Discussion
0

Ma vie à la baguette – Chloé Cattelain

GetBlob.ashx

Kevin et Michael Zhang sont français, nés de parents d’origine chinoise. Avec leur père, on parle chinois, on respecte les traditions et à toutes les vacances scolaires, ils vont dans leur famille en Chine. Mais Kevin aimerait être un ado comme les autres, avoir une copine et vivre sa vie comme il l’entend. Malheureusement, son père rêve de tout autre chose pour lui. Et il ne parle jamais de leur mère, ni de la famille de celle-ci, qu’ils ne connaissent pas. Des silences que les deux garçons vont tenter de briser…

Les chinoiseries de Bob

★★★☆☆

S’il y a un sujet phare dans la littérature jeunesse, c’est bien la famille, ses secrets ou la quête de son origine. Ma vie à la baguette s’inscrit dans cette thématique avec une certaine originalité puisque nous deux jeunes héros ont des origines chinoises. Pourtant, et Kevin vous le dira très bien, il est né dans une maternité de Lille, il est aussi français que ses camarades de classe. Il n’empêche qu’aborder la Chine sous cet angle est plutôt rare et donc intéressant. Et le roman de Chloé Cattelain nous fait ainsi découvrir une histoire de famille rongée par un secret, ou plutôt par des non-dits, des silences que Kevin et Michael ont beaucoup de mal à accepter de la part de leur père. Un père qui ne déroge pas aux clichés véhiculés dans les films ou les séries : il veut absolument la réussite scolaire de ses fils au détriment de leurs envies de petites copines et tient à leur éducation chinoise. Il est intéressant d’ailleurs d’avoir le point de vue de Kevin et de son frère sur ces sujets car, finalement, quel parent ne souhaiterait pas la même chose pour ses enfants ?
En tous cas, c’est avec un certain humour et des petits indices jetés ça et là sur l’histoire familiale de Kevin que l’auteure parvient à nous emmener dans son récit. C’est finalement la grande Histoire qui va intervenir dans les révélations auxquelles vont être confrontés Kevin et son frère et, même si elle est abordée assez sommairement, elle devrait susciter la curiosité des lecteurs sur la Chine. On retiendra également une jolie histoire d’amour, qui donne à ce roman une saveur de plus. Très intéressant !

Jean-Michel s’empare aussi des baguettes

★★☆☆☆

Malheureusement je me suis un peu ennuyée 🙁 Cela vient sans doute du fait que je suis imperméable à toute cette culture asiatique, j’ignore pourquoi. C’est donc un point de vue strictement personnel et je pense sincèrement que ce roman trouvera son public. L’histoire ne m’a certes pas beaucoup touchée mais les protagonistes sont doux, une ambiance calme traverse les pages malgré les petites tensions familiales et amicales. La personnalité de Kevin est attrayante : d’une grande gentillesse, un peu maladroit, respectueux de ses valeurs familiales…l’adolescent dont devraient rêver toutes les jeunes filles ! La qualité d’écriture est indéniable : Chloé Cattelain sait s’exprimer et faire naître des sourires, susciter de l’émotion et être intrigante. De même, la précision de la culture chinoise est à souligner : on ressort de ce roman la tête un peu plus riche 🙂

Ma vie à la baguette, Chloé Cattelain (Thierry Magnier)
disponible le 19 août 2015
9782364747272 – 14,50€
à partir de 13 ans

Discussion
1

Pensée assise – Mathieu Robin

9782330053611

Vous souvenez-vous de la collection Ciné-roman chez Actes Sud ? L’un des premiers titres était Pensée assise et proposait non seulement le texte mais aussi le DVD du court-métrage qui l’accompagnait (on vous met la bande-annonce à la fin de l’article). Aujourd’hui, l’éditeur réédite le roman, mais sans le film…

Théo, jeune homme paraplégique, rencontre Sofia. C’est le grand amour. Mais lui se sent mal à l’aise d’être plus petit que la femme qu’il aime et il se met en tête d’arriver, par tous les moyens, à réussir à l’embrasser debout.

Qu’en pense Bob ?

