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Le blues des petites villes – Fanny Chiarello

9782211218535,0-2298062

J’avais beaucoup aimé Holden, mon frère, de Fanny Chiarello. Si j’avais été moins enthousiaste pour le roman jeunesse qui a suivi (Prends garde à toi), j’avais hâte de découvrir ce nouveau titre de la collection Médium. Et j’en ai été un peu déçue…

Sidonie, 14 ans, est loin de ressembler aux jeunes filles de son âge. Elle porte des chaussures rouges, écoute de la musique classique, ne s’intéresse à personne et a toujours pensé que sa vie ne pouvait commencer que lorsqu’elle quitterait sa petite ville. Mais un jour, sa rencontre avec Rébecca va tout faire basculer…

★★☆☆☆

Dans cette histoire, nous suivons Sidonie qui se révèle très vite un peu hautaine et horripilante par son élitisme et son jusqu’auboutisme. Elle se démarque totalement des jeunes de son âge, le revendique et souhaite plus que tout ne pas leur ressembler. Ce qui est plutôt intéressant, de ne pas se conformer à ce que nous dicte la société, de s’accepter tel que l’on est et de se moquer du regard des autres. Ce sont des valeurs que je trouve louables et que je défends. Sauf que Sidonie est vraiment très, trop, extrême, ce qui nous empêche de nous identifier réellement à elle. Heureusement, le personnage de Rébecca, plus subtil, vient adoucir les choses et permet à Sidonie d’ouvrir un peu les yeux et d’élargir ses horizons (mais pas trop non plus !). On découvre le blues, un genre musical probablement peu écouté des ados. Puis, petit à petit, tandis que leur relation se construit, c’est également l’amour qui vient se caler entre les deux jeunes filles. On aborde ainsi l’homosexualité, d’une très belle manière, et tout ce que cela implique à un si jeune âge et au sein de notre société pas si ouverte d’esprit que ça.
J’ai cependant eu du mal à m’accrocher pleinement à cette histoire et je ne suis pas sûre que les ados s’y retrouvent. C’est très littéraire, un peu à l’image de Sidonie et de ses passions peu accessibles au commun des mortels, et j’ai peur que le public visé soit un peu rebuté par le caractère de cette héroïne.

Une réflexion Jean-Michel ?

Je veux oui ! Sidonie est horripilante à souhait, l’adolescente typique en pleine crise, peu convaincante dans son histoire d’amour et très borderline : certaines de ses scènes sont à la limite du ridicule. Rebecca sauve les meubles et je rejoins Bob sur ce point : le choix du blues dans ce roman est excellent, la poésie qui en émane est en contraste avec la brutalité des comportements adolescents dans ce livre et apporte même une dose d’originalité qui aurait presque manqué…

Le blues des petites villes, Fanny Chiarello (Ecole des Loisirs)
collection Médium
en librairie le 1er octobre
9782211218535 – 15 €
à partir de 13 ans

Son
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Pour qui tu m’as prise ? – Isabelle Rossignol

Pauline est folle amoureuse de David, au grand désespoir de son amie Camille. Car Pauline a des étoiles plein les yeux tout le temps alors que David ne semble même pas la remarquer… D’ailleurs, David n’est pas tellement intéressé par les filles ou l’idée d’avoir une petite amie. Il attend le jour où ça viendra sans s’en soucier plus que ça… Sauf que son pote Mathieu accumule les conquêtes et ne cesse de chambrer David sur son absence d’intérêt pour la gente féminine. Il va alors le pousser dans les bras de Pauline…

