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Le secret de l’inventeur, t.1 Rébellion – Andrea Cremer

Bob ne s’arrête plus de lire ! Et il vient de terminer le premier tome de la nouvelle trilogie d’Andrea Cremer. Andrea Cremer qui sera présente lors du Salon du livre de Paris et que nous aurons la chance de pouvoir interviewer, grâce aux éditions Lumen ! 😀 Du coup, si vous aussi vous avez des questions pour l’auteur, n’hésitez surtout par à nous les envoyer par mail ou en laissant un commentaire sur cet article. 🙂

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Lorsque Charlotte sauve un jeune garçon d’une machine lancée à ses trousses, elle ne s’imagine pas que sa vie est sur le point de changer. Nous sommes aux États-Unis, peu après la guerre d’indépendance remportée par les britanniques et la résistance s’organise. Charlotte et d’autres jeunes, cachés dans les Catacombes, en font partie. Mais l’arrivée du jeune garçon surnommé Grave va changer leurs plans. Charlotte va ainsi devoir se rendre dans la cité flottante de New York pour y percer le secret de son nouvel ami, et venir en aide à la rébellion.

★★★☆☆

Premier tome de ce qui s’annonce comme une trilogie, Le secret de l’inventeur est une uchronie steampunk (ou rétro-futuriste, c’est comme vous voulez), qui part du principe que la guerre d’indépendance des États-Unis s’est soldée par un échec des colons. C’est donc l’Empire britannique qui gouverne d’une main de fer…et ce n’est pas peu dire puisque l’Empire possède des machines de guerre propres à mater l’ennemi et à dissuader toute rébellion. Notre jeune héroïne, Charlotte, fait partie de cette rébellion des colons américains et, si elle vit éloignée des combats et de ses parents qui les mènent, cela ne l’empêche pas de faire tout son possible pour les rejoindre. Mais la rencontre avec Grave, va totalement changer la donne, tout en lui donnant la possibilité de vivre l’aventure dont elle rêvait.
Malgré un début un peu long à la mise en place, Rébellion est un roman qui plaira sans aucun doute. On y trouve tous les ingrédients requis : héroïne rebelle, monde fantastique, mystères et aventures…et une amourette contrariée. L’intérêt vient surtout de l’inspiration steampunk de l’auteur et le choix du lieu et de l’époque. Je ne suis pas une experte du genre mais de tout ce que j’ai lu, ça se déroulait le plus souvent dans le courant du XIXe siècle en Europe. Il est donc super intéressant de découvrir le découpage des États-Unis après l’échec de la guerre d’indépendance (notamment grâce à une carte), même si ça reste succinct afin de privilégier l’intrigue, et l’évolution de l’histoire du pays après cette guerre. En revanche, c’est un peu dommage que l’auteur ne nous donne pas plus de repères historiques (ou une chronologie) car il n’est pas si aisé de savoir à quelle époque on se trouve exactement et certains détails peuvent nous échapper (il est vrai qu’en tant qu’européens, et surtout français, on étudie moins l’histoire des États-Unis à l’école que celle de l’Europe). J’ai aussi regretté que certaines informations de civilisation arrivent si tard dans le récit, par exemple : les personnages ont tendance à jurer le nom de dieux grecs. Pourquoi ? C’est un mystère qui nous sera plus ou moins expliqué vers la fin du récit.
Au-delà de ces détails, qui n’ont finalement que peu d’incidence sur l’histoire en elle-même, le récit est très bien mené. On se laisse entraîner avec Charlotte dans la découverte de cette New York flottante, où les us et coutumes sont bien différents de ceux des Catacombes, et où elle devra donner le change si elle veut réussir sa mission. On s’interroge sur le mystère qui entoure Grave, même si on se doute très vite (ou même dès le début si on est amateur de steampunk) de sa réelle nature, et on se laisse émerveiller par les gadgets et les secrets des Inventeurs qui peuplent ces États-Unis alternatifs.
Le petit laïus de l’éditeur nous promettait « monstres d’acier » (c’est bon, et il y en a des plutôt coriaces !), « magie vaudou » (bon, je n’en ai pas relevé des tonnes d’allusions au sujet, même si on en trouve un peu à la fin) et « combat pour la liberté » (c’est en effet la mission de notre jeune héroïne mais ça reste à réaliser). Globalement, le programme est tenu, mais on sent quand même bien qu’il ne s’agit que d’une mise en bouche et qu’il nous faudra probablement attendre la suite pour en apprécier toute la saveur… Car nombre de mystères sont posés et l’auteur nous promet de belles aventures à venir… A suivre, en tous cas et peut-être aurons-nous quelques réponses durant le Salon du livre ! 🙂

