau portrait d’adolescence en quête de construction de son identité sexuelle.

Je suis qui je suis, Catherine Grive (Rouergue)
collection DoAdo
disponible depuis le 2 mars 2016
9782812610585 – 9,20€
à partir de 13 ans
Son
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Le domaine – Jo Witek

9782330060862,0-3163133

Si cet oiseau mort sur la couverture vous met mal à l’aise ou vous effraie, c’est normal. 🙂 Le nouveau roman de Jo Witek joue pas mal sur ces sentiments…

Pendant les vacances d’été, Gabriel accompagne sa mère dans une demeure où elle a été engagée comme domestique. Passionné d’ornithologie, il a accepté de l’accompagner pour visiter les forêts et points d’eau qui entourent le domaine, ravi de cette solitude à venir. Mais bientôt, les petits enfants de la famille débarquent au domaine et Gabriel va faire l’expérience de sentiments forts et irrépressibles…

★★★★☆

Après s’être intéressée à la folie dans Un hiver en enfer, Jo Witek se penche ici sur une autre forme de « folie » : l’amour ! Un amour absolu, pur, dévorant et visiblement à sens unique. Gabriel est un jeune homme plutôt solitaire, le genre amateur de la nature qui peut passer des heures assis devant un étang pour observer une grenouille. Pour le reste, il est plutôt poli, bien élevé, cultivé et curieux, bref, le garçon idéal pour une mère veuve. Lorsque les petits enfants du couple de La Guillardière, qui possède le domaine, débarquent, la belle Éléonore en tête, Gabriel est victime du coup de foudre et se frotte pour la première fois au sentiment amoureux. Un amour qui le consume tant il est fort et alors, petit à petit, Gabriel semble basculer dans un état presque maladif, où son amour se transforme en voyeurisme, en perversité… Des sensations nouvelles qui le changent, et vont lui faire perdre ses repères…

Douée dans le roman psychologique, Jo Witek l’est assurément ! A la différence de ces romans précédents dans la même collection, le côté thriller est ici moins présent, en tous cas sous une autre forme et plutôt sur la fin. Avec Le domaine, on est plutôt dans un roman d’ambiance, j’ai notamment pensé aux romans gothiques du XVIIIe siècle, où le sentimental et le macabre étaient mêlés, avec des personnages extrêmement romantiques victime de passions dévorantes. L’idée du domaine, à l’écart de la civilisation, sans connexion internet ; la vie du couple La Guillardière très ancestrale avec domestiques et vieilles pierres ; ce personnage de Gabriel si éloigné des ados « habituels » ; renforcent d’ailleurs cette impression que l’on est hors du temps. Le roman comporte aussi plusieurs passages qui n’ont rien à envier au roman fantastique, des moments de rêves ou de cauchemars qui brouillent aussi les pistes et donnent à Gabriel l’impression d’un endroit étrange, malsain. Et au lecteur un certain sentiment de malaise…

Le domaine est en tous cas un excellent roman, bien écrit et passionnant. Quand on connaît les autres romans de Jo Witek, on s’attend toujours à une chute étonnante et la fin de celui-ci ne dément pas son talent à nous faire croire que tout est résolu alors que ce n’est pas le cas et à nous surprendre véritablement. Si l’on reste tout de même avec quelques questions non résolues sur la fin (me semble-t-il), on ne s’ennuie clairement pas un seul instant ! Une lecture aussi dévorante que la passion de Gabriel pour Éléonore !

Le domaine, Jo Witek (Actes Sud junior)
collection Ado – Thriller
disponible depuis le 2 mars 2016
9782330060862 – 15,50€
à partir de 14 ans
Son
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Traqués sur la lande – Jean-Christophe Tixier

Aujourd’hui, on vous parle du nouveau roman de Jean-Christophe Tixier (dont on avait beaucoup aimé le précédent), écrit dans le cadre du Feuilleton des Incos, qui consiste à faire découvrir les coulisses de l’écriture d’un roman à une classe grâce à une correspondance avec un auteur (plus d’infos sur le site des Incorruptibles). 🙂

