Galerie
0

Juliette et le géant feuillu – Christophe Mauri

Chez les Hidalf détester les Pompous c’est une histoire de famille, c’est aussi évident que les enfants n’aiment pas les légumes. Sauf que Juliette d’Airain adore les légumes et n’a rien contre le jeune Roméo Pompous… Alors qu’elle cherchait de nouvelles rimes pour la célèbre chanson « Oust Oust Pompous », son petit coeur a battu plus fort… ce qui a provoqué un événement extraordinaire. Le marronnier du jardin a commencé à pousser, pousser, sans s’arrêter !

Juliette, comme son frère Mathieu Hidalf (une des séries jeunesses les plus drôles que Lisette a eu l’opportunité de lire), n’a pas froid aux yeux et décide de s’aventurer dans l’arbre magique avec trois lucioles Papi, Pêche et Crac. S’ensuit une escapade tendre et pleine de fantaisie où Juliette va retrouver Roméo.

Comme le célèbre drame Shakespearien ces deux enfants devraient se détester. Sauf qu’ici point d’histoire d’amour mais le temps d’une aventure ils s’affranchissent de la bêtise des parents. Juliette n’oserait jamais désobéir mais son père n’a-t-il pas dit (en parlant de sa femme) que parfois les adultes racontaient d’énormes bêtises et qu’il ne fallait surtout pas les écouter ? Dès lors Juliette se fera un plaisir d’obéir à son père en faisant tout le contraire de ce qu’il recommande !

Cette courte histoire a l’allure d’un conte. Ici point de haricot magique ou de bon gros géant mais un arbre qui devient la scène de théâtre. Ce livre s’adresse à un public plus jeune que la série des Mathieu Hidalf, l’humour de Christophe Mauri est toujours présent et quelques ingénieuses inventions feront briller les yeux des enfants tels deux gouttes de oust-oust. Les illustrations de Lucie Durbiano sont très délicates et l’illustration page 69 fera rêver plus d’un enfant (ça vous rend curieux ?).

Pour conclure, c’est une belle lecture pour les jeunes lecteurs. La grande fan de Mathieu Hidalf que je suis reste sur sa faim, elle aurait aimé ENCORE plus d’humour, ENCORE plus de création ! Donc elle va relire sa saga d’amour. Christophe Mauri ❤️ forever !

Juliette et le géant feuillu, Christophe Mauri, illustré par Lucie Durbiano (Gallimard Jeunesse)
disponible depuis le 19 mai 2022
9782075158091 – 12,90€
à partir de 7 ans
Galerie
0

Dans la cité électrique, Le cercle des veilleurs – Sarah Andrès

Oscar et sa soeur Livie Addington ont toujours habité dans une chic pension londonienne. D’aussi loin qu’Oscar se souvienne, l’établissement a toujours été sa maison, sa soeur son unique famille et le nom de sa défunte mère son seul lien avec son passé. Mais le jour de ses 12 ans, Oscar se voit remettre par le directeur une drôle de boîte contenant une montre ainsi qu’une lettre lui quémandant de traverser un miroir. Rien que ça !

Dans ce premier tome, à l’atmosphère steampunk, Oscar et Livie, vont se retrouver dans un Londres parallèle, appelé Londonium. Dans cette ville il ne faut pas se fier aux apparences : ici l’électricité est une arme et la lumière permet de créer des illusions aussi fantastiques que réelles. Cet univers très original, Oscar le découvre grâce aux Veilleurs. Ce regroupement de scientifiques, dont sa mère faisait partie, voyagent entre les mondes. Petit à petit, Oscar va en découvrir plus sur sa famille et sur les pouvoirs qu’apporte la science de la lumière. Mais, pour une mystérieuse raison, le dirigeant de la ville Sir Alexander s’intéresse beaucoup à Oscar et à sa soeur.

