Discussion
1

Les fragiles – Cécile Roumiguière

Si nous avons l’habitude de découvrir des auteurs dans la collection Exprim’ à travers des premiers romans, c’est cette fois une « déjà grande » qui rejoint le casting de Sarbacane avec un roman tragique, dont la très belle couverture tout en relief laisse planer une aura de mystère…

lesfragiles

Drew a 9 ans quand, au retour d’un match de handball, il assiste impuissant au racisme de son père. Choqué et incapable d’en parler, d’oublier, le garçon grandit dans la haine de ce père qui semble tout aussi incapable de l’aimer. Une haine qui le ronge, le consume, jusqu’à cette rencontre avec Sky, une fille incroyable qui cache aussi des fêlures, fragile comme lui…

Bob

★★★☆☆

Dans un incessant va et vient entre le passé et ce « jour J » aux accents terribles, Cécile Roumiguière explore la relation entre un père et un fils. Un jeune garçon qui voudrait plaire à son père, un homme qui ne semble pas avoir envie de l’aimer et dont la violence, le racisme, vont d’un seul coup transformer le désir d’affection en haine brûlante. Drew grandit, son père finit par s’éloigner, et il fait la rencontre de Sky lors de vacances à la mer. Une rencontre qui va donner un nouveau goût à sa vie, et ce malgré le passé qui refait surface régulièrement. La construction du récit et l’écriture de Cécile Roumiguière, aussi poétique que brutale, nous transporte dans ce roman bouleversant, où la fragilité de ses personnages nous prend aux tripes. Je regrette seulement la fin, qui, après toutes ces émotions intenses, enfonce encore plus le clou et nous laisse avec un goût amer, terrible. Dur !

Jean-Michel

★★★☆☆

On a du mal à croire à certains événements lors de la lecture tant ils sont violents. Certes, l’écriture parnassienne de Cécile Roumiguière adoucit l’animosité de ces scènes, mais l’impact de ce roman a été trop fort pour moi. Mes hormones d’ornithorynque ont peut-être joué mais mes pleurs découlant de cette lecture m’ont fait l’effet d’un coup de poing : cet Exprim sera difficile à conseiller. Pas accessible à tous les adolescents, mais nécessaire : pour ces images fortes du racisme, pour la violence d’un père sur sa famille, sur la difficulté de la construction de soi qui en découle. Dès le début, on sait que Drew a tué son père et tout au long du roman nous assistons à un tête-à-tête entre un fils révolté qui a commis l’irréparable et un père blotti dans son repos éternel tout confort alors qu’il mériterait d’entendre les paroles pleines de véracité de son enfant et pire encore. Pour moi, justice n’a pas été rendue et c’est ce qui m’a le plus scandalisé. Drew a tout de même sombré dans la démence la plus totale. Ce qui rend cette lecture psychotique. Un soupçon d’ambiance Shining flotte dans les pages : ce roman m’a effrayé. De qualité, mais ça retourne sacrément la tête !

Les fragiles, Cécile Roumiguière (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible depuis le 6 avril 2016
9782848658629 – 15,50€
à partir de 14 ans
Son
2

Sauveur et fils, saison 1 – Marie-Aude Murail

Aujourd’hui, Bob fait son coming-out : il n’avait quasiment rien lu de Marie-Aude Murail (à part 22 ! et Maïté coiffure). Hérésie, n’est-ce pas ? 😛 C’est donc avec une certaine candeur qu’il vous parle aujourd’hui de son tout dernier roman, premier tome de ce qui s’annonce au moins comme une trilogie…

9782211228336,0-3174708

Sauveur Saint-Yves est psychologue à Orléans. Chaque semaine, il reçoit des patients aux histoires bien différentes qui fascinent son fils, Lazare, 8 ans, qui a trouvé un petit coin tranquille pour espionner les consultations de son père. Bientôt, des choses étranges se passent autour de la maison des Saint-Yves…ce qui pousse Lazare à se poser de plus en plus de questions sur ses origines et cette mère qu’il n’a jamais connue, décédée peu après sa naissance en Martinique.