★★☆☆☆

Dans ce très court texte, Mathieu Robin nous raconte le défi que Théo se lance : embrasser sa copine en étant à sa hauteur. Car s’il y a bien une chose qu’il déteste, ce sont les démonstrations d’affection en public, où Sofia doit toujours se pencher vers lui pour l’embrasser. Cela le met mal à l’aise et le rend surtout très grognon envers ses proches. D’ailleurs, Théo se plaint un peu beaucoup au goût de Bob, ne le rendant pas très attachant. Le roman aborde donc, au-delà du handicap, la difficile acceptation de soi. Je n’avais pas lu la précédente édition et donc pas vu le film dont il est tiré. Je me demande s’il ne m’aurait pas un peu plus touché avec les images ? De même, n’est-ce pas dommage de ne pas proposer à nouveau le film avec le roman ?

Et dans les pensées de Jean-Michel ?

★★★☆☆

Ah. Léger désaccord avec Bob, l’amour de ma vie 🙂 J’ai beaucoup apprécié l’amertume et la mauvaise foi de Théo. Pourquoi ? Parce qu’il n’a pas d’excuses à être désagréable ou odieux, même un handicap ne représente pas une raison valable pour blesser son entourage (ceci est un point de vue strictement personnel) et j’attendais avec beaucoup impatience qu’il se prenne une claque car personne ne peut agir comme ça impunément. Son cynisme m’a fait rire – il y a une scène mémorable où il charrie un enfant à la piscine : j’ai apprécié…jusqu’au moment où je me suis rendue compte qu’il commençait à devenir cruel et ce que j’avais pris pour de l’humour n’était que de la colère mal placée et cette fameuse claque devenait urgente ! Lorsqu’elle arriva, l’introspection de Théo est telle que sa prise de conscience est rapide. Sans doute avait-il besoin de tout cela afin de surmonter les problématiques de son handicap. Texte efficace à la construction mûrement réfléchie, sans artifices avec de vraies émotions dedans, je valide. Je rejoins tout de même Bob : pourquoi ne pas l’avoir réédité avec le dvd ?

Pensée assise, Mathieu Robin (Actes Sud Junior)
collection Ado
disponible le 19 août 2015
9782330053611 – 10,90€
à partir de 13 ans

Son
0

Il était deux fois dans l’ouest – Séverine Vidal

C’est le mois d’août et, même si Bob et Jean-Michel chroniquent au ralenti en ce moment, c’est surtout car ils préparent la rentrée littéraire avec beaucoup de sérieux. Et pour vous donner un avant-goût, on vous présente un roman de Séverine Vidal à paraître dans quelques minuscules semaines. 9782848658131,0-2705134Car Séverine Vidal est à l’honneur chez Sarbacane ce mois-ci avec un roman dans la collection Exprim’ et un autre pour Pépix…celui que nous vous présentons aujourd’hui ! 😀

Cet été, Luna va passer les vacances aux États-Unis avec sa mère, qui est la maquilleuse officielle d’un film à gros budget. Elle arrive ainsi à Monument Valley, en plein territoire indien, où de nombreuses aventures l’attendent ! La première : sa rencontre avec Josh, un garçon navajo, avec qui elle va passer son séjour à découvrir les mystères et les dangers de l’Arizona…