L’univers de La cité électrique est foisonnant et très complexe : complots, faux-semblants, mystères, secrets… ce premier tome est source de beaucoup d’interrogations. Certains rebondissements (sur la fin) sont dignes d’excellentes séries fantastiques… on sent que l’autrice sait parfaitement où elle veut nous emmener ! Le personnage de la petite soeur est à croquer, elle fait bêtises sur bêtises, aime regarder les livres à l’envers, colle des mouches sur son herbier. C’est une bouffée d’air frais dans ce monde que l’on imagine très sombre.

Ce roman faisait partie des trois finalistes du concours du premier roman organisé par Gallimard Jeunesse – RTL – Télérama en 2018. (A l’époque c’était Kamel Benaouda qui avait remporté le concours avec Norman n’a pas de super pouvoirs.) Ce récit d’aventures merveilleux dans un Londres rétro-futuriste n’a donc pas fini de parler de lui puisqu’il est annoncé comme le premier tome d’une trilogie ! Avis aux très bons lecteurs et amateurs de steampunk !

« Quand tout va mal, que vous n’avez sauvé personne, que vous êtes dans de sales draps, prisonnier dans un monde étrange, loin de chez vous, faire la fête pour oublier vos problèmes peut paraître une bonne solution. »

Dans la cité électrique, t.1 Le cercle des veilleurs, Sarah Andrès (Gallimard Jeunesse)
disponible depuis le 10 mars 2022
9782075148368 – 16€
à partir de 12 ans
Son
0

Grim, fils du marais – Gaël Aymon

Grim est un garçon muet qui a toujours vécu dans la dangereuse Forêt Mouvante. Après un terrible événement, il est contraint de fuir et découvre enfin le monde qui ne se limite pas à sa forêt. Il y découvre un système de castes, où chacun à son utilité – Nourrice, Construisant, Combattant ou encore Guérissant, Dame et Sieur, etc. Mais il se retrouve aussi bientôt mêlé à un vaste complot qui vise à renverser la Reine, leur mère à tous, et se lance avec de nombreux compagnons dans un périple pour la prévenir du danger qui la menace.

Quel univers ! Quel souffle et quel style ! Dès les premières pages de ce roman d’aventure singulier, oscillant entre fantasy et dystopie, on est complètement happé par le récit. Dans la peau et l’esprit de Grim, on découvre en même temps que lui ce monde étrange, construit autour d’une Reine toute-puissante qui a créé chaque être et leur a assigné des tâches précises et utiles au bon fonctionnement de leur civilisation et à la survie de l’humanité. Si l’univers présenté ressemble à ce que vous connaissez des sociétés de fourmis ou d’abeilles, ce n’est pas un hasard et l’analogie se dévoile tout le long du roman. Malgré le handicap de Grim, qui se trouve être bien gênant quand on veut comprendre, se faire comprendre et que l’on est détenteur de secrets, le garçon va s’attirer la protection et la sympathie de plusieurs personnages qui vont l’accompagner dans une quête aussi dangereuse qu’essentielle à la survie de tous ! Et, surtout, son regard neuf, voire naïf, sur le monde qu’il découvre sera le point de départ d’une réflexion juste et fascinante sur la notion de singularité et de collectif.

Car au-delà de l’aventure passionnante et haletante, le roman de Gaël Aymon est avant tout une magnifique réflexion sur la force de l’amitié. Qu’importe l’étrangeté de l’un, la différence de l’autre, l’important réside dans le respect et l’amitié que l’on porte à l’autre, l’acceptant dans son entier, avec ses qualités et ses défauts. Une notion simple et universelle qu’il n’est jamais inutile de rappeler… La singularité et la réussite de ce roman tient aussi au style, une écriture très visuelle qui éveille tout de suite notre imaginaire pour une immersion immédiate dans cet univers marécageux, et une voix curieuse qui se démarque, rappelant ce qu’a pu faire Patrick Ness dans Le chaos en marche. Elle est aussi dans la description de cet univers et de ces castes à la création et l’utilité aussi terribles que fascinantes, qui offre quelques bons moments de frissons et une certaine exigence qui provoque la réflexion. Enfin, les illustrations de Violaine Leroy qui accompagnent le récit. Toujours trop rares en littérature ado, elles apportent ici une vision de l’univers et son style au crayon et à l’encre adoucit l’âpreté du monde de Grim. Un roman palpitant et profond comme on les aime. Ne passez pas à côté ! ❤

