Son
1

Sanglant hiver – Hildur Knútsdóttir

9791035200374,0-4146760

Si vous êtes comme Bob à ne pas supporter les chaleurs extrêmes, il vous propose de le suivre dans ce petit voyage islandais, qui, s’il vous rafraîchira sans doute, ne vous donnera peut-être pas envie d’y rester trop longtemps…

Vacances d’hiver. Bergljót et son petit frère Bragi partent avec leur père passer les vacances dans leur chalet familial tandis que leur mère travaille encore et toujours. Mais voilà qu’un jour, tout bascule : le pays entier est ravagé par un mal étrange, faisant disparaître la population. La petite famille va devoir alors apprendre à survivre…

★★★★☆

Amateurs de monstres et d’horreur, ce roman est fait pour vous ! Comme toujours dans le genre, on commence avec la rencontre d’une famille tout ce qu’il y a de plus normal : une ado qui veut aller à une fête avec toutes ses amies et le garçon qu’elle espère séduire ; un garçon qui a hâte de passer la nuit chez son meilleur ami à s’empiffrer de pizzas ; et des parents qui, après une année difficile, espèrent retrouver leur flamme en passant un week-end en amoureux. Mais quand la mère de Bergljót et Bragi est contrainte de rester à son travail, tout le programme change et les deux enfants partent en vacances avec leur père, loin de la ville. Et c’est sans doute ce qui leur sauve la vie quand l’horreur se déclare : toute la population – ou presque – disparaît dans d’horribles circonstances. Lorsque nos personnages s’en rendent compte, ils n’ont qu’une idée en tête : retrouver leur mère et épouse. Mais il semble que toute l’Islande soit tombée…il n’y plus âme qui vive, ou très peu, plus de communications, plus rien que des monstres qui hantent les rues…

Véritable survival, nous allons suivre Bergljót et son père, vite séparés de Bragi, dans leurs tentatives de survie dans un monde en proie au chaos et à l’impossible. Que se passe-t-il ? Qui sont ces monstres ? Viennent-ils vraiment d’un autre monde comme tout le monde semble le croire ? Ou est-ce autre chose ? Ce sont les réponses que nous aurons dans le deuxième et dernier tome de ce diptyque passionnant et terrifiant. L’écriture de Hildur Knútsdóttir, sans fioritures, qui alterne entre les points de vue de Bergljót et de Bragi, en déroutera peut-être (j’ai notamment trouvé que Bergljót semblait parfois plus jeune que son âge), mais apporte aussi une touche « d’exotisme » à ce roman qui nous fait également découvrir – un peu – la vie islandaise. Le côté horreur fonctionne lui très bien, ne nous épargnant pas les détails bien gores de la façon dont meurent les humains, et l’angoisse et la peur sont palpables tout au long de la fuite de Bergljót et sa famille. Un roman haletant, entre science-fiction et horreur, où le froid de la neige et de la terreur se glisse avec frissons de plaisir dans les interstices des fenêtres barrées de nos maisons. A découvrir !

Sanglant hiver, Hildur Knútsdóttir, traduit par Jean-Christophe Salaün (Thierry Magnier)
disponible depuis le 10 mai 2017
9791035200374 – 15,90€
à partir de 13 ans
Son
2

Power Club, 1. L’apprentissage – Alain Gagnol

9782748521504,0-3724343

En 2038, les super-héros sont aussi populaires que les boys-band dans les années 1990. Ils font partie du Power Club, groupe créé aux Etats-Unis, qui rassemble des jeunes entre 16 et 25 ans dont les parents ont assez d’argent pour leur offrir l’adhésion. Pour son anniversaire, c’est le cadeau que reçoit Anna de la part de ses parents ! Bientôt, elle se rend à New York, où l’opération qui lui verra attribuer ses superpouvoirs se déroulera…

