Discussion
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Songe à la douceur – Clémentine Beauvais

Après le succès incroyable de son dernier roman, Les petites reines, dont on attend avec impatience de voir l’adaptation théâtrale ET cinématographique, nous avions également hâte de découvrir le nouveau roman de Clémentine Beauvais dont, à moins d’habiter sur une autre planète, vous avez déjà sans doute entendu parler. 🙂 Bob et Jean-Michel vous le présentent, et une fois n’est pas coutume, sont en total désaccord ! Let the fight begin!

9782848659084,0-3389543Tatiana rencontre Eugène un été. Elle a 14 ans, lui 17, et n’ont rien d’autre à faire que parler… Tatiana tombe amoureuse et semble-t-il que lui aussi. Jusqu’à ce qu’une lettre et un accident les sépare pour de bon. Mais dix ans plus tard, ils se retrouvent par hasard… Adaptation en vers libre du roman de Pouchkine et de l’opéra de Tchaikovsky, tous deux intitulés Eugène Onéguine.

Dans les rêves de Jean-Michel

★★★★★

J’ai su que j’allais aimer ce roman au moment où Clémentine a mentionné Roch Voisine, mais aussi la vitesse de connexion internet de 2006, Msn, Skyblog, Dromadaire.fr, Tchaïkovski et Laurent Binet. Une écriture lyrique, presque théâtrale où les mots gigotent au gré des rimes rendant tout acte décrit, langoureux et délicat. Et l’omniprésence de la fraîcheur, on en parle ?

« Je voudrais un exemplaire de la sensation de ses deux doigts sur mon poignet
Oh là là vous êtes sûre ?
Certaine
Vous savez que ça vous garantis de ne pas dormir avant trois heures, trois heures et demie du matin ces choses-là !
Je sais, mais j’en ai besoin
C’est très addictif, je dois vous avertir.
Je ferai attention
Bon. Si vous le dites. Veillez à respecter les précautions d’emploi. »

Les affres de la passion se dessinent dans le texte de Clémentine, celles des relations amoureuses aussi. On les croit profondes, elles ne sont que superficialité et égoïsme de la jeunesse. On les croit superficielles, elles représentent le véritable amour. On ne sait malheureusement tout cela qu’à la fin, quand tout est brisé. Tatiana et Eugène le savent. C’est mouvementé et efficace « il m’a claqué la porte au cœur » avec des images fortes au fil des rimes. Ma citation préférée reste celle-ci :
C’est frêle, ces jeunes personnes tellement éblouies par le jour, qu’elles ne sont pas apprêtées pour la nuit
Même si l’écriture de Clémentine est douce, il flotte de l’amour amer teinté de violence. Je suis on ne peut plus ravie par la clôture du roman qui offre la certitude qu’une histoire d’amour reste toujours complexe. Tatiana est tiraillée entre la flatterie d’un homme qui l’a rejeté et désormais ne veut qu’elle…et le désir ardant de s’en protéger : c’est si commun mais si peu exploité dans les romans pour adolescents. Jusqu’aux bout des doigts de son auteur donc, l’audace est présente à toutes les pages. Songe à la douceur est un titre bien pensé. Mais tout de même, j’ai hâte d’avoir la réponse à cette question : comment Léa, Guillaume et Florence, respectivement 15, 14 et 13 ans, vont-ils comprendre cette histoire d’amour de trentenaires ? Un livre qui promet en prime de nombreux débats.

Sur un nuage avec Bob

★☆☆☆☆

C’est un roman atypique et audacieux que nous propose Clémentine Beauvais avec Songe à la douceur et s’il remporte déjà tous les suffrages, dont celui de Jean-Michel, Bob a été beaucoup moins emballé. Est-ce cette écriture en vers et sa petite musique indissociable de sa lecture qui a embêté Bob dans son appréciation du roman ? Peut-être. Si l’écriture est belle, avec de très jolies trouvailles comme celles relevées par Jean-Michel, j’ai pourtant eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire d’Eugène et Tatiana, à me laisser transporter par les mots et les émotions. Je me suis parfois ennuyée, c’est vrai, et les personnages m’ont agacés, je n’ai finalement pas été sensible à leur amour contrarié. Un roman étonnant malgré tout, dans sa forme surtout, qui mêle habilement classicisme et modernisme et, tout comme Jean-Michel, je serais curieuse de savoir ce qu’en pensent les ados et si, comme moi, d’autres lecteurs sont passés totalement à côté… 😐