Grim, fils du marais, Gaël Aymon, illustré par Violaine Leroy (Nathan)
disponible depuis le 9 septembre 2021
9782092492079 – 16,95€
à partir de 13 ans
Galerie
0

Starfell, Violette Dupin et le jour perdu – Dominique Valente

Vous avez égaré des clés, une chaussette ou même un dentier ? Adressez-vous à Violette, la plus jeune sorcière de la famille Dupin, qui retrouve tout ce qui a été perdu. Un don qui n’a rien d’excitant comparé aux autres membres de sa famille qui possèdent des dons puissants… Jusqu’au jour où Moreg Vaine, la plus redoutable des sorcières du royaume, demande à Violette de l’accompagner à la recherche… de mardi dernier. Ce jour a disparu de la mémoire de tous les habitants du royaume de Starfell !

Ce roman a tous les ingrédients pour plaire à de nombreux enfants : fantasy, aventure, humour et une galerie de personnages attachants ! On trouvera Oswin, un kobold (mélange de monstre sous le lit et de chat) au caractère épouvantable et très doué pour détecter les mensonges ; un voyant qui tombe dans les pommes ou encore une Calamity troll qui veut faire pousser des fleurs… Au fil du voyage de Violette et de Moreg Vaine, nous découvrons également le royaume de Starfell, royaume où la magie ne fut pas toujours tolérée. Le récit est très rythmé, les rebondissements ne manquent pas, on a vraiment envie de découvrir pourquoi le mardi a disparu, qui est derrière tout ça ?

Au début du roman, Violette Dupin souffre des moqueries dû à son pouvoir mineur, mais face à l’adversité, elle va progressivement prendre confiance en elle. Elle prendra très à coeur sa mission… et s’interrogera sur les effets secondaires d’avoir perdu une journée. Une très belle leçon de vie comme quoi chaque instant est important et qu’il faut faire très attention à ce que l’on souhaite dans la vie.

A noter, ce tome 1 se conclut très bien (sans cliffhanger) et on a hâte de découvrir les nouvelles aventures de Violette !

Starfell, t.1 – Violette Dupin et le jour perdu, Dominique Valente (Casterman)
disponible depuis le 27 mai 2020
9782203194717 – 14,95€
à partir de 9 ans
Galerie
0

L’épouvantable bibliothécaire – Anne-Gaëlle Balpe et Ronan Badel

Suzanne est un petit rat de bibliothèque (mais c’est une petite fille de 11 ans et demi, pas de confusion). Quand elle apprend qu’elle va passer ses vacances dans la ferme de sa tante Églantine avec UN seul roman, c’est la catastrophe ! Heureusement, une fois sur place, entre deux corvées à la ferme, elle apprend qu’un vieux manoir abrite une bibliothèque. Bizarrement, tout le monde semble avoir peur de cet endroit : la bibliothécaire serait une vieille sorcière acariâtre…

Découvrir une nouvelle bibliothèque, c’était pour elle comme accéder à une pâtisserie où elle aurait le droit de goûter à tous les gâteaux et de manger ses préférés en entier, gratuitement, sans restriction. L’amour de Suzanne pour les livres n’est pas sans rappeler le formidable personnage de Roald Dahl, Matilda. Ces deux héroïnes ont en commun le courage, la ruse et d’être un peu asociales. Heureusement Suzanne ne sera pas seule face à cette épouvantable bibliothécaire. Il faut souligner le côté démoniaque de la méchante bibliothécaire, elle est véritablement épouvantable ! Rapidement, elle va faire la connaissance, à son arrivée à la ferme, de deux personnages déjantés : Mo, une jeune fille bourrue et Marin, un garçon hypocondriaque. L’amitié est au coeur de l’intrigue et l’union fera la force.

