Son
2

Billie Fossette : à la ferme du laurier rose – Sabrina Bensalah

GetBlob.ashx

Billie Fossette est une petite fille au caractère bien trempé. Après de nombreuses frasques, elle est renvoyée de son école. Une aubaine pour celle qui n’aime pas l’école ! Sauf que ses parents en ont décidé autrement ! Agacés par le comportement de Billie, ils décident de l’emmener à la ferme du Laurier Rose, où un couple de fermier se charge de redonner un peu de discipline aux jeunes…

★★★☆☆

Et c’est là que commence une histoire complètement loufoque, dans la plus pure lignée des romans de la collection Pépix. Sabrina Bensalah, dont c’est le premier roman dans cette collection (on vous avait chroniqué son Exprim’ qui était génial !), s’en est donnée à cœur joie en matière d’irrévérence ! Billie est une petite boule pleine d’énergie, salopette et cheveux en bataille, qui n’hésite pas à répondre aux adultes, pour notre plus grand bonheur. Et sans aucun doute celui des enfants… 😛 Une petite fille pas si éloignée de Fifi Brindacier, en somme.
Il y a de l’humour, donc, mais aussi des personnages truculents : de bons méchants, les biens nommés monsieur et madame Lamatraque, propriétaires du Laurier Rose, qui vont mener la vie dure à Billie ; des amis fidèles mais un peu spéciaux, Brunella et Baptistin (vous voyez le tableau, hein ?) ; une Sorcière ? ; et des poules qui semblent parler… Et en guest-star : Stromae (formidable, non ? *ooouuuh, personne ne l’avait faite, celle-là*). En tous cas, on ne s’ennuie pas dans cette aventure rocambolesque, où la magie et un peu de peur s’ajoutent aux ingrédients habituels de la collection.
J’ai cependant été un peu moins convaincue par l’écriture de Sabrina Bensalah sur ce roman, je n’y ai pas retrouvé ce qui m’avait plu dans Vers le bleu. Bien qu’il soit destiné à un tout autre public et sur des thèmes très différents, j’ai trouvé cette Billie Fossette malgré tout un peu trop dans le moule. Mais ça n’enlève rien au plaisir de lecture que trouveront les plus jeunes dans cette histoire en plus très joliment illustrée ! 🙂

Billie Fossette : à la ferme du laurier rose, Sabrina Bensalah (Sarbacane)
collection Pepix
disponible le 2 septembre 2015
9782848658148 – 10,90€
à partir de 8 ans

Discussion
1

146298 – Rachel Corenblit

GetBlob.ashx

Elsa entre pour la première fois chez un tatoueur. Elle a décidé de marquer sa peau de façon indélébile avec un tatouage très significatif…Plutôt débile pensent ses amis. Car c’est suite à une remarque qu’elle s’est décidée. Elle va graver sur sa peau un nombre riche de sens : 146298.

1, 2, 3, nous irons au Bob

★★★☆☆

Une voix forte, rageuse, en colère s’élève dans ce court roman. Il y a des choses dont on ne parlait pas dans la famille d’Elsa, jusqu’au jour où un cours d’histoire lui apprend la signification du numéro tatoué sur l’avant-bras de sa grand-mère. Une véritable révélation. Et une colère gigantesque. Elsa va alors soutirer son histoire à sa grand-mère, alors que celle-ci oublie justement peu à peu son passé. Une histoire liée à la grande, celle des camps de concentration. Et quand son petit ami utilise une expression malvenue, la décision d’Elsa est prise. 146298 est un texte court mais percutant, étonnant aussi de par sa façon de traiter le travail de mémoire. Je n’ai pas très bien saisi les motivations d’Elsa dans cette histoire, j’ai trouvé ses réactions parfois extrêmes. D’autant plus que la fin est très brusque, nous abandonnant songeur. Un texte qui ne laissera sans doute pas indifférent, mais qui n’est pas parvenu à me toucher complètement.