★★★★☆

Dans ce premier tome d’une trilogie, Alain Gagnol nous présente un monde où les super-héros sont connus de tous, tels des acteurs ou des musiciens célèbres, et où ils ont obtenus leurs pouvoirs non pas par accident – comme c’est très souvent, voire tout le temps, le cas dans les histoires de super-héros que nous connaissons bien – mais grâce à la fortune de leurs géniteurs. Eh oui ! En 2038, pour devenir un super-héros, inutile d’avoir un sens aigu de la justice ou de vouloir faire le bien autour de vous et sauver la veuve et l’orphelin ! Demandez juste quelques millions de dollars à papa-maman et hop, vous rejoindrez le Power Club ! On vous inoculera alors des boosters, une petite merveille de la technologie qui vous garantira de voler dans les airs, une super-force, une résistance aux balles et autres trucs cools. En échange, vous participerez aussi à l’émission de télé-réalité hebdomadaire du club, signerez des contrats juteux pour devenir l’égérie d’une marque de cosmétiques et paraderez dans toutes les soirées branchées. Et sauvez les petites gens des grands méchants ? Ouais, bon, de temps à autres, quoi… quand c’est un peu chaud pour la police, histoire que des mecs bien entraînés pour des prises d’otage ou quoi ne se fassent pas canarder.

Anna va donc devenir la nouvelle membre du Power Club, malgré une réticence première due à son manque d’intérêt pour la célébrité et la frime qui lui semble émaner des autres super-héros. Et bientôt, si elle trouve les super-pouvoirs vraiment très cools, son envie d’être une véritable super-héroïne – sauver des vies, donc, être utile à la population – va se révéler être un problème pour le Club et ses dirigeants. Sans compter que, à son arrivée à New York, elle a entendu quelque chose qu’elle n’aurait pas dû entendre… Une information sensible qui concerne la mort du premier super-héros de l’histoire depuis la création du Power Club…

Avec ce premier tome de Power Club, Alain Gagnol signe un roman de super-héros passionnant, avec des scènes d’action surpuissantes, une sensation de voler avec Anna plus vraie que nature, et une réflexion super intéressante sur le pouvoir de l’image et de la célébrité. Le complot qui entoure la mort d’un super-héros du Power Club, l’enquête menée par Anna, sa relation si particulière avec l’incroyable technologie qui coule dans ses veines, tout cela donne une épaisseur de plus à ce roman très réussi, dont la fin jouissive nous donne encore plus envie de découvrir la suite des aventures d’Anna ! Alain, on est prêt pour le tome 2 ! 😀

Power Club, 1. L’apprentissage, Alain Gagnol (Syros)
disponible depuis le 5 janvier 2017
9782748521504 – 17,95€
à partir de 13 ans
Son
0

Cell. 7 : la mort vous regarde – Kerry Drewery

97820122057890-3385832

Une couverture métallisée, un œil qui vous regarde… Non, ce n’est pas la nouvelle saison de Secret Story, quoique, remplacez la maison par une prison et vous obtiendrez Cell.7, un nouveau genre de téléréalité…

Dans une Angleterre futuriste, le système judiciaire a évolué : la peine de mort a été rétablie et chaque citoyen peut voter pour ou contre l’exécution des prisonniers. Martha Honeydew a seize ans et elle est la première adolescente à entrer dans le couloir de la mort. Son crime : avoir assassiné Jackson Paige, une star de la téléréalité appréciée de tout le monde. Désormais, ce sont 2 millions de citoyens qui vont juger la jeune femme…

★★★☆☆

Martha Honeydew va passer sept jours, passant de cellules en cellules (une différente chaque jour), scrutée par les caméras et les millions de gens vivant dans cette Angleterre de science-fiction où les riches vivent séparés des pauvres et où règne une justice dite démocratique. « Mort = Justice », c’est le nom de l’émission de télé la plus populaire du pays où, chaque jour, est proposé un récapitulatif de ce qui se passe dans le couloir de la mort, où l’on voit évoluer les condamnés de cellule en cellule jusqu’à la Cell.7, celle de la chaise électrique. Mais c’est aussi dans cette émission que sont dévoilés les votes du public qui détermineront le sort des condamnés : il suffit de voter par téléphone ou sur Internet, moyennant quelques £, of course, ce qui, vous pensez bien, n’est pas à la portée de toutes les bourses…

