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Les regards des autres – Ahmed Kalouaz

lesregardsdesautres

La vie de Laure est en enfer depuis qu’au collège, une bande de filles ont fait d’elle leur cible préférée. Injures, bousculades, railleries, menaces à répétition…le quotidien de l’adolescente se dégrade également à la maison. Comment réagir face à ses tortionnaires ? Ahmed Kalouaz, à travers le regard de Laure, nous offre une perspective puissante et intelligente sur le harcèlement.

Jean-Michel, vit un enfer avec un morse

★★★☆☆

Ahmed Kalouaz nous enferme avec subtilité dans la tête de Laure, si bien que son mal-être devient pesant. Ce roman est un appel au secours, décrit les peurs d’une jeune fille, montre une confiance en soi tout juste naissance qui se recroqueville en position fœtale face aux injures quotidiennes. Mais l’auteur nous prouve également qu’il est possible de sortir du silence du harcèlement par plusieurs moyens : la dénonciation (CPE, famille…), par le biais d’associations (Stop Harcèlement notamment), la confrontation avec ses bourreaux…Un livre que je juge utile. Ahmed Kalouaz emploie des phrases justes qui expliquent avec perspicacité les conséquences de ces violences morales qui n’influencent pas seulement les bulletins scolaires mais aussi le quotidien familial (les disputes, l’alimentation, la solitude) et reste surtout une obstruction à la construction de soi. Des notions habilement expliquées : le concept de « tyran » et de « bouc émissaire » au collège par exemple. J’ai trouvé l’écriture brillante, concise et pondérée. La souffrance de Laure est palpable on la ressent vibrer à chaque page. Un petit détail néanmoins : j’ai trouvé que cette jeune fille était d’une sagacité étonnante pour son âge mais j’ai choisi d’en faire abstraction pour mieux me concentrer sur sa peine et les messages forts et justes d’Ahmed Kalouaz.

Bob, harcelé par un ornithorynque

★☆☆☆☆

C’est sans doute la première fois : gros désaccord avec Jean-Michel ! J’avais beaucoup aimé les précédents romans d’Ahmed Kalouaz et je dois dire que j’ai été vraiment déçue par celui-ci. Je ne suis pas parvenue à m’attacher à Laure et à sa douleur, même si j’ai trouvé le traitement du harcèlement différent de ce que j’ai pu lire dernièrement, notamment dans le fait que cette violence passe par l’invisible, les regards, pas forcément la violence physique ou même verbale (ou, en tous cas, Laure ne le dit pas). J’ai regretté également que les rares amis de Laure ne soient pas plus présents, on évoque leurs noms mais sans plus…tout comme ses tortionnaires, finalement. Mais je crois que ce qui m’a le plus déplu, déçu, c’est l’écriture, et notamment les dialogues que j’ai trouvé particulièrement irréalistes (voire surréalistes). Laure, victime (d’une bande de filles), est amie avec Léo, bourreau (qui cogne des mecs). Si cela peut paraître étonnant, leurs conversations le sont d’autant plus car elles tournent toutes ouvertement autour du harcèlement, de la « philosophie » surprenante de Léo sur le sujet, donnant ainsi une sensation étrange que les deux personnages flottent au-dessus de la réalité. Je pense que nous avons tous à un moment donné été victimes d’une forme ou d’une autre de harcèlement à l’école mais, clairement, je ne me suis pas retrouvée du tout dans cette évocation. Déçue je suis ! 🙁

Les regards des autres, Ahmed Kalouaz(Le Rouergue)
collection DoAdo
disponible depuis le 3 février 2016
9782812609954 – 9,20€
à partir de 13 ans
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Le fils de l’ombre et de l’oiseau – Alex Cousseau

filsdelombreetdeloiseau

Bob et Jean-Michel ne vous ont pas encore parlé d’Alex Cousseau… Pourtant, ils adorent tous ses livres ! Alors autant vous dire que, lorsque nous avons repéré la parution de son tout nouveau roman, nous avons sauté dessus et nous n’avons pas regretté le voyage…

En guise d’introduction, les deux frères Elie et Elias attendent le moment opportun pour assouvir leur vengeance envers Butch Cassidy, un bandit. Mais avant tout acte, ils souhaitent nous raconter comment ils en sont arrivés là…ainsi, une plongée dans l’histoire familiale est narrée…Et quels ancêtres !