4, 5, 6, manger des Jean-Michel

★★★★☆

Bob : tu es dur avec la jeunesse quelquefois 🙂 Elsa est une adolescente dont l’entourage n’a pas pris la peine d’apporter de réponses à ses questions : d’où vient-elle ? quelle est l’histoire de sa famille ? pourquoi ne faut-il pas embêter sa grand-mère avec ça ? J’aurais moi-même souhaité en savoir plus, coûte que coûte : les réactions d’Elsa sont à la hauteur des frustrations causées par ses parents : c’est évident qu’elle finisse par se fâcher. Ce qui retentit véritablement dans ce roman c’est le récit de sa grand-mère : celui d’une déportée, encore jeune qui a connu la mort de ses proches, la faim, la soif et toute l’horreur des camps. En lisant son Histoire j’ai eu les larmes aux yeux et ainsi, à l’entente du témoignage de son aïeule, Elsa est sous le choc et le contrecoup ne se fait pas attendre. Elle essaie de savoir, de ressentir : pendant 3 jours elle ne mangera rien ni ne boira…Infructueuses, ces expériences lui montreront qu’elle ne connaîtra jamais ces horreurs et que sa grand-mère est, contre toute attente, une survivante, une héroïne, son héroïne. Se faire tatouer les mêmes chiffres sur son poignet est sa façon à elle de réécrire l’Histoire et je ne crois pas une seule seconde à l’excuse de « la phrase mal placée » de son ami fais pas ta juive, pour moi Elsa avait cette idée qui lui trottait en tête depuis un moment. Un hommage à sa grand-mère que j’ai trouvé juste.

146298, Rachel Corenblit (Actes Sud junior)
collection D’une seule voix
disponible le 2 septembre 2015
9782330053758 – 9€
à partir de 13 ans

Son
1

La fille de la ville – Boris Lanneau

GetBlob.ashx

Après trois filles à vélo et une drôle de famille en mini-van, ce sont maintenant cinq mecs en bagnole qui veulent repousser un peu la rentrée. 🙂

Cinq copains, à la vie à la mort. Cinq mecs de la campagne qui rêvent de la fille de la ville. Celle qui revient cet été et qu’il faudra séduire avec une voiture. Et ça tombe bien, ils ont une 2CV de collection. Mais après une chasse au lièvre à fond la caisse, tout tombe à l’eau, la voiture comme les rêves…

★★☆☆☆

Attila, Dolby, Dudu, Jmenba et Rouge-Gorge, pour vous servir. Surnommés l’Equipe, comme au foot. Cinq mecs qui n’ont pas grand-chose à faire dans leur petit bled, surtout pendant ces vacances où ils n’attendent qu’une seule chose : revoir la fille de la ville. Celle qui les a tant émoustillés l’été précédent en étant…pas comme les autres. Une fille spéciale, unique. Et à Saint-Savin, leur petit village, pour séduire une fille, il faut une bagnole. Malheureusement, ils mettent leur 2CV à l’eau après une nuit à toute berzingue et, le lendemain, la voiture disparaît. Les cinq bonhommes vont alors devoir se lancer à la recherche de leur trésor, surtout quand celui-ci ne leur appartient pas : la voiture est en effet au père de Dudu.
Entre les souvenirs de l’été dernier, la découverte de nos cinq héros et leur course contre la montre pour retrouver leur voiture, Boris Lanneau construit un roman où l’action se déroule sur des chapeaux de roue. Les temps-morts, telle la mi-temps en plein milieu de match, sont ceux de la fille de la ville, le moment où l’on rêve de cette créature inaccessible et ô combien mystérieuse. Mais au-delà de cette course effrénée pour récupérer la 2CV, c’est avant tout une histoire d’amitié, de vies de famille, de difficultés à communiquer, de relations entre les gens, de petits moments de tristesse ou de bonheur… Malgré tous ces ingrédients, je ne suis pas parvenue à me laisser emporter totalement dans le roman, sans doute à cause du style très immersif auquel je n’adhère que modérément, qui m’a parfois perdue dans la narration et qui ne m’a pas toujours rendu les personnages sympathiques…

La fille de la ville, Boris Lanneau (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible le 2 septembre 2015
9782848658193 – 15,50€
à partir de 14 ans

Discussion
0

Mauvais fils – Raphaële Frier

GetBlob.ashx

Ghislain est fils unique. Depuis toujours, ses parents se disputent. Dans ce climat, il ne parvient pas à leur dire qu’il est gay et il n’est même pas certain qu’ils apprécieraient cette révélation. Quand ses notes chutent, il se laisse entraîner par son père pour devenir électricien, un vrai métier d’homme. Mais bientôt, le secret de Ghislain est éventé et son père le met à la porte.