Songe à la douceur, Clémentine Beauvais (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible le 24 août 2016
9782848659084 – 15,50€
à partir de 13 ans
Son
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Macha ou l’évasion – Jérôme Leroy

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Macha-des-Oyats a cent sept ans et vit dans le monde de la Douceur, où la nature, le respect de l’environnement et des autres a remplacé la violence et la technologie du monde de la Fin. Un jour, de jeunes gens viennent trouver Macha, la dernière à avoir connu ce monde terrible, et lui demandent de bien vouloir raconter son histoire, celle avant la Fin et l’arrivée de la Douceur…

★★★★★

Il y a dans le monde de la Douceur cette utopie qui manque depuis un certain temps dans la littérature d’anticipation et de science-fiction, notamment pour les adolescents. Jérôme Leroy renoue avec le genre dans cette histoire où Macha, une très vieille femme, vit dans un arbre, avec une communauté de gens tous plus sympathiques les uns que les autres. Le monde de la Douceur est né dans les ZAD voilà quatre générations et, désormais, les gens y vivent de la nature, de l’échange, du partage, sans technologie (en tous cas pas celle que l’on connaît et qui est à l’origine de la fin de l’ancien monde) ou notion d’argent, de propriété… Un vrai paradis ! Une utopie parfaite.

Lorsque trois jeunes gens viennent trouver Macha pour qu’elle leur raconte son histoire, celle d’avant la Fin, et non pas celle de la naissance de la Douceur dont ils ont déjà tant de témoignages, Macha est réticente, peu désireuse de retourner dans les tréfonds de sa mémoire, dans la violence et l’horreur qu’elle a connu adolescente. Pourtant, elle le fera, et c’est bien la plus grande partie du roman qui s’intéresse à cette enfance où Macha a vécu le pire. Je ne vous en dirais pas trop sur la vie d’avant de la centenaire, qui se découvre au fur et à mesure de la lecture mais tout se déroule à Nantes, dans une belle-famille de la haute société aux idées bien arrêtées alors que, dans la France de l’époque, les attentats s’enchaînent, les ZAD se multiplient, le parti politique nationaliste du Bloc Patriotique s’approche du pouvoir… Une situation qui n’est pas sans rappeler la nôtre… L’histoire de Macha, pleine d’émotion et de rébellion, nous montre tout le changement qui aura lieu entre le monde de la Fin et la Douceur dans laquelle elle vit désormais.

Un magnifique roman dans lequel Jérôme Leroy a choisi de nous montrer un futur positif et optimiste, qui ne sera peut-être pas le nôtre mais qui nous donne envie d’y vivre et d’y croire. Une très belle façon d’évoquer la politique et les problématiques actuelles. Beaucoup d’espoir, de chaleur et de lumière dans Macha en dépit de la dureté et de la violence vécue par la jeune fille, héroïne attachante et courageuse. Un roman lumineux à mettre entre toutes les mains ! 🙂

Macha ou l’évasion, Jérôme Leroy (Syros)
disponible le 25 août 2016
9782748521900 – 16,95€
à partir de 13 ans
Son
0

La Marque – Anne Loyer

Bob et Jean-Michel sont de retour ! Ils ont lu plein quelques livres pendant les vacances, dont ceux de la rentrée littéraire (celle des jeunes et des ados), et qu’on commence à vous présenter dès aujourd’hui ! 😀

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Tous les 5 ans, le Peuple des tentes envoie ses enfants âgés de 15 ans qui possèdent la Marque à la cité-oasis de Kyos, où on leur promet un avenir radieux. Car le monde est un vaste désert et envoyer leurs enfants à la cité de Kyos, c’est assurer au reste de la famille de bénéficier de l’eau, denrée rare et gérée par la ville derrière les murs gigantesques. Bientôt, l’Appel résonne et Sika et Sek, deux jeunes Marqués, vont devoir s’avancer vers la cité-oasis…