★★★★☆

Cette première saison de Sauveur & fils, c’est un peu le pendant littéraire la série télé En analyse. Chaque semaine, nous assistons aux consultations du docteur Saint-Yves, qui reçoit, semble-t-il, beaucoup d’enfants et d’adolescents dans son cabinet. Alors que l’on suit avec un intérêt croissant la progression de chaque patient, c’est la vie de famille de Sauveur et les secrets qu’il cache à son fils qui sont au cœur de ce premier tome. Des secrets dont les racines se trouvent en Martinique, d’où est originaire Saint-Yves, mais qui semblent s’étendre jusqu’en France métropolitaine…

Que cache donc Sauveur à son fils ? C’est bien toute la question qui nous ronge à la lecture et qui ne trouvera de résolution qu’à la fin du roman, mais Marie-Aude Murail parvient à nous faire patienter sans rechigner grâce aux consultations auxquelles, comme Lazare, nous assistons en essayant de ne pas faire de bruit pour ne rien rater des choses confidentielles qui se disent. Et à travers tous ces patients, Marie-Aude Murail se permet d’évoquer de nombreux sujets difficiles, voire tabous, tels que la scarification, l’identité sexuelle, la dépression, la pédophilie… Elle n’oublie pas non plus le racisme, celui ordinaire, dont on ne se rend pas toujours compte, qui frappe continuellement Sauveur et Lazare. Malgré tous ces nombreux sujets qui pourraient être lourds et angoissants dans un seul roman, Marie-Aude Murail n’oublie pas l’humour et c’est sans doute la vie de famille du psychologue et la relation avec son fils – malgré les secrets – qui nous permet de « souffler » entre chaque patient et chaque tranche de vie perturbée.

Une très belle première saison, riche en émotions, qui nous donne très envie de continuer à suivre Sauveur, Lazare et tous ces patients qui nous touchent au fil du récit.
Le point noir ? Sans aucun doute la couverture du livre, qui n’est pas particulièrement représentative du roman (même s’il y a bien des hamsters/cochons d’Inde dans l’histoire) et qui rebutera très certainement le public auquel Sauver & fils est destiné… Dommage, mais faites fi et vous passerez un très beau moment de lecture. 😉

Sauveur et fils – saison 1, Marie-Aude Murail (École des Loisirs)
collection Medium GF
disponible depuis le 13 avril 2016
9782211228336 – 17€
à partir de 13 ans
Son
3

Hugo de la nuit – Bertrand Santini

9782246860266,0-3345557

Une nuit d’été, un enfant, des fantômes, un secret… C’est le programme du tout nouveau roman de Bertrand Santini, après le génialissime et hilarant Journal de Gurty. Intrigués ? 😀

Hugo et sa famille vivent dans une belle demeure à Monliard. Un terrain qui attire la convoitise quand un gisement de pétrole est découvert dans le cimetière du domaine. Et une nuit, tout bascule…

★★★★☆

Difficile de vous résumer le roman de Bertrand Santini sans vous révéler quelques ressorts de l’intrigue ! Pourtant, je ne peux pas ne pas vous dire que Hugo, notre héros, meurt dès la première page. Eh oui, c’est bien triste mais c’est comme ça ! Hugo avait 11 ans, bientôt 12, et c’est la veille de son anniversaire que le malheur s’abat sur lui et sa famille… Sa mère, Hélène, est auteure de romans jeunesse et, grâce à la fortune amassée par les ventes de sa série à succès en 7 tomes (toute ressemblance avec le parcours d’une certaine J.K. Rowling serait fortuite), a acheté le domaine de Monliard. Son père, Romain, est botaniste et, quand le gisement de pétrole est découvert, il compte bien parvenir à protéger le domaine grâce à une fleur présumée éteinte qui a justement poussé près d’une tombe dans le cimetière. Mais, comme je vous l’ai dit, le malheur va s’abattre sur la famille…