L’histoire est déjantée et très drôle. En plein coeur de l’aventure, on retrouvera des pauses « infos insolites » sur les moutons, les bibliothèques ou les microbes – instructives et amusantes. Les illustrations de Ronan Badel apportent une chouette dynamique.

Un roman rythmé pour rire et trembler devant une aventure inattendue qui comprendra : fantôme, boule de feu, disparition. Un titre parfait pour les jeunes lecteurs – même pour ceux qui ne vont pas souvent en bibliothèque !

L’épouvantable bibliothécaire, Anne-Gaëlle Balpe, illustré par Ronan Badel (Sarbacane)
collection Pépix
disponible depuis le 5 février 2020
9782377313761 – 10,90€
à partir de 9 ans
Galerie
0

La fille qui pouvait voler – Victoria Forester

Les McNimbus sont une famille très traditionnelle. Betty est une fervente croyante qui pense que si les choses arrivent c’est de la faute à la Providence et son mari Joe est un mari discret, qui s’occupe beaucoup de la ferme dans laquelle ils vivent. Toutes les années pour ce couple se ressemblent jusqu’à l’arrivée très tardive d’un bébé : Piper. Elle arrive après 25 années de mariage. Imaginez ! Avec une arrivée aussi inattendue, comment cet enfant pourrait-elle être autrement que bizarre ?
Dès son berceau, Piper flotte dans les airs… et en grandissant (malgré les prières enfiévrées de sa mère pour que sa fille soit normale) va développer son don jusqu’à voler littéralement dans le ciel. Terrifiés de voir la nouvelle de cette anomalie se répandre, les parents essayent de dissimuler ses talents aux yeux du monde… sauf que ce pouvoir ne passe pas inaperçu. Du jour au lendemain, Piper qui n’a jamais été à l’école, n’a jamais eu d’amis, va se retrouver dans une école top secrète réservée aux enfants dotés de capacités hors du commun. Malheureusement l’école ne sera pas de tout repos pour Piper qui va devoir gagner sa place !

Piper est une héroïne terriblement attachante. Lumineuse, curieuse, naïve elle n’est pas sans rappeler l’héroïne Pollyanna de Eleanor H. Porter, un modèle d’optimisme. Les jeunes lecteurs prendront beaucoup de plaisir à découvrir l’école à travers son regard naïf, ses observations, son envie irrésistible de se lier d’amitié. Nous sommes très loin d’Harry Potter ou d’X-men ici. Les personnages secondaires, à savoir les élèves sont originaux, nous avons par exemple Conrad, un génie qui terrorise les plus jeunes, Bella Bonheur (la préférée de Lisette) qui a un don avec les couleurs, des jumeaux qui peuvent contrôler la météo ou encore Violette qui peut rapetisser à volonté.

L’intrigue est assez évidente mais comprend des trouvailles très originales. Je trouve cependant que parfois le rythme pourrait être plus effréné encore, il y a des longueurs au début notamment. L’autrice a eu le volonté première d’écrire cette histoire sous forme de scénario pour le grand écran et ensuite l’a adapté en roman (les petits incohérences de rythmes viennent peut-être de là). Même si ce roman se présente comme une saga (avec une suite donc?), je trouve que ce premier tome ne nous laisse pas sur notre faim et se suffit à lui-même. Un chouette roman pour les enfants qui parfois rêvent d’aller toucher les nuages !