Dans les pensées de Bob

★★★☆☆

Un texte court et, comme toujours dans la collection Ego, percutant sur l’homosexualité. Ou, plutôt, sur la non-acceptation de l’orientation sexuelle d’un adolescent par ses parents. Et sur tous les clichés véhiculés par notre société sur ce qu’il est bien de faire pour un garçon (bidouiller l’électricité, c’est viril, une fille pourrait pas le faire) ou pour une fille (la cuisine, classique !). A ce sujet, les réflexions de Ghislain sont rapides mais très intéressantes.
Dans sa famille, il est clair que Ghislain ne trouve aucun soutien lorsque son secret éclate, ni même avant cela d’ailleurs. Une situation qui lui fait jusqu’à sentir que son homosexualité est honteuse, qu’il est dégoûtant. Des sentiments qui ne vont qu’envenimer la situation avec ses parents : son père qui va le virer sèchement de chez lui et sa mère qui pense que ce n’est qu’une passade, une sorte de maladie qui guérira avec le temps. Et malgré ses rencontres dans des bars gays, il se rend bien compte que ce n’est même pas l’acceptation de ce qu’il est qu’il recherche, mais tout bêtement l’amour. Grâce à son ami Mounir et sa rencontre avec Cédric, Ghislain va tout de même réussir à reprendre sa vie en main, même sans le soutien de ses parents. Pourtant, il ne peut s’empêcher de penser à eux…
Il y a beaucoup de rage dans ce roman, une colère qui habite Ghislain, et l’impasse qu’il trouve avec ses parents, notamment son père, est le cœur du livre. Le sujet est très bien abordé et vraiment intéressant. Je regrette simplement la fin très dure, abrupte, définitive. On se sent bien trop triste une fois la dernière page tournée…

Avec les mots de Jean-Michel

★★★☆☆

J’ai effectivement trouvé cette fin sombre 🙁 Peu d’espoir sur une réconciliation père/fils. Le père de Ghislain, en plus d’être phallocrate, est homophobe et « lopette » semble être son maître mot : les hommes sont au bricolage ce que les femmes sont aux casseroles. Il est vrai qu’avec une telle mentalité il est difficile d’imaginer une haute tolérance face à l’orientation sexuelle de son fils…mais tout de même : son fils unique ! On se dit à la lecture que la raison tôt ou tard prendra le pas sur la fierté, mais il n’en est rien. J’aime à penser que le temps pourrait faire son office et que ces deux hommes rétabliront le dialogue un jour. Malheureusement, la réalité est tout autre – même en 2015 – et c’est ce que Raphaële Frier nous montre. Elle nous raconte la vie tout simplement et quelque part c’est appréciable. Si elle nous avait ajouté une licorne sous la litanie « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » nous aurions fait des bonds. Après avoir révélé son homosexualité à ses parents : cela peut se passer d’une manière aussi brutale. Mais malgré tout, Ghislain avance sans ses parents sans exclure la possibilité qu’un jour, son père puisse accepter qu’une « lopette » soit virile et que sa mère soit capable de prendre position et d’apprécier son bonheur.

Mauvais fils, Raphaële Frier (Talents Hauts)
collection Ego
disponible le 27 août 2015
9782362661310 – 7€
à partir de 14 ans

Son
0

Quelqu’un qu’on aime – Séverine Vidal

GetBlob.ashx

Si vous avez bien tout suivi depuis le début du mois, alors vous savez que Séverine Vidal est à l’honneur chez Sarbacane en ce moment, car elle sort un Pépix (qu’on vous a présenté ici) et un Exprim’ qui fait l’objet de notre chronique du jour ! 😀

Gary, le grand-père de Matt, a la maladie d’Alzheimer. Afin de raviver ses souvenirs, le jeune homme décide de partir avec lui dans un road trip sur les traces de la tournée de 1958 de Pat Bonne, que Gary avait suivi avec une bande copains quand il était jeune. Alors qu’ils s’apprêtent à partir, l’ex-copine de Matt réapparaît avec une petite de 18 mois dans les bras : sa fille, Amber, qu’il va devoir garder. Et puis à l’aéroport, le voyage semble à nouveau compromis : les avions sont cloués au sol pour cause de tempête de neige. Le trio y rencontre alors Luke et Antonia, avec qui ils vont finir par louer un mini-van et se mettre enfin en route…direction la Californie !