Jean-Michel, fils des berges et du castor

★★★★★

Parce que c’est un roman océan où il faut suivre et ne pas se laisser distraire lors de la lecture, on vous donne en exclusivité (et aussi parce que nous sommes fort sympathiques) l’arbre généalogique abrégé de cette famille hors du commun.

Mahina

Poki – Peter Schlemihl

Pawel – Wari
↓ ↓
Elie – Elias

De rien.
Vous devez savoir avant de vous plonger dans cette aventure stupéfiante que grâce à Alex Cousseau, la notion de rêve est presque palpable. Vous côtoierez des paysages et des lieux enchanteurs : des déserts, des océans d’un bleu intense, des montagnes arides, des mines sombres, toucherez du sable chaud, un ciel glacé, percerez le mystère d’une forêt et sentirez l’humidité d’un fleuve d’argent. De l’action ? Vous en aurez. Vous assisterez à des cavales, des parcours qui n’en finissent plus et des points de non-retour. Soyez curieux et laissez-vous emporter par l’épopée douce d’un brillant rêveur : Monsieur Cousseau.

« La vie est un cheval entendit Pawel dans une conversation…
un cheval furieux, un cheval espiègle, ou un cheval docile.
A chacun d’en décider, mais pour avancer il faut l’enfourcher »
Bob, fils de la glace et de l’éléphant

★★★★★

Il n’y a bien qu’Alex Cousseau pour nous conter une épopée familiale, s’étalant sur deux siècles, deux mondes, avec autant de rêve et de beauté. On se laisse bercer par son écriture, sa façon de raconter, qui nous porte au gré des vents, des coups du sort, de la vie et de la mort. J’aime son univers, exotique et foisonnant ; ses personnages, vivants et surprenants ; son sens de l’aventure et du destin ; son incroyable travail mêlant fiction et éléments historiques, techniques, technologiques et scientifiques. Il faudra attendre la dernière partie du roman pour comprendre comment Elie et Elias se retrouvent devant Butch Cassidy mais ce voyage magique en vaut assurément la peine.

Le fils de l’ombre et de l’oiseau,Alex Cousseau(Rouergue)
collection DoAdo
disponible depuis le 6 janvier 2016
9782812609862 – 15,90€
à partir de 14 ans
Son
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Ma mère, le crabe et moi – Anne Percin

GetBlob.ashx

Bob et Jean-Michel adorent les textes d’Anne Percin. Qu’elle soit drôle (on est tous fan de Maxime de Comment (bien) rater ses vacances) ou moins. Alors on avait particulièrement hâte de lire son nouveau texte… 😀

Tania a 14 ans et vit avec sa mère dans un petit village près de Clermont-Ferrand. Passionnée de loups-garous, elle tient un blog gothique tandis que celui de sa mère est plutôt « Lectures & confitures ». Et puis un jour, Tania apprend que sa mère a un cancer du sein. Une maladie qui va peu à peu changer leurs vies à toutes les deux, ainsi que la relation qu’elles entretiennent…