★★★★☆

Enfilez vos santiags et huilez votre six-coups car Séverine Vidal vous embarque dans une aventure digne des meilleurs westerns…enfin…sans la diligence, sans le duel au soleil, sans les attaques d’Indiens, sans la bande de Pat-la-chique… Euh, en fait, c’est pas ça du tout. Mais ça pourrait ! Car l’ambiance, elle, ne nous trompe pas sur la marchandise : on a bien un désert avec des bestioles dangereuses et sournoises, une tribu indienne avec des coutumes étonnantes et son lot de magie, de l’aventure où des paysages incroyables se mêlent à des rencontres terrifiantes… Vous n’allez certainement pas vous ennuyer ! Tout est savamment orchestré, on se laisse totalement emporter dans ce que vivent Luna et Josh, on tremble et on rit avec eux. Contrairement aux autres romans de la collection Pépix, j’ai trouvé Il était 2 fois dans l’Ouest moins dans le côté irrévérencieux mais surtout dans l’aventure pure. Et ce n’est pas désagréable du tout, bien au contraire. Il y a bien sûr toujours de l’humour, mais aussi une jolie histoire d’amour qui naît entre nos héros. Les bonus qui s’intercalent dans le roman sont super intéressants et se rapportent le plus souvent à la culture navajo. J’ai aussi beaucoup aimé les petites notes de bas de page des héros pour expliquer des petites choses, et les illustrations d’Anne-Lise Combeaud sont parfaites pour ce texte ! En bref, un roman qui plaira vraiment à tous les amateurs d’aventure, Séverine Vidal a super bien réussi à nous faire vivre chaque moment du bouquin, et j’ai beaucoup apprécié le fait que les situations restent réalistes (même si elles s’enchaînent très vite) et qu’on ait pas l’impression de voir deux super-héros se sortir de mauvais pas avec une intelligence hors du commun. Je pense que les gamins s’identifieront très facilement à Josh et Luna, qui leur ressemblent beaucoup. 😉

Il était deux fois dans l’ouest, Séverine Vidal (Sarbacane)
collection Pepix
disponible le 26 août 2015
9782848658131 – 10,90€
à partir de 9 ans

Son
1

La traversée – Jean-Christophe Tixier

GetBlob.ashx

Après vous avoir emmené à la montagne pour les vacances, Bob vous emmène à la mer. Mais vous n’aurez sans doute pas envie d’y retourner après avoir lu cet article… 😛

Sam est un jeune Africain qui rêve d’un avenir meilleur, un avenir qui a pour nom Europe. Il s’embarque dans un navire de migrants, à destination de l’Italie, avec pour tout bagage ses souvenirs. Mais bientôt, la mer grossit et la tempête finit par éclater…

★★★★☆

Dans ce roman poignant, Jean-Christophe Tixier met en lumière une tragédie que l’on retrouve régulièrement dans les informations : le naufrage d’une embarcation de migrants africains désirant rejoindre l’Europe. Je ne vous spoile pas sur la fin puisque ce terrible événement se déroule dès le début du roman : Sam, jeune homme improvisé capitaine d’un bateau de clandestins, tente d’amener tout ce monde à bon port. Mais la mer et la tempête qu’elle apporte en ont décidé autrement. Très vite, le navire se retourne et tout le monde tombe à l’eau. Sam va tenter coûte que coûte de sauver les personnes qui l’accompagnent. Tout en se remémorant ce qui l’a amené à prendre ce bateau de fortune…
A travers les flashbacks, nous découvrons ainsi le périple de Sam depuis son pays jusqu’à la Lybie où les passeurs vont le faire embarquer. Les relations avec sa famille ; son meilleur ami Youssou qui devait l’accompagner ; les passeurs qui réclament une grosse somme d’argent, ceux qui le dépouillent ; ses compagnons d’infortune, dont la belle Thiane et le triste destin qui la pousse à fuir vers l’Europe ; le camp d’internement à attendre le jour du départ… Le roman de Jean-Christophe Tixier nous expose tout avec précision et nous offre des portraits émouvants de ces hommes et femmes qui cherchent une vie meilleure, quitte à prendre tous les risques possibles.
Un roman court mais passionnant, ou terrifiant, qui prend également le parti de nous offrir une fin sans concession et pourtant totalement ouverte. Sans doute un peu glaçant mais les plus optimistes y verront peut-être aussi de l’espoir… Une fin en tous cas expliquée par l’auteur, qui ajoute des données documentaires sur les migrants et une bibliographie pour aller plus loin.
Un roman d’une grande humanité.