Justice et corruption, univers de la téléréalité qui cache de bien sombres secrets, culpabilité et innocence, autant de thématiques développées dans ce roman bien ficelé qui multiplie les points de vue : celui de Martha, dans le couloir de la mort, qui clame haut et fort son crime ; Eve, son assistante juridique, dont le métier est en voie de disparition, qui pense qu’il y a bien plus derrière ce crime que ce que Martha dit ; et d’autres qui se révèlent au fur et à mesure de l’histoire. Il y a également l’émission « Mort = Justice » retransmise chaque jour dans le livre, et qui est peut-être son seul écueil puisqu’il n’est pas si simple de rendre à l’écrit ce qu’on nous décrit à l’écran (en tous cas, ces parties-là m’ont semblé moins faciles à lire et souvent répétitives : description du générique, des transitions, etc.). Malgré un univers finalement assez classique (les pauvres d’un côté victimes d’injustices et les riches de l’autre qui ont tout pouvoir) Kerry Drewery dresse le portrait d’une société terrifiante et nous interroge, plus que sur la peine de mort, sur le sens même de la justice. Un roman qui n’est pas sans rappeler un épisode de l’excellente série Black Mirror (mais je ne vous dit pas en quoi ou vous en perdriez la surprise) et qui, avec rythme et de bons ressorts, parvient à nous happer jusque la dernière page. Il semblerait que Cell.7 soit le premier tome d’une trilogie mais je trouve que, même si certains éléments peuvent appeler à une suite, il se suffit aussi à lui-même. Une lecture vraiment intéressante. 🙂

Cell. 7 : la mort vous regarde, Kerry Drewery, traduit par Christophe Rosson (Hachette romans)
disponible depuis le 28 septembre 2016
9782012205789 – 18€
à partir de 14 ans
Son
0

Sang-de-lune – Charlotte Bousquet

Il y a un an paraissait le sublime et poignant Là où tombent les anges. Pour cette nouvelle rentrée, Charlotte Bousquet revient dans la collection Électrogène pour nous livrer un roman où la femme est encore une fois au centre de l’histoire…

9782354884161,0-3396360

Gia est une sang-de-lune, une femme, une créature bien inférieure aux fils-du-soleil, les hommes qui règnent sur Alta. Comme toutes les femelles de la cité, elle est promise au mariage et à porter les enfants de l’homme que son père lui choisira. Mais Gia est profondément attachée à sa petite sœur, Arienn, qui ne rêve elle que de liberté. Ce désir impossible et illicite prend bientôt aussi de la place dans le cœur de Gia…

★★★★☆

Monde souterrain basé sur la croyance du combat entre le Soleil et la Lune contre les Ténèbres qui a précipité l’humanité dans les tréfonds de la roche, Alta est aussi une société où les femmes sont impures et faibles par nature. Par conséquent, elles peuvent être plus facilement sujettes à l’appel des ténèbres. A Alta, une femme ne peut absolument rien faire de sa vie à part servir les hommes lors des repas et enfanter leurs fiers garçons (si possible !). Bien sûr, si une femme contrevenait aux lois édictées dans le Livre du Soleil ou les Lois d’Alta, c’est le couvent ou la lapidation à mort.

C’est de cette vie absolument idyllique dont Gia veut sortir. Poussée par sa petite sœur et son insatiable désir de s’envoler vers la liberté, les deux jeunes filles tentent un jour leur chance. Mais si Alta est un endroit terrible pour une femme, le reste du territoire n’est pas forcément mieux : Horde de tueurs sanguinaires, Noctes exercés à voir en pleine noirceur et vers bizarroïdes capables de vous transformer en zombies peuvent sa cacher derrière chaque boyau. Mais il existe une dernière catégorie de gens qui font tout aussi peur aux gens d’Alta, et particulièrement à leurs dirigeants : les rebelles, les exilés. Heureusement pour Gia et notre histoire, c’est bien sur ces derniers que la jeune fille va tomber…