★★★★★

Bon, je vous la fais courte : Bob a A-DO-RÉ ! Décidément, Anne Percin sait comment parler aux lecteurs. Le personnage de Tania, qui s’adresse très directement à nous, est savoureux. On s’attache instantanément à elle et à son humour d’ado qui se la joue un peu rebelle. J’ai beaucoup aimé le style très direct, très oral qui sert à merveille cette histoire qui peut sembler au premier abord un peu sérieuse (on parle de cancer du sein, de chimiothérapie, de vivre avec une personne considérablement malade et affaiblie quand on a 14 ans) mais qui fait la part belle à l’humour. Je vous avoue que j’ai plusieurs fois éclaté de rire lors de ma lecture (je vous mets l’eau à la bouche en vous disant qu’il y a une scène de piscine tout à fait extraordinaire). Alors attention, Anne Percin ne traite pas le sujet à la rigolade, hein, mais c’est la relation entre Tania et sa mère, la volonté de la jeune fille de soutenir sa maman dans son combat en lui donnant le sourire qui fait que les deux vont surmonter cette épreuve avec le plus de positivisme possible. Il y a une belle émotion dans cette relation, dans ce désir de Tania d’être là pour sa mère quoi qu’il advienne, sans se soucier de ce que les autres pensent, des conseils débiles ou de la pitié des gens. Mais le roman ne se limite pas à ça, car on suit également Tania dans sa vie au collège, avec ses amis, dans sa préparation du cross départemental… Des petits moments de la vie quotidienne qui disent aussi de grandes choses : de l’amour au dépassement de soi. Un coup de cœur pour Bob ! Merci Anne pour ce très beau moment de tendresse, d’humour et d’espoir. 🙂

Ma mère, le crabe et moi, Anne Percin (Rouergue)
collection DoAdo
disponible le 16 septembre 2015
9782812609299 – 11,70€
à partir de 13 ans

Son
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Janis est folle – Olivier Ka

GetBlob.ashx

Décidément, les éditions du Rouergue choisissent vraiment bien leurs photographies de couverture, vous ne trouvez pas ? 😀

Titouan et sa mère Janis sont en cavale, après qu’elle a incendié le deux-pièces où ils vivaient. Presque la routine pour Titouan, qui a toujours vécu en marge de la société, changeant d’endroit au gré des envies, ou de la folie, de sa mère. Cette fois, pourtant, il lui semble que leur fuite cache autre chose, que Janis a un but… Mais lequel ?

★★★★☆

Quel sont donc ces secrets que Janis semble garder au fond d’elle dans son esprit empreint de folie ? C’est cette question qui va obnubiler Titouan, pourtant habitué à soutenir sa mère depuis qu’il est tout petit. Déscolarisé, solitaire, autodidacte de l’accordéon, Titouan n’a toujours vécu qu’avec sa mère, parfois avec ses amants selon les endroits où il vivait. Il l’a toujours vu dans son monde, à part, un peu folle. Il est habitué. Mais lorsqu’elle incendie leur appartement, tout change. Il y a une urgence, un but caché, dans cette fuite à travers la France. Titouan est portant habitué à tout quitter pour tout recommencer ailleurs, à dormir dans la Volvo, à sentir mauvais pendant des jours… Mais pas à voler, braquer, s’enfuir comme un criminel. Il lui faudra faire preuve de patience, d’habileté pour commencer à percer les mystères de sa mère et les secrets qu’elle cache…
Janis est folle est un très beau et sombre texte, une évocation d’une relation mère/fils exclusive, étonnante, presque dérangeante. Il y a de la dureté et de la douceur dans la façon dont le jeune homme évoque sa mère et sa folie, on sent un amour inconditionnel et destructeur, une volonté de Titouan de tout porter sur ses épaules et désirer pourtant vivre une vie d’adolescent « normal », une vie qui lui échappe complètement. L’écriture d’Olivier Ka est toute en finesse, parfois d’une tranchante froideur, d’autres fois plus lumineuse, et nous laisse souvent au bord d’émotions très fortes. Un très beau roman !

Janis est folle, Olivier Ka (Rouergue)
collection DoAdo Noir
disponible le 9 septembre 2015
9782812609305 – 14€
à partir de 14 ans

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6

La langue des bêtes – Stéphane Servant

Stéphane Servant, il est incroyable. C’est le genre de mec qui peut faire un album trop drôle qui parle de slip (Le Machin) et qui peut aussi raconter une fresque magique et magnifique autour de trois femmes (Le cœur des louves, qui fut un très gros coup de cœur de Bob). Alors autant vous dire qu’on trépignait d’impatience de découvrir son nouveau roman ! 😀