★★★★☆

Bob adore les histoires à plusieurs voix, surtout quand les personnages sont tous différents, ont des secrets et finissent par se révéler aux autres petit à petit. Et c’est ce qui arrive dans ce très beau roman de Séverine Vidal, un road-trip un peu fou (on pense évidemment au film Little Miss Sunshine) où des gens totalement hétéroclites se retrouvent à partager un voyage inattendu mais qui va, à tous, leur apporter ce qu’ils cherchent. Un véritable moment de grâce pour chacun, intense et inoubliable. On s’attache instantanément à ces personnages que rien ne semble lier, à Matt qui organise ce qui sera sans doute le dernier voyage de son grand-père tout en apprenant à devenir père ; à ce grand-père, Gary qui, malgré la maladie, garde son humour et sa passion intacts ; à Luke, ce garçon fugueur qui cache une grande souffrance ; à Antonia, qui veut tout plaquer pour changer de vie… Et on trace la route avec eux, comme si nous étions nous aussi dans ce van à avaler les kilomètres, à visiter les théâtres où le Boone s’est produit, à s’inquiéter de l’évolution de la maladie de Gary, à profiter de chaque instant de bonheur.
Il y a une immense fraîcheur dans l’écriture et dans l’histoire de Séverine Vidal. Malgré le thème de la maladie, les secrets ou les souffrances passées de notre petite bande, c’est surtout la filiation, les amitiés qui se nouent, indéfectibles, qui sont au cœur de ce magnifique roman. Ajoutez à cela une grande part d’humour et d’émotions et vous obtenez ce Quelqu’un qu’on aime, parfait roman pour commencer la rentrée avec la banane (le sourire aux lèvres, hein, pas la coupe de cheveux…mais vous faites comme vous voulez). 😀

Bonus : pour vous mettre dans l’ambiance, on vous propose une compil’ des meilleurs tubes du Boone et comme il y a 1h15 de miouzique, vous pouvez relire la chronique à l’infini ! Youpi !

Quelqu’un qu’on aime, Séverine Vidal (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible le 26 août 2015
9782848658179 – 15,50€
à partir de 13 ans

Son
0

La tête ne sert pas qu’à retenir les cheveux – Sabine Panet et Pauline Penot

9782364747265

Après Le cœur n’est pas un genou que l’on peut plier, Sabine Panet et Pauline Penot nous proposent une nouvelle évocation de la famille Bocoum.

Awa Bocoum a 16 ans et apprivoise son corps de femme avec difficulté. Lorsqu’elle rencontre une gynécologue, elle apprend qu’elle a été excisée. Elle n’a jamais entendu ce mot et face à cette pratique d’un autre temps, c’est la colère qui la gagne. Puis la volonté de protéger ses petites sœurs.

★★★★☆

Je n’avais pas lu le précédent roman sur la famille Bocum et, s’il y a sans doute des choses qui m’ont échappé, cela ne m’a pas gênée dans cette lecture. Les personnages sont en effet réintroduits succinctement mais suffisamment clairement pour que l’on s’y retrouve tout de suite. 😉
Après un mariage forcé qui a finalement capoté, Awa se découvre une douleur à l’entrejambe. Une consultation au Planning familial va lui apprendre ce qui lui donne tant de souffrance : on lui a coupé une partie de son sexe. C’est une révélation pour elle, tant dans la découverte de son propre corps, presque taboue jusqu’alors, mais aussi sur les pratiques ancestrales qui touchent les filles africaines. Son dégoût et sa révolte sont immédiats, la colère contre sa mère, contre sa famille qui lui a caché ce qu’ils lui ont fait. Mais, surtout, c’est la peur que cela arrive à sa plus jeune sœur, Amayel, qui vient d’avoir un an.
Très bien écrit, le roman évoque avec justesse et précision les mutilations génitales féminines. Il est intéressant d’avoir les deux points de vue : celui des médecins et celui des femmes africaines pour qui il est important d’être excisée afin de s’intégrer correctement à la société. On comprend ainsi le poids des traditions et comme il semble difficile de s’en défaire. J’ai trouvé le sujet très bien traité, tout comme les sentiments d’Awa sur le sujet, combien il lui est difficile d’en parler avec les femmes de sa famille, tous les mauvais souvenirs que cela ravive.
Le roman ne s’attache pas qu’à l’excision, même si c’est le cœur du livre. Beaucoup d’autres sujets sont évoqués, notamment le racisme ou les préjugés, les clichés. Sur ceux-là, c’est la petite sœur d’Awa, Ernestine, qui est concernée. Une jeune fille pétillante et dynamique qui rêve de cinéma. Les passages qui la concernent sont souvent très drôles, pleins de situations délirantes qui font un peu retomber la pression du roman et qui nous permettent de rire entre des événements un peu plus durs. A ce niveau-là, le rythme est très bien dosé, et malgré le sujet grave dont il est question, on garde du roman une impression tout de même positive et énergisante.
La famille Bocoum est sans aucun doute une famille à laquelle on s’attache et qu’on aimerait retrouver régulièrement. Une famille forte et étonnante, entre tradition et modernité, entre pleurs et rires.