C’est là qu’une simple histoire de territoire et d’avidité villageoise se transforme en conte horrifique et ce pour notre plus grand plaisir ! Je ne vous ferais pas de gros spoiler en vous disant que le cimetière de Monliard est hanté par des fantômes et que le cœur du roman va se dérouler entre le monde de la vie et celui de la mort. Pour ceux qui ont lu L’étrange vie de Nobody Owens, sachez que ce cimetière et ses habitants n’ont rien à envier à ceux de Neil Gaiman. Loufoques, étranges, exubérants, mélancoliques, tels sont les fantômes dont Hugo va faire la connaissance. Et nous voilà désormais dans un roman où la peur côtoie un humour pince-sans-rire avec beaucoup de réussite.

Mais là où Bertrand Santini est le plus fort, c’est qu’il joue avec nos impressions et nos sensations jusqu’à la fin du roman, et nous interroge sur notre sens du rêve – ou du cauchemar – et de la réalité. C’est vraiment bien fichu, on se laisse entraîner dans cette nuit étrange et étonnante, on a les chocottes, on rigole, on frissonne, on danse… Une véritable ambiance gothico-burlesque que cette magnifique couverture toute en dorures ne laisse peut-être pas présager mais qui nous surprend fort agréablement. On en redemande ! 😛

Hugo de la nuit, Bertrand Santini (Grasset jeunesse)
disponible depuis le 20 avril 2016
9782246860259 – 13,50€
à partir de 11 ans
Son
1

Le complexe du papillon – Annelise Heurtier

9782203102286,0-3169392

A la rentrée, Mathilde remarque une fille incroyablement belle. C’est Cézanne, une ancienne camarade de classe jusque-là plutôt banale qui, au retour de l’été, est devenue la plus belle plante du collège. Invitée au mariage de la sœur de sa meilleure amie Louison, et désireuse de séduire Jim qui y sera également, Mathilde veut à tout prix perdre du poids pour rentrer dans le robe bleue magnifique vue au centre commercial et être aussi jolie que Cézanne…

★★★☆☆

Annelise Heurtier s’attaque souvent à des sujets audacieux dans ces livres, ce que j’aime tout particulièrement chez elle. Ici, c’est un sujet un peu plus rebattu qu’elle aborde : l’anorexie. Malgré ce thème souvent lu en roman jeunesse, elle prend le parti de s’intéresser plutôt à l’anorexie mentale, et pas seulement physique. Ainsi, point de poncifs ou de scènes difficiles, mais plutôt une lente descente aux enfers pour Mathilde qui, de jeune fille sportive (elle fait de l’athlétisme, on imagine aisément un corps souple et musclé : a priori, un très beau corps !) souhaite avoir un corps de mannequin et plus particulièrement un « thigh gap » (l’espace entre les deux cuisses quand on sert les jambes), rendu populaire par la it-girl Cara Delevingne (vue récemment dans l’adaptation ciné de La face cachée de Margo). Tout ça pour plaire à un garçon et ressembler à une fille de sa classe dont la transformation a été spectaculaire durant l’été ! Quand on repense à sa propre adolescence (ou même maintenant que nous sommes plus grandes à voir chaque jour des affiches de publicité), on se met sans difficulté dans la peau de Mathilde, avec l’envie nous aussi, parfois, de ressembler à ces si belles filles à qui le monde semble réussir. Un complexe dont il est bien difficile de se débarrasser…

