Son
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Colorado train – Thibault Vermot

9782377310005,0-4371891

Durango, 1949. Dans cette petite ville perdue au fin fond de l’Amérique, une bande de copains se retrouve dans leur cabane, fabrique une fusée, se raconte des histoires qui font peur, retourne à l’école pour la rentrée… Jusqu’au jour où Moe, la terreur qui les embêtait, disparaît mystérieusement. D’abord soulagée, la petite bande finit par se demander comment Moe a pu disparaître…surtout quand on retrouve son corps, à moitié dévoré…

★★★★☆

Avec une telle couverture, on pense immédiatement à la récente série Stranger Things ou encore aux films Les Goonies ou Stand by me. Il y a un peu de tout ça dans ce premier roman de Thibault Vermot qui nous fait découvrir l’Amérique profonde d’après-guerre, dans une petite ville où les traumatismes sont bien présents, notamment celui d’une terrible affaire survenue quelques années plus tôt : une gamine retrouve éventrée. Une affaire qui ronge le shérif, père de Suzy, la seule fille de la bande, et Michael, dont le père a disparu après avoir été soupçonné d’être le meurtrier. Aux côtés des deux ados, on retrouve les inséparables Durham et George, génies constructeurs de fusées, Calvin, le petit frère de Michael, et Donnie, le p’tit gros qui aime bien zyeuter les filles. Biberonnés aux histoires de croque-mitaines et de wendigos, la bande se laisse entraîner dans une intense course-poursuite lorsque Moe disparaît puis est retrouvé les tripes à l’air. Mais ce que Michael et ses amis ne savent pas, c’est que le monstre qu’ils traquent n’attend qu’une occasion pour les traquer eux-aussi…et les croquer !

Frissons garantis dans ce Colorado Train et on recommande aux âmes un peu sensibles de ne pas lire le roman à la nuit tombée ! Thibault Vermot parvient à nous happer dans son récit dès les premières pages et, si on comprend assez vite la véritable nature du monstre, ce n’est pas là le plus important. Ce qui fait la force du roman, c’est son style, nerveux, âpre, sauvage, aussi acéré que les griffes du monstre ; ses personnages, ces gosses qui se laissent entraîner dans une affaire plus grosse qu’eux, qui va les mettre devant leurs angoisses les plus terribles, devant leurs faiblesses et démontrer toute la force de leur amitié ; son ambiance de tension permanente où le fantastique ne semble pas bien loin, où le goût du sang et de la poussière nous laisse la langue pâteuse ; et puis ce qui est dit, en filigrane, sur les séquelles de la guerre sur les hommes, la violence, la folie et la misère qui en découlent. Un premier roman intense et terrifiant où Thibault Vermot se pose en héritier français de Stephen King, avec le sang et les boyaux bien exposés sur la table. On vous aura prévenus ! 😛

Colorado train, Thibault Vermot (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible le 6 septembre 2017
9782377310005 – 16€
à partir de 13 ans
Son
0

I am Princess X – Cherie Priest

9782747058957,0-4105410May et Libby étaient les meilleures amies du monde. Ensemble, elles ont créé un personnage à qui elles faisaient vivre plein d’aventures : Princess X. Mais il y a trois ans, Libby est décédée dans un accident de voiture. Un jour pourtant, May découvre sur la vitrine d’une boutique un autocollant à l’effigie de cette héroïne qu’elle croyait enterrée avec son amie. Etonnée, elle découvre bien vite qu’il existe un compte Instagram où sont narrées en BD les aventures de Princess X et, en les lisant attentivement, May découvre des indices troublants… Son amie est-elle vivante ?

★★★★☆

Faites-vous partie de ceux qui ont vu la campagne de publicité dans les rues autour de l’univers de Princess X ? Si ce n’est pas le cas, rendez-vous sur Instagram ! Une fois votre curiosité bien attisée, Bob vous propose de vous précipiter sur ce très bon thriller, où la BD et le roman se mélangent avec une très grande réussite. En effet, pas toujours facile de concilier les deux ! Cherie Priest, elle, y parvient simplement et efficacement : les planches de BD, tout en violet réalisées par Kali Ciesemier, font partie intégrante de l’intrigue policière, elles n’ont pas qu’une vertu illustrative mais sont bien des éléments clés de l’histoire. Nous sommes ainsi comme May, qui découvre ce qui est arrivé à son amie disparue en même temps que nous, et qui entrevoit les indices glissés dans les cases. Si l’intrigue générale est relativement simple, c’est bien la façon dont elle est menée qui est particulièrement originale, ainsi que les personnages secondaires qui vont épauler May dans sa quête, et le parallèle entre la véritable histoire et celle de la fiction, de Princess X. C’est plutôt bien fichu et on se laisse entraîner de bout en bout, dans l’attente du dénouement final.