Je vous laisse découvrir le reste de ce roman encore une fois très bon de Charlotte Bousquet qui, si au début nous fait plutôt penser à une dystopie inspirée de la condition des femmes dans les sociétés moyen-orientales, se révèle être un véritable plaidoyer pour la condition des femmes DU MONDE ENTIER ! Car les situations vécues par ces sang-de-lunes, ces « femelles », ne sont pas exclusives à une certaine partie du monde ou à une certaine catégorie de personnes, et c’est ce qui fait aussi de Sang-de-lune un roman actuel et engagé.
Et pour en revenir à la fiction, même si j’ai trouvé la fin un peu trop rapide et que j’aurais aimé en savoir plus sur les secrets d’Alta et comment ils en sont « arrivés là », à cette société plus patriarcale tu meurs, le roman de Charlotte Bousquet est proprement captivant et toujours aussi bien écrit. Un très bon roman de science-fiction qui, je l’espère, trouvera un écho de révolte chez toutes les filles, jeunes filles et femmes…et aussi chez les mecs ! C’est surtout eux qu’il faut « éduquer », non ? 😛

Sang-de-lune, Charlotte Bousquet (Gulf Stream)
collection Électrogène
disponible depuis le 25 août 2016
9782354884161 – 17€
à partir de 14 ans
Discussion
3

Les pluies – Vincent Villeminot

On vous présentait hier Le copain de la fille du tueur, l’un des nombreux romans de la rentrée de Vincent Villeminot, histoire d’amour en plein thriller. Avec Les pluies, c’est encore une histoire d’amour qu’il nous propose et, même si l’éditeur insiste beaucoup là-dessus sur la quatrième de couverture (peut-être à tort ?), c’est aussi un roman entre aventure et science-fiction… 🙂

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Depuis des mois, il pleut sans discontinuer. Le niveau des eaux monte et, bientôt, Kosh et Lou doivent évacuer leurs maisons. Tous deux, avec leurs frères et sœur, attendant le retour de leurs parents pour partir mais très vite, il faut fuir. Juste à ce moment, les parents de Kosh arrivent mais un pont se brise et leur voiture est engloutie par les eaux furieuses du fleuve. Les enfants n’ont plus le temps, ils doivent quitter leur village. Réfugiés dans le clocher de l’église, ils attendent que les secours arrivent et tentent de survivre sous une pluie torrentielle et la montée des eaux…

Sous l’eau avec Bob

★★★★☆

C’est dans un monde similaire au nôtre que vivent Kosh et son frère Malcolm, la belle Lou, son petit frère Noah et Ombre, le bébé. Mais ce monde est ravagé par des pluies improbables, qui ne s’arrêtent jamais et qui génèrent des dérèglements climatiques importants. Lorsqu’ils perdent tout, les cinq jeunes sont obligés de survivre comme ils le peuvent et ce serait dommage de vous en dire plus sur leur survie ou l’aventure qui les attend (même si l’éditeur en révèle déjà beaucoup) car ce qui fait l’intérêt du roman, c’est justement cette surprise et cette découverte de ce monde sous les eaux chaque fois que l’on tourne une page. Il y a effectivement une histoire d’amour, celle de Lou et Kosh mais il y a aussi surtout cette confiance à construire entre chacun des enfants, les caractères différents, les difficultés à s’imposer ou se faire respecter, et celles inhérentes aux rencontres qu’ils feront. On retrouve tous les ingrédients d’un bon roman d’aventure : la quête, la séparation, les promesses, l’espoir, mais aussi ceux de l’anticipation ou de la science-fiction à tendance dystopique : la société qui s’effondre, la violence, la loi du plus fort. C’est vraiment prenant et on a hâte de découvrir la suite puisqu’il s’agit en réalité d’un premier tome !

A l’abri avec Jean-Michel

★★★★★

Grands Dieux ! Vincent Villeminot n’aurait pas pu choisir plus terrifiant comme cause mortelle : l’eau. Insidieuse, fourbe et toute puissante : que peut-on faire contre elle lorsqu’elle se déchaîne ? Il nous offre un avant-goût de ce qui, foncièrement, pourrait nous arriver. Bob trouve que ce roman relève de la science-fiction, je pense au contraire qu’il est pragmatique et on ne peut plus réaliste. Nos jeunes protagonistes sont fabuleusement dépeints et aucun n’est laissé au hasard : de Kosh qui devient leader du groupe et adulte par la même occasion, à Lou qui par la force des choses devient presque une mère, Noah et Malcolm qui se vouaient une haine mutuelle futile avant le déluge et désormais se serrent les coudes pour mieux survivre. Tous ont un rôle bien déterminé. Exemplaires et intelligents, ils nous prouvent que la survie est avant tout une question de courage et de ténacité.
Cher Vincent, tu m’as tant fait peur que tu viens de me décider à apprendre à nager.