★★☆☆☆

Attention, livre choc ! La lecture de ce nouveau roman de la collection Ego ne vous laissera probablement pas indifférent car il aborde un sujet vraiment difficile : le viol (oui, autant vous le dire tout de suite car même s’il n’apparaît qu’à la fin, on se doute plus ou moins que c’est ce qui va se passer). Prenons d’abord la forme : nous avons quatre personnages, dans cette histoire, dont les interventions sont matérialisées comme dans une pièce de théâtre, si ce n’est que nous n’avons que les pensées des personnages, ou la retranscription des conversations qu’ils ont entre eux. C’est plutôt original et agréable à la lecture. Pour le fond, je suis un peu plus sceptique. J’ai bien aimé le début, dans lequel on découvre petit à petit nos personnages, leurs qualités et leurs défauts. Je trouve que la pression qui s’exerce à l’adolescence sur l’amour et la sexualité est très bien rendue, surtout sur les garçons. Car Mathieu est du genre à emballer les filles et David, lui, pense plutôt que ce n’est pas grave ou important de ne pas être actif sexuellement à 17 ans. Et il a raison ! Malgré les piques et les moqueries lancées par Mathieu, David se sent bien dans sa peau et attendra le moment qui lui conviendra pour sortir avec une fille… Sauf qu’un jour, Mathieu finit par le convaincre de tenter sa chance avec une fille : Pauline, qui le dévore des yeux chaque matin devant le lycée. Mais comment fait-on pour sortir avec une fille ? Et comment fait-on une fois qu’on est avec elle, prêt à se lancer ? Si David ne sait pas à qui poser ses questions, heureusement, Internet est là. Et c’est la pornographie qui va devenir son professeur d’éducation sexuelle… Alors le jour où David sort enfin avec Pauline, il a tout prévu (grâce à l’aide de Mathieu) et tout semble bien se dérouler, il croit même tomber un peu amoureux d’elle, jusqu’au moment où tout bascule… Difficile de tout vous dire sans vous raconter tout le livre, mais si j’avais bien accroché au début, aux questions des ados sur l’amour, la sexualité, j’ai très vite déchanté. J’ai trouvé le basculement de David, plutôt sûr de lui sur sa sexualité au début, très rapide à partir du moment où il regarde du porno. La scène qui conduit au viol notamment, m’a semblée pleine de contradictions, peut-être aussi à cause de la confusion qui règne dans l’esprit du garçon. Il est clair que la fin du livre met mal à l’aise et qu’on ne ressort pas de cette lecture complètement indemne. C’est d’ailleurs très difficile de « noter » un livre pareil. Néanmoins, je trouve que contrairement à d’autres livres de la même collection qui répondent bien au cahier des charges (faire réfléchir le lecteur sur le sujet), Pour qui tu m’as prise est moins évident sur ce qui est dénoncé, en dehors du viol, je veux dire : est-ce le porno et son accès facile sur le net ou bien plutôt le fait que les ados ne trouvent personne avec qui parler de sexualité (hormis les amis et on sait bien que personne n’est expert chez nos copains à cet âge-là) ? Bon, c’est peut-être mon côté convaincue que l’éducation sexuelle est super importante à réaliser auprès des ados qui parle, mais tout de même, j’ai eu l’impression qu’il manquait quelque chose pour véritablement inciter les jeunes à réfléchir, pour leur faire prendre le recul nécessaire à cette réflexion. Car il y a véritablement beaucoup de choses dans ce roman, et des choses graves qui ont besoin d’accompagnement… Bref, je pourrais discourir avec vous de tout ce qui est évoqué dans ce roman, mais je n’en ai pas la place… Néanmoins, je serais ravie de pouvoir en discuter si vous le souhaitez et si vous l’avez lu !

9782362661129,0-2229362
Pour qui tu m’as prise ?, Isabelle Rossignol (Talents Hauts)
Collection Ego
en librairie le 4 septembre
9782362661129 – 8 €
à partir de 15 ans

Son
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Faut jouer le jeu – Esmé Planchon

Solange est en terminale et le bac approche. Lors d’une fête, elle fait enfin la connaissance d’Armand, pourtant dans sa classe, et Gabriel, son jeune frère. Tous deux vivent la vie comme un jeu, un jeu littéraire, théâtral, musical, etc. Fascinée et intéressée, elle les rejoint et chaque jour passe ainsi selon les règles de la fiction. Mais ses amis la mettent en garde et ne cessent de lui rappeler l’importance du bac et de l’avenir… Pourtant, Solange ne peut imaginer la vie sans une bonne dose de jeu et de fiction.