La traversée, Jean-Christophe Tixier (Rageot)
disponible depuis le 20 mai 2015
9782700249354 – 9,50€
à partir de 11 ans

Son
1

Ses griffes et ses crocs – Mathieu Robin

GetBlob.ashx

Bob avait prévu de faire son article un peu plus tôt mais figurez-vous que, à l’instar des personnages du roman qu’il va vous présenter, votre morse préféré est parti en vacances dans une contrée sauvage (la Bourgogne) et n’avait aucun moyen de communication avec le monde…jusqu’à aujourd’hui. 😛

Marcus a toutes sortes de tocs qui font de sa vie une suite de cauchemars. Lorsque sa famille part en vacances avec des amis dans un chalet perdu au fond de la forêt, ses repères sont complètement chamboulés. Et cela ne s’arrange pas lorsqu’il tombe sur un livre parlant de la montagne où ils se trouvent, une montagne que la légende dit maudite…

★★★★☆

Si vous souhaitez vous faire peur cet été, alors Ses griffes et ses crocs est fait pour vous ! L’intrigante et magnifique couverture du livre donne très bien le ton : il y a aura du mystère, des légendes et sans doute du frisson. Et tout y est, en effet. On découvre tout d’abord Marcus et ses angoisses qui l’amènent à ne pas pouvoir marcher sur les rainures du parquet ou à devoir prendre absolument le même chemin à l’aller et au retour ; on apprend à connaître sa famille, et notamment sa grande sœur Lia, rebelle un peu gothique qui le traite avec mépris. Puis ceux avec qui ils vont passer leurs vacances : Mary et Paul, jumeaux parfaits, et Sam, leur grand frère trisomique, accompagné de son gros chien Hercule. Tout ce petit monde va être enfermé dans un chalet à flan de montagne et devoir s’adapter aux manies déroutantes de Marcus. Jusqu’au moment où les parents disparaissent suite à une promenade…
C’est à ce moment que tout va se jouer et que l’on se retrouve dans un roman oscillant entre l’aventure et l’horreur, où des enfants vont être livrés à eux-mêmes et devoir s’improviser « héros ». Car Marcus découvre très vite les secrets de la montagne et la légende qui l’accompagne, une légende terrible qui parle d’une Bête, un monstre qui dévore tout sur son passage. Et quand tous les animaux de la forêt s’enfuient, Marcus est persuadé que la Bête s’est réveillée par sa faute. Car il a enfreint ses tocs.
Mathieu Robin parvient à nous emporter dans son roman dès les premiers instants. On sait que quelque chose va arriver, mais quoi ? Il nous fait passer de surprises en surprises, des vrais surprises, car on ne voit rien venir et on a pas l’habitude de voir certaines choses arriver… Qu’il est difficile de vous en parler sans dévoiler des moments importants !
En tous cas, Ses griffes et ses crocs est un roman captivant et angoissant, qui parvient à maintenir son suspense et ses révélations jusqu’à la dernière page.

Ses griffes et ses crocs, Mathieu Robin (Actes Sud junior)
collection Ado
disponible depuis le 3 juin 2015
9782330050795 – 13€
à partir de 13 ans

Son
2

The Heroic Legend of Arslân – Hiromu Arakawa

GetBlob.ashx

Une fois n’est pas coutume, Bob vous parle d’un manga ! Parce que oui, il sait aussi lire à l’envers (il est pas un peu fort, Bob, quand même ? 🙂 )

Entre l’Orient et l’Occident se trouve le royaume de Parse, sur lequel règne d’une main de fer le terrible roi Andragoras. A son grand regret, son fils Arslan est frêle et incapable de manier correctement une arme. Lors de ses 14 ans, le jeune héritier est contraint d’accompagner son père à la guerre, afin de repousser les envahisseurs venus de Lusithanie, le royaume voisin.

★★★★☆

Adapté d’une célèbre saga japonaise de fantasy de Yoshiki Tanaka, Les Chroniques d’Arslân (publié en France chez Calmann-Lévy), ce manga nous emmène dans un royaume fictif qui n’est pas sans rappeler celui de la Perse (au cas où le nom ne vous aurait pas mis la puce à l’oreille), où s’affrontent deux puissances aux religions distinctes. La Lusithanie est en effet un royaume monothéiste qui veut imposer sa foi aux autres, tandis que Parse vénère plusieurs divinités et pratique l’esclavage. Le cœur de ce premier tome s’intéresse surtout à une immense bataille où un nombre impressionnant de guerrier est en jeu. La bataille d’Atropathènes, qui va marquer un tournant décisif dans la toute-puissance de Parse. Et dans la vie du jeune Arslan qui, jusqu’alors, ne connaissait que les murs de son palais et les entraînements un peu ratés avec son maître d’épée.