9782700250961,0-3064173

1934, Belle-Île-en-Mer. Au bagne pour enfants, une émeute éclate après le coup de trop porté par un surveillant. Des garçons en profitent pour s’échapper sur la lande. Gabriel est parmi eux et, très vite, la traque commence. Aucun ne veut être repris, tous veulent retrouver la liberté. Pour cette dernière, Gabriel va pouvoir compter sur Aël, une jeune fille qui connaît le coin comme sa proche et qui, elle aussi, rêve de liberté…

★★★☆☆

Dans ce roman historique, Jean-Christophe Tixier évoque un sujet que l’on connaît assez peu et qui reste absent des livres d’histoire au collège ou au lycée : les bagnes pour enfants (en tous cas, ce n’était pas dans les miens à l’époque où j’y étais). Les moments qui s’y déroulent vraiment sont peu nombreux puisque le roman débute sur l’évasion des enfants mais, en peu de mots, Jean-Christophe Tixier nous fait très vite comprendre les terribles conditions de ces endroits. Le cœur du roman s’intéresse à la fuite, à la traque organisée par les habitants de l’île pour retrouver tous les jeunes gamins échappés. Une chasse motivée par l’argent et la peur. C’est dans ce contexte que Gabriel, jeune prisonnier évadé va croiser la route d’Aël, belle jeune fille qu’un père violent désire marier à un riche touriste. Aël, pleine de ressources et de bonté, va venir en aide à ce garçon aux yeux gris et à ses jeunes compagnons qui ne connaissent rien d’autre que les humiliations et les privations…

Tiré d’une histoire vraie, comme nous le rappelle l’auteur à la fin de son roman, Traqués sur la lande est un récit fluide et bien mené qui, au-delà de nous présenter une réalité historique, offre une belle histoire d’évasion, de liberté et d’amour. On sent certainement l’influence de la classe sur cette dernière – l’histoire d’amour me paraissant en effet un peu rapide – mais elle ajoute un romantisme tout de même bienvenu, contrebalançant les destins tragiques de certains des évadés. Sans vous dévoiler la fin, sachez que celle-ci est vraiment très réussie et surprenante, sans être un véritable happy-end, elle reste ouverte et pleine d’espoir. Une mention spéciale pour la couverture de Sébastien Pelon, que je trouve très belle.

Sur le même thème des colonies pénitentiaires pour enfants (mais quelques décennies plus tôt), je vous conseille également la lecture du très beau roman d’Ahmed Kalouaz, Les sauvageons.

Traqués sur la lande, Jean-Christophe Tixier (Rageot)
collection Le feuilleton des Incos
disponible depuis le 16 mars 2016
9782700250961 – 12,50€
à partir de 12 ans
Son
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Les garçons ne tricotent pas (en public) – T.S. Easton

Saint-Jean-Michel-des-Eaux, attention les yeux ! Ce livre a sans doute l’une des couvertures les plus atroces (je ne peux pas la regarder plus de 0,005 secondes sans avoir envie de me crever les yeux), les plus improbables, les plus « mais…mais…pourquoi ???? » (euh…sérieusement, Nathan, POURQUOI ???) mais ne vous y fiez pas et essayez de faire abstraction, de coller du papier journal dessus, de la couvrir avec du papier opaque comme vos manuels de cours en 6e, car vous passeriez quand même à côté d’un très très bon moment de lecture, parole de Bob. 🙂

9782092559161,0-3155289Ben Fletcher, après avoir volé une bouteille de Martini Rosso et renversé à vélo la dame qui fait traverser les petits, est désormais placé sous contrôle judiciaire. Dans le cadre de sa mise à l’épreuve, il est contraint de s’inscrire à une activité manuelle, et à cause d’un malentendu, il se retrouve dans le cours de tricot ! L’horreur ! Ben accepte cependant de jouer le jeu, tant que personne en dehors du groupe de tricot n’est au courant. Et il découvre bien vite que le tricot, ce n’est pas si mal et qu’il est quand même vachement doué…

