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Pour qui tu m’as prise ? – Isabelle Rossignol

Pauline est folle amoureuse de David, au grand désespoir de son amie Camille. Car Pauline a des étoiles plein les yeux tout le temps alors que David ne semble même pas la remarquer… D’ailleurs, David n’est pas tellement intéressé par les filles ou l’idée d’avoir une petite amie. Il attend le jour où ça viendra sans s’en soucier plus que ça… Sauf que son pote Mathieu accumule les conquêtes et ne cesse de chambrer David sur son absence d’intérêt pour la gente féminine. Il va alors le pousser dans les bras de Pauline…

★★☆☆☆

Attention, livre choc ! La lecture de ce nouveau roman de la collection Ego ne vous laissera probablement pas indifférent car il aborde un sujet vraiment difficile : le viol (oui, autant vous le dire tout de suite car même s’il n’apparaît qu’à la fin, on se doute plus ou moins que c’est ce qui va se passer). Prenons d’abord la forme : nous avons quatre personnages, dans cette histoire, dont les interventions sont matérialisées comme dans une pièce de théâtre, si ce n’est que nous n’avons que les pensées des personnages, ou la retranscription des conversations qu’ils ont entre eux. C’est plutôt original et agréable à la lecture. Pour le fond, je suis un peu plus sceptique. J’ai bien aimé le début, dans lequel on découvre petit à petit nos personnages, leurs qualités et leurs défauts. Je trouve que la pression qui s’exerce à l’adolescence sur l’amour et la sexualité est très bien rendue, surtout sur les garçons. Car Mathieu est du genre à emballer les filles et David, lui, pense plutôt que ce n’est pas grave ou important de ne pas être actif sexuellement à 17 ans. Et il a raison ! Malgré les piques et les moqueries lancées par Mathieu, David se sent bien dans sa peau et attendra le moment qui lui conviendra pour sortir avec une fille… Sauf qu’un jour, Mathieu finit par le convaincre de tenter sa chance avec une fille : Pauline, qui le dévore des yeux chaque matin devant le lycée. Mais comment fait-on pour sortir avec une fille ? Et comment fait-on une fois qu’on est avec elle, prêt à se lancer ? Si David ne sait pas à qui poser ses questions, heureusement, Internet est là. Et c’est la pornographie qui va devenir son professeur d’éducation sexuelle… Alors le jour où David sort enfin avec Pauline, il a tout prévu (grâce à l’aide de Mathieu) et tout semble bien se dérouler, il croit même tomber un peu amoureux d’elle, jusqu’au moment où tout bascule… Difficile de tout vous dire sans vous raconter tout le livre, mais si j’avais bien accroché au début, aux questions des ados sur l’amour, la sexualité, j’ai très vite déchanté. J’ai trouvé le basculement de David, plutôt sûr de lui sur sa sexualité au début, très rapide à partir du moment où il regarde du porno. La scène qui conduit au viol notamment, m’a semblée pleine de contradictions, peut-être aussi à cause de la confusion qui règne dans l’esprit du garçon. Il est clair que la fin du livre met mal à l’aise et qu’on ne ressort pas de cette lecture complètement indemne. C’est d’ailleurs très difficile de « noter » un livre pareil. Néanmoins, je trouve que contrairement à d’autres livres de la même collection qui répondent bien au cahier des charges (faire réfléchir le lecteur sur le sujet), Pour qui tu m’as prise est moins évident sur ce qui est dénoncé, en dehors du viol, je veux dire : est-ce le porno et son accès facile sur le net ou bien plutôt le fait que les ados ne trouvent personne avec qui parler de sexualité (hormis les amis et on sait bien que personne n’est expert chez nos copains à cet âge-là) ? Bon, c’est peut-être mon côté convaincue que l’éducation sexuelle est super importante à réaliser auprès des ados qui parle, mais tout de même, j’ai eu l’impression qu’il manquait quelque chose pour véritablement inciter les jeunes à réfléchir, pour leur faire prendre le recul nécessaire à cette réflexion. Car il y a véritablement beaucoup de choses dans ce roman, et des choses graves qui ont besoin d’accompagnement… Bref, je pourrais discourir avec vous de tout ce qui est évoqué dans ce roman, mais je n’en ai pas la place… Néanmoins, je serais ravie de pouvoir en discuter si vous le souhaitez et si vous l’avez lu !