Le secret de l’inventeur, 1. Rébellion, Andrea Cremer (Lumen)
en librairie depuis le 12 février 2015
9782371020290 – 15 €
à partir de 13 ans

Son
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La petite sirène à l’huile – Emilie Chazerand et Aurélie Guillery

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Ulysse n’est pas super enchanté d’aller chez tatie Frida et tonton Lucien pendant les vacances de Pâques. D’ailleurs, il les appelle Tatie-Prout et Tonton-Bigleux, c’est dire ! Non seulement tous deux ont des particularités un peu spéciales, mais en plus, ils ont un chat qu’ils traitent comme leur petit bébé. Et tout ça, c’est sans compter que les repas se composent uniquement de boîtes de conserve…pour les humains comme pour le chat !

★★★★☆

Vous comprenez maintenant pourquoi Ulysse n’avait pas franchement envie d’aller chez son oncle et sa tante ! Mais heureusement pour lui, comme pour nous lecteurs, il va arriver un truc assez incroyable à notre jeune héros. Et quand je dis « incroyable », je ne vous raconte pas de salades, foi de Bob ! Car, le jour où Ulysse s’apprête à manger avec un enthousiasme non feint une boîte de sardines, il y découvre une sirène ! Les vacances, qui promettaient d’être super nazes, prennent alors un tour nouveau… Eh oui, maintenant qu’Ulysse s’est trouvé une occupation : cacher sa petite sirène, notamment des griffes du chat, et s’en occuper, il se pourrait bien que le séjour chez tatie et tonton ait un tout nouveau goût…

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Drôle et coloré, cet album devrait plaire aux enfants qui aiment les contes…et que font rire les prouts ! Les illustrations d’Aurélie Guillerey sont très chouettes, entre les personnages un peu ridicules et les couleurs qui pètent (oups !), et se marient très bien avec le texte joueur et irrévérencieux. Un album qui s’intéresse à l’imagination enfantine et, franchement, il faut vraiment s’ennuyer comme un poisson mort pour créer du fantastique à partir d’une boîte de conserve ! Pauvre Ulysse !

La petite sirène à l’huile, Emilie Chazerand et Aurélie Guillery (Sarbacane)
en librairie depuis le 4 février 2015
9782848657530 – 14,90 €
à partir de 5 ans

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BodyGuard, t.1 L’otage – Chris Bradford

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On vous proposait de le gagner la semaine dernière et ça vous aurait peut-être donné encore plus envie de participer (ou pas !) car Bob vient de terminer le premier tome de BodyGuard, la nouvelle série de Chris Bradford qui, comme le dit Eoin Colfer sur la couverture, est à « couper le souffle ». C’est parti !

Connor Reeves a 14 ans et vient de remporter un championnat local de kickboxing. Alors qu’il vient en aide à un jeune homme attaqué par une bande de petites frappes, il se retrouve embarqué dans les locaux de la police où il se fait recruter par une agence un peu particulière… Secrète, cette agence est spécialisée dans la protection de jeunes personnalités : stars du cinéma ou de la chanson, enfants de grands chefs d’entreprise ou de diplomates… Pour sa première mission, Connor est envoyé à Washington pour protéger la fille de l’un des hommes les plus puissants au monde : le président des Etats-Unis.