La tête ne sert pas qu’à retenir les cheveux, Sabine Panet et Pauline Penot (Thierry Magnier)
collection Grand format
disponible le 26 août 2015
9782364747265 – 14€
à partir de 13 ans

Son
0

Le cours des choses – João Anzanello Carrascoza

ACH003691922.1434599712.580x580

Un enfant qui trépigne de joie à voir la mer, une histoire d’amour naissante, un petit garçon qui a peur, un homme chargé d’enlever les cadavres d’animaux chez les gens, un juste match de basket, un père qui veut faire une surprise à ses enfants… Onze nouvelles sur la vie, le cours des choses…

★★★★☆

Ce que j’aime à la Joie de Lire et dans leur collection Encrage, c’est cette découverte constante d’auteurs du monde entier, cette « auberge espagnole » comme eux-mêmes la désignent. A travers ce recueil de nouvelles, nous sommes emportés dans le Brésil actuel, au sein de familles et de situations de la vie de tous les jours, de faits et gestes du quotidien ou d’événements dramatiques. Le genre n’est pas facile à vendre auprès des ados, d’autant plus quand les nouvelles sont un peu difficiles. En effet, les personnages sont rarement nommés, on parle de l’enfant, ou du père, ou du garçon…ce qui requiert une certaine attention. Pour tout vous avouer, Bob n’avait pas très bien capté au début qu’il s’agissait de nouvelles, si bien qu’il n’a pas très bien compris ce qui se passait… Hum. 😛
Autre particularité de l’écriture du brésilien : l’absence de dialogue, ils sont directement intégrés à la narration et les nouvelles commencent ou se terminent parfois abruptement. De quoi dérouter ou étonner quand on a l’habitude de romans plus « classiques ». Pourtant, il serait bien dommage de passer à côté de cet auteur à la plume poétique et aux histoires sensibles. Car c’est surtout de ça qu’il s’agit : Carrascoza capture des instants, des moments d’une vie pour créer des textes qui ont la douceur d’une caresse, même lorsqu’il nous raconte une histoire triste. On a parfois besoin de ce genre de textes et João Anzanello Carrascoza est assurément un auteur à découvrir et à suivre !

Le cours des choses, João Anzanello Carrascoza (La Joie de lire)
collection Encrage
disponible le 21 août 2015
9782889082872 – 11€
à partir de 14 ans

Discussion
5

Dans la gueule de l’alligator – Carl Hiaasen

9782364747234

Richard vit en Floride, où il aime aller voir les nids de tortues avec sa cousine Malley. Le jour où celle-ci fugue pour rejoindre un homme rencontré sur le net, Richard ne peut croire à cette disparition volontaire. Heureusement, il rencontre Skink, un ancien gouverneur déclaré mort, grand défenseur des causes perdues, qui va l’aider à retrouver sa cousine, en fâcheuse posture…

Quand Bob l’ouvre grande

★★★★☆

Si vous avez déjà lu du Carl Hiaasen, alors vous connaissez le goût de l’homme pour les polars écologiques et un peu barrés. Dans la gueule de l’alligator ne déroge pas à cette règle et cela grâce au personne de Skink, vieil allumé complètement déglingué, au look totalement improbable, aux ressources stupéfiantes et au mode de vie des plus surprenants. Richard en est resté comme deux ronds de flan lorsqu’il a l’a rencontré pour la première fois, un peu comme nous. Et c’est sans doute tout ce qui fait la saveur de ce roman un peu dingue qui devient très vite une longue course-poursuite semée d’embûches et d’ennuis divers et variés qui impliquent beaucoup de noyades et de chairs dévorées. Il est clair qu’on ne s’ennuie par un seul instant et qu’on retient notre souffle jusqu’au dernier moment. On peut sans doute ne pas adhérer à cette exubérance constante mais j’avoue que cela donne un côté très drôle, en tout cas décalé, à cette histoire qui ne l’est pas tant que ça. La partie écologie du roman s’intègre très bien à l’intrigue générale, l’auteur ne nous assène pas des données à tout bout de champ ou n’est pas insistant, il sait parfaitement bien doser les choses tout en nous en apprenant beaucoup sur la faune locale.
Un excellent polar écologique aux personnages forts et plein de ressources. Une course poursuite haletante et sanglante qui vous laissera sans doute pantelant…