Grande fresque épique, Hiromu Arakawa (auteur du très célèbre Fullmetal Alchemist) parvient à nous captiver dès les premières pages. Ses images sont très puissantes et dynamiques, les combats impressionnants et il y a un certain souci du détail dans les costumes des personnages. On s’attache évidemment très vite à notre jeune prince peu guerrier qui ne manque pourtant pas de courage, ainsi qu’à l’intrigue et au mystère qui sous-tend cette longue démonstration guerrière. Sans doute que ce premier volume se termine trop vite, car lorsqu’on arrive à la dernière case, on ne veut qu’une chose : découvrir la suite ! Et ça tombe bien car le 2e tome vient tout juste de sortir ! 😀
Une très belle découverte, en tous cas, à conseiller à tous les amateurs de grandes batailles et d’histoires de fantasy médiévale. A noter : une très belle édition limitée, avec une jaquette aux effets dorés, des premières pages en couleur et une interview croisée de l’auteur des romans et de la mangaka.

The Heroic Legend of Arslân, Hiromu Arakawa d’après Yoshiki Tanaka (Kurokawa)
disponible depuis le 15 mai 2015
9782368521724 – 7,65€
à partir de 13 ans

Son
0

Le journal de Gurty – Bertrand Santini

9782848657899,0-2645416

Aujourd’hui, Bob et Jean-Michel vous parlent ENFIN de Gurty, petit phénomène que vous pouvez retrouver sur Facebook et, surtout, la nouvelle pépite des éditions Sarbacane (ouais, bon, elle était facile celle-là…)

Gurty est une petite chienne qui part avec Gaspard, son humain, en vacances en Provence. A travers son journal, nous découvrons ses deux mois de vacances et toutes les aventures qui ont rythmé ses journées.

★★★★★

Le journal de Gurty est sans aucun doute LE livre de l’été ! Il faut dire qu’avec une couverture jaune soleil, on ne pouvait pas s’attendre à autre chose ! Mais, surtout, c’est bien l’histoire racontée par Gurty elle-même qui va nous faire passer un superbe été, un été plein de bonne humeur, de rire et de jeux. En fait, ce livre est tout bêtement génial ! Raconté par une petite chienne, donc, nous entrons dans la vie intime et ô combien étrange de nos amis canidés. Une vie qui, finalement, n’est pas si éloignée de la nôtre… Gurty à des amis, en tous cas une qu’elle retrouve chaque été : Fleur, qui n’est pas normale (mais faut pas se moquer!) ; des ennemis : un chat particulièrement moche surnommé Tête-de-Fesses ; un maître-papa qui la gronde quand elle fait des bêtises ; des passions pour la nourriture, courir après les écureuils et renifler le derrière des autres chiens…

L’écriture de Bertrand Santini est rafraîchissante, on rit tout le temps et elle me semble totalement à hauteur d’enfant dans sa façon de raconter les choses et dans son humour. En tous cas, je me suis régalée dans ce journal qui court du 1er au 42 juillet, avec des chapitres parfois très courts (le 5 juillet notamment est génial !) ou plus longs, mais tous plus drôles et déjantés les uns que les autres. On y trouve également beaucoup de comique de répétition qui fonctionne à merveille ! Le texte est vraiment drôle, enlevé, malin et malicieux. Les illustrations sont d’autant plus réussies et parfaitement en adéquation avec le texte qu’elles sont réalisées par Bertrand Santini himself. Personnellement, je suis fan de Fleur et de sa drôle d’allure (elle n’est pas normale, mais faut pas se moquer !). 😛

A la fin du livre, vous trouverez un certain nombre de jeux proposés par Gurty : des points à relier, des mots croisés, un Où-est-Tête-de-Fesses (je l’ai pas trouvé, moi, et Jean-Michel non plus – on est un peu nul…), et même un test (je suis tombée sur Gurty mais c’était presque ex-aequo avec Fleur et Jean-Michel a eu Tête-de-Fesses, hahaha) ! 😀
Bref, un excellent roman à emporter avec soi pour passer les meilleures vacances de l’univers en compagnie de Gurty.