★★★☆☆

Si vous avez aimé Cherub ou les autres séries d’action publiées chez Casterman, vous ne serez pas déçus ! BodyGuard s’inscrit dans cette même veine pour vous proposer un roman qui ne laisse aucun temps mort et introduit un nouveau héros auquel vous ne manquerez pas de vous attacher. En effet, Connor a tout du parfait héros : un père disparu (dans une scène d’introduction qui vous plonge tout de suite dans le bain), une famille dans le besoin, une moralité et un courage sans failles et un grand sens du devoir. Des qualités qui lui seront très utiles dans sa mission de la plus haute importance. Une mission dans la plus pure tradition des fictions post-11 septembre. Car, si la mission de Connor est de protéger Alicia, la fille du président des États-Unis, c’est tout d’abord car la jeune fille a une certaine propension à déjouer son service de sécurité pour vivre une vie « normale » d’adolescente. Mais, très vite, on va découvrir qu’Alicia est la cible d’une organisation terroriste et la mission de Connor va considérablement se corser. Le récit alterne ainsi entre l’histoire de Connor et celle de l’organisation terroriste. Nous n’avons donc aucune surprise sur ce qu’il va se passer et on peut regretter le traitement un peu stéréotypé de l’organisation terroriste en question (surtout quand un des personnages, Hazim, semblait suffisamment intéressant pour apporter quelque chose de plus au récit). L’intérêt vient donc principalement de la découverte du métier de garde du corps et des services de protection, et de la façon dont Connor va s’acquitter de sa mission à haut risque. Il pourra bien sûr compter sur les amis de son équipe au sein de BodyGuard et de gadgets technologiques qui ne déplairaient pas à James Bond.
Cette première mission de Connor remplit bien son office, on passe un bon moment de lecture, et elle plaira sans aucun doute à tous les amateurs d’action, notamment de Cherub, série à laquelle BodyGuard m’a beaucoup fait penser par bien des aspects. L’histoire en elle-même n’est pas très originale et vous rappellera sans doute un film ou un épisode de série TV à l’américaine, bien que la fin du livre nous laisse entrevoir un complot plus vaste… à découvrir dans la suite, peut-être ? 🙂

BodyGuard, 1. L’otage, Chris Bradford (Casterman)
en librairie le 4 mars 2015
9782203083578 – 15 €
à partir de 13 ans

Son
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L’année de Jules – Hubert Ben Kemoun

Cette jeune série ce concentre sur Jules, petit garçon qui, mois après mois, va découvrir la vie et apprendre à grandir. Les événements de la vie de tous les jours, l’école, les copains…de nombreux sujets traités dans, à ce jour, 8 histoires, de septembre à mars. Je vous propose aujourd’hui de découvrir deux titres : La surprise des surprises (septembre) et Le jour des amoureux (février), qui tombe à pic !

★★★★☆

9782700243680, 0-2172831Dans La surprise des surprises, Jules va découvrir l’élection des délégués de classe. En effet, peu après la rentrée, c’est l’heure de choisir les délégués. Mais sur les vingt-six élèves de sa classe, dix-huit se présentent à l’élection. Le choix devient alors très difficile, surtout quand Léo, le meilleur ami de Jules, et Clarisse, son amoureuse, font partie des candidats. Il faudra alors toute l’intelligence de Jules, et son observation de ses camarades, pour que cette journée soit…surprenante !

9782700243819, 0-2506024Dans Le jour des amoureux, la Saint-Valentin approche. Jules ne connaissait pas cette fête et son ami Léo le prévient qu’il va falloir offrir un cadeau à son amoureuse, Clarisse. Mais Jules n’a pas d’idées. Ou plutôt si, il en a plein, mais il les offre à Clarisse toute la semaine avant le 14 février et, le jour J, il n’a pas de cadeau à lui offrir…

Pour les plus jeunes lecteurs, cette série écrite par Hubert Ben Kemoun, aussi doué pour les ados que pour les plus petits, est un petit régal de tendresse. L’écriture est simple et accessible, les sujets variés et au plus proche des enfants sont très bien abordés. Le système du vote dans le premier est très bien expliqué et, même s’il n’est qu’à l’échelle de la classe, il est tout à faire valable pour en discuter avec les enfants après la lecture. J’ai aussi beaucoup aimé l’espièglerie de Jules dans le deuxième et sa compréhension de l’amour. Les illustrations de Colonel Moutarde apportent un certain dynamisme et correspondent parfaitement à l’univers de la série. En bref, de très bons petits romans à mettre entre les mains des jeunes lecteurs.

L’année de Jules, Hubert Ben Kemoun (Rageot)
collection Petit Roman (8 tomes parus)
en librairie depuis juin 2014 et janvier 2015
9782700243819 – 5,70 €
à partir de 6-7 ans

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La boîte – Anne-Gaëlle Balpe

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Avec Jean-Michel, on se bat toujours quand il y a un nouveau roman de la collection Exprim’ qui sort. Et cette fois, c’est la carrure imposante de Bob qui a remporté la lecture du tout dernier en date et qui porte le nom mystérieux de La boîte !! Tadaaaammm… (ne vous laissez pas berner par tout ce rose sur la couverture, car vous allez être surpris) !

