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L’année de Jules – Hubert Ben Kemoun

Cette jeune série ce concentre sur Jules, petit garçon qui, mois après mois, va découvrir la vie et apprendre à grandir. Les événements de la vie de tous les jours, l’école, les copains…de nombreux sujets traités dans, à ce jour, 8 histoires, de septembre à mars. Je vous propose aujourd’hui de découvrir deux titres : La surprise des surprises (septembre) et Le jour des amoureux (février), qui tombe à pic !

★★★★☆

9782700243680, 0-2172831Dans La surprise des surprises, Jules va découvrir l’élection des délégués de classe. En effet, peu après la rentrée, c’est l’heure de choisir les délégués. Mais sur les vingt-six élèves de sa classe, dix-huit se présentent à l’élection. Le choix devient alors très difficile, surtout quand Léo, le meilleur ami de Jules, et Clarisse, son amoureuse, font partie des candidats. Il faudra alors toute l’intelligence de Jules, et son observation de ses camarades, pour que cette journée soit…surprenante !

9782700243819, 0-2506024Dans Le jour des amoureux, la Saint-Valentin approche. Jules ne connaissait pas cette fête et son ami Léo le prévient qu’il va falloir offrir un cadeau à son amoureuse, Clarisse. Mais Jules n’a pas d’idées. Ou plutôt si, il en a plein, mais il les offre à Clarisse toute la semaine avant le 14 février et, le jour J, il n’a pas de cadeau à lui offrir…

Pour les plus jeunes lecteurs, cette série écrite par Hubert Ben Kemoun, aussi doué pour les ados que pour les plus petits, est un petit régal de tendresse. L’écriture est simple et accessible, les sujets variés et au plus proche des enfants sont très bien abordés. Le système du vote dans le premier est très bien expliqué et, même s’il n’est qu’à l’échelle de la classe, il est tout à faire valable pour en discuter avec les enfants après la lecture. J’ai aussi beaucoup aimé l’espièglerie de Jules dans le deuxième et sa compréhension de l’amour. Les illustrations de Colonel Moutarde apportent un certain dynamisme et correspondent parfaitement à l’univers de la série. En bref, de très bons petits romans à mettre entre les mains des jeunes lecteurs.

L’année de Jules, Hubert Ben Kemoun (Rageot)
collection Petit Roman (8 tomes parus)
en librairie depuis juin 2014 et janvier 2015
9782700243819 – 5,70 €
à partir de 6-7 ans

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A ma source gardée – Madeline Roth

sourcegardéeIl y a des textes qui nous bouleversent rien qu’avec 60 pages. Des mots comme des uppercuts qui nous émeuvent tellement qu’ils en deviennent inoubliables. Tant de résonances, nous avons toutes connu ça : des cris dans le vide, la détresse sentimentale et enfin…devenir femme, grandir.

Par un bel été chez sa grand-mère, Jeanne tombe amoureuse de Lucas, le nouveau venu dans sa bande d’amis, il l’aime en retour semble t-il. Le bonheur de Jeanne est immense…jusqu’à l’été suivant où son coeur se brise dans sa poitrine en découvrant que Lucas n’est pas celui qu’elle croyait être. La réciprocité des sentiments fait partie des durs apprentissages de la vie : parfois le retour est cruel.

★★★★☆

La quatrième de couverture mentionne « un monologue puissant », il serait insultant de ma part de dire le contraire après cette lecture éprouvante qui émeut aux larmes. Jeanne s’est emballée, fourvoyée peut-être aussi sur l’amour qu’elle portait à Lucas mais c’est le principe même de la jeunesse : on ne cesse jamais de grandir en se frottant à la vie. Outre cet amour qui n’est pas (plus) partagé, elle doit faire face à la perte de l’enfant qu’elle attendait de lui. Les mots nous manquent lorsqu’on se retrouve avec Jeanne et l’impuissance et la solitude qu’elle doit ressentir. En perdant Lucas et leur enfant, elle s’est perdue elle-même. Mais la fin de ce monologue inspire courage, détermination et oubli. A t-elle vraiment le choix ? Elle s’en sortira, avec quelques cicatrices. Madeline Roth insuffle les mots justes à son texte qui est d’une profondeur incroyable. Les réflexions qui en découlent sont issues de son habileté à être concise tout en racontant l’essentiel. Un talent à suivre.