Le journal de Gurty : vacances en Provence, Bertrand Santini (Sarbacane)
collection Pépix
disponible depuis le 6 mai 2015
9782848657899 – 9,90€
à partir de 8 ans

Son
0

La source, t.1 Errance – Maxime Fleury

9782364746954,0-2629259

Sur une Terre stérile, Albeda et Tilo entament leur Errance, une mission périlleuse dont le but est de rapporter à leur clan le secret de la Source qui, selon la légende, devrait ramener l’abondance. Durant leur marche, les deux jeunes gens vont découvrir les vestiges de l’ancien monde et croiser des tribus hostiles ou des communautés accueillantes… Parviendront-ils à trouver la Source dans ce monde en ruines ?

★★★★☆

Pour son premier roman, Maxime Fleury s’est lancé dans la dystopie, le genre du moment ! Pourtant, ce qu’il nous propose dans ce roman est très différent de ce qu’on lit habituellement, et je pense que cela vient principalement de l’absence de romance à l’eau de rose et de scènes d’action à faire pâlir les réalisateurs de Mission : impossible. En effet, ce qui semble intéresser Maxime Fleury ici, c’est plutôt le rapport des personnages à leur passé, à leur enfermement, à leurs croyances. Et la quête que suivent Albeda et Tilo. Une quête finalement assez obscure, ou en tous cas très vague…puisque lorsque les deux jeunes gens se mettent en route, ils ne savent même pas qu’il existe une multitude de routes différentes… Plutôt mal barrés, non ?

J’ai beaucoup apprécié le fait que, comme les personnages du roman, nous découvrons le monde au fur et à mesure. Nous ne savons rien de ce qui a fait de la Terre un endroit totalement stérile, détruit. Nous n’avons que les légendes, les suppositions avancées par nos héros ou les personnes qu’ils rencontrent sur leur chemin. On meurt de savoir ce qui s’est passé, ce qui a causé cet état du monde et, pourtant, on finit par accepter de ne pas avoir de réponses et de se laisser transporter dans l’aventure que vont vivre Albeda et Tilo. L’écriture de Maxime Fleury en est d’ailleurs parfaite, il ne lui faut que quelques mots pour nous embarquer dans son histoire et nous happer jusqu’à la dernière page. Une dernière page qui nous laisse évidemment sur notre faim, comme tout bon premier tome qui se respecte, et qui nous pousse à guetter la suite avec impatience !

N’hésitez pas aussi à aller lire l’avis de notre cousin le Lapin Blanc sur ce roman !

La source, t.1 Errance, Maxime Fleury (Thierry Magnier)
disponible depuis le 20 mai 2015
9782364746954 – 11€
à partir de 13 ans

Son
0

Là où se cache le diable – Benjamin Guérif

9782748516937,0-2632068

Une couverture qui interpelle, un titre propre à faire frissonner…mais quel est cet endroit où se cache le diable ? La réponse se trouve-t-elle dans cette histoire ? Mystère mystère… 🙂

Adam est un garçon solitaire, qui s’intéresse à tout ce qui touche à l’imaginaire. Il vient d’emménager dans une maison en pleine campagne et peine à se faire des amis. Mais cela ne l’ennuie pas, car il passe son temps à se promener dans la forêt, explorer les lieux qui l’entourent. Un soir, il distingue une étrange lueur qui vacille au-dessus du sol. Un prétexte parfait pour Adam qui se lance à corps perdu dans ce mystère…

★★☆☆☆

Un mystère qui va s’intéresser aux légendes et à la réalité – ou non – qu’elles cachent. Les amateurs de surnaturel seront sans doute intéressés par ce court roman qui interroge notre relation aux croyances, aux vieilles légendes et aux malédictions. J’ai beaucoup aimé les réflexions d’Adam sur le sujet, surtout lorsqu’il confronte ses idées avec des personnages qui vont lui venir en aide au cours de l’histoire : un gentil bibliothécaire (youhou!) et une étrange femme aux allures de bohémienne. Je crois qu’on se demande tous si les dragons ont existé ou non, s’il y a vraiment des lieux hantés, etc. Mais Benjamin Guérif ne vous donnera aucune réponse, seulement encore un peu de grain à moudre. Mais je trouve ça plutôt chouette ! 🙂