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Un roman qui n’est pas sans rappeler l’univers des comics et de ses super-héros. Princess X est une ado fringuée comme une princesse de Disney, couronne comprise, mais avec des Converse rouge et un katana pour seule arme. Son passé est terrible, ses parents sont morts et elle a été kidnappée par un dangereux malade pour des raisons aussi folles que malsaines. Des éléments qui paraîtront surréalistes à qui cherche un thriller noir ancré dans la société (d’autant que le final va un peu vite), mais qui plaira sans aucun doute à ceux qui accepteront cette influence. La thématique des réseaux sociaux et du hacking est également très intéressante dans le roman, et apporte beaucoup à tout l’univers virtuel déployé dans l’intrigue. Original et vivant, aussi sombre que punchy, I am princess X mêle habilement la BD et le roman, à découvrir !

I am Princess X, Cherie Priest, illustré par Kali Ciesemier, traduit par Vanessa Rubio-Barreau (Bayard jeunesse)
disponible depuis le 26 avril 2017
9782747058957 – 14,90€
à partir de 13 ans
Son
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La petite romancière, la star et l’assassin – Caroline Solé

Il y a deux ans, Caroline Solé sortait un premier roman percutant qui avait beaucoup plus à Bob. Cette année, elle récidive avec un roman au titre tout aussi long, toujours aussi percutant et avec une nouvelle manière d’aborder l’adolescence et la célébrité…

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Cheyenne a quinze ans et décide de mettre à profit les vacances sans sa famille pour réaliser son funeste projet : en finir avec la vie. Mais voilà que la célèbre actrice qui vit en face de chez elle débarque dans sa belle villa et que, une nuit, Cheyenne est témoin d’une scène étrange : un homme enterre le cadavre d’un enfant dans le jardin…

★★★★☆

C’est un rapport de police, mentionnant la découverte du cadavre d’un enfant dans la poche duquel figurait le portait de la star, qui ouvre le roman où les trois personnages principaux vont être interrogés. On commence avec Cheyenne, jeune fille mal dans sa peau qui voulait profiter de l’absence de sa famille pour mettre fin à ses jours mais qui, faute d’un peu plus de courage, se met à jouer les Fenêtre sur cour. Puis c’est au tour de Tristan, assistant de la star qui vit en face de chez Cheyenne, de raconter sa présence dans cette histoire et son désir de devenir cinéaste. Et enfin l’actrice, celle dont tout le monde parle et dont personne ne sait véritablement rien de sa triste vie. Comment ses trois personnages totalement différents peuvent-ils être liés ? Ont-ils vraiment quelque chose à voir avec le cadavre repêché de cet enfant ?

C’est bien la question qui nous taraude jusqu’à la fin du roman. Car, de déposition en circonvolutions, chacun des personnages va nous révéler bien plus que ce qu’ils pensent. Cela ne sera sans doute d’aucune aide à la police pour résoudre son affaire, mais cela nous ravira, nous lecteurs, de découvrir l’envers du décor, comment l’une assiste à une scène terrible, comment l’autre révèle la vérité sur son geste et comment la dernière observe malgré son absence. Ce procédé du huis-clos de la salle d’interrogatoire où chacun parle sans s’arrêter, jamais interrompu, fonctionne particulièrement bien, faisant monter la tension, nous emmenant sur des fausses pistes et révélant petit à petit le fin mot de l’histoire. Mais là où Caroline Solé est vraiment forte, c’est dans sa dépiction de l’adolescence et de ses affres, la dépression terrible dont souffre Cheyenne, la marginalité (on remarquera d’ailleurs que Christopher n’est pas loin…), la solitude induite par la célébrité. Des thèmes déjà abordés dans son précédent roman, qui trouvent une toute autre dimension dans ce récit à plusieurs voix particulièrement touchant.