« J’ai porté un enfant de toi.
Soixante-six jours.
Et je ne lui ai jamais donné la vie.
Je ne te l’ai pas dit, parce que j’avais peur des mots que tu ne dirais pas. »

Ma petite Jeanne, tout au long de ton récit je n’ai souhaité te dire qu’une chose : sache que l’on ne peut pas avoir la nostalgie de ce qui n’a pas existé. Alors relève-toi, tout se passera bien.

A ma source gardée, Madeline Roth (Thierry Magnier)
en librairie depuis le 11 février 2015
9782364745582 – 7.20€
à partir de 14 ans

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La boîte – Anne-Gaëlle Balpe

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Avec Jean-Michel, on se bat toujours quand il y a un nouveau roman de la collection Exprim’ qui sort. Et cette fois, c’est la carrure imposante de Bob qui a remporté la lecture du tout dernier en date et qui porte le nom mystérieux de La boîte !! Tadaaaammm… (ne vous laissez pas berner par tout ce rose sur la couverture, car vous allez être surpris) !

Malt et Jen ont vingt ans, et aucune perspective d’avenir. Ils passent leurs journées à zoner dans leur petit ville perdue, jusqu’au jour où ils découvrent une boîte sous le banc du parc. A l’intérieur, un billet, accompagné d’un mystérieux message : « Plus d’argent en échange d’un service ».

★★★★☆

Voilà un résumé qui donne plutôt l’eau à la bouche, non ? Eh bien non seulement on se laisse tenter mais on se laisse aussi très vite prendre au jeu, comme les personnages, afin de savoir ce que referme cette boîte ou, plutôt, ses promesses. Car, comme le pense Jen, il ne s’agit probablement que d’un jeu, d’une sorte de téléréalité ou de caméra cachée. Qu’est-ce qu’on y risque à part devenir célèbre et riche ? Dès lors, la vie de nos jeunes adultes va basculer du tout au tout car, bien sûr, la tentation de l’argent facile est grande. Et si tout semble merveilleux au début (on va dans la ville la plus proche dépenser sans compter, louer une suite majestueuse dans un grand hôtel…), le « service » finit par être demandé et c’est Malt qui va s’y coller…et découvrir qu’il trempe dans une terrifiante affaire. Mais je ne vous dis rien, ce serait gâcher la surprise (enfin…l’horreur) ! 🙂
Ce que je peux vous dire, c’est que l’écriture d’Anne-Gaëlle Balpe est carrément addictive et, du coup, très efficace, on a l’impression de se trouver dans un bon film d’action, où le suspense est rondement mené, les dialogues percutants, les scènes rythmées et parfois même spectaculaires. Les personnages sont très réussis, on s’attache instantanément à Malt et à son histoire. On ressort de tout cela le souffle court, d’autant plus que les pages défilent à une vitesse terrible, nous donnant l’impression d’avoir terminé le livre trop tôt.
Je ne connaissais pas Anne-Gaëlle Balpe, alors qu’elle a déjà une bibliographie bien fournie, mais ce sera assurément une romancière à suivre pour les ados.

La boîte, Anne-Gaëlle Balpe (Sarbacane)
collection Exprim’
en librairie depuis le 4 février 2015
9782848657585 – 15,50 €
à partir de 14 ans

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Le seul et unique Ivan – Katherine Applegate

seuluniqueivanAvertissement : aucun lecteur n’est trop vieux, trop occupé ou trop insensible pour lire une telle histoire. Mademoiselle Applegate nous tire les larmes et je ne sais pas si je dois la maudire ou la serrer très fort dans mes bras. Le Grinch lui-même serait difficile de ne pas faire preuve d’empathie avec l’histoire d’Ivan.

★★★★★

Ivan est un gorille qui vit paisiblement son existence dans la ménagerie d’un centre commercial, à la vue des hommes qui l’observent à travers les vitres de sa triste habitation. Sa vie dans la jungle ne lui manque pas, il y pense à peine d’ailleurs. Son quotidien est ponctué par la télévision, qu’il regarde souvent, la présence de ses amis : Stella, une vieille éléphante et Bob, un chien errant. Ivan est avant tout un artiste : à travers ses dessins il essaie de capturer le goût d’un fruit ou le bruit des feuilles. Sa vie va changer lorsque Ruby, un éléphanteau va être arrachée à sa famille et son milieu naturel pour être placée dans cette même cage. Ivan va donc percevoir ce qu’aurait pu être sa vie et va désormais tout faire pour que Ruby soit heureuse…