★★★★☆

J’ai beaucoup aimé ce court texte, hymne à la vie et à la joie. D’autant plus que je suis d’accord avec la pensée d’Armand et de Gabriel, la vie devrait toujours être dans le jeu et la fiction, car elle est ainsi plus facile et plus agréable. Je me suis laissée emporter dans cette histoire un peu loufoque, mais surtout très positive. Même lors d’événements tristes et douloureux, les personnages parviennent à continuer leur jeu, à dépasser le deuil. J’ai beaucoup apprécié aussi les évocations sous-jacentes, celle du harcèlement parce que certains ne sont pas « comme les autres », ou de l’homosexualité et de son acceptation. L’écriture est fluide, agréable, et donne envie de rejoindre ce groupe à l’ouverture d’esprit si large. J’ai cependant un doute sur l’existence de tels adolescents (je n’en ai jamais vu quand j’étais au lycée, pour ma part !) et, du coup, j’ai un peu peur que ce livre ne trouve pas son public, surtout au vu des références « de vieux ». Mais n’hésitez pas à le mettre entre les mains des ados, ça fait parfois du bien de lire des histoires avec des ados heureux. Tout simplement.

9782211217699,0-2298043
Faut jouer le jeu, Esmé Planchon (Ecole des Loisirs)
Collection Médium
en librairie le 27 août
9782211217699 – 14 €
à partir de 13 ans

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Tant que nous sommes vivants – Anne-Laure Bondoux

S’il y a une auteure que je souhaite serrer dans mes bras, c’est Anne-Laure Bondoux. Son prochain roman est une merveille, il a fait fondre mon coeur de pierre et c’est plutôt rare.

★★★★★

tant-que-nous-sommes-vivantsBo et Hama travaillent tous les deux dans l’usine de métallurgie de la ville et vivent d’un bel amour comme on en voit peu. A la suite d’un accident, ils sont contraints de fuir vers des terres inconnues, face à face avec la rudesse de la vie et ses épreuves.

Un roman initiatique où on assiste à la transformation des personnages, l’adversité les fait grandir et les bonheurs qu’ils connaissent les font survivre.

Une histoire qui m’a fait pensé à Billy Elliot de Melvin Burgess, sans doute pour l’aspect ouvrier de la ville, la forte présence du chômage et les combats plein d’espoir des personnages. Un bel écho en somme. Mais il y a d’autres dimensions dans ce roman : empreinte de magie et d’aventure, cette lecture nous consume et on comprend peu à peu qui est ce mystérieux narrateur qui nous conte l’histoire de Bo et Hama…Je me retiens de ne pas tout vous révéler de ce roman mais je vous donne quelques indices de lecture parce que je suis sympa : une explosion, un cabaret, un nouveau-né, la nature sauvage et hostile, 19 petits personnages, des allures de légendes et des questions fondamentales qui résonnent souvent dans ce roman, comme celle de Hama :
« Faut-il perdre une part de soi pour que la vie continue ? »

Un conte au goût métallique doublé d’une écriture presque lyrique, merci Anne-Laure Bondoux pour ce roman si bien achevé.

Et Bob aussi l’a lu !

★★★★★
Anne-Laure Bondoux est une raconteuse d’histoires incroyable ! J’avais adoré ses précédents romans (en particulier Les larmes de l’assassin) et je n’ai pas été déçue avec celui-ci, que j’attendais avec impatience ! Ce roman aux allures de conte ne vous laissera sûrement pas indifférent : on se laisse entraîner dans un univers sans nom ni temps ni histoire. La seule chose que l’on sait : c’est la guerre, passée, présente ou future. Il y a l’usine, sombre et gigantesque, nerf d’acier de cette ville où vivent Bo et Hama, deux jeunes gens unis par un amour digne d’un conte de fées. Et il y a des rumeurs lointaines, des prophéties énoncées par un vieil homme, une femme aux jambes de fer, des rêves étranges… Une atmosphère qui nous enveloppe, nous transporte de la froideur du métal au soleil de la mer, en passant par les entrailles de la terre. L’histoire de Bo et Hama se déroule sous nos yeux fascinés, le narrateur se dévoile peu à peu et le cheminement de la vie se poursuit jusqu’à la dernière page… L’on pourrait discourir encore longtemps sur ce merveilleux roman, mais je vais m’arrêter là et, comme Jean-Michel, vous inviter chaudement à lire Tant que nous sommes vivants.