La petite romancière, la star et l’assassin, Caroline Solé (Albin Michel Jeunesse)
collection Litt’
disponible depuis le 29 mars 2017
9782226396716 – 12€
à partir de 13 ans
Son
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Phobie – Sarah Cohen-Scali

Après le dérangeant mais fascinant Max, que l’on vous conseille de lire avec vos tripes bien accrochées dans vos bidous, Sarah Cohen-Scali explore les plus infimes recoins de notre conscience dans un roman entre cauchemar et…cauchemar.

9782354884598,0-3710514Depuis qu’elle a cinq ans, Anna est terrorisée par le croque-mitaine. Car c’est le monstre du placard qui a tué son père, elle en est persuadée, même si tout le monde lui dit qu’il s’est tout simplement enfui en les laissant seules, sa mère et elle. Malgré les thérapies, la jeune fille ne s’est jamais débarrassée de son cauchemar et, lorsqu’elle se réveille dans une cave sombre à l’odeur de moisi, une peur terrible s’instille en elle : le croque-mitaine va-t-il la tuer elle-aussi ?

★★★☆☆

Huis-clos angoissant mâtiné de références aux contes de fées, Phobie joue très bien le jeu de la peur, de l’ambiance malsaine et de la difficulté à voir ce qui tient du fantasme ou de la réalité. Anna est une jeune fille troublée, incapable de passer la nuit hors de chez elle, en proie à des angoisses que personne ne comprend et traumatisée par la disparition de son père. Est-il mort ? Juste disparu, comme tant d’autres hommes qui abandonnent leurs familles quand tout va mal ? Seuls les souvenirs agréables en sa compagnie, quand il lui lisait des contes de fées, la font tenir. Jusqu’au jour où elle est mystérieusement invitée à une fête d’Halloween. Est-ce là une opportunité de retrouver son père ? Quand Anna se réveille dans cette cave, elle comprend que cette fête était une erreur et que son cauchemar ne fait que (re)commencer…

Phobie s’intéresse à nos peurs les plus profondes, aux traumatismes de l’enfance et à leur éventuelle résolution. Pour cela, nous ne suivrons pas que la séquestration d’Anna, aux prises avec un ravisseur maléfique, mais aussi le commandant Ferreira, le policier en charge de l’enquête sur l’enlèvement de la jeune fille, qui va devoir s’associer à un psychiatre pour essayer de la retrouver. Car selon le docteur Fournier, la clé de l’enlèvement d’Anna se trouve dans son passé. Et si Ferreira parvient à résoudre la disparition du père d’Anna, alors il retrouvera la fille…

Avec Phobie, Sarah Cohen-Scali mêle les genres et joue avec leurs codes. Si la première partie relève de l’angoisse et du thriller avec une grande efficacité (on frissonne en découvrant cette atmosphère glauque, sordide de la séquestration d’Anna et des parallèles avec certains contes de fée), la résolution de l’enlèvement d’Anna intervient en plein milieu de roman pour entamer alors une autre dimension de l’histoire…que je ne peux vous révéler sans tout vous gâcher ! Et c’est peut-être ce qui m’a le moins emballée dans Phobie, cette deuxième partie où, même si l’enquête continue, l’angoisse disparaît totalement au profit d’autre chose. C’est compliqué de vous expliquer pourquoi sans vous dévoiler quoi que ce soit… 😛 En tous cas, pour la partie horrifique, le pari est tenu et, si vous n’avez pas peur du croque-mitaine, lancez-vous ! Amateurs de thrillers angoissants, n’hésitez pas non plus à vous plonger dans l’univers de Phobie. Pour les petites natures, passez votre chemin…

Phobie, Sarah Cohen-Scali (Gulf Stream)
collection Électrogène
disponible le 9 février 2017
9782354884598 – 18€
à partir de 14 ans
Son
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Power Club, 1. L’apprentissage – Alain Gagnol

9782748521504,0-3724343

En 2038, les super-héros sont aussi populaires que les boys-band dans les années 1990. Ils font partie du Power Club, groupe créé aux Etats-Unis, qui rassemble des jeunes entre 16 et 25 ans dont les parents ont assez d’argent pour leur offrir l’adhésion. Pour son anniversaire, c’est le cadeau que reçoit Anna de la part de ses parents ! Bientôt, elle se rend à New York, où l’opération qui lui verra attribuer ses superpouvoirs se déroulera…