Sachez que lorsque vous aurez terminé ce roman, une soif insoutenable de connaître la suite des événements se fera sentir. Ce sera dur, on vous prévient vous aurez la langue pâteuse. Le tome 2 ne sort qu’apparemment en février, c’est beaucoup trop long. C’est pourquoi nous vous suggérons à tous de harceler de mots d’amour l’éditeur afin que cette sortie soit accélérée. Vive Vincent Villeminot, vive la collection Lire en grand, vive le harcèlement.

Les pluies, Vincent Villeminot (Fleurus)
disponible le 9 septembre 2016
9782215132141 – 16,90€
à partir de 13 ans
Son
2

Macha ou l’évasion – Jérôme Leroy

9782748521900,0-3360369

Macha-des-Oyats a cent sept ans et vit dans le monde de la Douceur, où la nature, le respect de l’environnement et des autres a remplacé la violence et la technologie du monde de la Fin. Un jour, de jeunes gens viennent trouver Macha, la dernière à avoir connu ce monde terrible, et lui demandent de bien vouloir raconter son histoire, celle avant la Fin et l’arrivée de la Douceur…

★★★★★

Il y a dans le monde de la Douceur cette utopie qui manque depuis un certain temps dans la littérature d’anticipation et de science-fiction, notamment pour les adolescents. Jérôme Leroy renoue avec le genre dans cette histoire où Macha, une très vieille femme, vit dans un arbre, avec une communauté de gens tous plus sympathiques les uns que les autres. Le monde de la Douceur est né dans les ZAD voilà quatre générations et, désormais, les gens y vivent de la nature, de l’échange, du partage, sans technologie (en tous cas pas celle que l’on connaît et qui est à l’origine de la fin de l’ancien monde) ou notion d’argent, de propriété… Un vrai paradis ! Une utopie parfaite.

Lorsque trois jeunes gens viennent trouver Macha pour qu’elle leur raconte son histoire, celle d’avant la Fin, et non pas celle de la naissance de la Douceur dont ils ont déjà tant de témoignages, Macha est réticente, peu désireuse de retourner dans les tréfonds de sa mémoire, dans la violence et l’horreur qu’elle a connu adolescente. Pourtant, elle le fera, et c’est bien la plus grande partie du roman qui s’intéresse à cette enfance où Macha a vécu le pire. Je ne vous en dirais pas trop sur la vie d’avant de la centenaire, qui se découvre au fur et à mesure de la lecture mais tout se déroule à Nantes, dans une belle-famille de la haute société aux idées bien arrêtées alors que, dans la France de l’époque, les attentats s’enchaînent, les ZAD se multiplient, le parti politique nationaliste du Bloc Patriotique s’approche du pouvoir… Une situation qui n’est pas sans rappeler la nôtre… L’histoire de Macha, pleine d’émotion et de rébellion, nous montre tout le changement qui aura lieu entre le monde de la Fin et la Douceur dans laquelle elle vit désormais.

Un magnifique roman dans lequel Jérôme Leroy a choisi de nous montrer un futur positif et optimiste, qui ne sera peut-être pas le nôtre mais qui nous donne envie d’y vivre et d’y croire. Une très belle façon d’évoquer la politique et les problématiques actuelles. Beaucoup d’espoir, de chaleur et de lumière dans Macha en dépit de la dureté et de la violence vécue par la jeune fille, héroïne attachante et courageuse. Un roman lumineux à mettre entre toutes les mains ! 🙂

Macha ou l’évasion, Jérôme Leroy (Syros)
disponible le 25 août 2016
9782748521900 – 16,95€
à partir de 13 ans
Son
0

La Marque – Anne Loyer

Bob et Jean-Michel sont de retour ! Ils ont lu plein quelques livres pendant les vacances, dont ceux de la rentrée littéraire (celle des jeunes et des ados), et qu’on commence à vous présenter dès aujourd’hui ! 😀