★★★☆☆

Dans un monde dévoré par le soleil, un peuple tente de survivre aux pieds d’une cité dont chacun rêve d’entrevoir les merveilles. Car tous les cinq ans, les portes de Kyos s’ouvrent pour laisser entrer les jeunes Marqués destinés à vivre dans la ville merveilleuse. Les autres, ceux qui n’entreront jamais dans la cité, ce sont leurs parents, qui bénéficieront de rations d’eau suffisantes pour vivre décemment. Mais il y a aussi les Oubliés, ceux que la Marque ne choisit pas à la naissance, ceux qui sont rejetés et vivent au-delà des dunes, loin des heureuses familles d’enfants Marqués que sont le Peuple des tentes. Enfin, les Bannis, ceux que la cité rejette au dernier moment et qui rejoignent le camp des Oubliés. Et puis il y a Rey, l’Echappé. Cinq ans plus tôt, le garçon Marqué a tourné le dos à la cité prête à l’accueillir, à sa famille et à son petit frère Sek. Lorsque le nouvel Appel résonne, Rey réapparaît, avec l’idée d’empêcher son frère d’entrer dans Kyos. Mais Sek ne se laisse pas facilement convaincre, pas comme Sika que la naissance d’un frère, la mort d’une mère et les révélations d’une sage-femme vont l’inciter à se rebeller…

Avec La Marque, Anne Loyer nous propose une dystopie aux ressorts assez classiques dans un univers désertique où l’eau est le trésor et la malédiction d’un peuple soumis à la loi d’une cité fermée et mystérieuse. L’univers est vraiment intéressant, le suspens bien dosé et les secrets révélés au compte-goutte. Si le gros avantage de cette « énième » dystopie est qu’elle tient en un seul tome de 340 pages, c’est peut-être aussi son inconvénient ! Les événements s’enchaînent en effet très rapidement, les personnages et leurs décisions mûrissant très vite et donnant l’impression que toute l’histoire ne se déroule que sur 3 ou 4 jours, ce qui n’est sans doute pas le cas. A la fin, on reste aussi avec la sensation de ne pas avoir découvert tout de l’univers inventé par Anne Loyer, qu’on aurait aimé explorer plus en détails, d’être passé trop vite à un endroit ou de ne pas avoir toutes les clés du mystère. Il n’en reste pas moins un roman bien écrit et enthousiasmant, à proposer notamment aux lecteurs qui voudraient découvrir le genre. 🙂

La Marque, Anne Loyer (Bulles de savon)
disponible depuis le 17 août 2016
9791090597587 – 16€
à partir de 13 ans
Son
0

L’Écureuil, 1. Un démon sous les toits – Fabien Grolleau, Benjamin Mialet et Lou Bonelli

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Paris, 1870. Alors que les Prussiens se rapprochent de la capitale, un jeune garçon aux cheveux roux flamboyants, surnommé l’Écureuil, vole de toit en toit, chapardant des bijoux, de la nourriture… Ce qui n’est pas au goût du terrible Max, roi des voleurs et des malfrats de la ville. Mais cette cavale sur les toits de Paris lui fait également rencontrer un certain nombre de personnages…

★★★★☆

Mais qui est donc cet enfant à la chevelure flamboyante et indomptable qui vole au-dessus de Paris ? Passée une introduction où l’on a craint pour sa vie, l’Écureuil bondit de toits en toits, chaparde des bijoux pour les échanger contre de la nourriture, ne se rendant pas forcément compte de ce que cela implique… Et chaque jour, l’Écureuil observe par la fenêtre une belle et triste jeune femme, enfermée dans un dôme, et « fiancée » de Max, le terrible roi des voleurs de Paris. Un roi qui n’apprécie pas tellement qu’un petit rouquin se mêle de ses affaires… Pendant ce temps, la guerre approche des portes de Paris et l’Écureuil fait bientôt la rencontre d’un ramoneur. Puis de Victor Hugo. L’écrivain semble d’ailleurs partager un secret avec le garçon des toits…

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Mais c’est un mystère que vous devrez éclaircir en lisant le premier tome de cette série qui n’en comptera que deux ! Certains secrets de l’Écureuil se révèlent déjà dans cette première histoire mais nul doute que nous en aurons encore dans le prochain volume. Un démon sur les toits est en tous cas une première aventure de grande qualité, tant dans le scénario, un brin classique mais qui fait également son charme, dans la plus pure lignée des récits se déroulant à cette époque, que dans le dessin, un style graphique aussi flamboyant que les cheveux de notre héros, et aux couleurs vives et énergiques. Une BD très réussie dont on attend la conclusion avec impatience ! 😛