9782362661129,0-2229362
Pour qui tu m’as prise ?, Isabelle Rossignol (Talents Hauts)
Collection Ego
en librairie le 4 septembre
9782362661129 – 8 €
à partir de 15 ans

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La dose – Melvin Burgess

Melvin Burgess et moi, c’est un amour qui date depuis Billy Elliot alors autant vous dire que les noces de diamant c’est pour bientôt. Imaginez mon état mental lorsque j’ai su qu’une nouveauté était prévue à la Rentrée…Je l’ai lue et je n’en ai pas laissé une miette. Je vous dresse le tableau de ce thriller époustouflant :

LaDoseLa récession dure depuis de nombreuses années et le chômage et la pauvreté dominent chez les jeunes. Alors que leur avenir est incertain, une drogue révolutionnaire appelée « le Raid » déferle sur Manchester. Elle offre une vie rêvée et tous les possibles pendant sept jours puis accorde une mort inévitable. Une rock star, Jimmy Earle meurt sur scène en concert après avoir ingéré cette drogue et l’anarchie se fait sentir chez des centaines de fans présents ce soir-là. Parmi eux : Adam et sa petite amie Lizzy. En pleine manifestation, les Zélotes (un mouvement d’utopistes qui combattent les inégalités sociales) lancent par poignées du Raid à la foule, incitant les jeunes à les ingérer. De fil en aiguilles, Adam finira par avaler cette drogue et regretta son geste peu après…

★★★★★

Il n’est jamais facile de conseiller un livre de Melvin Burgess : ses romans sont emprunts d’une certaine violence qui fait écho à notre société actuelle et souvent, ça déplaît. Après avoir conseillé Junk à sa fille de 17 ans, une maman indignée m’avait prévenue que si sa fille se droguait par la suite, ce serait ma faute. « Mais madame… » lui ai-je répondu en posant ma pipe à crack. « …un livre de cet acabit a pour but de bouleverser son lecteur, l’emporter dans un monde qui n’est pas le sien le temps de quelques heures sans vanter les mérites de l’héroïne, bien au contraire. » Melvin et moi on est rien que des incompris. Qu’à cela ne tienne, je considère Junk come un excellent livre et je peux vous assurer que La dose est aussi addictif !
Sombre et envoûtant, il se lit d’une traite : l’adrénaline est omniprésente et les personnages sont vraiment effrayants, presque autant que cette société en pleine anarchie. Ce thriller dystopique est source de réflexions : quel sens donner à la vie ? Est-il utile de se sacrifier pour une cause ? Doit-on nécessairement se révolter contre un système ? On ressort haletant à la fin de cette lecture…Si jamais vous avez apprécié la série Breaking Bad, vous aimerez sans complexe La dose. Je vous encourage à découvrir ce grand auteur.
Au fait : je n’ai pas de pipe à crack.

La dose
Melvin Burgess
coll. Scripto, Gallimard Jeunesse
sorti le 11 septembre
9782070655854 – 14,90€
à partir de 15 ans

Le site de l’auteur – http://melvinburgess.net

D’autres titres de Melvin Burgess à découvrir…
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La gueule du loup – Marion Brunet

9782848657097,0-2306151

Jean-Michel et moi, on avait adoré Frangine, premier roman de Marion Brunet. Du coup, on avait vraiment hâte de découvrir son nouveau titre dans la toujours excellente collection Exprim’. Et comme d’habitude avec ces histoires, on n’en ressort pas totalement indemne !

Leur bac en poche, Lou et Mathilde décident de se rendre à Madagascar pour y passer des vacances de rêves, dignes d’une carte postale. Mais leur visite de l’île ne sera pas aussi idyllique qu’elles l’imaginent et leurs vies en seront bouleversées à jamais…