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Nous faisons un sacré bout de chemin avec ce gorille. Ses paroles mélancoliques nous frappent en plein coeur et il y a mieux : son ami Stella l’éléphant tord votre âme en deux avec son histoire et ses sentiments. J’avais déjà pleuré en regardant « Dumbo » étant petite mais là ma cage thoracique résonnait tellement je voulais tous les serrer contre moi et leur dire que tout allait bien se passer. L’écriture est gracieuse, concise et colorée – rien n’est gaspillé, il n’y a pas un mot de trop. Ce qu’il y a d’intéressant avec l’écriture de Katherine (oui, je sens qu’on va devenir copines) c’est qu’elle implique son lecteur, pousse à la réflexion tout en racontant avec simplicité. Les points forts de ce roman : les observations philosophiques d’Ivan et son acceptation de la situation. Le récit poignant teinté d’humour et absolument merveilleux de Katherine Applegate nous reste dans la poitrine. Pas de doutes là-dessus : cette femme sait créer l’inoubliable.

Le seul et unique Ivan, Katherine Applegate (Seuil jeunesse)
en librairie depuis le 15 janvier 2015
9791023502886 – 12.50€
à partir de 9 ans jusqu’à 109 ans
Faites un tour sur le site de l’auteur

ivanremarkableSachez que ce roman est basé sur des faits réels, Ivan a existé. Katherine Applegate a écrit un autre ouvrage sur la vraie vie de ce gorille et les illustrations de Brian Karas sont déchirantes. A ma grande déception, ce livre illustré n’est pas traduit en français, mais voici un aperçu.
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Afterworlds – Scott Westerfeld

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Il y avait longtemps que Bob n’avait pas lu un bon gros pavé (670 pages bien tassées), qui lui a pris un certain temps mais qui va être aussi un peu compliqué à commenter…car il s’agit d’un livre dans un livre ! Voici donc le tout nouveau roman de Scott Westerfeld, découvert notamment grâce à la série Uglies, qui était particulièrement réussie.

Darcy Patel a 18 ans et vient de décrocher un juteux contrat d’édition pour son premier roman Afterworlds. Elle met alors l’université entre parenthèse pour s’installer à New York et devenir un véritable écrivain, comme elle en a toujours rêvé. Lizzie, le personnage inventé par Darcy, découvre « l’envers du décor », le monde où se rendent les fantômes, lorsqu’une attaque terroriste dans l’aéroport où elle se trouve l’oblige à se faire passer pour morte…

★★★☆☆

Le roman se compose de deux histoires entremêlées : celle de Darcy, auteur dans le « monde réel » et celle de Lizzie, l’héroïne du roman écrit par Darcy (fans de Jane Austen, c’est pour vous !). Chaque chapitre passe ainsi de l’une à l’autre. Le procédé est plutôt chouette et permet d’alterner entre chaque histoire tout en distillant un suspense réussi.
Le roman commence tout d’abord avec Darcy Patel, jeune auteure de 18 ans qui a reçu un contrat très juteux pour publier son livre Afterworlds. Très vite, la jeune fille se rend à New York, où elle retrouve son agent, découvre son éditeur et les soirées consacrées aux auteurs « young adults ». Durant tout son séjour à New York, elle va devoir retravailler l’écriture de son roman selon les demandes non seulement des éditeurs mais aussi du service marketing et, surtout, entamer la suite de son roman. Tout un processus éditorial qui va non seulement stresser notre jeune auteure mais également l’aider à grandir et à s’émanciper.
Intercalée à l’histoire de Darcy se trouve celle de son héroïne, Lizzie, qui commence sur les chapeaux de roue avec une scène d’ouverture digne des meilleurs films d’action : une attaque terroriste dans un aéroport. Coincée, Lizzie appelle les secours qui, dans l’absence de portes de sortie, lui conseillent de faire la morte. Et elle le fait si bien qu’elle va se retrouver dans « l’envers du décor », l’endroit où vont les fantômes avant de rejoindre l’enfer. Elle y rencontre Yamaraj, un jeune homme « psychopompe » (guide des âmes), qui va lui révéler sa nouvelle nature et, bien évidemment, devenir son amoureux…
Pour être honnête, j’ai beaucoup plus aimé l’histoire de Darcy et tout le processus lié à la création littéraire et éditoriale (ce doit être mon côté bibliothécaire), même s’il y a de grandes différences entre l’édition aux États-Unis et celle en France. L’histoire d’Afterworlds est une romance fantastique un peu lue et relue, même si la mythologie hindoue qui y est associée apporte une touche exotique plutôt chouette. Mais il est possible que le lectorat ciblé par ce roman soit plus sensible à l’histoire de Lizzie qu’à celle de Darcy, pleine de jargon éditorial et d’une love-story peu conventionnelle. En plus, vu le pavé, il y a des chances que certains lecteurs sautent les passages qui les intéressent moins pour ne s’attacher qu’à une seule histoire. Je dois aussi avouer que, au vu du slogan de couverture, je m’attendais à un roman un peu plus « science-fictionnesque », alors que pas du tout, il s’agit d’un roman tout à fait ancré dans la réalité. On pourrait alors se demander : quel intérêt de raconter deux histoires totalement indépendantes dans un même livre ? Peut-être est-ce une façon pour Scott Westerfeld de montrer que l’écriture d’un roman est longue et complexe ? Ou alors de dire aux jeunes auteurs, lancez-vous et réalisez vos rêves ! Le lecteur sera libre de choisir. En tous cas, j’ai trouvé ce roman vraiment très intéressant sur l’écriture d’un livre et les questions et réécritures auxquelles un auteur doit se confronter pour voir un jour son œuvre publiée. Selon moi, il aurait pu se consacrer uniquement à Darcy mais les ados y trouveront peut-être à redire… 🙂