GetBlob.ashx

Au fond des bois, loin de la civilisation, vit une communauté d’anciens membres d’un cirque. Un triste clown, un lion édenté, un vieux marionnettiste, une trapéziste brisée, un nain chanteur, un ogre terrifiant…qui prennent soin de la Petite, seule enfant de cette étrange troupe. Bientôt, des hommes viennent pour leur demander de quitter le territoire qu’ils occupent, pour envoyer la Petite à l’école… Tant de fils qui vont se nouer, ou se dénouer…

Dans la langue de Bob

★★★☆☆

Il y a du rêve, de l’étrangeté, du fantastique dans ce roman qui nous transporte. En même temps, avec un titre et une couverture pareille, on ne pouvait s’attendre qu’à du mystère et de la bizarrerie. Cet univers de cirque oublié, de gloire passée et perdue, est le terreau parfait pour nous faire découvrir la Petite, cette enfant étrange élevée dans un certain isolement, avec la forêt et les carcasses d’animaux morts pour seuls compagnons de jeux. Et les histoires. Oui, les histoires qu’on lui raconte depuis toujours, et notamment celle du lieu où ils vivent, terrain d’une ancienne malédiction, de bébés jetés au fond de la mine, d’une Bête qui se repaissait de la peine des hommes, et des animaux qui perdirent l’usage de la parole. Toutes ces histoires qui vont mener la Petite à son destin et à celui du cirque…
Si la langue des bêtes est un mystère pour les hommes, celle de Stéphane Servant nous ravit et nous émerveille. J’ai beaucoup aimé son écriture, son intérêt pour la langue et les mots qui transparaît également dans son histoire. Il y a de la poésie, de la fureur, du mensonge, de la beauté, de l’horreur et la vérité…on ne ressort certainement pas indemne d’un roman de Stéphane Servant. Pourtant, j’ai trouvé La langue des bêtes un peu long, parfois répétitif en essayant de nous cacher les révélations jusqu’à la dernière page. Mais cela reste une expérience de lecture comme je les aime, un roman qui nous emporte loin dans l’imaginaire…

Avec les mots de Jean-Michel

★★★★☆

Il est difficile de parler avec justesse d’un roman qui nous a ému, transporté dans les tréfonds de notre imagination et qu’on a refermé à regret. Comme le mentionne si bien Bob « c’est une expérience de lecture », de celles qui se font trop rares car la poésie qui en émane est si envoûtante qu’elle éclipse tout le reste le temps d’une lecture. Tout – absolument tout – est merveilleux dans La langue des bêtes : des légendes enchanteresses aux personnages sibyllins, de la forêt poussiéreuse au cirque déchu…
Bizarre ? Vous avez dit bizarre ?
Qu’à cela ne tienne, c’est l’étrangeté de ce roman qui le rend si particulier mais pas inaccessible, loin de là : il trouvera son public, j’en suis certaine. Ce roman aux allures de conte intemporel à l’étoffe des plus grands : une qualité d’écriture évidente, de la magie à chaque page et un ton qui nous donne l’impression d’avoir l’esprit enveloppé dans la ouate – oui, même lors de scènes brutales où mes oreilles bourdonnaient. J’espère que c’est bien l’émotion qui me gagnait et non pas un éventuel problème de surdité. A l’instar de Bob, je n’ai pas trouvé de longueurs à ce roman, sans doute parce que j’étais trop plongée dans les affres délicieuses de ces bizarreries et que je ne souhaitais plus en sortir. Notez la beauté de la couverture : le travail de l’artiste Laura Makabresku correspond parfaitement avec le texte de Stéphane Servant, une association emblématique qui a fait ma joie et mon bonheur.