Annelise Heurtier décrit avec beaucoup de justesse et de sensibilité l’état de Mathilde, sa volonté de passer d’une moche chenille à un magnifique papillon et l’engrenage terrible dans lequel elle tombe, à quel point il est si facile de ne pas se rendre compte quel danger cela représente… Cet aspect-là est vraiment très bien traité, sans jugement mais avec tous les outils de réflexion nécessaires pour le lecteur.
J’ai seulement regretté la rapidité de la fin, la facilité avec laquelle Mathilde abandonne son crush pour Jim (qui, de toute manière, n’est pas particulièrement présent et pour lequel on se demande bien ce qui plaît à notre héroïne) et la résolution du deuil qui frappait aussi Mathilde. Je n’ai pas beaucoup parlé de cet aspect-là de l’histoire, qui a pourtant son importance, puisque la mort de la grand-mère de Mathilde et l’incapacité de sa mère à en parler vont aussi faire partie des raisons du mal-être de la jeune fille, de la maladie. Il n’en reste pas moins un très beau roman, accessible et bien écrit. 🙂

Le complexe du papillon, Annelise Heurtier (Casterman)
disponible depuis le 6 avril 2016
9782203102286 – 12,90€
à partir de 12 ans
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Des histoires qui filent la trouille – Sylvie Misslin & Isabelle Wlodarczyk

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Une anthologie d’histoires horrifiques à la couverture soignée, si douce qu’on aimerait frotter sa joue dessus, aux illustrations sombres et teintées de lumière bien placées pour vous fiche une petite chair de poule. Ne me dites pas que vous n’avez pas envie de le feuilleter.

★★★☆☆

A deux paires de mains, Sylvie et Isabelle ont œuvré pour faire frissonner vos têtes blondes, juste ce qu’il faut. 18 histoires courtes à partir de 5 ans , mais rassurez-vous, vous pourrez les laisser seuls avec ce bien beau livre : ils dormiront sans encombres. Comme un prélude avant des histoires plus sombres, ces pages mettent dans une ambiance où on touche du doigt la peur, où le mystère est de circonstance et chaque histoire se clôt par une fin plutôt rassurante. Le but de ce recueil est de faire découvrir aux jeunes lecteurs un style bien différent de ce que l’on peut proposer à cet âge en matière « d’épouvante ». Un avant-goût qui les amèneront peut-être vers un style plus effrayant (R.L Stine n’est jamais très loin avec Chair de Poule).

Les contes de la crypte pour les plus jeunes

Montrer que la peur réside dans chacun d’entre nous que l’on soit enfant, adulte, troll, fantôme ou autre monstre : un pari réussi pour les auteurs. Dans l’une des histoires, deux enfants fantômes sont effrayés par les humains par exemple…ou plus simplement la couverture où ce crâne – tout de même symbole de la mort – semble apeuré par une souris ! A chaque début d’histoire on retient son souffle, on frissonne pour les héros et puis vient la chute inattendue. Je n’ai pas trouvé que ces histoires soient terrifiantes, mais elles ont un charme original.

Dans la catégorie

« Il l’a bien cherché »

Le troll transformé en caillou

« Le méchant le plus naze »

L’ogre qui avait peur du jour

« Le meilleur vilain »

Le trafiquant d’ombres : un escroc qui arnaque les enfants afin de leur voler leurs jouets. Trop balèze.

« L’histoire la plus originale »

La vaisselle de la sorcière

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Des histoires qui filent la trouille, Sylvie Misslin & Isabelle Wlodarczyk, illustré par Jan Bielecki (Amaterra)
disponible depuis le 24 mars 2016
9782368560952 – 12,90€
à partir de 6 ans
Son
5