★★★★☆

Le nouveau roman de Marion Brunet frappe encore une fois très fort dans ce thriller d’aventure tout à fait glaçant. Nous suivons le périple de ces deux jeunes filles aux personnalités bien prononcées à travers Madagascar, où la pauvreté et la misère se dispute à la beauté des paysages. Dès le début et cette scène d’ouverture angoissante, on sait que quelque chose de terrible nous attend. Et bientôt, Lou et Mathilde croisent la route du loup, celui qui va faire d’elles des proies, qui va s’attaquer à leur innocence et les marquer à jamais. Difficile de ne pas trop en dire… En tous cas, j’ai retrouvé avec un immense plaisir le style de Marion Brunet, son écriture directe, dynamique, au plus proche des ados, sa façon de raconter son histoire, entre beauté et cruauté. J’ai beaucoup aimé sa description de Madagascar et ses coutumes, qui nous transportent littéralement auprès des héroïnes, dans une atmosphère à la fois sublime, dangereuse et étouffante. Je me suis indignée comme Lou et Mathilde de la pauvreté qui sévit là-bas, de la façon dont les riches hommes blancs viennent rechercher de jeunes esclaves sexuelles…et me suis laissée emporter par la douceur de la plage et de la vie là-bas, du rythme lent et bienheureux des habitants… Bref, un pays tout en contradictions, pour une histoire qui commence sur une plage idyllique et qui devient vite remplie d’épreuves et de souffrances…
Marion Brunet signe ici un thriller d’une grande qualité, effrayant, mais aussi un roman initiatique, qui va faire passer nos deux jeunes filles à l’âge adulte de la pire des manières…

La gueule du loup, Marion Brunet (Sarbacane)
Collection Exprim’
en librairie le 27 août
9782848657097 – 15,50 €
à partir de 15 ans

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Nous en avons rêvé, Jo Witek, Philippe Godard et La Martinière l’ont fait

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« Elles ont réalisé leur rêve, 50 portraits de femmes célèbres »

Avec Bob nous étions dans les locaux de La Martinière lundi dernier pour la présentation des nouveautés d’automne et lorsque Jo Witek a commencé à nous présenter son prochain documentaire…j’ai défailli : j’ai rêvé de ce livre, je souhaitais qu’un ouvrage comme celui-ci soit écrit, qu’il soit plus actuel que ceux que j’ai lu, original dans les choix de ces femmes célèbres et surtout accessible.

Un ouvrage écrit à deux paires de mains, deux années de travail, de choix (selon Jo Witek, la difficulté résidait dans l’assortiment définitif des portraits : il y en avait trop !), des photos rares et de qualité, des textes brefs et concis, les informations essentielles tout de suite visualisées, un format souple et une couverture qui fait sourire : un clin d’œil au magazine – mais plus complet, rassurez-vous ! 🙂

Nous avons eu la chance de feuilleter l’unique exemplaire qui sortait tout droit de l’imprimerie, arrivé sur le bureau de la directrice le matin même : j’ai eu des étoiles plein les yeux. Accessible dès le collège,  je me suis déjà imaginé faire l’éloge de cet ouvrage dans les cdi face à des plus jeunes – garçons et filles, à le présenter à une grand-mère qui souhaite offrir un livre qui restera dans la bibliothèque de ses petits-enfants, ou tout simplement le lire avec mes petits frères et sœurs.
Vivement le 25 septembre mes enfants, vivement le 25 !
*trépignements d’impatience*

UPDATE
On est le 25 il est sorti !

Sitôt sorti des cartons, sitôt lu ! Et c’est bien normal, vu les héroïnes qui s’offraient à moi…il n’est pas donné à tous les documentaires de se gargariser d’avoir dans ses pages Berty Albrecht la résistante, Michelle Perrot l’historienne, Rita Levi-Montalcini la chercheuse juive pendant la seconde guerre, Claudie Haigneré la spationaute, Vivienne Westwood la créatrice de mode, Nina Hagen la punkette…et tant d’autres.
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Elles ont réalisé leur rêve, Jo Witek, Philippe Godard
en librairie le 25 septembre
9782732457703, 21.50€
à partir de 12 ans

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Les jumeaux de l’île rouge – Brigitte Peskine

Cléa et Brice sont des jumeaux nés à Madagascar et adoptés par un couple de français. Seize ans plus tard, le garçon semble parfaitement bien dans sa peau alors que sa sœur ne sait plus où elle en est et inquiète ses parents. Ces derniers décident alors d’envoyer les jumeaux dans leur pays de naissance afin, peut-être, d’aider la jeune fille à surmonter son mal-être.