9791090597587,0-3389606

Tous les 5 ans, le Peuple des tentes envoie ses enfants âgés de 15 ans qui possèdent la Marque à la cité-oasis de Kyos, où on leur promet un avenir radieux. Car le monde est un vaste désert et envoyer leurs enfants à la cité de Kyos, c’est assurer au reste de la famille de bénéficier de l’eau, denrée rare et gérée par la ville derrière les murs gigantesques. Bientôt, l’Appel résonne et Sika et Sek, deux jeunes Marqués, vont devoir s’avancer vers la cité-oasis…

★★★☆☆

Dans un monde dévoré par le soleil, un peuple tente de survivre aux pieds d’une cité dont chacun rêve d’entrevoir les merveilles. Car tous les cinq ans, les portes de Kyos s’ouvrent pour laisser entrer les jeunes Marqués destinés à vivre dans la ville merveilleuse. Les autres, ceux qui n’entreront jamais dans la cité, ce sont leurs parents, qui bénéficieront de rations d’eau suffisantes pour vivre décemment. Mais il y a aussi les Oubliés, ceux que la Marque ne choisit pas à la naissance, ceux qui sont rejetés et vivent au-delà des dunes, loin des heureuses familles d’enfants Marqués que sont le Peuple des tentes. Enfin, les Bannis, ceux que la cité rejette au dernier moment et qui rejoignent le camp des Oubliés. Et puis il y a Rey, l’Echappé. Cinq ans plus tôt, le garçon Marqué a tourné le dos à la cité prête à l’accueillir, à sa famille et à son petit frère Sek. Lorsque le nouvel Appel résonne, Rey réapparaît, avec l’idée d’empêcher son frère d’entrer dans Kyos. Mais Sek ne se laisse pas facilement convaincre, pas comme Sika que la naissance d’un frère, la mort d’une mère et les révélations d’une sage-femme vont l’inciter à se rebeller…

Avec La Marque, Anne Loyer nous propose une dystopie aux ressorts assez classiques dans un univers désertique où l’eau est le trésor et la malédiction d’un peuple soumis à la loi d’une cité fermée et mystérieuse. L’univers est vraiment intéressant, le suspens bien dosé et les secrets révélés au compte-goutte. Si le gros avantage de cette « énième » dystopie est qu’elle tient en un seul tome de 340 pages, c’est peut-être aussi son inconvénient ! Les événements s’enchaînent en effet très rapidement, les personnages et leurs décisions mûrissant très vite et donnant l’impression que toute l’histoire ne se déroule que sur 3 ou 4 jours, ce qui n’est sans doute pas le cas. A la fin, on reste aussi avec la sensation de ne pas avoir découvert tout de l’univers inventé par Anne Loyer, qu’on aurait aimé explorer plus en détails, d’être passé trop vite à un endroit ou de ne pas avoir toutes les clés du mystère. Il n’en reste pas moins un roman bien écrit et enthousiasmant, à proposer notamment aux lecteurs qui voudraient découvrir le genre. 🙂

La Marque, Anne Loyer (Bulles de savon)
disponible depuis le 17 août 2016
9791090597587 – 16€
à partir de 13 ans
Son
0

Memorex – Cindy Van Wilder

9782354883324,0-3260772

2022. Un an après l’attentat qui a coûté la vie à sa mère, Réha s’apprête à retourner chez son père, reclus sur leur île privée depuis la fameuse journée, pour une commémoration. Son jumeau Aïki sera également présent, un frère qui l’ignore complètement depuis la tragédie, à son plus grand désarroi. Mais peu avant de partir, Réha commence à recevoir des messages anonymes, des messages qui l’incitent à se souvenir…

★★★★☆

Des souvenirs qui n’aident assurément pas Réha dans son processus de deuil. Fille de Kassa Ayyadam, riche propriétaire de la société Memorex, spécialisée dans la recherche sur le cerveau, et de Carol, qui tenait la fondation Breathe, soutenant l’art contemporain engagé, Réha est une jeune fille bien née qui fréquente les meilleures écoles. La mort de sa mère sera non seulement terrible pour elle, mais va attirer également tous les regards sur leur famille, l’empêchant de vivre en paix. Une situation qui ne s’améliore pas quand elle commence à recevoir des messages anonymes lui intimant de se rappeler…mais se rappeler quoi ?