Tant que nous sommes vivants
en librairie le 25 septembre
Anne-Laure Bondoux
Gallimard Jeunesse éditions
9782070653799
17 €
à partir de 13 ans

* Entretien avec Anne-Laure Bondoux suivi d’un extrait, à lire sur le site de Gallimard
* Le site de l’auteur
* Je le mentionnais plus haut –> « Billy Elliot » de Melvin Burgess à découvrir

disponible en Folio Junior à 6€

Son
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Oublier Camille – Gaël Aymon

Yanis est fou amoureux de Camille depuis le jour où il l’a rencontrée. Mais agir et prendre l’initiative de lui avouer ses sentiments : plus facile à dire qu’à faire. Et quand ils arrivent au lycée – des lycées différents – la jeune fille le quitte. Mais ont-ils jamais été réellement ensemble ? Yanis doute, fuit, s’en veut, se met dans des situations impossibles…dans l’espoir d’oublier Camille.

★★★☆☆

Une courte chronique de la vie adolescente, dans laquelle un garçon de 16 ans nous livre ses doutes et ses peurs d’une relation qui semble quasi inexistante avec la fille qu’il aime. Il lui faudra tout le roman pour apprendre à trouver les mots et les gestes qui vont faire de lui « un homme ». Je suis assez mitigée sur ce texte. Il est très bien écrit et nous avons rarement l’occasion de lire une histoire d’amour du point de vue masculin, mais j’ai eu beaucoup de mal à accrocher au personnage qui ne fait que s’apitoyer sur son sort… Il est vrai qu’en se rappelant ses années adolescentes, on s’y retrouve quelque peu (même en étant une fille !) mais à la lecture, c’est parfois un peu lourd. Oublier Camille nous montre néanmoins que les garçons sont soumis aux mêmes problèmes que les filles et ce n’est peut-être pas plus mal !

9782330034290,0-2239798
Oublier Camille, Gaël Aymon (Actes Sud Junior)
en librairie le 20 août
9782330034290 – 10,90 €
à partir de 13 ans

Son
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Hors de moi – Florence Hinckel

Sophie a seize ans et ne cesse de rêver à cette journée d’été merveilleuse où elle a fait l’amour pour la première fois avec un garçon. Enfermée dans son souvenir, elle ne parle presque plus, semble complètement ailleurs… Jusqu’au jour où son mutisme trouve une explication : elle est enceinte. Et elle ne désire pas du tout cet enfant qui grandit en elle…

★★★★☆

Avec beaucoup de douceur et de justesse, Florence Hinckel aborde le sujet du déni de grossesse. On assiste à la découverte de Sophie de ce bébé qui grandit dans son ventre, souvenir laissé par ce garçon inconnu qui hante ses rêves depuis des mois, la difficulté à accepter cette grossesse une fois connue, et la réaction de tous à cette nouvelle : parents, amis, camarades de classe et professeurs. Mais c’est surtout la réaction de Sophie qui est au cœur de ce roman : elle ne désire pas cet enfant, et sa détresse, énorme, ne semble être comprise par personne de son entourage. Il lui faudra rencontrer Adélaïde, une autre adolescente de son lycée à la « réputation sulfureuse », elle aussi enceinte – mais par choix – pour sortir peu à peu la tête de l’eau. Elle pourra également compter sur certaines de ses amies pour mieux vivre sa grossesse. J’ai trouvé les réflexions et les questionnements des personnages très pertinents, qu’ils soutiennent ou non les décisions de Sophie car c’est ce à quoi toute jeune fille enceinte peut être confrontée, et c’est ce qui fait la force de ce roman (ou de la collection Ego en général) : il s’agit de faire réfléchir. Au-delà de cet aspect, aussi fondamental soit-il, Hors de moi est un très beau texte, très délicat, un roman vraiment intéressant et plein d’émotions.