Afterworlds, Scott Westerfeld (Pocket Jeunesse)
en librairie le 5 mars 2015
9782266256285 – 18,90 €
à partir de 14 ans

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Retrouver le petit frère – Gisèle Bienne

9782211107822,0-2445280

Je ne connais pas bien l’œuvre de Gisèle Bienne et n’avait lu d’elle que On n’est pas des oiseaux, qui m’avait laissé un souvenir un peu étrange et dont l’histoire m’avait mise mal à l’aise. Je me suis donc plongée avec curiosité dans ce nouveau roman, qui bénéficie d’une très belle photo de couverture…

Sophie et Emma promènent leur petit frère, Odilon, le long de la route, vers l’étang et la forêt. Elles ont l’habitude de le faire et, le temps d’aller voir les canards, elles laissent leur petit frère dans sa poussette. Quand elles reviennent, l’enfant à disparu. Où est-il ? Que s’est-il passé ? Des questions qui vont hanter les deux adolescentes pendant longtemps car personne ne retrouve Odilon…

★★★☆☆

Gisèle Bienne nous brosse le portrait d’une famille – et notamment d’une jeune fille, Emma – à qui une chose terrible est arrivée : la perte d’un enfant, d’un frère. Comment se reconstruire et continuer à vivre après une erreur aussi terrible ? Car il s’agit bien de la négligence de Sophie et Emma qui a conduit à la disparition d’Odilon. Toutes deux vont avoir des réactions très différentes, devant les gendarmes, leurs parents, ou leurs amis. Et pourtant, elles vont continuer à grandir avec cette perte, l’une « choisissant » d’oublier, l’autre faisant tout pour garder un contact avec son petit frère, quitte à cultiver un espoir fou. J’ai trouvé l’écriture de Gisèle Bienne très belle, même si certains dialogues entre ados m’ont paru un peu vieillots, et le personnage d’Emma est très touchant. Sa volonté de réparer sa faute, de rester persuadée que, lorsqu’elle aura sa majorité, elle retrouvera son frère, en font une héroïne à laquelle on s’identifie volontiers et que l’on va suivre avec intérêt. Sans vous révéler la fin, j’ai cependant trouvé la résolution de l’enquête un peu facile. Elle fonctionne bien, surtout quand on lit le roman d’une traite, mais il y a tout de même une part de chance qui me semble peu réaliste. Enfin…il s’agit d’un roman ! Et d’un joli roman. 😉

Retrouver le petit frère, Gisèle Bienne (École des Loisirs)
en librairie depuis le 21 janvier 2015
9782211107822 – 15 €
à partir de 13 ans

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On est tous faits de molécules – Susin Nielsen