On vous assure que c’est un excellent roman. Si jamais vous souhaitez nous contredire, n’hésitez pas à nous envoyer un mail en indiquant vos nom, prénom et adresse afin qu’on vienne cordialement vous casser la figure 🙂

La langue des bêtes, Stéphane Servant (Rouergue)
collection DoAdo
disponible le 19 août 2015
9782812609268 – 15,90€
à partir de 14 ans

Son
1

L’immeuble qui avait le vertige – Coline Pierré

9782812608537, 0-2559769

Aujourd’hui, Hannah et sa famille emménagent dans leur tout nouvel appartement, tout juste inauguré par le maire, qui a prénommé l’immeuble Hector. Hannah est évidemment très heureuse de découvrir sa nouvelle chambre et son superbe placard…jusqu’au moment où l’immeuble se met à trembler. Tremblement de terre ? Bizarre, ça n’a frappé que l’immeuble ! Et voilà que ça recommence ! C’est la panique chez les habitants car Hector continue de trembler…

★★★☆☆

Avec un tel titre, on ne pouvait s’attendre à rien d’autre qu’à un brin de fantaisie. Et c’est le cas ! En témoignent les citations de Roald Dahl et d’Astrid Lindgren en début de roman (au cas où vous auriez toujours eu un doute sur le contenu). Car, franchement, vous connaissez des immeubles qui ont le vertige, vous ? C’est donc tout le sujet du livre, et son petit côté loufoque.
Au début, on essaye quand même de rester rationnel : après tout, un immeuble qui tremble de partout, ce n’est pas normal. Alors on fait venir les architectes, les scientifiques. Rien, aucune idée de ce qui se passe. Il faudra attendre que notre jeune Hannah soit elle-même sujette au vertige pour qu’elle fasse le parallèle entre ses symptômes et ceux d’Hector. Et alors ce seront désormais des docteurs, des spécialistes de la médecine, qui vont intervenir et déclarer que, en effet, Hector souffre de vertige. Mais comment le soigner ? Ça, je ne vous le dis pas et vous laisse le découvrir en lisant le roman…
En tous cas, L’immeuble qui avait le vertige est un petit roman très chouette, avec un petit côté fou qui devrait plaire aux plus rêveurs. Très vite, on s’attache à Hannah, son amie Louise et Hector, que l’on finit par considérer comme un être à part entière, avec ses émotions. On rit aussi des frasques du maire, de la politique et de l’urbanisme des villes qui sont gentiment moquées par l’auteur. Et on apprécie le côté solidarité qui se crée au sein de cette communauté de locataires, prêts à tout pour garder leur immeuble et capables d’inventer des choses complètement folles pour le sauver…

L’immeuble qui avait le vertige, Coline Pierré (Rouergue)
collection DacOdac
en librairie depuis le 8 avril 2015
9782812608537 – 7€
à partir de 9 ans

Son
1

Konnichiwa, Martin ! Salut, Hikaru ! – Antoine Dole et Gilles Abier

Le maître d’Hikaru a proposé à ses élèves de correspondre avec d’autres écoliers. Quand tous ses camarades ont choisi d’envoyer une lettre à un autre enfant au Japon, Hikaru a eu envie d’en envoyer une à un élève en France… Là-bas, c’est la maîtresse de Martin qui fait une surprise à ses élèves : chacun a reçu un courrier d’un enfant d’un autre pays…

9782812608520,0-2559767 003387471

★★★★☆

Le thème de la correspondance ce prête merveilleusement bien à ce nouveau titre de la collection Boomerang qui se lit d’un côté et de l’autre sans préférence. D’autant plus quand les histoires sont confiées à deux auteurs différents, qui sont pourtant très complémentaires. Leur écriture à tous les deux est vraiment magnifique, pleine de poésie, ce qui donne une atmosphère presque magique à cet échange entre deux enfants qui se demandent bien ce que l’on peut raconter à quelqu’un qu’on ne connaît pas.