Pour information : Hors de moi est en fait une sorte de « préquelle » au roman L’été où je suis né (Gallimard, 2011), qui raconte l’histoire de l’enfant de Sophie, 15 ans plus tard. Je ne l’avais pas lu, et ce n’est pas du tout gênant pour la lecture de celui-ci.

9782362661112,0-2229069
Hors de moi, Florence Hinckel (Talents Hauts)
Collection Ego
en librairie le 21 août
9782362661112 – 9 €
à partir de 13 ans

Son
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Vibrations – Raphaële Frier

Clara ne se sépare jamais de son téléphone portable : elle dort même avec. Car elle ne peut s’empêcher d’attendre les messages de Sylvain, qui lui dit qu’elle est belle, qu’elle n’est pas comme les autres, qu’il a hâte de la revoir au lycée. Et Clara s’imagine plein de choses avec Sylvain. Pourtant, au lycée, c’est une autre histoire, ils ne se parlent presque pas, mangent à la cantine sans rien dire et ne se voient pas en dehors des cours. Clara désespère, et son meilleur ami, Hakim, finit par lui dire de faire attention à Sylvain, qu’il n’est pas ce qu’il semble être… Et lorsque Clara récupère par erreur le portable de Sylvain, elle va découvrir une vidéo qui va tout chambouler…

★★★★☆

Vibrations est un roman de la collection Ego, chez Talents Hauts. Si vous ne connaissez pas, il s’agit d’une collection de romans pour les ados dont le but est de faire réfléchir sur des sujets de sociétés ou des problématiques adolescentes. Et souvent, ça donne des textes très intéressants et à mettre entre toutes les mains adolescentes, voire adultes, en espérant que ça change un peu les mentalités…

Dans Vibrations, l’auteur s’attaque au racisme, au harcèlement et à la violence des ados. Le récit est court, mais suffisant pour l’histoire raconté, tout en nous laissant matière à la réflexion (c’est le but, rappelons-nous !). Les sentiments de Clara, l’héroïne, sont vraiment très bien rendus : sa passion dévorante pour un garçon beau gosse qui lui dit qu’elle est belle, sa relation avec ses parents, sa honte et sa colère quand elle découvre la vidéo « choc » sur le portable de celui dont elle rêve… Tout est à hauteur d’ados, dans la langue, l’écriture, le sujet. Bref, un titre vraiment très intéressant !

9782362661136,0-2229365
Vibrations, Raphaële Frier (Talents Hauts)
Collection Ego
en librairie le 4 septembre
9782362661136 – 7 €
à partir de 13 ans

Son
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Indomptables – Philippe Arnaud

9782848657103,0-2306152

Avec Jean-Michel, on aime beaucoup la collection Exprim’ chez Sarbacane, qui nous propose toujours des textes d’une grande force. Et ce nouveau titre en est un exemple parfait !

Un adolescent de 16 ans nous fait découvrir l’histoire de ses parents : Jean-Jules et Olivia, à travers les paroles de l’un et le journal de l’autre. L’histoire commence alors voilà bien des années, quand Jean-Jules était un petit garçon au Cameroun. Il grandit à l’abri d’un manguier, où il retrouve tous les jours son ami Mohamadou. Ils chantent du Al Jarreau et rêvent de leurs vies à venir. Quant à Olivia, elle grandit en France où elle livre une guerre aux autres et à elle-même sans trop savoir pourquoi, elle chante sa rage et n’a qu’un seul ami, Ilian. Tandis que Jean-Jules mord la vie à pleine dents, Olivia ne cesse taillader la sienne… Comment deux êtres si différents, séparés par la mer, peuvent-ils se rencontrer ?

★★★★★

C’est toute la beauté de ce roman : deux histoires différentes, qui vont se rejoindre de façon totalement inattendue. Surtout quand l’histoire de Jean-Jules semble être la plus « importante » ; on ne retrouve en effet que très peu d’extraits du journal d’Olivia (mais on comprend très vite pourquoi). Il est parfois très difficile de dire pourquoi on a particulièrement aimé un livre et c’est un peu mon cas pour Indomptables mais je vais tenter de vous convaincre !