Et dans la bouche de Jean-Michel ?

★★★★★

thedude

Skink ressemblerait à The Dude du film The big Lebowski

Mais NON DE NON quel roman ! Des tortues de mer, de l’alligator, du skate et des personnages qui pètent des étincelles ?! J’ai sincèrement passé l’un des meilleurs moments de lecture de cette Rentrée littéraire. Carl Hiaasen, en indécrottable auteur spirituel nous offre des instants et des personnages floridiens magiques : Skink qui sort du sable pour chasser un braconnier et le dérouiller…moment précieux de lecture à découvrir ! L’action et la détente se mêlent au burlesque pour une lecture riche à l’écriture et la traduction soignées. Je rejoins Bob sur cette part d’écologie qui apporte une dimension supplémentaire à ce policier qui est déjà riche. Quant au parallèle entre Skink et The Big Lebowski qui est fait au début du roman, il n’y a rien à ajouter : cet ancien gouverneur est le sosie du Dude 😀 En plus électrique et aventurier, certes, mais avec une barbe du tonnerre. Quant au jeune Richard, notons que le courage et la détermination dont il fait preuve pour retrouver et défendre sa cousine sont étonnants : cet adolescent se découvre lui-même des ressources dont il n’avait pas conscience et ce, pour notre plus grand plaisir ! Résultat de cette lecture : mon Bob, je veux partir au bout du monde, laisser pousser ma barbe, défendre des hérons et des tortues en sautant à pieds joints sur des braconniers qui appellerons leurs mères en détalant comme des lapins. On va rigoler hein.
Et n’oublions pas qu’en lisant Dans la gueule de l’alligator, vous deviendrez familier avec le pic à bec ivoire (l’oiseau ci-dessous qui se la pète un peu)…on ne vous dira pas pourquoi, vous n’avez qu’à le lire 🙂

le-Pic-à-bec-ivoire

Chers adultes, sachez que les aventures de Skink existaient déjà avant (avec plus d’actions, encore plus déjanté) et sont disponibles aux éditions 10/18 :
Queue de poisson  9782264045874
 De l’orage dans l’air  9782264041463
 Presse people  9782264059246

Dans la gueule de l’alligator, Carl Hiaasen (Thierry Magnier)
disponible le 19 août 2015
9782364747234 – 17€
à partir de 14 ans

Son
0

Piccadilly kids, t.1 – Eric Senabre

51crMIslLKL._SX324_BO1,204,203,200_

Vous connaissez sans doute ABC Melody à travers ses collections de livres qui initient aux langues ou aux voyages. Aujourd’hui, ils se lancent dans les romans illustrés pour les kids et les teens. Bob vous parle ainsi du premier roman de la collection pour les pré-ados, signé Eric Senabre. Let’s go!

Dave, Chuck et Vera sont trois amis qui décident de faire l’école buissonnière pour assister aux répétitions du concert de leur groupe de rock préféré : les Blackboard Circles. Mais alors qu’ils se faufilent dans les sombres tunnels du Wembley stadium, ils tombent nez à nez avec Thomas Fitzgerald, le chanteur du groupe, leur idole, en train de fuir. C’est le début d’une incroyable journée pour les trois amis.