J’ai commencé par l’histoire d’Hikaru, petite fille japonaise qui vit avec toute sa famille et notamment une grand-mère qui fut grande violoniste et voyagea partout dans le monde, y compris en France. Ce qui a lancé l’intérêt d’Hikaru à écrire à un enfant français. Mais que lui dire ? Lui parler des traditions japonaises, lui propose son père ? Comment on mange au Japon, lui propose sa sœur ? Ou alors d’un souvenir qui lui tient à cœur, du sourire de sa grand-mère… De son côté, Martin n’est tout d’abord pas particulièrement enthousiasmé par le fait de recevoir du courrier, surtout quand le sien est écrit en japonais alors que tous les autres ont eu des lettres en français ! Et, d’abord, Hikaru, c’est un prénom de fille ou de garçon ? Il lui faudra un petit peu de temps pour apprécier toute la beauté de l’écriture japonaise, qui va passer de « gribouillis » à des « mots [qui sont] des paysages »…

Heureusement, la langue du sourire est un langage universel et il n’en faudra pas plus pour lier ces deux enfants que des milliers de kilomètres séparent et qui se sont trouvés par hasard… Un très beau petit roman, dont les couvertures sont en plus très belles, qui invite au voyage et aux rencontres inattendues. 😀

Konnichiwa, Martin ! Salut, Hikaru !, Antoine Dole et Gilles Abier (Rouergue)
collection Boomerang
en librairie depuis le 8 avril 2015
9782812608520 – 6 €
à partir de 8 ans

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Delphine Durand suivi d’une étude très sérieuse sur les Mous

A l’occasion de la sortie du nouvel album de Delphine Durand Les Mous, nous vous proposons une courte rétrospective sur cette auteur et illustratrice à l’humour décalé qui donne envie de reproduire ses personnages avec de la pâte à modeler avant de les câliner très fort.

Delphine Durand ? ‘connais pas.

Diplômée des Arts décoratifs de Strasbourg en 1995, elle travaille en tant qu’illustratrice dans l’édition : Nathan, Albin Michel, Le Rouergue, Les Fourmis Rouges…et également pour la presse : Astrapi, Science & Vie Junior, J’aime Lire…Parallèlement elle signe également avec des éditeurs étrangers : Penguin Books, Random House, Chronicle Books pour ne citer qu’eux. Vous connaissez sûrement son travail puisqu’elle a donné vie au personnage de Thierry Lenain : Mademoiselle Zazie. Elle a d’ailleurs participé au développement de la sérié TV éponyme. Elle participe activement à L’association L’Articho : un espace de création dédié aux images où collaborent des artistes avec des horizons et de nationalités bien différents les uns des autres pour un résultat fou et de bien bon goût 🙂 Ouh, et Delphine Durand est jolie aussi.

Une bien belle bibliographie non exhaustive pleines de livres encore disponibles

Ma Maison (Rouergue) 9782841562138 – 11.20€ (2000)
La série de Mademoiselle Zazie (Nathan) – 5.70€ le tome (série débutée en 2001)
Bob et Cie (Rouergue) 9782841565856 – 15.30€ (2004)
La maison de Lulu (Père Castor) 9782081630826 – 16.95€ (2005)
La révolte des couleurs (Actes Sud) 9782742763344 – 8.50€ (2006)
Ma tata, mon pingouin Gérard et les autres, (Milan) 9782745952363 – 19.90€ (2011)
Rue de l’Articho, collectif (Thierry Magnier) 9782364740044 – 18.30€ (2011)
Gommettes 2000, collectif (Les Fourmis Rouges) 9782369020233 – 15.50€ (2014)
Gros Lapin (Tom Poche) 9791091978361 – 5.50€ (2015)
La Maison est en carton – images d’art
Les Apprentis Rêveurs – éditions sur toiles d’images pour enfant
Les cahiers de L’Articho – des revues-objets

Et le dernier né de Delphine…ADMIREZ

mous
★★★★★

Mais il est de toute beauté ! Avec ce mode d’emploi, vous saurez tout sur le Mou. D’abord apparu dans l’album La Maison, cette sorte de pomme de terre molle et malléable à l’humour tapageur resplendit au milieu des autres créatures sorties de la tête de Delphine. Il faut nous croire : il suffit d’ouvrir ce livre pour pouffer comme des enfants à chaque page. Delphine Durand nous explique quelques trucs pour connaître un peu mieux le Mou.

Le Mou qui s'en fout.

Le Mou qui s’en fout.