Malt et Jen ont vingt ans, et aucune perspective d’avenir. Ils passent leurs journées à zoner dans leur petit ville perdue, jusqu’au jour où ils découvrent une boîte sous le banc du parc. A l’intérieur, un billet, accompagné d’un mystérieux message : « Plus d’argent en échange d’un service ».

★★★★☆

Voilà un résumé qui donne plutôt l’eau à la bouche, non ? Eh bien non seulement on se laisse tenter mais on se laisse aussi très vite prendre au jeu, comme les personnages, afin de savoir ce que referme cette boîte ou, plutôt, ses promesses. Car, comme le pense Jen, il ne s’agit probablement que d’un jeu, d’une sorte de téléréalité ou de caméra cachée. Qu’est-ce qu’on y risque à part devenir célèbre et riche ? Dès lors, la vie de nos jeunes adultes va basculer du tout au tout car, bien sûr, la tentation de l’argent facile est grande. Et si tout semble merveilleux au début (on va dans la ville la plus proche dépenser sans compter, louer une suite majestueuse dans un grand hôtel…), le « service » finit par être demandé et c’est Malt qui va s’y coller…et découvrir qu’il trempe dans une terrifiante affaire. Mais je ne vous dis rien, ce serait gâcher la surprise (enfin…l’horreur) ! 🙂
Ce que je peux vous dire, c’est que l’écriture d’Anne-Gaëlle Balpe est carrément addictive et, du coup, très efficace, on a l’impression de se trouver dans un bon film d’action, où le suspense est rondement mené, les dialogues percutants, les scènes rythmées et parfois même spectaculaires. Les personnages sont très réussis, on s’attache instantanément à Malt et à son histoire. On ressort de tout cela le souffle court, d’autant plus que les pages défilent à une vitesse terrible, nous donnant l’impression d’avoir terminé le livre trop tôt.
Je ne connaissais pas Anne-Gaëlle Balpe, alors qu’elle a déjà une bibliographie bien fournie, mais ce sera assurément une romancière à suivre pour les ados.

La boîte, Anne-Gaëlle Balpe (Sarbacane)
collection Exprim’
en librairie depuis le 4 février 2015
9782848657585 – 15,50 €
à partir de 14 ans

Son
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Afterworlds – Scott Westerfeld

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Il y avait longtemps que Bob n’avait pas lu un bon gros pavé (670 pages bien tassées), qui lui a pris un certain temps mais qui va être aussi un peu compliqué à commenter…car il s’agit d’un livre dans un livre ! Voici donc le tout nouveau roman de Scott Westerfeld, découvert notamment grâce à la série Uglies, qui était particulièrement réussie.

Darcy Patel a 18 ans et vient de décrocher un juteux contrat d’édition pour son premier roman Afterworlds. Elle met alors l’université entre parenthèse pour s’installer à New York et devenir un véritable écrivain, comme elle en a toujours rêvé. Lizzie, le personnage inventé par Darcy, découvre « l’envers du décor », le monde où se rendent les fantômes, lorsqu’une attaque terroriste dans l’aéroport où elle se trouve l’oblige à se faire passer pour morte…