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Dites, Hélium, c’est quoi cette agréable et exclusive surprise ? Figurez-vous que nous, lecteurs français, sommes les premiers à lire le tout nouveau roman de Susin Nielsen car il ne sort dans son pays d’origine (le Canada) qu’au mois de mai !!! Ce n’est pas génial ? Et vous savez ce qu’il est encore plus : ce roman, On est tous faits de molécules, qui est le tout premier méga-giga-gros coup de cœur de l’année 2015 de Bob. Alors merci, merci Hélium. 🙂

PETITE MODIFICATION (mais qui a son importance !) : Malgré ce que Bob vous a annoncé, le roman ne sortira finalement que le 15 avril pour des causes indépendantes de la volonté de l’éditeur (le livre est en effet sélectionné pour de prestigieux prix en Angleterre, la Carnegie Medal et le Guardian Prize, qui ont donc l’exclusivité pour la parution). 2 petits mois et demi à attendre…vous allez survivre ?

Stewart, 13 ans, et enfant surdoué, a perdu sa mère il y a deux ans. Quand son père a retrouvé l’amour, les voilà tous deux à emménager chez cette nouvelle femme et sa fille, Ashley, la fille la plus populaire du collège. Stewart est ravi, il va enfin avoir une sœur ! Sauf qu’Ashley l’est beaucoup moins, surtout que son père a récemment révélé être homosexuel, ce qui est bien plus que la jeune fille peut supporter…

★★★★★

Autant vous le dire tout de suite : vous n’allez pas lâcher ce roman ! Susin Nielsen a le don de nous attacher instantanément à son histoire et à ses personnages. Même les plus casse-pieds on les aime bien ! Et, surtout, ses personnages ont toujours une originalité et une personnalité qui les distinguent de tous les autres. Ce sont des héros sans l’être, ce sont des garçons surdoués mais pas si doués que ça pour la vie sociale et qui nous promettent des réflexions pertinentes, parfois débiles, toujours très drôles. Le roman est à deux voix, celle de Stewart puis celle d’Ashley et, si les scènes se répètent de l’un à l’autre pour avoir le point de vue de chacun, on ne s’en lasse pas une seule seconde. Il y a des thèmes abordés dans ce roman qui semblent chers à l’auteur : la différence (ici, Stewart est un « petit génie » avec des problèmes d’adaptation), l’homosexualité et la façon dont elle est perçue par les personnages (honte pour Ashley, homophobie pour d’autres). Le tout avec un humour qui fait toujours mouche ! On se moque un peu d’Ashley et sa passion unique pour l’apparence et la mode qui la font souvent passer pour plus bête qu’elle ne l’est et, pourtant, elle ressemble à tellement d’ados ! Mais on frissonne aussi pour elle quand des situations dérapent… Quant à Stewart, les souvenirs de sa maman qu’il chérit, sa volonté de s’intégrer, son désir de former une nouvelle famille et sa façon de mettre les pieds dans le plat le rendent extrêmement touchant et attachant. Contrairement à son précédent roman Le journal malgré lui de Henry K. Larsen, qui était très sombre, Susin Nielsen renoue ici avec une légèreté qu’on retrouve de plus en plus rarement dans la production adolescente actuelle et ça fait vraiment du bien ! Un titre parfait dans notre sélection du moment et un premier gros coup de cœur de cette année 2015 ! A lire d’urgence !

On est tous faits de molécules, Susin Nielsen (Hélium)
en librairie le 15 avril 2015
9782330039332 – 14,50 €
à partir de 13 ans

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A la vie, à la mort de Celia Bryce

viemortIl fallait que ça arrive : il y en a assez de lire des romans sur des adolescents cancéreux. Nos étoiles contraires était unique, d’un nouveau genre et l’écriture de John Green sublimait un thème controversé puisqu’assez difficile à aborder. Puis, les bandeaux publicitaires sont apparus sur une majorité de romans pour adolescents nous poussant à la consommation de lectures présumées dignes de John Green : « une histoire fabuleuse. John Green » ou encore plus récemment sur le livre A la vie, à la mort : « Vous avez aimé Nos étoiles contraires ? Vous allez adorer ce roman ». Raté.