Sachez que le Mou en règle générale est mou. Non, ce n’est pas logique pour tout le monde (Bob ne savait pas par exemple). Le Mou est rancunier mais des fois il s’en fout. Les Mous aiment le café et les blagues pourries. Ils adorent se regrouper au crépuscule – ce sont des romantiques dans l’âme. Il peuvent aussi se téléporter mais ils ne choisissent pas où donc c’est complètement nul. La femelle du Mou est la MouTE. D’ailleurs puisqu’on cause famille, le cousin du Mou s’appelle le Dur. Ce n’est pas très facile de les différencier : faut appuyer dessus pour voir si c’est mou. Il y a des cas particuliers : un mi-dur, mi-mou est appelé Mou mollet.

Le saviez-vous ?

Vous pouvez adopter un Mou !
Delphine Durand nous donne pleins de conseils utiles pour vous faciliter la vie quand on a un Mou chez soi. Comment le tenir, l’habiller, que faire avec un Mou poilu ou à poils longs ? Et s’il pue ? Peut-on l’embêter (un peu, pour voir) ? Peut-il faire office de fauteuil ? Doit-on investir dans un arbre à mou pour le distraire ? On ne répondra pas vous n’avez qu’à ouvrir le livre.

Bob & Jean-Michel sont perspicaces

moudebase

Le Patalo de Lisa Mandel

Le Patalo de Lisa Mandel

Avec Bob, on a une théorie sur l’origine des Mous. Leur première apparition est assez obscure. Selon nous ils auraient évolués entre le Patalo de Lisa Mandel et de la pâte à modeler qui traînaient dans la cuisine de La Maison de Delphine Durand. Ils sont plus évolués qu’on ne le croit ! Nos analyses ont révélées qu’ils calquaient leur personnalité sur des humains. Jean-Michel – expert en génie génétique depuis lundi, a fait une expérience fascinante : un Mou de base a muté lors du visionnage de la Famille Addams. Un personnage télévisuel peut susciter beaucoup d’émoi sur un Mou classique. Aussi, nous pensons qu’il faut être vigilant lorsqu’on a un Classicus Moutus chez soi : ce qu’il voit peut affecter sa transformation. Comment croyez-vous que Moumoute ait eu l’idée de devenir un mou à perruque ? J’avais laissé la télévision allumé sans surveillance…

BEWARE

Les preuves que nous allons vous apporter peuvent choquer les âmes sensibles.
moulongscheveux

Cousin Machin

Cousin Machin

 

 

 

 

 

mouàperruque

Mireille Mathieu

Mireille Mathieu

 

 

 

 

 

 

Finalement on pourrait être copains avec les Mous : on fait les mêmes blagues pourries.

Les Mous, Delphine Durand (Le Rouergue)
en librairie le 15 avril 2015
9782812608582 – 15€
à partir de 4 ans

Allez en prendre plein les yeux sur son blog

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Plus de morts que de vivants – Guillaume Guéraud

plusmortsvivantsPour commencer cet article je ne peux que vous encourager à lire en guise d’amuse-bouche livresque l’extraordinaire Je mourrai pas gibier, vous ne serez plus jamais la même personne après sa lecture. Lire Guillaume Guéraud c’est comme se livrer à une expérience hors du commun : c’est le Bear Grylls de l’écriture, le Robert Rodriguez du verbe, le Jude Law des auteurs. Plus de morts que de vivants se lit d’une traite : efficace et terrifiant c’est un vortex de l’angoisse et on en réclamerait bien encore quelques pages si les doses d’adrénaline et de stupéfaction n’étaient pas déjà à leur maximum.

★★★★★

Par un matin glacial de février, quelques collégiens se retrouvent devant leur établissement scolaire, attendant le début des cours. Une grippe circule en ce moment, la plupart sont cloués au lit avant les vacances de février mais d’autres n’auront pas cette chance…Soudain les incidents se succèdent dans l’établissement : un élève saigne du nez plus que la normale, une autre a les lèvres bien bleues, une touffe de cheveux tombe à terre, des boutons apparaissent et puis tout va très vite : virus de la mort ? Qui sera le prochain a être touché ? Qui s’en sortira vivant ? Qui est l’incubateur ?