Jan – Claudine Desmarteau

9782364748460,0-3163293
★★★★★

Jan… Jan, c’est Janis, 11 ans, qui n’aime pas vraiment son prénom depuis qu’on l’a fait rimer avec « pisse » et qui n’a pas sa langue dans sa poche. Jan, c’est une débrouillarde, une gamine qui ment un peu et qui utilise plus souvent ses poings que sa tête, une fille qui ne se laisse pas faire. Elle a un petit frère, qu’elle adore et qu’elle veut protéger. Sa mère est vendeuse de chaussures, son père est chômeur professionnel. Et il boit. Beaucoup. Malgré tout, il est super fier de cette fille qui n’est pas « une gonzesse » et Jan est profondément attachée à ses parents et à ce père qui fréquente trop le « bar des amis ». Un jour, cette famille dysfonctionnelle va voler en éclats et je ne vous dis pas comment, ce serait vous gâcher la surprise…mais il fallait bien que ça pète pour que l’on ait une histoire…

Jan, c’est une belle claque dans la figure. Et ça commence avec l’écriture de Claudine Desmarteau, qui s’est lancée le défi de tenir jusqu’au bout de son roman la langue d’une enfant de 11 ans. C’est d’un réalisme social confondant, on se laisse totalement embarquer dans cette écriture, dans ce style, dans ces inventions de mots, d’expressions que tous les enfants de 11 ans entendent et déforment par incompréhension (et on se rappelle que nous aussi, à une époque, on utilisait des expressions à tort et à travers en les entendant dans la bouche des grands et qu’on se la pétait auprès des autres en leur faisant croire qu’on connaissait des trucs incroyables). C’est d’autant plus fort que c’est typiquement le genre d’écriture qui pourrait devenir lourdingue au bout d’un moment : ici, ce n’est pas le cas, l’exercice de style est tenu jusqu’au bout à la perfection. La claque, c’est aussi cette histoire, cet engrenage qui s’enclenche et va chambouler la vie de Jan et de son petit frère. Cette révolte qui gronde en elle, et qui va trouver une résonance dans le film Les 400 coups, de François Truffaut, et notamment à travers le personnage d’Antoine Doinel. Enfin, la claque, c’est aussi cette fin, dont je ne vous dis rien, mais qui nous laisse pantelant, sur le cul, aussi belle que frustrante…

Jan, c’est une lecture incroyable au rythme effréné, une gamine au caractère de cochon, rageuse et révoltée, à qui l’on s’attache de toutes nos tripes. C’est un roman qui chamboule, qui émerveille… Superbe ! Lisez-le. Point.

Jan, Claudine Desmarteau (Thierry Magnier)
disponible depuis le 13 avril 2016
9782364748460 – 14,50€
à partir de 12 ans
Son
1

Timide – Elodie Perrotin

Avec ce tout premier album à La Palissade, Elodie Perrotin a complètement ému Bob, qui s’est retrouvé dans le personnage de cette jeune fille timide qui nous raconte son histoire. 🙂

Timidejpeg_Page_01« Mon personnage est très léger et peut facilement se froisser. Si on lui pose des questions il essaiera de se faire le plus petit possible pour s’effacer dans le papier parce qu’ il a peur de parler. Il est timide, il n’a pas beaucoup confiance en lui, et beaucoup de trémolos dans sa voix.
Dans ce livre on ne l’entendra pas, mais on lira ses phrases et ses dessins qui, peut-être te parleront ? » (Présentation du livre par l’auteure).

★★★★★

Oui, Elodie, tes phrases et tes dessins m’ont beaucoup parlé ! Tout comme toi, j’ai été un petit morse, tout mimi, tout timide, qui essayait de se rendre invisible pour ne pas être interrogé, qui rougissait comme une pivoine dès qu’on prononçait son nom et qui admirait tous ces grands un peu exubérants, qui n’avaient pas l’air de se soucier plus que ça du regard des autres.

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Non seulement tes mots m’ont parlé, les situations dont tu parles m’ont rappelé celles que j’ai également vécues mais tes images, Elodie, ajoutent encore plus de force à ton récit introspectif, au partage de ton histoire qui va résonner dans tous les petits cœurs de timides et qui leur permettra sans doute de dédramatiser ce sentiment et, tout comme toi et moi aujourd’hui, de le maîtriser et de l’accepter.