★★★★☆

Dans ce premier tome d’une trilogie, Alain Gagnol nous présente un monde où les super-héros sont connus de tous, tels des acteurs ou des musiciens célèbres, et où ils ont obtenus leurs pouvoirs non pas par accident – comme c’est très souvent, voire tout le temps, le cas dans les histoires de super-héros que nous connaissons bien – mais grâce à la fortune de leurs géniteurs. Eh oui ! En 2038, pour devenir un super-héros, inutile d’avoir un sens aigu de la justice ou de vouloir faire le bien autour de vous et sauver la veuve et l’orphelin ! Demandez juste quelques millions de dollars à papa-maman et hop, vous rejoindrez le Power Club ! On vous inoculera alors des boosters, une petite merveille de la technologie qui vous garantira de voler dans les airs, une super-force, une résistance aux balles et autres trucs cools. En échange, vous participerez aussi à l’émission de télé-réalité hebdomadaire du club, signerez des contrats juteux pour devenir l’égérie d’une marque de cosmétiques et paraderez dans toutes les soirées branchées. Et sauvez les petites gens des grands méchants ? Ouais, bon, de temps à autres, quoi… quand c’est un peu chaud pour la police, histoire que des mecs bien entraînés pour des prises d’otage ou quoi ne se fassent pas canarder.

Anna va donc devenir la nouvelle membre du Power Club, malgré une réticence première due à son manque d’intérêt pour la célébrité et la frime qui lui semble émaner des autres super-héros. Et bientôt, si elle trouve les super-pouvoirs vraiment très cools, son envie d’être une véritable super-héroïne – sauver des vies, donc, être utile à la population – va se révéler être un problème pour le Club et ses dirigeants. Sans compter que, à son arrivée à New York, elle a entendu quelque chose qu’elle n’aurait pas dû entendre… Une information sensible qui concerne la mort du premier super-héros de l’histoire depuis la création du Power Club…

Avec ce premier tome de Power Club, Alain Gagnol signe un roman de super-héros passionnant, avec des scènes d’action surpuissantes, une sensation de voler avec Anna plus vraie que nature, et une réflexion super intéressante sur le pouvoir de l’image et de la célébrité. Le complot qui entoure la mort d’un super-héros du Power Club, l’enquête menée par Anna, sa relation si particulière avec l’incroyable technologie qui coule dans ses veines, tout cela donne une épaisseur de plus à ce roman très réussi, dont la fin jouissive nous donne encore plus envie de découvrir la suite des aventures d’Anna ! Alain, on est prêt pour le tome 2 ! 😀

Power Club, 1. L’apprentissage, Alain Gagnol (Syros)
disponible depuis le 5 janvier 2017
9782748521504 – 17,95€
à partir de 13 ans
Son
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Louis Pasteur contre les loups-garous – Flore Vesco

Après nous avoir époustouflé par son inventivité dans le génial De cape et de mots, Flore Vesco revient avec un nouveau roman dans ce style si particulier dont elle ne démord pas… (attention, premier jeu de mots !) 😛

97822780855520-3654823

Paris, 1840. Le jeune Louis Pasteur, boursier débarqué de son Jura natal, rejoint la prestigieuse Institution Royale Saint Louis dans l’espoir de mener à bien ses recherches scientifiques. Mais entre les difficultés que lui font ses professeurs ou ses camarades de classes, sa rencontre avec la jolie Constance et les mystérieuses attaques nocturnes qui ont lieu dans l’école, les plans de Louis sont quelque peu bouleversés… Heureusement que tous ces événements sont finalement un bon moyen d’observer et de mettre en pratique quelques idées…

★★★★☆

Après Orgueil et préjugés et zombies et Abraham Lincoln, chasseur de vampires, c’est au tour d’un héros français de se confronter à des créatures diaboliques. Bon… en vrai, ça n’a pas grand-chose à voir avec ces parodies littéraires ou cinématographiques, mais si vous cherchez quelques idées pour Halloween… Et si vous avez plutôt envie d’une bonne histoire d’aventure, c’est assurément le nouveau roman de Flore Vesco que vous devez lire ! On retrouve dans Louis Pasteur contre les loups-garous tous les ingrédients qui nous avaient plu dans De cape et de mots : un univers historique, des personnages étonnants et courageux et un style inimitable où l’on goûte à un vocabulaire riche et à un humour fin et délicieux !