★★★★☆

Avec Jean-Michel, on avait adoré Sublutetia et on se souvient qu’Eric Senabre nous avait déjà emmenés à Londres dans le troisième tome de la série. On y retourne cette fois avec trois collégiens plein de ressources dans une histoire où le suspense et l’humour sont au rendez-vous ! Et comme le veut la ligne éditoriale de l’éditeur, on ne manque pas non plus de voyager à travers les différents quartiers, les monuments ou les musées de Londres. Un voyage non seulement culturel, mais aussi musical et…mystérieux ! Que peut bien pousser une star internationale à quitter précipitamment un concert imminent pour crapahuter dans toute la ville sans se faire remarquer ? Comme Chuck, on imagine toutes les hypothèses possibles, y compris les plus saugrenues. Heureusement, Dave et Vera sont là pour penser à tout et aider au mieux leur idole. Un trio tout à fait attachant qu’on prend plaisir à suivre dans cette première aventure très bien rythmée, pleine de bonne humeur et richement illustrée par Joëlle Passeron. On ne s’ennuie pas un seul instant et on a hâte de retrouver nos Piccadilly kids dans leur prochaine aventure où les Blackboard Circles auront, semble-t-il, à nouveau besoin de leur aide… See you soon, kids! 😉

Piccadilly kids, 1. Londres, secrets & rock stars, Eric Senabre (ABC Melody)
collection Meloteens
disponible le 20 août 2015
9782368360668 – 10,50€
à partir de 10 ans

Discussion
0

Ma vie à la baguette – Chloé Cattelain

GetBlob.ashx

Kevin et Michael Zhang sont français, nés de parents d’origine chinoise. Avec leur père, on parle chinois, on respecte les traditions et à toutes les vacances scolaires, ils vont dans leur famille en Chine. Mais Kevin aimerait être un ado comme les autres, avoir une copine et vivre sa vie comme il l’entend. Malheureusement, son père rêve de tout autre chose pour lui. Et il ne parle jamais de leur mère, ni de la famille de celle-ci, qu’ils ne connaissent pas. Des silences que les deux garçons vont tenter de briser…

Les chinoiseries de Bob

★★★☆☆

S’il y a un sujet phare dans la littérature jeunesse, c’est bien la famille, ses secrets ou la quête de son origine. Ma vie à la baguette s’inscrit dans cette thématique avec une certaine originalité puisque nous deux jeunes héros ont des origines chinoises. Pourtant, et Kevin vous le dira très bien, il est né dans une maternité de Lille, il est aussi français que ses camarades de classe. Il n’empêche qu’aborder la Chine sous cet angle est plutôt rare et donc intéressant. Et le roman de Chloé Cattelain nous fait ainsi découvrir une histoire de famille rongée par un secret, ou plutôt par des non-dits, des silences que Kevin et Michael ont beaucoup de mal à accepter de la part de leur père. Un père qui ne déroge pas aux clichés véhiculés dans les films ou les séries : il veut absolument la réussite scolaire de ses fils au détriment de leurs envies de petites copines et tient à leur éducation chinoise. Il est intéressant d’ailleurs d’avoir le point de vue de Kevin et de son frère sur ces sujets car, finalement, quel parent ne souhaiterait pas la même chose pour ses enfants ?
En tous cas, c’est avec un certain humour et des petits indices jetés ça et là sur l’histoire familiale de Kevin que l’auteure parvient à nous emmener dans son récit. C’est finalement la grande Histoire qui va intervenir dans les révélations auxquelles vont être confrontés Kevin et son frère et, même si elle est abordée assez sommairement, elle devrait susciter la curiosité des lecteurs sur la Chine. On retiendra également une jolie histoire d’amour, qui donne à ce roman une saveur de plus. Très intéressant !

Jean-Michel s’empare aussi des baguettes

★★☆☆☆

Malheureusement je me suis un peu ennuyée 🙁 Cela vient sans doute du fait que je suis imperméable à toute cette culture asiatique, j’ignore pourquoi. C’est donc un point de vue strictement personnel et je pense sincèrement que ce roman trouvera son public. L’histoire ne m’a certes pas beaucoup touchée mais les protagonistes sont doux, une ambiance calme traverse les pages malgré les petites tensions familiales et amicales. La personnalité de Kevin est attrayante : d’une grande gentillesse, un peu maladroit, respectueux de ses valeurs familiales…l’adolescent dont devraient rêver toutes les jeunes filles ! La qualité d’écriture est indéniable : Chloé Cattelain sait s’exprimer et faire naître des sourires, susciter de l’émotion et être intrigante. De même, la précision de la culture chinoise est à souligner : on ressort de ce roman la tête un peu plus riche 🙂

Ma vie à la baguette, Chloé Cattelain (Thierry Magnier)
disponible le 19 août 2015
9782364747272 – 14,50€
à partir de 13 ans