L’Écureuil, 1. Un démon sous les toits, Fabien Grolleau, Benjamin Mialet et Lou Bonelli (Sarbacane)
disponible depuis le 1er juin 2016
9782848658872 – 14,50€
à partir de 10 ans
Son
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Les livres – Christos & Lili Chemin

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Pour la première fois, la maman de Vladimir l’emmène à la bibliothèque. Elle lui promet des livres magiques, qui vont le transporter, l’emporter au bout du monde… Et Vladimir a plutôt hâte de découvrir un endroit avec autant de magie ! Mais très vite, le voilà déçu…

★★★★☆

En effet, la bibliothèque n’a pas l’air si magique que ça ! Tout est en ordre, bien droit et bien rangé, certains livres ont l’air beau mais certains sont vraiment moches ! Mais c’est à l’intérieur qu’ils sont beaux, lui affirme sa maman… Soit, Vladimir essaye ! Mais il ne se passe rien, absolument rien, ils ne bougent même pas quand on les touche, comme sur la tablette de papa… Tandis que maman cherche un livre, Vladimir continue à explorer et, avec l’aide d’un autre petit chat, se met à jouer avec les livres, à créer des formes, des trains…des monstres ! Puis vient le moment de l’histoire, que la maman de Vladimir va leur raconter…et là, la magie s’opère…

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Ode à la bibliothèque et aux livres, nous professionnels du livre ne pouvons qu’être sensibles à cette histoire célébrant à la fois notre cœur de métier mais également l’importance de l’imaginaire et de l’imagination. C’est avec une langue toute simple et légère que Christos nous offre cet album à hauteur d’enfant et qui entre littéralement en résonance avec ce que l’on peut observer en bibliothèque. Mais la qualité de cet album réside aussi dans son traitement graphique : un format à l’italienne dans lequel Lili Chemin nous propose une vie aérienne de la bibliothèque et de ses visiteurs. Un labyrinthe de livres, des constructions vues du ciel et une référence rigolote à Pac-Man et nous voici transportés dans son univers original et en parfait adéquation avec le sujet. Un parti pris graphique étonnant mais aussi d’une grande simplicité de compréhension pour les plus jeunes lecteurs. Un livre à mettre entre toutes les mains ! 🙂

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Les livres, Christos, illustré par Lili Chemin (Møtus)
disponible depuis le 14 mai 2016
9782360110674 – 13€
à partir de 2 ans
Son
2

En ce temps-là – Gaia Guasti et Audrey Spiry

Connaissez-vous cette collection chez Thierry Magnier : Les décadrés ? Le principe est assez simple : un illustrateur a carte blanche pour réaliser des images à partir d’un thème (dans ce cas précis : la forêt et la cabane). Une fois les illustrations terminées, elles sont confiées à un auteur qui invente alors une histoire et réorganise comme il le souhaite les images de l’illustrateur… Voici ce que ça donne avec En ce temps-là. 🙂

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En ce temps-là, il existait un monde jeune, neuf, où vivaient trois esprits : Silva, l’esprit de la montagne ; Rio, celui de la rivière et Nyx, celui de la nuit. Chacun avait son rôle dans l’ordre du monde. Jusqu’au jour où une goutte de rosée devient un enfant, dont Nyx obtient la charge. Cet enfant grandit dans son monde de nature, et bientôt, ses rêves aussi…

★★★★★

Connue surtout pour ses romans, Gaïa Guasti propose ici son premier texte pour un album. Et comment vous dire ? Ce texte est d’une puissance et d’une poésie véritablement magique ! Sorte de mythe des origines, En ce temps-là évoque de la plus belle manière la relation de l’homme à la nature et à son environnement. On reconnaît l’influence de la mythologie et des cosmogonies dans ces esprits de la nature et de l’apparition de l’humanité sur ce monde étrange. Les mots de Gaïa Guasti, légers et forts, doux et bruts, se marient parfaitement avec les illustrations aussi splendides qu’envoutantes d’Audrey Spiry. Les couleurs et les lumières font beaucoup dans ces peintures parfois abstraites, parfois très évocatrices. 9782364749092_en-ce-temps3J’ai particulièrement aimé la représentation de ces esprits de la nature, entre grands singes et figures mythologiques. On sent dans les illustrations d’Audrey Spiry une vraie invitation au rêve, à l’imagination et à la magie. Et on ne pouvait pas rêver mieux que le texte extraordinaire de Gaïa Guasti sur ces magnifiques images. 🙂

Un superbe album à découvrir et qui propose en fin d’ouvrage d’entrer dans l’atelier d’Audrey Spiry, pour en savoir plus sur son travail sur cet album, accompagné de quelques mots de Gaïa Guasti sur cette démarche originale d’inventer une histoire à partir d’illustrations.