Mais là où Serine maniait les mots avec malice et inventivité, Louis est plutôt expériences scientifiques et bombes artisanales. Les amateurs de Science et vie junior devraient donc aussi s’y retrouver car Flore Vesco a clairement fait chimie 2e langue au collège. Avec les sciences au cœur du roman, chaque chapitre s’ouvrant d’ailleurs sur sa composition chimique (humoristique, bien sûr), l’auteure nous invite en effet à nous rendre compte des découvertes importantes que Louis Pasteur a mis en lumière au 19e siècle. Et c’est vrai qu’à part le vaccin contre la rage ou la pasteurisation, Bob ne se rendait pas compte que le monsieur avait fait plein d’autres choses ! Bon, ok, mais si on aime pas trop les sciences ?

N’ayez crainte, le roman n’est pas une biographie de Louis Pasteur mais bel et bien une aventure palpitante, un petit peu angoissante mais surtout fantastique ! Car oui, il y a bel et bien des loups-garous dans l’école et c’est ce mystère qui va faire de notre Louis un enquêteur nocturne aux côtés de la jolie Constance, une jeune fille de bonne famille qui se révèle intrépide et qui n’est certainement pas en reste lorsqu’il y a de l’action ! On croisera également des concierges étranges, des professeurs suspects ou des élèves pédants ou malchanceux, le tout enrobé dans une intrigue aux petits oignons, qui ne manque ni de piquant ni d’un humour qui est bien la patte de l’auteur. Quelle sera la prochaine créature dont Louis Pasteur devra se débarrasser ? Nous le saurons sans doute dans le tome 2 ? 😛

Louis Pasteur contre les loups-garous, Flore Vesco (Didier Jeunesse)
disponible depuis le 21 septembre 2016
9782278085552 – 15€
à partir de 11 ans
Son
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Les aventures rocambolesques de l’oncle Migrelin – Elzbieta

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Lorsqu’il avait 9 ans, Migrelin a vécu une aventure avec sa grand-mère et s’est même fait enlever ! Des années plus tard, son neveu retrouve ses archives, constituées de coupures de presse, de rapports ministériels top secret, de lettres…

★★★★☆

Connue pour ses albums, Elzbieta se lance dans le roman pour la jeunesse et, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette entrée est tout simplement renversante ! Ce drôle de petit roman, qui nous est raconté par le neveu de Migrelin, est composé de plein de petites choses étonnantes : entre le récit de la découverte de ces archives par le neveu et ses suppositions sur l’aventure qu’a vécue son oncle, on trouve des rapports du cabinet du Ministère des Affaires Etranges (quel est donc ce ministère étrange ? et comment l’oncle est-il entré en possession de ces papiers ?), des rapports de police, des coupures de journaux, des correspondances bizarre de la grand-mère de Migrelin avec un magicien… Bref, un monceau de pistes pour tenter de découvrir ce qui s’est réellement passé quand Migrelin avait 9 ans et, surtout, ce que peuvent bien être ce dragon et ce « kikilapondu » qui semblent au cœur de cette étrange affaire.

Un roman totalement déjanté, parfaitement rocambolesque, faisant ainsi honneur à son titre, qui ravira les amateurs d’enquête policière et de loufoque. Il est en plus très court, se lit avec une curiosité et un intérêt croissant (bah oui, quand même, c’est vachement bizarre tous ces trucs), nous emportant dans cette aventure incroyable et dans laquelle certaines de nos questions risquent malgré tout de rester sans réponse… C’est étonnant et détonant et c’est le genre de petit roman qui fait du bien à lire ! On en redemande ! 😀

Les aventures rocambolesques de l’oncle Migrelin, Elzbieta (Le Rouergue)
collection DacOdac
disponible depuis le 3 février 2016
9782812609947 – 8€
à partir de 8 ans
Discussion
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N’y pense plus, tout est bien – Pascale Maret

Pascale Maret a visiblement été très inspirée par un fait divers, mais en se concertant avec Bob, on s’est dit que vous réveler lequel enlèverait toute surprise et on serait bien embêtées si vous nous en vouliez…donc nous ne spolierons point.