★★★☆☆

Le roman se compose de deux histoires entremêlées : celle de Darcy, auteur dans le « monde réel » et celle de Lizzie, l’héroïne du roman écrit par Darcy (fans de Jane Austen, c’est pour vous !). Chaque chapitre passe ainsi de l’une à l’autre. Le procédé est plutôt chouette et permet d’alterner entre chaque histoire tout en distillant un suspense réussi.
Le roman commence tout d’abord avec Darcy Patel, jeune auteure de 18 ans qui a reçu un contrat très juteux pour publier son livre Afterworlds. Très vite, la jeune fille se rend à New York, où elle retrouve son agent, découvre son éditeur et les soirées consacrées aux auteurs « young adults ». Durant tout son séjour à New York, elle va devoir retravailler l’écriture de son roman selon les demandes non seulement des éditeurs mais aussi du service marketing et, surtout, entamer la suite de son roman. Tout un processus éditorial qui va non seulement stresser notre jeune auteure mais également l’aider à grandir et à s’émanciper.
Intercalée à l’histoire de Darcy se trouve celle de son héroïne, Lizzie, qui commence sur les chapeaux de roue avec une scène d’ouverture digne des meilleurs films d’action : une attaque terroriste dans un aéroport. Coincée, Lizzie appelle les secours qui, dans l’absence de portes de sortie, lui conseillent de faire la morte. Et elle le fait si bien qu’elle va se retrouver dans « l’envers du décor », l’endroit où vont les fantômes avant de rejoindre l’enfer. Elle y rencontre Yamaraj, un jeune homme « psychopompe » (guide des âmes), qui va lui révéler sa nouvelle nature et, bien évidemment, devenir son amoureux…
Pour être honnête, j’ai beaucoup plus aimé l’histoire de Darcy et tout le processus lié à la création littéraire et éditoriale (ce doit être mon côté bibliothécaire), même s’il y a de grandes différences entre l’édition aux États-Unis et celle en France. L’histoire d’Afterworlds est une romance fantastique un peu lue et relue, même si la mythologie hindoue qui y est associée apporte une touche exotique plutôt chouette. Mais il est possible que le lectorat ciblé par ce roman soit plus sensible à l’histoire de Lizzie qu’à celle de Darcy, pleine de jargon éditorial et d’une love-story peu conventionnelle. En plus, vu le pavé, il y a des chances que certains lecteurs sautent les passages qui les intéressent moins pour ne s’attacher qu’à une seule histoire. Je dois aussi avouer que, au vu du slogan de couverture, je m’attendais à un roman un peu plus « science-fictionnesque », alors que pas du tout, il s’agit d’un roman tout à fait ancré dans la réalité. On pourrait alors se demander : quel intérêt de raconter deux histoires totalement indépendantes dans un même livre ? Peut-être est-ce une façon pour Scott Westerfeld de montrer que l’écriture d’un roman est longue et complexe ? Ou alors de dire aux jeunes auteurs, lancez-vous et réalisez vos rêves ! Le lecteur sera libre de choisir. En tous cas, j’ai trouvé ce roman vraiment très intéressant sur l’écriture d’un livre et les questions et réécritures auxquelles un auteur doit se confronter pour voir un jour son œuvre publiée. Selon moi, il aurait pu se consacrer uniquement à Darcy mais les ados y trouveront peut-être à redire… 🙂

Afterworlds, Scott Westerfeld (Pocket Jeunesse)
en librairie le 5 mars 2015
9782266256285 – 18,90 €
à partir de 14 ans

Son
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Retrouver le petit frère – Gisèle Bienne

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Je ne connais pas bien l’œuvre de Gisèle Bienne et n’avait lu d’elle que On n’est pas des oiseaux, qui m’avait laissé un souvenir un peu étrange et dont l’histoire m’avait mise mal à l’aise. Je me suis donc plongée avec curiosité dans ce nouveau roman, qui bénéficie d’une très belle photo de couverture…

Sophie et Emma promènent leur petit frère, Odilon, le long de la route, vers l’étang et la forêt. Elles ont l’habitude de le faire et, le temps d’aller voir les canards, elles laissent leur petit frère dans sa poussette. Quand elles reviennent, l’enfant à disparu. Où est-il ? Que s’est-il passé ? Des questions qui vont hanter les deux adolescentes pendant longtemps car personne ne retrouve Odilon…

★★★☆☆

Gisèle Bienne nous brosse le portrait d’une famille – et notamment d’une jeune fille, Emma – à qui une chose terrible est arrivée : la perte d’un enfant, d’un frère. Comment se reconstruire et continuer à vivre après une erreur aussi terrible ? Car il s’agit bien de la négligence de Sophie et Emma qui a conduit à la disparition d’Odilon. Toutes deux vont avoir des réactions très différentes, devant les gendarmes, leurs parents, ou leurs amis. Et pourtant, elles vont continuer à grandir avec cette perte, l’une « choisissant » d’oublier, l’autre faisant tout pour garder un contact avec son petit frère, quitte à cultiver un espoir fou. J’ai trouvé l’écriture de Gisèle Bienne très belle, même si certains dialogues entre ados m’ont paru un peu vieillots, et le personnage d’Emma est très touchant. Sa volonté de réparer sa faute, de rester persuadée que, lorsqu’elle aura sa majorité, elle retrouvera son frère, en font une héroïne à laquelle on s’identifie volontiers et que l’on va suivre avec intérêt. Sans vous révéler la fin, j’ai cependant trouvé la résolution de l’enquête un peu facile. Elle fonctionne bien, surtout quand on lit le roman d’une traite, mais il y a tout de même une part de chance qui me semble peu réaliste. Enfin…il s’agit d’un roman ! Et d’un joli roman. 😉