En revanche, j’ai été déçue par le roman dans son ambiance générale. J’ai eu un peu de mal à m’attacher à Adam, qui est sans doute trop dans son petit monde. J’ai eu parfois l’impression que l’auteur voulait rendre une atmosphère glauque ou effrayante…sans y parvenir tout à fait (à part dans la scène finale). J’ai trouvé aussi que l’auteur semblait vouloir aborder des sujets totalement autres que le mystère qui ronge Adam (le monde de la finance, par exemple) mais restait bien trop en surface, donnant une impression de « cheveu sur la soupe ». En fait, je crois qu’il manque le « petit quelque chose », une sorte de saveur, qui aurait pu donner au roman une dimension toute autre, sans doute plus étouffante ou plus fantastique. Et je regrette surtout la fin ! Nous avons la réponse au mystère mais je trouve dommage que ça n’aille pas plus loin, tout se finit trop vite pour apprécier toute la résolution. Il y a ici une sorte de rendez-vous manqué, comme s’il manquait un chapitre pour conclure le tout…

Là où se cache le diable, Benjamin Guérif (Syros jeunesse)
collection Rat noir
disponible depuis le 7 mai 2015
9782748516937 – 13,50€
à partir de 12 ans

Son
2

Le coeur de la poupée – Rafik Schami

9782211211819,0-2644780

Quel étrange livre que Le cœur de la poupée ! Il faut dire aussi que Bob l’a un peu cherché, car il n’aime pas trop les poupées…ça lui file la pétoche ! Et cette couverture et ces illustrations de poupées de Grégory Elbaz ont bien accentué le sentiment de malaise de Bob. Sérieusement, ça ne vous fait pas un peu peur, vous ?

Un jour où il fait tout gris, Nina accompagne ses parents au marché aux puces. Sous l’étal d’un vendeur, elle découvre une poupée dans un seau, mais il se n’agit pas de n’importe quelle poupée. C’est Petitoi, une poupée qui parle et qui est capable d’aspirer les peurs. Une poupée parfaite pour Nina. Mais une poupée à qui il manque pourtant quelque chose et qu’elle aimerait beaucoup avoir…

★★☆☆☆

Le cœur de la poupée nous emporte dans un univers très enfantin, où les chapitres se succèdent sans toujours se suivre. En effet, nous suivons Nina dans sa vie de tous les jours, les anecdotes de l’école, ses jeux avec sa voisine, ses angoisses et ses peurs, les gens qu’elle rencontre. Et Petitoi, qui est toujours là pour jouer avec elle, lui raconter des histoires ou des souvenirs de ses vies d’avant avec d’autres enfants, discuter avec les autres peluches et jouets, etc. Un univers qui semble finalement ne s’ancrer dans aucun temps en particulier. Je croyais d’ailleurs que le roman se passait à une époque plus ancienne que la nôtre. Les illustrations semblent intemporelles et l’écriture de Rafik Schami agréablement vieillotte. Mais différents éléments du récit nous prouvent que non.

Le cœur de la poupée aborde une certaine variété de thèmes, depuis la peur enfantine en passant par la mort et le deuil, mais qui a surtout une grand part de philosophie. Car Petitoi se demande ce que cela lui ferait d’avoir un cœur, de ressentir comme Nina ressent les choses. Et la petite fille et la poupée échangent régulièrement sur des concepts comme la mort ou l’âme…
Un roman étonnant, donc, sur l’importance de l’enfance, mais dont j’ai peur qu’il ne trouve pas son public autant chez les plus jeunes que chez les ados de par sa construction peu évidente, qui en fait une lecture peu facile. Il n’a en tous cas pas tellement trouvé son public avec Bob.

Le coeur de la poupée, Rafik Schami, illustré par Grégory Elbaz (École des loisirs)
collection Neuf grands formats
en librairie depuis le 20 mai 2015
9782211211819 – 15,80€
à partir de 9 ans