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Martin, 13 ans se retrouve sans famille du jour au lendemain. Élevé ensuite par sa tante, il prendra la décision le jour de ses 18 ans, d’embaucher un détective privé qui pourrait l’aider à retrouver la trace du responsable de l’éradication de sa famille à la suite de la découverte d’un indice crucial. Direction la Patagonie pour une chasse au coupable qui remue, où la détermination d’un jeune homme reste l’un des éléments des plus marquants du roman.

Don’t think twice, Jean-Michel

★★★★☆

Sur fond de Bob Dylan, Pascale Maret nous fait vivre une forte expérience, nous parle de désir de clôture, de deuil avec sans doute un soupçon de vengeance qui ère dans un recoin du cerveau tourmenté d’un jeune homme qui ne demande qu’à se re•construire. Je ne m’attendais pas à un début de roman aussi dantesque, une scène douloureuse et étourdissante qui annonce brillamment la suite du roman. L’élément selon moi qui marque le plus le roman ? La maturité de Martin. L’innocence balayée en un coup de pelle, mais sa réflexion reste intacte : il comprend qu’il n’est en rien responsable de la disparition de ses proches. Cependant sa détresse demeure et se traduit par le besoin irrémédiable d’aller au bout de sa piste, la clôture nécessaire du chapitre de sa vie, celle de sa mère, de sa sœur Laure et de son frère Lucas. Ce gros garçon de 13 ans autrefois terrassé par la peur derrière la rambarde de l’escalier s’est transformé en homme qui a réchappé deux fois à la mort par sa bravoure, son incorruptibilité et sa détermination. On souhaite à Martin un bonheur sans encombres ni démons, avec des souvenirs triés sur le volet, précieux et intemporels tels que les sourires des membres de sa famille disparue. Ça tire sur le canal lacrymal, c’est d’une puissance prodigieuse, merci Pascale pour ce moment mémorable.

It’s all right, Bob

★★★★☆

Jean-Michel a tout dit ! J’ajouterais simplement que Pascale Maret n’a pas son pareil pour écrire des histoires tirées de faits divers avec autant de souffle. J’avais adoré sa version de l’histoire de Colton Harris-Morre, dans La véritable histoire d’Harrison Travis, hors la loi, racontée par lui-même et j’ai retrouvé ce côte aventureux dans ce nouveau roman, même si la tragédie est ici bien plus grande. Pascale Maret joue avec toutes nos émotions, depuis l’horreur jusqu’à l’espoir, dans cette quête qui nous emmène au bout du monde.

N’y pense plus, tout est bien, Pascale Maret (Thierry Magnier)
collection Grand format
disponible depuis le 23 mars 2016
9782364748408 – 11,50€
à partir de 14 ans
Son
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Tant d’étoiles dans la nuit – Charlotte Bousquet

Après un roman absolument magnifique sur fond de Première Guerre mondiale, Charlotte Bousquet revient en ce début d’année avec un roman plus actuel et sans doute plus « léger », même s’il y a également de la noirceur qui se niche en son cœur. Sortez les vestes gothiques et le maquillage sombre, nous allons au concert de Jace D. !

9782700249422,0-3064177Summerfest, début juillet. Alors que des milliers de fans sont rassemblés pour assister à des concerts de rock et de métal, Jace D., chanteur célèbre de pop métal, est attiré à l’écart du festival par de mystérieux textos. Abattu froidement, Jace se retrouve à l’hôpital, dans le coma, entre la vie et la mort. Tandis que l’enquête cherche à trouver le coupable, l’entourage de Jace se remémore son ascension musicale…

★★★★☆

Dans ce roman choral, Charlotte Bousquet propose 4 voix principales : Ellen, ex-petite amie longue durée de Jace un peu naïve et romantique, étudiante en littérature classique britannique ; Sidney, meilleure amie introvertie de Jace et guitariste de son groupe, qui le connaît depuis qu’ils sont gosses ; Lee, ancien manager du chanteur qui a assisté au meilleur de sa carrière ; Angeni, amérindienne et ex-conquête d’un soir de Jace. S’y ajoutent des voix plus rares : celle de Carl, le père de Jace ; de l’inspectrice Morgan, en charge de l’enquête et, en tout dernier, celle de Jace. La particularité de toutes ces voix – hormis les deux dernières – c’est de s’adresser directement à Jace, avec un « tu » qui donne une véritable force à tout ce qu’ils ont à dire à celui qui repose dans un lit d’hôpital. Chacun va se remémorer les moments les plus importants qu’ils ont eus avec Jace, comment celui qui était adulé par des milliers de fans, a enchaîné les conquêtes, a chanté en duo avec Marylin Manson, était en réalité un sale type. Car très vite, le portrait qui nous est brossé de la rock star n’est pas brillant et, alors, tout le monde devient suspect à nos yeux.