☆☆☆☆☆

Megan Bright doit suivre une chimiothérapie afin de soigner sa tumeur au cerveau. Une fois à l’hôpital, elle se rend compte qu’elle n’est entourée que de jeunes enfants. Seul un garçon de son âge se démarque et l’attire : Jackson Dawes…

Je vous épargne la présentation de l’éditeur qui n’est absolument pas attractive et je ne vais pas être douce pour la suite :
* On tente de nous vendre une histoire d’amour, soit. Où est-elle ? Megan et Jackson ne passent pas suffisamment de temps ensemble pour tomber amoureux, on nous narre tout au plus un vague béguin. Rien que le titre A la vie, à la mort est surréaliste : cette expression n’est-elle pas censée représenter un serment qui durera pour l’éternité ? Celui que peuvent se faire deux enfants en classe de CP qui s’échangent leurs billes à la récré est déjà plus fort que le titre.
* Les personnages sont antipathiques : Megan est agaçante, elle a 13 ans. Bien sûr elle a un cancer donc on s’attend à ce qu’elle soit en colère mais ses petites crises contre tout et n’importe quoi sont si ridicules qu’elles mettent en péril la crédibilité de l’histoire, déjà faible. Quant à Jackson, nous n’en apprenons que très peu sur lui : il est rebelle, aime la musique et amuse les enfants à l’hôpital. Personnage creux au final et tellement cliché.
NON, juste NON. Outre l’histoire sans intérêt, l’écriture en plus est pauvre. A la vie, à la mort n’est qu’une pâle copie de Nos étoiles contraires. A noter que ce roman (ou peu importe ce que c’est) est destiné aux plus jeunes – 11-12 ans – est-il vraiment nécessaire de tenter de les divertir avec le cancer et ses implications ? « Il lui rase la tête parce que de toutes façons elle va perdre ses cheveux » (je cite la quatrième de couverture). C’est merveilleux : impossible de comprendre comment cette lecture pourrait représenter un divertissement. Ce choix éditorial est purement commercial, ce qui a le don d’attirer nos foudres. Avec Bob, nous apprécions les éditeurs qui prennent des risques, qui osent publier de l’originalité et qui n’ont pas froid aux yeux. Pour cette fois-ci, Albin Michel on passe l’éponge mais faites un effort s’il-vous-plait. Surtout lorsqu’on fait partie du grand groupe Hachette, je pense qu’on peut se permettre de publier autre chose que des romans aussi ineptes.

A la vie, à la mort, Celia Bryce (Albin Michel)
collection Wiz
en librairie depuis le 2 janvier 2015
9782226258748 – 13.50€
à partir de 11 ans

sansprevenirUne autre nouveauté que nous n’avons pas eu le courage de lire et qui nous rebute : Sans prévenir de Matthew Crow où un adolescent de 15 ans va brutalement découvrir qu’il a une leucémie et qui va rencontrer à l’hôpital Ambre, malade également mais qui est différente des autres (évidemment). « une histoire d’amour extraordinaire » est-il mentionné sur le site de Gallimard Jeunesse. Nous n’en doutons pas. Mais nous ne le lirons pas. Pour les adolescents qui surfent encore sur la vague « amour/maladie », pourquoi pas.

Sans prévenir, Matthew Crow (Gallimard Jeunesse)
collection Scripto
en librairie depuis le 15 janvier 2015
9782070658770 – 11,90€
à partir de 13 ans

Son
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Lily – Cécile Roumiguière

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La reprise de Bob et Jean-Michel est un peu difficile…et en attendant de vous révéler notre prochaine sélection, Bob vous fait découvrir le nouveau roman de Cécile Roumiguière, à paraître fin février !

Paris, 1961. Lily, 16 ans, se prépare au concours d’admission des ballets de l’Opéra. Depuis de nombreuses années, elle travaille pour réaliser son rêve : devenir ballerine, et faire la fierté de son frère Michel, qu’elle aime plus que tout. Quand il part faire la guerre en Algérie et que Lily n’a plus de nouvelles de lui, plus rien ne semble avoir de sens dans la vie de la jeune fille, pas même la danse…