Retrouver le petit frère, Gisèle Bienne (École des Loisirs)
en librairie depuis le 21 janvier 2015
9782211107822 – 15 €
à partir de 13 ans

Son
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On est tous faits de molécules – Susin Nielsen

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Dites, Hélium, c’est quoi cette agréable et exclusive surprise ? Figurez-vous que nous, lecteurs français, sommes les premiers à lire le tout nouveau roman de Susin Nielsen car il ne sort dans son pays d’origine (le Canada) qu’au mois de mai !!! Ce n’est pas génial ? Et vous savez ce qu’il est encore plus : ce roman, On est tous faits de molécules, qui est le tout premier méga-giga-gros coup de cœur de l’année 2015 de Bob. Alors merci, merci Hélium. 🙂

PETITE MODIFICATION (mais qui a son importance !) : Malgré ce que Bob vous a annoncé, le roman ne sortira finalement que le 15 avril pour des causes indépendantes de la volonté de l’éditeur (le livre est en effet sélectionné pour de prestigieux prix en Angleterre, la Carnegie Medal et le Guardian Prize, qui ont donc l’exclusivité pour la parution). 2 petits mois et demi à attendre…vous allez survivre ?

Stewart, 13 ans, et enfant surdoué, a perdu sa mère il y a deux ans. Quand son père a retrouvé l’amour, les voilà tous deux à emménager chez cette nouvelle femme et sa fille, Ashley, la fille la plus populaire du collège. Stewart est ravi, il va enfin avoir une sœur ! Sauf qu’Ashley l’est beaucoup moins, surtout que son père a récemment révélé être homosexuel, ce qui est bien plus que la jeune fille peut supporter…

★★★★★

Autant vous le dire tout de suite : vous n’allez pas lâcher ce roman ! Susin Nielsen a le don de nous attacher instantanément à son histoire et à ses personnages. Même les plus casse-pieds on les aime bien ! Et, surtout, ses personnages ont toujours une originalité et une personnalité qui les distinguent de tous les autres. Ce sont des héros sans l’être, ce sont des garçons surdoués mais pas si doués que ça pour la vie sociale et qui nous promettent des réflexions pertinentes, parfois débiles, toujours très drôles. Le roman est à deux voix, celle de Stewart puis celle d’Ashley et, si les scènes se répètent de l’un à l’autre pour avoir le point de vue de chacun, on ne s’en lasse pas une seule seconde. Il y a des thèmes abordés dans ce roman qui semblent chers à l’auteur : la différence (ici, Stewart est un « petit génie » avec des problèmes d’adaptation), l’homosexualité et la façon dont elle est perçue par les personnages (honte pour Ashley, homophobie pour d’autres). Le tout avec un humour qui fait toujours mouche ! On se moque un peu d’Ashley et sa passion unique pour l’apparence et la mode qui la font souvent passer pour plus bête qu’elle ne l’est et, pourtant, elle ressemble à tellement d’ados ! Mais on frissonne aussi pour elle quand des situations dérapent… Quant à Stewart, les souvenirs de sa maman qu’il chérit, sa volonté de s’intégrer, son désir de former une nouvelle famille et sa façon de mettre les pieds dans le plat le rendent extrêmement touchant et attachant. Contrairement à son précédent roman Le journal malgré lui de Henry K. Larsen, qui était très sombre, Susin Nielsen renoue ici avec une légèreté qu’on retrouve de plus en plus rarement dans la production adolescente actuelle et ça fait vraiment du bien ! Un titre parfait dans notre sélection du moment et un premier gros coup de cœur de cette année 2015 ! A lire d’urgence !

On est tous faits de molécules, Susin Nielsen (Hélium)
en librairie le 15 avril 2015
9782330039332 – 14,50 €
à partir de 13 ans

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Lily – Cécile Roumiguière

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La reprise de Bob et Jean-Michel est un peu difficile…et en attendant de vous révéler notre prochaine sélection, Bob vous fait découvrir le nouveau roman de Cécile Roumiguière, à paraître fin février !