Beaucoup de thèmes sont abordés dans ce roman, des thèmes forts et terribles (l’extrémisme, la prostitution, le SIDA, etc.), qui donnent une grande force à ce très beau récit, qui est finalement une grande histoire d’amour. Le narrateur n’en est-il pas la preuve, au fond ? L’écriture est magnifique : lumineuse quand elle explore la vie sans soucis de Jean-Jules enfant, sombre quand il s’agit des écrits d’Olivia. Et Philippe Arnaud parvient, avec beaucoup de talent, à se glisser dans la peau d’un petit garçon qui joue sous un manguier comme dans celle d’une ado rebelle… Je me suis laissée emportée dans cette histoire et j’ai eu du mal à la laisser s’en aller une fois la dernière page refermée car c’est un récit qui vous prend littéralement aux tripes… Je n’avais encore rien lu de cet auteur (à dire vrai, il ne s’agit que de son 2e roman !) mais c’est assurément une voix à suivre !

Indomptables, Philippe Arnaud (Sarbacane)
Collection Exprim’
en librairie le 3 septembre
9782848657103 – 15,50 €
à partir de 15 ans

Son
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La cité des filles-choisies – Elise Fontenaille

liv-6045-la-cite-des-filles-choisies

J’aime bien Elise Fontenaille car ses histoires sont toujours sources de voyages et de vérités historiques. J’aime son écriture et j’ai apprécié beaucoup de ses livres, aussi avais-je très envie de découvrir ce nouveau roman, surtout sur un sujet aussi intéressant que les civilisations sud-américaines…

En 1995, des archéologues découvrent la momie d’une jeune fille au pied d’un volcan, au Pérou. Leur découverte, exposée dans un musée, attire les touristes et les classes… Une écolière, Mina, est frappée par cette momie préservée et, dans ses songes, va entendre l’histoire de Nina, jeune fille des montagnes qui fit partie des Filles Choisies, dont le destin était lié à l’Inca et à l’Inti, le dieu soleil. Un destin que l’arrivée des Espagnols va chambouler…

★★☆☆☆

Rares sont les histoires à nous emmener au pays des Incas. Elise Fontenaille nous fait découvrir ce vaste empire, qui fut l’un des plus importants, avant de disparaître par la faute des Conquistadores, avides de sang et d’or. Nous suivons ainsi la courte vie de Nina, brodeuse de talent qui, repérée par l’Inca, va rejoindre la Cité des Filles-Choisies, une ville à l’intérieur de la ville de Cuzco, où de nombreuses jeunes filles apprennent à devenir de parfaites vestales, dédiées au Dieu Soleil, ou de futures épouses de l’Inca. L’arrivée des Conquistadores va bouleverser la vie de tout ce peuple, et notamment de ces jeunes filles et de Nina, qui va se voir confier le plus grand honneur qu’une Fille Choisie puisse obtenir : celui de sauver son Inca. Une histoire de sacrifice et de courage, d’amour également. Une façon de découvrir la civilisation inca, ses coutumes et ses rites.

Malheureusement, j’ai été très déçue par ce roman, et notamment par l’écriture d’Elise Fontenaille, qui ne m’a pas convaincue du tout ! J’ai été aussi gênée par le décalage entre cette écriture, qui m’a paru être destinée aux plus jeunes, et les thèmes abordés dans le roman, parfois d’une grande violence. Il y a notamment une scène qui m’a beaucoup dérangée : lorsque Nina fuit le temple, elle voit deux de ses compagnes aux prises avec les Conquistadores. Vous imaginez le genre de violences qui peut leur être faite… Pourtant, notre héroïne ne réagit pas plus que ça et continue sa route. Voilà de quoi vous refroidir à la lecture… Dommage, donc !

La cité des filles-choisies, Elise Fontenaille (Rouergue)
en librairie le 17 septembre
9782812606809, 9,20 €
à partir de 11 ans