La fille qui pouvait voler, Victoria Forester (Lumen)
disponible depuis le 19 mars 2020
9782371022683 – 16€
à partir de 10 ans
Galerie
0

Bordeterre – Julia Thévenot

Prenez place à bord du livre à destination de Bordeterre. Ce voyage de 536 pages vous amènera dans des contrées inconnues, où nul auteur n’avait jamais mis les pieds avant Julia Thévenot. Pour ce voyage vous serez accompagnée d’Inès, 12 ans et de son frère autiste Tristan, 16 ans. Attachez bien vos ceintures car nous allons passer dans des zones de turbulences littéraires (et ça fait des guili-guili joyeux dans le ventre).

Bordeterre. Ville perchée comme une plante sauvage sur une faille entre deux plans de réalité. Inès et Tristan tombent (littéralement) dans ce monde parallèle alors qu’ils promenaient leur chien. A peine arrivés nos deux héros se retrouvent poursuivis par un monstre à trois yeux, qui veut leur suçoter la tête…(Cliffhanger)

La terre vous soutienne, le bord vous retienne.

Rapidement, on apprendra qu’il existe trois plans, trois mondes : celui de Tristan et Inès (notre monde à nous), Bordeterre et le plan zéro où vivent des esprits. Dans ce plan zéro, qui se trouve être un lac très profond, on trouve des pierres très précieuses qui régissent la ville de Bordeterre. Mais ce n’est pas tout, les nouveaux arrivants (nos deux héros donc) deviennent transparents et leurs souvenirs de l’ancien monde s’effacent doucement grâce à un élixir goût grenadine. Il très difficile de résumer l’histoire tant j’ai envie de passer des heures à vous décourir l’univers dense et captivant. J’aimerais vous mettre le livre entre les mains et vous dire simplement : lisez-le ! Mais où est le côté fantasy vous demandez-vous d’un air curieux ? Dans le plan zéro ? Oui mais il y a beaucoup mieux : la magie est dans la musique ! La magie ici se chante (et en français s’il vous plaît !). Elle est cependant réglementée et ne peut pas être utilisée comme bon nous semble. Imaginez une monde où pour ouvrir une porte vous devez chantez Au clair de la lune. La magie est partout dans ce roman même dans les titres des chapitres. Et surtout elle est dans l’écriture de l’autrice.

Lisette n’a pas envie de vous dévoiler trop l’histoire car la richesse de ce livre vient de l’imbrication des récits, du plaisir de découvrir cette terre d’injustice. Mais il faut souligner la profondeur des personnages secondaires, les amours tordues et la rébellion qui gronde, monte crescendo. C’est un texte mené d’une main de maître(sse) par sa cheffe d’orchestre Julia Thévenot. (Coup de coeur intersidéral pour un dandy, amoureux de la poésie, coincé dans son château).

Ce premier roman est d’une très grande qualité, le style virevolte, chante, s’amuse à être littéraire pour le plaisir des mots. C’est un vrai roman fantasy jeunesse et j’insiste là-dessus ! C’est la jeunesse au grand coeur qui se révolte et aime.

Julia Thévenot entre avec fracas dans le paysage littéraire jeunesse et pour un premier roman, on ne peut qu’être époustouflé de sa qualité ! Et parce que Lisette avait très envie de pousser la chansonnette avec Julia, elle l’a questionnée sur ses goûts musicaux dont vous trouverez l’interview ici.

Bordeterre, Julia Thévenot (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible depuis le 4 mars 2020
9782377312252 – 18€
à partir de 14 ans
Galerie
0

Wicca : le manoir des Sorcelage – Marie Alhinho

Lisette a une confession à faire, elle adore l’univers de la sorcellerie, tout ce mouvement femme sorcière, femme sœur-cière qui s’émancipe…fait chaud à son petit cœur de bébé loutre.

Wicca nous présente la famille Sorcelage, une famille de sorciers très attachante, composée notamment d’Octobre et Avril, frère et soeur. Octobre est un hypersensible qui ressent les émotions et peut les influencer et Avril peut créer des tremblements de terre à chaque colère. Un jour, le cercle de pierres qui protégeait la région se brise, mettant tout le monde en danger… Ils vont devoir compter sur leur meilleure amie humaine Nour et un feu follet craquant pour empêcher des forces maléfiques de resurgir.