★★★★★

Comment cacher à vos amis un peu cons et à votre père archétype de la virilité que vous vous adonnez à une « activité de fille » et, pire, « de vieille » ? C’est bien là tout le problème de Ben, 16 ans, pas trop doué avec les filles (mais vachement amoureux de Megan, et de sa prof Melle Swallow et puis la mère de Megan est pas mal non plus…) ni vraiment en rien, d’ailleurs, qui se fait harceler occasionnellement par la terreur du lycée, et qui vivait sa vie plutôt tranquillement jusqu’à l’incident qui lui a valu des ennuis avec la justice. Ben va inventer pas mal de mensonges, qui vont le mettre dans des situations précaires, surtout quand le tricot se révèle une activité qui le passionne et pour laquelle il est vraiment très doué. Doué au point de participer à des compétitions locales puis de plus en plus importantes… De mensonges en mensonges, Ben s’enlise et tout pourrait bien vite tourner au vinaigre…

Pour notre plus grand plaisir, les stratégies de Ben conduisent à des moments improbables, cocasses et parfois totalement débiles. Écrit sous la forme d’un journal intime, T.S. Easton (qui est aussi l’auteur d’une dystopie dont on vous a parlé) nous brosse le portrait d’un adolescent absolument attachant. Je me suis amusée du début à la fin et j’ai éclaté de rire à de nombreuses reprises. Les dialogues sont géniaux, les nombreux personnages – même parfois un peu stéréotypés – offrent une galerie particulièrement comique et l’histoire, même s’il est loin d’y avoir de l’action, propose des tas de rebondissements plus savoureux les uns que les autres. On ne s’ennuie vraiment pas et on passe un moment super agréable avec Ben et sa vie tout de même bien compliquée à lutter malgré lui contre les préjugés. Si vous avez lu Susin Nielsen, Ben m’a pas mal fait penser à certains de ses personnages, une espèce de nerd embrigadé dans des trucs improbables, héros du quotidien. J’ai ressenti exactement le même plaisir qu’à la lecture de Moi, Ambrose, roi du scrabble, par exemple. Et ça fait plutôt du bien ce genre d’histoire bien écrite (et bien traduite), pleine d’humour et de bonne humeur. Maintenant, j’ai envie de me mettre au tricot ! 😛

Les garçons ne tricotent pas (en public), T.S. Easton, traduit par Anne Delcourt (Nathan)
disponible depuis le 10 mars 2016
9782092559161 – 15,95€
à partir de 13 ans
Discussion
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Je sais que tu sais – Gilles Abier

9782362661426,0-3025447

Nous savons que vous saviez que Gilles Abier sortait un nouveau livre parce qu’on vous l’a dit la dernière fois. On vous dit aujourd’hui tout ce qu’on en pense !

Il y a trois ans, dans un patelin du Tarn-et-Garonne, le frère d’Axelle, Martial, est retrouvé criblé de balles derrière une grange. Le coupable ne fut pas bien difficile à trouver : c’était Bastien, le meilleur ami de Martial. Depuis cette tragédie, Axelle a sombré et s’est repliée sur elle-même, dans sa haine. Jusqu’au jour où elle décide de rendre visite à Bastien en prison…

Bob sait qu’il ne sait pas

★★★☆☆

Ahlala, pas facile de parler de ce roman après Un jour il m’arrivera un truc extraordinaire. Les deux romans sont très différents et, si le premier était beaucoup sur l’imaginaire et l’humour, on est ici dans une réalité dure et sans concession. Toute cette douleur qui hante Axelle, ce deuil dont elle ne parvient pas à se débarrasser, nous fait entrer petit à petit dans ce triste fait divers qui a rompu la tranquillité de son petit village. Nous la rencontrons au moment où elle va se confronter à l’assassin de son frère, où elle espère que leur conversation va lui apporter ce qu’elle cherche. Et pendant qu’elle attend, qu’elle doute, Axelle nous fait remonter le fil de l’histoire, comment sa petite vie tranquille a soudain basculé, comment elle en est arrivé à ne plus être que l’ombre d’elle-même.
J’ai beaucoup aimé la progression du récit, qui alterne entre le moment présent et les souvenirs : ceux de la nuit de l’assassinat, le procès, les jours, mois qui ont suivi, comment Axelle a décidé de prendre le taureau par les cornes et voir celui qui a ruiné sa vie… Accepter ? Réussir à pardonner ? Axelle se dévoile progressivement et, par là-même, on découvre la personnalité de son frère, et ce qui a poussé Bastien, son meilleur ami, à le tuer. En moins de 100 pages, Gilles Abier fait preuve d’un grand sens du suspense, et parvient à nous maintenir en haleine jusqu’au dernier mot. D’autant plus quand on arrive aux dernières phrases et qu’il nous laisse pantelant, aux prises avec un terrible choix…