Curieusement je m’attendais à lire une histoire de morts-vivants mais tout fut plus réaliste et terre-à-terre que je ne le pensais. Comme je l’ai dit au guide du Musée de la Torture à Amsterdam à la fin de la visite : « c’était délicieusement atroce ». Ce roman est tout aussi captivant qu’un bon film d’horreur. Guillaume Guéraud possède ce talent : celui de ne pas rentrer dans des descriptions trop alambiquées et donc à être concis en nous laissant avec LE détail qui va nous perturber et faire travailler notre imagination. Nos peurs sont travaillées au corps : la peur de mourir, celle de perdre l’être aimé, sentir l’odeur des morts, se rendre compte que l’instinct de survie ne suffit plus pour rester vivant. Ce virus provoque des morts auxquelles on s’attend le moins et l’effet de surprise agrippe à la gorge : il devient difficile de déglutir lorsqu’on a la vision d’un cou qui s’ouvre en deux, d’un ventre qui explose littéralement, de dents qui se déchaussent ou de débris d’os qui se mêlent au sang.

Remarquablement écrit, j’ai trouvé que l’association de la neige et du sang était d’une esthétique sublime qui marque très bien la différence entre le concept de vie et celui de mort. Il est particulièrement appréciable au début du roman, de savoir qu’une fois le portail fermé après le début des cours : l’horreur va commencer (hinhin). Ces adolescents sont pris au piège, ils ne le savent pas encore alors que le lecteur lui, réalise tout de suite. La fin m’a déconcertée – c’est que j’ai un soupçon d’optimisme alors que Guillaume Guéraud ne nous en laisse AUCUN en réalité. Qui plus est il nous prévient avec le titre Plus de morts que de vivants. : c’est une affirmation et non pas une question 🙂 N’ayez pas peur vous serez délicatement surpris.
Maintenant que je suis à court de qualificatifs, je vous laisse découvrir l’improbable Guillaume Guéraud.

Plus de morts que de vivants, Guillaume Guéraud (Rouergue) – collection Doado
en librairie depuis le 4 mars 2015
9782812608612 – 13.70€
à partir de 13 ans

mourraipasgibierJe mourrai pas gibier (Rouergue) – collection Doado
en librairie depuis janvier 2006
9782841567171 – 7.10€
à partir de 14 ans
★★★★★

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Pyjamarama !

Enfile ton pyjama en pilou, on t’invite à ouvrir des livres qui vont faire du bien à tes rétines !
Au Rouergue, je me dis qu’on doit bien s’amuser dans les bureaux parce qu’en ce qui me concerne, plusieurs fois on m’a attrapé à la librairie à jouer avec cette superbe série de livres alors que j’étais censée travailler. Le principe ? Faire bouger les images à l’aide d’une grille super-sophistiquée sur des illustrations hyper-graphiques : cela s’appelle l’ombro-cinéma – une technique d’animation ancestrale paraît-il ! La lumière éteinte, un petit garçon file sous ses couvertures et pars en vadrouille : Paris, New-York, Lunaparc…Vous voulez que votre enfant soit bouche bée ? C’est très facile : une démonstration et rien ne sera plus comme avant. Des albums très originaux, poétiques, pleins de magie et ingéniosité en perspective…Vous êtes prévenus. On vous laisse avec une démonstration trouvée dans l’internet – je voulais la faire moi-même mais je baby-sittais Bob, je ne peux pas tout faire :

…non mais comment voulez-vous travailler ?
parispyjnewyorkpyjlunaparcpyjmoipyjrobotspyj
Paris en pyjamarama – Michaël Leblond & Frédérique Bertrand (Rouergue)
9782812606885 – 14.80€
en librairie depuis septembre 2014
à partir de 4 ans

New-York en pyjamarama – 9782812602603 – 16.80€
Lunaparc en pyjamarama – 9782812603334 – 16.80€
Moi en pyjamarama – 9782812604362 – 16.80€
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