★★★★☆

A travers les mots et les souvenirs d’un vieux cinéaste à sa petite-fille, cousin de la jeune Lily, nous découvrons l’histoire de cet amour trop fort encore un frère et une sœur. Un amour qui va se trouver mis à mal par le départ du frère en Algérie et les « événements » qui s’y déroulent. L’histoire se déroule ainsi sur plusieurs époques – le Paris des années 1960 et le Paris d’aujourd’hui duquel est racontée l’histoire – et sur plusieurs lieux – la France et l’Algérie. Ces parallèles me semblent intéressants pour notre génération d’adolescents qui, comme Loriane, la petite fille du cinéaste, vont découvrir une période de l’histoire française compliquée et pleine de non-dits. Ce passage constant des années 60 à notre époque permet également de souffler entre les événements racontés, pas toujours faciles, et d’installer une sorte de suspense propre à nous faire tourner les pages plus vite pour savoir ce qu’il va se passer. Le personnage de Lily est incroyablement intéressant et son évolution très réussie, pour passer de la petite danseuse parfaite à une jeune femme émancipée et maîtresse de son destin. Les personnages secondaires, qui gravitent autour de l’héroïne, apportent tous les dimensions nécessaires à la réussite de ce roman, à la fois historique, romantique et social. Il est intéressant également de noter tous les clins d’œil au cinéma de la Nouvelle Vague, les personnages « historiques » qui croisent la route de Lily, les évolutions de la condition de la femme… En bref, Lily est un très beau roman, comme sait si bien les écrire Cécile Roumiguière.

Et pour en savoir plus, l’auteur propose un article sur la rédaction de ce roman sur son site internet. 🙂
A noter aussi la couverture de Séverin Millet que je trouve très réussie !

Lily, Cécile Roumiguière (La Joie de Lire)
collection Encrage
en librairie le 20 février 2015
9782889082551 – 14,50 €
à partir de 13 ans

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Et plus encore – Patrick Ness

Nous sommes en 2015 et, après quelques vacances bien méritées, Bob et Jean-Michel reviennent et vous souhaitent une excellente nouvelle année, et notamment en matière de lectures ! 😉 Et s’ils étaient en repos, ils n’ont en revanche pas oublié de lire un petit peu, pour vous proposer leurs premières chroniques de l’année !

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Un garçon se noie dans l’océan, seul et désespéré. Il meurt. Puis il se réveille, nu, assoiffé, blessé, mais vivant. Comment est-ce possible ? Et quel est cet endroit désert dans lequel il s’est levé ? Est-il en enfer ? Ou bien n’est-il pas mort ? Autant de questions auxquelles le jeune homme va devoir trouver des réponses…

★★★★☆

Si vous n’avez jamais lu Patrick Ness, ne lisez pas plus loin cet article et filez directement vous procurer l’excellente trilogie du Chaos en marche ou le superbe Quelques minutes après minuit. Si vous en avez déjà lu, alors vous connaissez la puissance de la plume de ce raconteur d’histoires étonnant. Dans ce nouveau roman, Patrick Ness montre encore à quel point ses histoires possèdent une force et une originalité toutes particulières. Il faut dire qu’il sait comment nous mettre tout de suite dans le bain (sans mauvaise jeu de mot !) avec une scène d’ouverture terrible : la noyade d’un garçon. Et sa mort. Son réveil dans un environnement étrange mais pas inconnu va alors lancer toute l’intrigue du roman et nous questionner, comme le héros, sur le réel et l’irréel de cette histoire. Patrick Ness distille son suspens avec beaucoup de talent, on ne peut s’empêcher de continuer à tourner les pages, alternant entre les souvenirs de Seth, notre héros, quand il était encore vivant, et ce qui se passe après sa mort… Pourtant, il ne se passe pas tant de choses que ça malgré le nombre de pages (si vous cherchez de la science-fiction avec un peu d’action, passez votre chemin) et c’est bien toute l’introspection du personnage qui nous intéresse. Car cette expérience traumatisante va être pour lui le moyen de réfléchir à son existence, de comprendre les événements de son passé… à moins que rien de tout cela n’ait existé ? Cette question de la réalité va être la plus importante de l’histoire car les événements vont pousser Seth à reconsidérer toute sa vie…et sa mort. Autant vous dire que ce roman ne vous laissera pas indifférent et va vous amener à vous questionner sur le sens de la vie. N’est-ce pas là le propre d’une bonne lecture ? Passionnante et enrichissante ? En tous cas, laissez-vous tenter par ce titre, Et plus encore va vous subjuguer…et bien plus encore ! (ouais, bon, elle était facile, celle-là !)

Et plus encore, Patrick Ness (Gallimard)
en librairie depuis le 28 novembre
9782070661701 – 19,50 €
à partir de 14 ans