Jean-Michel sait bien, lui, qu’il sait

★★☆☆☆

Secret de famille bien dissimulé et apprentissage du pardon…Gilles nous offre un panorama riche en émotions mais un détail me dérange. Alors que le bourreau de Martial garde un silence de plomb quant à ses motivations, j’ai trouvé les parents d’Axelle étrangement fermés : ils ne se posent aucune question et semblent fermer les yeux. Bastien a assassiné leur fils de sang-froid et il semble flotter un parfum d’ignorance : ils ne cherchent pas à savoir, trop occupés à gérer leur douleur et leur deuil. Un texte qui aurait mérité plus de pages :/ Une écriture parfaite néanmoins mais je pense avec sincérité que Gilles Abier traite mieux les sujets graves avec l’humour qu’on lui connait.

Je sais que tu sais, Gilles Abier (Talents Hauts)
collection Ego
disponible depuis le 18 février 2016
9782362661426 – 8€
à partir de 13 ans
Son
2

Tant d’étoiles dans la nuit – Charlotte Bousquet

Après un roman absolument magnifique sur fond de Première Guerre mondiale, Charlotte Bousquet revient en ce début d’année avec un roman plus actuel et sans doute plus « léger », même s’il y a également de la noirceur qui se niche en son cœur. Sortez les vestes gothiques et le maquillage sombre, nous allons au concert de Jace D. !

9782700249422,0-3064177Summerfest, début juillet. Alors que des milliers de fans sont rassemblés pour assister à des concerts de rock et de métal, Jace D., chanteur célèbre de pop métal, est attiré à l’écart du festival par de mystérieux textos. Abattu froidement, Jace se retrouve à l’hôpital, dans le coma, entre la vie et la mort. Tandis que l’enquête cherche à trouver le coupable, l’entourage de Jace se remémore son ascension musicale…

★★★★☆

Dans ce roman choral, Charlotte Bousquet propose 4 voix principales : Ellen, ex-petite amie longue durée de Jace un peu naïve et romantique, étudiante en littérature classique britannique ; Sidney, meilleure amie introvertie de Jace et guitariste de son groupe, qui le connaît depuis qu’ils sont gosses ; Lee, ancien manager du chanteur qui a assisté au meilleur de sa carrière ; Angeni, amérindienne et ex-conquête d’un soir de Jace. S’y ajoutent des voix plus rares : celle de Carl, le père de Jace ; de l’inspectrice Morgan, en charge de l’enquête et, en tout dernier, celle de Jace. La particularité de toutes ces voix – hormis les deux dernières – c’est de s’adresser directement à Jace, avec un « tu » qui donne une véritable force à tout ce qu’ils ont à dire à celui qui repose dans un lit d’hôpital. Chacun va se remémorer les moments les plus importants qu’ils ont eus avec Jace, comment celui qui était adulé par des milliers de fans, a enchaîné les conquêtes, a chanté en duo avec Marylin Manson, était en réalité un sale type. Car très vite, le portrait qui nous est brossé de la rock star n’est pas brillant et, alors, tout le monde devient suspect à nos yeux.

Le tour de force du roman de Charlotte Bousquet est de nous faire douter jusqu’à la dernière page, de nous faire croire que l’on tient le coupable alors que ce n’est pas le cas… Mais, surtout, c’est de nous faire passer un moment de lecture remarquable et intense dans cet univers de la musique, de la célébrité, de l’amitié et de l’amour inconditionnel qui interroge notre conception du bien et du mal. Les paroles de chanson de Jace D., qui accompagnent notre lecture, ajoutent au réalisme de ce thriller terriblement bien mené, où les émotions ne sont pourtant pas en reste. Les amateurs de métal apprécieront les petites références qui parsèment le récit, les autres auront sûrement la curiosité d’aller les découvrir. Un roman sombre mais cruellement addictif. Passionnant ! 🙂

Tant d’étoiles dans la nuit, Charlotte Bousquet (Rageot)
disponible depuis le 9 mars 2016
9782700249422 – 14,90€
à partir de 14 ans