★★★☆☆

Roman épistolaire et récit initiatique, inspiré d’une histoire vraie, Brigitte Peskine nous fait découvrir la triste coutume des jumeaux de Mananjary, une communauté dans laquelle le fait d’accoucher de jumeaux est considéré comme maudit, tabou. Véritable hymne à la tolérance, l’histoire de Brice et Cléa nous fait surtout découvrir une facette totalement méconnue d’un pays, ses coutumes et traditions. J’ai beaucoup aimé ce récit qui mêle entrées de journal et mails, qui nous permettent d’entrer dans la tête de chacun des protagonistes. La façon, d’ailleurs, dont Cléa, le personnage principal de ce roman, s’adresse à nous et à l’auteur, renforce ce sentiment d’histoire vraie. Le sujet est vraiment très intéressant, et démontre à quel point il peut être difficile de faire changer les mentalités. La seule chose que je regrette est peut-être la suite de « secrets » qui se révèlent au fur et à mesure de l’histoire, ça apporte du suspens et de la surprise mais je trouve que c’est parfois un peu « gros ». Il n’empêche que c’est une histoire à découvrir !

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Les jumeaux de l’île rouge, Brigitte Peskine (Bayard Jeunesse)
Collection Millézime
en librairie le 4 septembre
9782747049894 – 11,50 €
à partir de 12 ans

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Faut jouer le jeu – Esmé Planchon

Solange est en terminale et le bac approche. Lors d’une fête, elle fait enfin la connaissance d’Armand, pourtant dans sa classe, et Gabriel, son jeune frère. Tous deux vivent la vie comme un jeu, un jeu littéraire, théâtral, musical, etc. Fascinée et intéressée, elle les rejoint et chaque jour passe ainsi selon les règles de la fiction. Mais ses amis la mettent en garde et ne cessent de lui rappeler l’importance du bac et de l’avenir… Pourtant, Solange ne peut imaginer la vie sans une bonne dose de jeu et de fiction.

★★★★☆

J’ai beaucoup aimé ce court texte, hymne à la vie et à la joie. D’autant plus que je suis d’accord avec la pensée d’Armand et de Gabriel, la vie devrait toujours être dans le jeu et la fiction, car elle est ainsi plus facile et plus agréable. Je me suis laissée emporter dans cette histoire un peu loufoque, mais surtout très positive. Même lors d’événements tristes et douloureux, les personnages parviennent à continuer leur jeu, à dépasser le deuil. J’ai beaucoup apprécié aussi les évocations sous-jacentes, celle du harcèlement parce que certains ne sont pas « comme les autres », ou de l’homosexualité et de son acceptation. L’écriture est fluide, agréable, et donne envie de rejoindre ce groupe à l’ouverture d’esprit si large. J’ai cependant un doute sur l’existence de tels adolescents (je n’en ai jamais vu quand j’étais au lycée, pour ma part !) et, du coup, j’ai un peu peur que ce livre ne trouve pas son public, surtout au vu des références « de vieux ». Mais n’hésitez pas à le mettre entre les mains des ados, ça fait parfois du bien de lire des histoires avec des ados heureux. Tout simplement.

9782211217699,0-2298043
Faut jouer le jeu, Esmé Planchon (Ecole des Loisirs)
Collection Médium
en librairie le 27 août
9782211217699 – 14 €
à partir de 13 ans

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Une arme dans la tête – Claire Mazard

Avec Bob, on aime beaucoup Claire Mazard : elle sait parler avec justesse des droits de l’enfant dans ses romans. Nous avons eu la chance de lire en avant-première (nous ne sommes pas n’importe qui 🙂 « Une arme dans la tête » qui paraîtra le 10 septembre prochain chez Flammarion. C’est un roman qui…comment dire, frappe fort ?

★★★☆☆

Appolinaire est un adolescent africain récemment arrivé en France. Plus jeune, il fût arraché à sa famille pour devenir un enfant-soldat parmi d’autres. Drogué, alcoolisé comme ses camarades, Appolinaire a été manipulé pour tuer. Dans son foyer parisien, il se remémore sans cesse toutes ces scènes violentes qu’il a vécu. Hanté par son passé, il essaie tant bien que mal de se reconstruire…

Malgré la sévérité du sujet, c’est un roman touchant. Le sujet n’est pas banal (comme souvent dans la collection « Tribal » et c’est fort appréciable), on est pris de compassion pour cet adolescent tourmenté mais des questions se posent sur son avenir en tant qu’adulte : comment se reconstruire ? peut-on vivre avec son passé ?