Le tour de force du roman de Charlotte Bousquet est de nous faire douter jusqu’à la dernière page, de nous faire croire que l’on tient le coupable alors que ce n’est pas le cas… Mais, surtout, c’est de nous faire passer un moment de lecture remarquable et intense dans cet univers de la musique, de la célébrité, de l’amitié et de l’amour inconditionnel qui interroge notre conception du bien et du mal. Les paroles de chanson de Jace D., qui accompagnent notre lecture, ajoutent au réalisme de ce thriller terriblement bien mené, où les émotions ne sont pourtant pas en reste. Les amateurs de métal apprécieront les petites références qui parsèment le récit, les autres auront sûrement la curiosité d’aller les découvrir. Un roman sombre mais cruellement addictif. Passionnant ! 🙂

Tant d’étoiles dans la nuit, Charlotte Bousquet (Rageot)
disponible depuis le 9 mars 2016
9782700249422 – 14,90€
à partir de 14 ans
Son
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Cinémonstres – Stéphane Tamaillon et Laurent Audouin

Aventures et frissons sont au programme de ce beau dimanche où il fera bon découvrir quelques classiques du cinéma de genre. C’est parti ! 😀

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Brooks est la fille du célèbre réalisateur Harry Hausen et a grandi auprès des plus stars les plus glamours d’Hollywood et les meilleurs techniciens du cinéma. Cet été, toute l’équipe débarque en Amazonie pour le nouveau tournage d’Harry : un film de monstre ! Mais le lagon qu’ils ont choisi est réputé maudit et, bientôt, Rose Glamour, la star du film, est enlevée…

★★★★☆

La créature du lagon maudit, c’est la toute première aventure de Brooks dans la série Cinémonstres (qui comptera au moins 4 tomes, le prochain paraissant en août), créée par Stéphane Tamaillon (dont on vous a commenté son précédent roman et qu’on aime beaucoup ici) et Laurent Audouin (que vous connaissez sans aucun doute pour la série des Enquêtes de Mirette chez Sarbacane aussi). Ceux qui sont un peu vieux reconnaîtront sûrement les nombreuses références, à commencer par le film qui a inspiré cette première aventure : L’étrange créature du lac noir (1954). Quant aux plus jeunes, ils auront tout simplement le plaisir de découvrir une histoire complètement dingo, une jeune héroïne pleine de courage, des adultes colériques, trouillards et pas très débrouillards, et un monstre terrifiant…ou pas ?

Moi c'est pas tant le monstre qui me fait frissonner que le menton proéminent d'Edward...

Moi c’est pas tant le monstre qui me fait frissonner que le menton proéminent d’Edward…

Un petit roman au format album, qui ravira les amateurs de mystère et de monstres. L’écriture de Stéphane Tamaillon est efficace et énergique, les jeux de typographies et de bulles façon BD donnent encore plus de pep’s et les inventions de mots du père de Brooks enrichissent l’humour déjà bien présent de l’histoire et des personnages. Les illustrations de Laurent Audouin, riches et colorées, souvent en pleine page, se marient parfaitement au texte : Brooks en est encore plus pétillante, l’Amazonie terrifiante et la créature du lagon…pas si effrayante ? Un duo qui fonctionne en tous cas à merveille et que l’on a hâte de retrouver pour le prochain tome qui nous emmènera dans le froid de l’Alaska… Vivement le mois d’août ! 😛

Et pour ceux qui sont du côté de Poitiers, sachez qu’il y a une exposition en 3D à la Fnac de la ville jusqu’au 12 mars ! Une très chouette occasion de découvrir le livre, non ?

Cinémonstres – 1, La créature du lagon maudit, Stéphane Tamaillon, illustré par Laurent Audouin (Sarbacane)
disponible depuis le 2 mars 2016
9782848658506 – 12€
à partir de 8 ans