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Sous cette très belle couverture – j’adore ces petites mèches de cheveux qui forment le titre – se cachent en effet des illustrations de grande qualité. On commence d’ailleurs avec une très belle illustration de la timidité : une petite fille à moitié coupée par la page de titre, cherchant sans doute à se cacher sous les pages pour disparaître de honte. Peu de couleurs sur les pages, du gris, du jaune, du rouge, du bleu, et un graphisme simple, épuré, en parfaite adéquation avec le texte. Un superbe album à mettre entre toutes les mains, celles des petits mais aussi, et surtout, des grands !

Merci Elodie pour cette très belle ode à la timidité et aux timides ! 😀

Timide, Elodie Perrotin (La Palissade)
disponible depuis le 11 avril 2016
9791091330282 – 13,50€
à partir de 7 ans
Son
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Les aventures rocambolesques de l’oncle Migrelin – Elzbieta

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Lorsqu’il avait 9 ans, Migrelin a vécu une aventure avec sa grand-mère et s’est même fait enlever ! Des années plus tard, son neveu retrouve ses archives, constituées de coupures de presse, de rapports ministériels top secret, de lettres…

★★★★☆

Connue pour ses albums, Elzbieta se lance dans le roman pour la jeunesse et, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette entrée est tout simplement renversante ! Ce drôle de petit roman, qui nous est raconté par le neveu de Migrelin, est composé de plein de petites choses étonnantes : entre le récit de la découverte de ces archives par le neveu et ses suppositions sur l’aventure qu’a vécue son oncle, on trouve des rapports du cabinet du Ministère des Affaires Etranges (quel est donc ce ministère étrange ? et comment l’oncle est-il entré en possession de ces papiers ?), des rapports de police, des coupures de journaux, des correspondances bizarre de la grand-mère de Migrelin avec un magicien… Bref, un monceau de pistes pour tenter de découvrir ce qui s’est réellement passé quand Migrelin avait 9 ans et, surtout, ce que peuvent bien être ce dragon et ce « kikilapondu » qui semblent au cœur de cette étrange affaire.

Un roman totalement déjanté, parfaitement rocambolesque, faisant ainsi honneur à son titre, qui ravira les amateurs d’enquête policière et de loufoque. Il est en plus très court, se lit avec une curiosité et un intérêt croissant (bah oui, quand même, c’est vachement bizarre tous ces trucs), nous emportant dans cette aventure incroyable et dans laquelle certaines de nos questions risquent malgré tout de rester sans réponse… C’est étonnant et détonant et c’est le genre de petit roman qui fait du bien à lire ! On en redemande ! 😀

Les aventures rocambolesques de l’oncle Migrelin, Elzbieta (Le Rouergue)
collection DacOdac
disponible depuis le 3 février 2016
9782812609947 – 8€
à partir de 8 ans
Discussion
0

N’y pense plus, tout est bien – Pascale Maret

Pascale Maret a visiblement été très inspirée par un fait divers, mais en se concertant avec Bob, on s’est dit que vous réveler lequel enlèverait toute surprise et on serait bien embêtées si vous nous en vouliez…donc nous ne spolierons point.

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Martin, 13 ans se retrouve sans famille du jour au lendemain. Élevé ensuite par sa tante, il prendra la décision le jour de ses 18 ans, d’embaucher un détective privé qui pourrait l’aider à retrouver la trace du responsable de l’éradication de sa famille à la suite de la découverte d’un indice crucial. Direction la Patagonie pour une chasse au coupable qui remue, où la détermination d’un jeune homme reste l’un des éléments des plus marquants du roman.