Dans ce manoir, pas de chat noir, ni balai, ni potion magique à base d’oeil de lézards. La magie utilisée par les Sorcelage – comme l’indique le titre – est une ancienne magie païenne : la Wicca (Ce mouvement religieux existe bel et bien et prône un culte à la nature, une belle découverte pour Lisette qui pense se reconvertir). On retrouvera, par exemple, dans le livre un petit précis à l’usage des wiccans indiquant qu’il faut «  S’aimer soi-même (même si c’est dur le matin) », un rituel de protection, qui viennent renforcer cette ambiance enchanteresse et rendent un aspect véridique à l’histoire.

Histoire qui m’a tenu en haleine, le rythme est bien dosé ! La plume de l’autrice mêle émotions et actions. Tous les personnages sont très attachants : Avril, la colérique douteuse, le sensible garçon Octobre (qui a les cheveux longs sur la couverture, pour vous ça ne veut pas dire grand chose mais pour moi ça veut dire beaucoup !), le feu follet hilarant qui se rend compte qu’être humain c’est douloureux (car oui on peut avoir des crampes et des courbatures) ou encore le manoir au mauvais caractère. Avril et Octobre vont devoir dévoiler leurs pouvoirs à leur amie humaine Nour pour combattre un monstre terrible qui se nourrit des mauvaises pensées que ses victimes s’adressent face à leurs reflets. Un monstre qui parlera aux adolescents mais pas que.

C’est l’illustratrice Diglee qui est aux commandes des illustrations, résultat : Lisette a eu envie de se faire tatouer tous les dessins tellement ils sont beaux ! Heureusement elle n’a pas encore l’âge.

Sous ses airs d’histoire sympathique, ce roman d’aventures/fantasy distille, comme un filtre d’amour, des notions d’égalité, de féminisme et de confiance en soi. Il aborde des préoccupations autour de l’image de soi, du regard des autres, de ses propres insécurités. Le tout de manière très naturelle et bienveillante à la lumière de la magie Wicca.

Un rituel magique est en préparation pour demander à l’autrice d’écrire des nouvelles aventures !

Wicca : le manoir des Sorcelage, Marie Alhinho, illustré par Diglee (Poulpe Fictions)
disponible depuis le 3 octobre 2019
9782377420872 – 12,95€
à partir de 9 ans
Galerie
0

Magic Charly, t.1 : L’apprenti – Audrey Alwett

Qui n’a pas envie en hiver de se faufiler sous une couette avec un thé et un bon livre, me jette la première citrouille ! Si vous cherchez un livre ensorcelant qui vous embarque dans des contrées magiques, Lisette vous conseille de vous ruer sur ce roman français d’Audrey Alwett – le premier tome d’une trilogie.

Charly, notre jeune héros de 14 ans, n’a rien de « magic », il vit avec sa mère et un chat snob. Il 
a une vie tranquille, jusqu’au jour où sa grand-mère, qui avait disparu voilà 5 ans, refasse apparition, mais celle-ci est devenue amnésique. Charly va découvrir que sa mamie fait en réalité partie d’une confrérie de magiciens et qu’on lui a volé ses souvenirs (par un personnage qui n’est pas sans RAPPELER LA MORT DE TERRY PRATCHETT). S’il souhaite l’aider, il va devoir faire une formation express de magicier (oui oui vous avez bien lu) et déjouer un terrible complot.