En ce temps-là, Gaia Guasti, illustré par Audrey Spiry (Thierry Magnier)
collection Les décadrés
disponible depuis le 18 mai 2016
9782364749092 – 16,80€
à partir de 6 ans
Son
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Les fils de George – Manu Causse

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Mardochée, 15 ans, est un garçon solitaire, duquel personne ne s’approche. Lui-même ne cherche pas à devenir ami avec les autres. En tant que membre de la communauté du Livre de George, on lui interdit de toute manière de communiquer avec les autres. Jusqu’au jour où son ami Chrysostome est retiré du lycée, et où Léo, un garçon de sa classe, l’invite au repas de fin d’année…

★★★★☆

Vous l’aurez sans doute compris : Manu Causse s’intéresse dans ce nouveau roman aux sectes. Ici, c’est une secte originaire des États-Unis qui s’est installé en France voilà des années et que les habitants tolèrent vaguement puisqu’elle n’est pas (encore ?) listée dans les sectes dangereuses. Tout le monde se contente de les regarder étrangement et, au lycée, peu nombreux sont ceux qui s’intéressent à ces garçons bizarroïdes qui débarquent chaque matin dans un break déglingué et qui ont des prénoms improbables. Pourtant, lorsque Léo invite Mardochée au repas de fin d’année – sans arrière-pensée aucune, juste dans l’esprit de camaraderie au sein d’une classe – la foi du jeune garçon commence à vaciller. Car dans le même temps, son ami Chrysostome a « disparu » et Mardochée doit préparer sa Conversion, le rite de passage obligé pour devenir un parfait fils de George…

A travers le point de vue de ces deux personnages, Mardochée à l’intérieur et Léo à l’extérieur de la secte, Manu Causse nous propose une histoire avec un sujet finalement assez peu traité en littérature jeunesse (on pense seulement à Le monde attend derrière la porte, de Pascale Maret ou Prisonnière de la Lune, de Monika Feth). Pour une première approche de ce que peut être une secte et de ses implications sur le mode de vie d’un enfant ou d’un adolescent dans ce contexte, le roman de Manu Causse est vraiment très juste et invite à une réflexion pertinente. Si la lectrice adulte aurait sans doute aimé en savoir plus sur le Livre de George, le format court de la collection Ego permet tout de même d’ouvrir le débat sur un sujet qui n’est pas toujours au cœur de l’actualité ou des préoccupations. Intéressant, percutant parfois, et bien rythmé, Les fils de George est à découvrir ! 😀

Les fils de George, Manu Causse (Talents Hauts)
collection Ego
disponible depuis le 17 juin 2016
9782362661501 – 8€
à partir de 12 ans
Son
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Le garçon au sommet de la montagne – John Boyne

Chez Bob & Jean-Michel, on aime beaucoup John Boyne, ses romans étonnants et plein d’humour, mais également ceux avec, en toile de fond, la guerre. Qu’il s’agisse de la Grande Guerre (avec Mon père est parti à la guerre – on retrouvera d’ailleurs Alfie cité dans ce nouveau roman) ou de la Seconde Guerre mondiale (avec le désormais incontournable Garçon en pyjama rayé). John Boyne s’intéresse à nouveau à cette dernière, et au destin d’un petit garçon qui, au contact du Führer, va transformer sa nature profonde…

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Peu avant la Seconde Guerre mondiale, Pierrot mène une vie insouciante à Paris avec son meilleur ami Anshel. Lorsque sa mère meurt de la tuberculose, il est envoyé auprès de sa tante, en Allemagne, dans une maison en haut de la montagne. Il s’agit du Berghof, la résidence secondaire d’Hitler, où sa vie va complètement changer…