Roman d’anticipation, Memorex l’est assurément ! Le questionnement sur la mémoire et les manipulations de notre cerveau sont au cœur de cette histoire comme de notre actualité. Mais c’est surtout la partie thriller du roman qui va prendre le plus d’importance au fil de la lecture. Car ce qui devait être des vacances – peu joyeuses, certes – va très vite devenir un huis-clos angoissant et terrifiant, où les révélations vont exploser comme les bateaux susceptibles de permettre leur fuite. Réha va ainsi se retrouver coincée sur Star Island, l’île privée familiale, avec son père, son jumeau et sa petite amie Petite Miss Parfaite, Holly pardon, et oncle Mike, le père adoptif de Kassa. Et une tripotée d’ennemis, bien sûr.

Autant vous le dire tout de suite, vous n’allez pas lâcher ce roman ! L’écriture de Cindy Van Wilder est addictive. La construction, alternant entre le moment présent et les flash-backs, donne un rythme et une dynamique qui renforcent notre envie de continuer et de découvrir les secrets terribles de la famille Ayyadam, et notamment des expériences menées par le père de Réha, tel un docteur Frankenstein, une référence totalement assumée par l’auteure. Une intrigue bien menée, des personnages bien campés et un rythme soutenu, les amateurs de thrillers d’anticipation devraient se régaler ! 🙂

Memorex, Cindy Van Wilder (Gulf Stream)
collection Électrogène
disponible depuis le 6 mai 2016
9782354883324 – 17€
à partir de 14 ans
Son
9

Ne ramenez jamais une fille du futur chez vous – Nathalie Stragier

9782748520651,0-3131554

Pour cette première chronique de 2016, rien de mieux que de vous présenter un premier roman. Et si en plus il donne la pêche, c’est plutôt une bonne façon de commencer l’année. 🙂 Que cache donc ce titre à rallonge et cette couverture étonnante (oui, c’est bien un sèche-cheveux mais vous saurez tout en lisant…le livre !) ?

Andrea est une lycéenne sans histoire, préparant son voyage d’été avec son meilleur ami quand tout bascule. Elle rencontre en effet Pénélope, une fille totalement paniquée, persuadée de venir du futur et pour qui l’année 2019 est celle de la fin du Moyen âge, une époque barbare et dangereuse. Et lorsque Andrea la ramène chez elle, c’est véritablement le début des ennuis…

★★★★☆

« Une comédie à suspense décapante et addictive », voilà ce que vous promet l’éditeur…et il a carrément raison ! Vous n’allez pas lâcher ce roman qui se lit avec un véritable plaisir et qui brosse un portrait de notre société hilarant. Je n’ose pas en dire plus, de peur d’en révéler trop sur l’histoire, même si on la devine assez rapidement quand Pénélope parle de son monde à elle, mais sachez que le féminisme y est très présent. Le trait est parfois un peu forcé mais sert tellement bien l’intrigue que l’on ne peut s’empêcher de sourire, et de réfléchir aussi ! Une réflexion qui nous pousse à nous interroger sur les différences entre les hommes et les femmes, sur notre mode de vie…

L’écriture de Nathalie Stragier fait beaucoup dans ce roman. Fluide, rythmée et sans complexes, on tourne les pages sans s’en rendre compte et on s’attache instantanément à Andrea, à sa famille et à cette drôle de fille perdue dans les méandres d’un passé qui la terrifie. Il n’y a peut-être que le personnage de Mathias, le meilleur ami d’Andrea, que l’on regrette de ne pas connaître un peu plus au regard de l’importance qu’il semble avoir pour la jeune fille. Mais c’est bien Pénélope et ses drôles de réactions et réflexions qui nous intéressent le plus, nous intriguant sur son propre monde et nous faisant réaliser des choses sur le nôtre. En parlant de son monde, j’ai un autre petit regret : que le côté science-fiction du roman ne ressorte pas un peu plus, mais le sujet ne portant pas réellement sur le voyage dans le temps, on se rend très vite compte que c’est moins important que la société dans laquelle est née Pénélope et qui fera l’avenir d’Andrea. De plus, les mots de l’auteur (dans l’interview réalisée par Syros qui accompagnait le service de presse que nous avons reçu) laissent à penser que le roman pourrait avoir une suite… Nous en saurons sans doute plus à ce moment-là ! 😛