Don’t think twice, Jean-Michel

★★★★☆

Sur fond de Bob Dylan, Pascale Maret nous fait vivre une forte expérience, nous parle de désir de clôture, de deuil avec sans doute un soupçon de vengeance qui ère dans un recoin du cerveau tourmenté d’un jeune homme qui ne demande qu’à se re•construire. Je ne m’attendais pas à un début de roman aussi dantesque, une scène douloureuse et étourdissante qui annonce brillamment la suite du roman. L’élément selon moi qui marque le plus le roman ? La maturité de Martin. L’innocence balayée en un coup de pelle, mais sa réflexion reste intacte : il comprend qu’il n’est en rien responsable de la disparition de ses proches. Cependant sa détresse demeure et se traduit par le besoin irrémédiable d’aller au bout de sa piste, la clôture nécessaire du chapitre de sa vie, celle de sa mère, de sa sœur Laure et de son frère Lucas. Ce gros garçon de 13 ans autrefois terrassé par la peur derrière la rambarde de l’escalier s’est transformé en homme qui a réchappé deux fois à la mort par sa bravoure, son incorruptibilité et sa détermination. On souhaite à Martin un bonheur sans encombres ni démons, avec des souvenirs triés sur le volet, précieux et intemporels tels que les sourires des membres de sa famille disparue. Ça tire sur le canal lacrymal, c’est d’une puissance prodigieuse, merci Pascale pour ce moment mémorable.

It’s all right, Bob

★★★★☆

Jean-Michel a tout dit ! J’ajouterais simplement que Pascale Maret n’a pas son pareil pour écrire des histoires tirées de faits divers avec autant de souffle. J’avais adoré sa version de l’histoire de Colton Harris-Morre, dans La véritable histoire d’Harrison Travis, hors la loi, racontée par lui-même et j’ai retrouvé ce côte aventureux dans ce nouveau roman, même si la tragédie est ici bien plus grande. Pascale Maret joue avec toutes nos émotions, depuis l’horreur jusqu’à l’espoir, dans cette quête qui nous emmène au bout du monde.

N’y pense plus, tout est bien, Pascale Maret (Thierry Magnier)
collection Grand format
disponible depuis le 23 mars 2016
9782364748408 – 11,50€
à partir de 14 ans
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A bas la vaisselle ! – Yann Mens

Parce qu’un titre de la collection Petite Poche fait toujours du bien, aujourd’hui on vous offre une tranche de bonne humeur avec une grève pas piquée des vers.

àbaslavaisselle

Dans la famille Toucouleur, on vous présente Fatoumata qui un soir après le dîner familial, refuse catégoriquement de faire la vaisselle et déclare la grève. Ce mot sacré est lâché, il faut désormais aller au bout 🙂 Entre demande d’augmentation d’argent de poche et revendications parentales, les négociations s’annoncent tumultueuses.

★★★★★

Alors, on vous rassure : point de bain de sang syndical à l’horizon mais une maman bien habile et des adolescents qui ne démordent pas. Dans cette famille on fait la vaisselle à partir de 8 ans et Fatoumata (12 ans), Rajiv (9 ans) trouvent injuste qu’Arsène (7 ans) ne s’y colle pas. En revanche Elisa, 2 ans de son état semble être dédouanée de cette corvée d’eau sale. Un piquet de grève est organisé

« Quand il n’y aura plus rien de propre, maman sera obligée de céder »

Mais c’est sans compter sur la contre-attaque de maman, qui à son tour, fait la grève de la lessive. Après moult négociations, la fin de la grève générale est déclarée et tout le monde a obtenu satisfaction. Des messages subtils parcourent ces 40 pages : se rebeller c’est aussi grandir, il n’y a pas de meilleur union que celle de la fraternité, parlementer est une solution qui résout n’importe quel conflit, maman n’est pas une bonne à tout faire, et ne jamais sortir des éléments du service de mariage sous peine de casse inévitable.


A bas la vaisselle, Yann Mens (Thierry Magnier)
collection Petite Poche
disponible depuis le 16 mars 2016 (nouvelle édition)
9782364748286 – 3,90€
à partir de 7 ans