C’est un plaisir que de plonger dans ce monde magique qui regorge de codes, de nouvelles inventions gourmandes et farfelues. Vous découvrirez par exemple une théière perpétuelle qui fait un thé différent à chaque tasse qu’elle sélectionne en fonction de votre humeur ; des librairies qui marchent ; des moyens de locomotions qui poussent dans le jardin… et d’autres délicieuses inventions que je vous laisserai découvrir. Mais l’autrice dénonce aussi un monde où la magie est rare et donc commercialisée ; où le pouvoir est concentré dans des institutions douteuses…

Charly est un héros très attachant, il est accompagné de deux personnages féminins Sapotille, apprentie magicier comme lui et June, sa meilleure amie sans pouvoir. Ces deux héroïnes (Sapotille est ma préférée, June râle trop) vont aider Charly à gérer de nombreux rebondissements : des balais volants (qui se transforment en buissons), des tartes-chercheuses (qui s’écrasent sur les figures de leurs victimes) ou encore un dragon (pétrifié). Cependant, je me méfie de June qui, sous son air rebelle, pourrait jouer des mauvais tours ; nous verrons si ma suspicion est justifiée dans les prochains tomes.

Attention! La lecture de ce livre pourrait vous donnez envie d’adopter une serpillière magique au doux nom de Pépouze, Lisette est entrain de négocier avec Bob pour l’ajouter à leur ménagerie magique ★.

Magic Charly, t.1 L’apprenti, Audrey Alwett (Gallimard jeunesse)
disponible depuis le 6 juin 2019
9782075121453 – 16,50 €
à partir de 12 ans
Son
1

Pieds de bois – Lalou

Jansen, apprenti d’un grand professeur de botanique, ne rêve que d’aventures et de découvertes scientifiques. Un beau matin, il décide de mettre enfin son plan à exécution : intégrer l’équipage d’un navire sous une fausse lettre de recommandation pour vivre son rêve. Et si cette partie-là du rêve se réalise très vite, la suite de l’aventure va se révéler bien plus complexe et étrange qu’il ne le pensait…

A une époque qui n’est jamais réellement donnée, mais qui nous ramène quelques siècles plus tôt quand le commerce entre les continents était aussi l’occasion de découvertes scientifiques, Lalou nous offre un roman d’aventures aux doux accents de réalisme magique. Aux côtés de Jansen, nous voilà embarqués dans une histoire de marins qu’une catastrophe va contraindre à complètement revoir leurs croyances. Lorsque le Batavia, leur navire, est attaqué et dévorée par des drôles de bestioles, les voilà qui dérivent le long d’une île inconnue, répertoriée sur aucune carte. Quelle n’est pas leur surprise lorsque, débarquant pour trouver de quoi réparer leur bateau, ils tombent sur des géants à la peau de bronze qui, sous prétexte d’obéir au « Protocole », ne leur laisse aucunement explorer leur île, au grand dam de Jansen… Ces Hommes de Bronze, dont les expressions totalement anachroniques nous arrachent quelques sourires, nous intriguent autant que notre héros et, quand ils apportent aux marins en perdition la solution à tout leur problème, on ne doute pas que leurs trésors et leurs mystères attireront bientôt la convoitise…

Une île étrange et inconnue, un peuple mystérieux, il n’en faudra pas plus à Jansen – et à nous lecteurs – pour succomber à la fascination que tous ces éléments exercent, et le récit de Lalou, rondement mené, nous tient en haleine jusqu’au bout. Une fable qui montre aussi l’impact de l’impérialisme sur une population jusqu’à alors coupée du reste du monde – et pour une bonne raison, et rappelle habilement comment les erreurs se répètent, encore et encore. Un roman d’aventures somme toute classique dans sa construction, mais résolument moderne sur les thématiques écologiques et sociétales, qui trouve une saveur toute particulière dans son côté magique et son humour absurde. Une belle découverte ! (On regrettera simplement les nombreuses coquilles qui parcourent le roman…) qui ne sont plus présentes dans le tirage actuel ! allez-y les yeux fermés ! (ou grands ouverts…pour lire, c’est mieux !

Pieds de bois, Lalou (Zebulo)
disponible depuis le 14 janvier 2020
9791096163137 – 13€
à partir de 13 ans