★★★★☆

Pierrot est un garçon franco-allemand. Son père était un soldat allemand durant la Grande Guerre et, s’il en est revenu vivant, son esprit était lui totalement détruit et Pierrot ne l’aura presque pas connu puisqu’il se tue sous un train lorsqu’il n’a que quatre ans. C’est sa mère, française, qui s’occupe de lui jusqu’à sa mort, emportée par la tuberculose. Pierrot n’a que sept ans ! Malgré la grande amitié qui le lie à Anshel, un garçon juif muet avec qui il communique via la langue des signes – leur langue des signes – un deuxième conflit de grande ampleur s’annonce et, bientôt, la mère d’Anshel ne peut faire autrement que d’envoyer Pierrot dans un orphelinat. C’est à Orléans qu’il est envoyé, une grande maison tenue par deux sœurs un peu vieilles filles avec lesquelles il restera peu de temps. Sa tante Beatrix, la sœur de son père, le retrouve et l’invite à vivre avec elle près de Berchtesgaden, dans les Alpes bavaroises, dans une grande maison au sommet de la montagne, où se rendent occasionnellement Monsieur et Madame. Monsieur, c’est Adolf Hitler, et Madame, Eva Braun. Pierrot découvre alors un tout nouveau monde, au loin de l’histoire qui se joue sur le reste de la carte de l’Europe…

Avec cette histoire, John Boyne continue son exploration de la guerre et nous propose encore une fois un récit d’une grande intensité, sans doute pas aussi étonnant et terriblement naïf que Le garçon en pyjama rayé, mais qui nous interroge sur la nature humaine et la déconcertante facilité avec laquelle l’embrigadement peut changer un être. Car, au contact d’Hitler, Pierrot va lentement se transformer sous nos yeux, passant de jeune garçon doux et serviable à un petit nazillon avide de pouvoir. La transition, progressive et se déroulant pourtant dans un endroit profondément reculé, est très représentative de ce qui va se passer en Allemagne sous le joug d’Hitler. Et alors que Pierrot – devenu Pieter – gagne la confiance et l’amour du Führer, il va assister à un certain nombres de réunions et découvrir l’horreur de ce qui se trame en Europe… Avec une réflexion finale sur la culpabilité, Le garçon au sommet de la montagne est à nouveau un roman fort et passionnant de John Boyne, qui complète admirablement son œuvre sur la guerre. Une très belle lecture ! 🙂

Le garçon au sommet de la montagne, John Boyne, traduit par Catherine Gibert (Gallimard jeunesse)
disponible le 9 juin 2016
9782070669967 – 13€
à partir de 11 ans
Son
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Alors je me suis mise à marcher – Kim Fupz Aakeson

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Une jeune fille qui rencontre la nouvelle conquête de son père ; deux frères qui préparent le petit-déjeuner de leurs parents encore endormis ; une mère et sa fille qui vont se faire tatouer ; un garçon qui veut partir en vacances en ski avec sa mère et son nouveau mec ; une première expérience sexuelle sur un terrain de foot…

★★★★☆

Quatorze nouvelles qui nous brossent le portrait de quatorze adolescents dans des moments de leur vie qui vont être décisifs. Des nouvelles extrêmement courtes, où l’on découvre toutes sortes d’adolescents dans des instants de la vie quotidienne, où les parents sont bien souvent les grands absents de leur vie pour tout un tas de raisons différentes. Difficile de vous en dire plus sur le contenu de chacune des nouvelles tant elles sont à la fois diverses et similaires. Toutes s’attachent aux relations des adolescents avec leur famille ou leur entourage et toutes évoquent des moments variés où l’adolescent se révèle parfois le plus adulte de tous…

La force de ces nouvelles réside non seulement dans leur format, court et incisif, mais aussi dans les chutes, parfois abruptes, parfois étonnantes, parfois…inachevées ? Des procédés qui nous interrogent ainsi sur les relations de ces adolescents et qui nous montre surtout tout le talent de l’auteur à nous raconter une histoire en peu de lignes, dans un style simple et épuré, mais avec des implications énormes dans la vie de ces ados. C’est vraiment très fin, très subtil et très habile. Un recueil à découvrir ! 🙂

Alors je me suis mise à marcher, Kim Fupz Aakeson, traduit par Aude Pasquier (Joie de lire)
collection Encrage
disponible depuis le 19 mai 2016
9782889083268 – 13,90€
à partir de 14 ans