En tous cas, Ne ramenez jamais une fille du futur chez vous est le roman idéal pour commencer 2016 avec le sourire, et sans oublier la réflexion. Une très chouette découverte ! 🙂

Ne ramenez jamais une fille du futur chez vous, Nathalie Stragier (Syros)
disponible le 7 janvier 2016
9782748520651 – 16,90€
à partir de 13 ans

Son
6

Cité 19 – Stéphane Michaka

Avant d’être un livre, Cité 19 était aussi un feuilleton radiophonique diffusé il y a quelques années sur France Culture. Malheureusement, Bob n’a pas réussi à retrouver le podcast de l’émission pour vous le partager…alors à la place, il va vous parler du roman ! D’un autre côté, c’est ce qui vous intéresse le plus, non ? 🙂

MISE A JOUR : En fait, grâce à Catou31 (merci !), vous pouvez découvrir le premier épisode du feuilleton sur le site de l’auteur !

9782266241410,0-2744843

Faustine est passionnée par le XIXe siècle. Sa mère en était spécialiste avant sa disparition et son père est le gardien du Musée d’Orsay. Alors qu’elle s’apprête à passer son bac, elle apprend la mort de son père, tombé de la tour Saint-Jacques. Dévastée, elle l’est encore plus quand on lui demande d’identifier le corps et qu’elle ne reconnaît pas les mains de son père… Cette découverte annonce le début d’une aventure terrifiante qui va l’amener à suivre un homme dans une station de métro et se réveiller…150 ans plus tôt !

★★★★☆

Premier tome d’un diptyque qui trouvera sa conclusion en janvier 2016, Cité 19 mêle habilement les genres : un roman historique très bien documenté quand notre héroïne se réveille dans les faubourgs en construction d’Haussmann ; un thriller n’épargnant aucun détail sanglant quand Faustine se retrouve dans le Paris du Second Empire à enquêter sur un mystérieux meurtrier (ou une bête ?) qui éviscère ses victimes ; et un récit de science-fiction qui ne tient pas seulement au voyage dans le temps… Mais je ne peux rien vous dire sans vous gâcher la surprise qui a très bien fonctionné pour moi. 😛

Avec tous ces ingrédients, Stéphane Michaka signe un roman terriblement haletant, où l’on découvre une héroïne forte et indépendante, dotée de facultés dont elle s’étonne elle-même, et qui se retrouve embrigadée dans une enquête qui va la toucher plus qu’elle ne le pense. Il est difficile d’en dire plus sur le roman sans vous dévoiler des choses qui pourraient gâcher votre lecture et le suspense qui en fait tout l’intérêt. Néanmoins, sachez qu’il vous faudra patienter un petit peu pour arriver au cœur de l’histoire. C’est d’ailleurs dommage car le début du roman pourrait sans doute rebuter quelques lecteurs. Il n’y avait pas forcément besoin de s’attarder sur le passé de Faustine (en particulier sa période punk qui semble sortir de nulle part) qui n’apporte pas grand chose au reste du récit ou à la psychologie du personnage, ni même à ses amis de lycée qu’on oublie bien vite jusqu’à ce qu’ils réapparaissent vers la fin du roman. J’étais donc assez perplexe mais après ces 60 premières pages, en revanche, vous entrerez au cœur du récit et ne pourrez plus le lâcher avant d’être parvenu au bout…et regretter que la suite n’arrive pas plus vite ! 😛 Que ce début chaotique ne vous rebute pas, la suite en vaut véritablement la peine !

Cité 19, Stéphane Michaka (Pocket Jeunesse)
disponible le 15 octobre 2015
9782266241410 – 16,90€
à partir de 14 ans