Paris, 1961. Lily, 16 ans, se prépare au concours d’admission des ballets de l’Opéra. Depuis de nombreuses années, elle travaille pour réaliser son rêve : devenir ballerine, et faire la fierté de son frère Michel, qu’elle aime plus que tout. Quand il part faire la guerre en Algérie et que Lily n’a plus de nouvelles de lui, plus rien ne semble avoir de sens dans la vie de la jeune fille, pas même la danse…

★★★★☆

A travers les mots et les souvenirs d’un vieux cinéaste à sa petite-fille, cousin de la jeune Lily, nous découvrons l’histoire de cet amour trop fort encore un frère et une sœur. Un amour qui va se trouver mis à mal par le départ du frère en Algérie et les « événements » qui s’y déroulent. L’histoire se déroule ainsi sur plusieurs époques – le Paris des années 1960 et le Paris d’aujourd’hui duquel est racontée l’histoire – et sur plusieurs lieux – la France et l’Algérie. Ces parallèles me semblent intéressants pour notre génération d’adolescents qui, comme Loriane, la petite fille du cinéaste, vont découvrir une période de l’histoire française compliquée et pleine de non-dits. Ce passage constant des années 60 à notre époque permet également de souffler entre les événements racontés, pas toujours faciles, et d’installer une sorte de suspense propre à nous faire tourner les pages plus vite pour savoir ce qu’il va se passer. Le personnage de Lily est incroyablement intéressant et son évolution très réussie, pour passer de la petite danseuse parfaite à une jeune femme émancipée et maîtresse de son destin. Les personnages secondaires, qui gravitent autour de l’héroïne, apportent tous les dimensions nécessaires à la réussite de ce roman, à la fois historique, romantique et social. Il est intéressant également de noter tous les clins d’œil au cinéma de la Nouvelle Vague, les personnages « historiques » qui croisent la route de Lily, les évolutions de la condition de la femme… En bref, Lily est un très beau roman, comme sait si bien les écrire Cécile Roumiguière.

Et pour en savoir plus, l’auteur propose un article sur la rédaction de ce roman sur son site internet. 🙂
A noter aussi la couverture de Séverin Millet que je trouve très réussie !

Lily, Cécile Roumiguière (La Joie de Lire)
collection Encrage
en librairie le 20 février 2015
9782889082551 – 14,50 €
à partir de 13 ans

Son
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Le Chevalier Ventre-à-Terre – Gilles Bachelet

De bon matin, il est temps pour Bob d’écrire un article pour son site. C’est parti ! Mais d’abord, gros petit déjeuner, longue douche chaude, choix des vêtements (important !) et on y va ! En fait, Bob n’a pas encore regardé ses mails, il faudrait regarder. Et puis Facebook, aussi. Ah tiens c’est déjà l’heure de manger ! Et après manger, petite sieste. Et puis aussi le tout dernier épisode de sa série préférée, il serait temps de le regarder. Un autre encore. Et nous voilà déjà au soir, un Bob tout fatigué et plus capable d’écrire son article. Allez, ça peut attendre demain…

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C’est toute l’histoire de cet album trop génial que Gilles Bachelet raconte quand même vachement mieux que Bob ! D’abord parce qu’un escargot, c’est mieux qu’un morse (même si ça bave tout autant) et que la vie du Chevalier Ventre-à-Terre est plus palpitante que celle de Bob. Eh oui, notre Chevalier se réveille frais comme un gardon pour livrer bataille à Corne Molle, son ennemi juré. Sauf qu’avant de se rendre sur le champ de bataille, il faut quand même se préparer un minimum. Et quand en plus on est un escargot, ça peut prendre du temps… Ah la procrastination ! C’est bien le sujet de cet album savoureux, aux illustrations splendides et humoristiques (en plus, avec Jean-Michel, on a vu les planches originales de Gilles Bachelet – et le môssieur lui-même – lors de la présentation des nouveautés du Seuil en septembre dernier). On y retrouve d’ailleurs plein de clins d’œil et références à ses précédents albums ou même à d’autres illustrateurs (Tomi Ungerer, Janik Coat, Jean de Brunhoff, etc.), ce qui nous amuse beaucoup avec Jean-Michel. En tous cas, les enfants vont se régaler avec cet anti-héros sympathique ! Et nous, on apprécie le message de cet album anticonformiste. Les bisous, c’est quand même mieux que la guerre, non ? 🙂

Le Chevalier Ventre-à-Terre, Gilles Bachelet (Seuil Jeunesse)
en librairie depuis le 6 novembre
9791023503548 – 15 €
à partir de 4 ans