J’ai beaucoup apprécié le parallèle entre Appolinaire, notre adolescent et Apollinaire le poète bien connu : le professeur de français du jeune homme lui offre un recueil de cet auteur en espérant que ces quelques vers serviront à l’apaiser…Appolinaire découvre donc les vertus de la poésie ainsi que la rédemption, le pardon, l’amitié et l’amour.
Une certaine douceur dans ce livre malgré tout, qui contraste parfaitement bien avec un sujet qui représente malheureusement une triste réalité.

Une arme dans la tête, Claire Mazard
en librairie le 10 septembre
9782081261136, 10,50€
à partir de 14 ans
Les éditions Tribal : des grands formats au contenu de qualité à petits prix

Pour aller plus loin sur le sujet
* Allah n’est pas obligé, Ahmadou Kourouma (Prix Renaudot et Goncourt des lycéens 2000)
* Le chemin parcouru, mémoire d’un enfant soldat, Ishmael Beah (épuisé certes mais disponible dans ta médiathèque la plus proche)

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Shanoë – Lorris Murail

Louise est électro-hypersensible et ne peut vivre dans notre société pleine d’ondes et d’électronique. Elle emménage alors avec ses parents dans un vieux château perdu à la campagne, qui a la particularité d’être dans une zone où les ondes ne passent pas du tout. Mais l’adaptation à cette nouvelle vie est un peu difficile, surtout pour le père de Louise. D’autant plus que ce château a une histoire sombre et effrayante, et l’esprit de Shanoë, une jeune « égyptienne » vivant aux Moyen-âge, semble s’accrocher aux murs de pierre. Alors quand un célèbre réalisateur américain vient tourner un film sur la propriété de Louise et ses parents, la catastrophe est proche…

★★☆☆☆

Shanoë est un roman fantastique, qui flirte avec l’Histoire et l’horreur. Lorris Murail nous propose une histoire recueillie par un auteur extérieur aux événements, où les suppositions sur ce qu’il s’est réellement passé s’associent aux écrits d’un cahier de Louise. Ainsi, le récit alterne entre l’époque de Louise, la nôtre, et celle plus lointaine de Shanoë, issue d’un peuple nomade. Si l’histoire semble intéressante, pleine de mystères et de terribles événements, j’ai trouvé le style un peu brouillon. Je me suis régulièrement perdue dans le récit et j’ai eu globalement du mal à me laisser emporter dans le roman. J’ai peur également que les ados ne s’y retrouvent pas : Louise à 11 ans et ne semble pas être suffisamment « présente » pour en faire un personnage principal, alors que le père est beaucoup plus mis en avant et comme il est plutôt horripilant, ses soucis vont sûrement les dépasser. J’ai aussi regretté la façon dont les événements historiques et fantastiques sont présentés : ils sont tellement séparés de l’histoire qui se déroule à notre époque que ça donne l’impression qu’il n’y aucune interaction entre les deux (c’est pourtant le cas !). Bref, pas convaincue !

9782367401829,0-2229158
Shanoë, Lorris Murail (Scrineo)
en librairie le 28 août
9782367401829 – 16,90 €
à partir de 11 ans

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La guerre de 14 n’a pas eu lieu – Alain Grousset

En 1914, l’attentat de Sarajevo échoue. La guerre est évitée mais la suspicion règne à travers l’Europe. Deux murs infranchissables, lignes de défense entre la France et l’Allemagne, sont construits. Cent ans plus tard, en 2014, la ligne Maginot et la ligne Siegfried sont toujours là et la France et l’Allemagne vivent repliées sur elles-mêmes. Constance, une jeune femme aux idées de paix, va se retrouver au centre d’une mission d’espionnage qui va lui faire traverser les frontières…

★★★☆☆

Roman d’uchronie par excellence, Alain Grousset nous propose une version de ce qu’aurait été notre vie si la Grande Guerre n’avait pas eu lieu. Et, selon lui, notre vie ne serait pas bien différente de celle du début du XXe siècle… Intriguant, non ? Nous suivons donc Constance, une jeune femme d’origine alsacienne, à une époque où l’Alsace et la Lorraine ne font pas partie de la France et où les droits des femmes sont quasi inexistants. Ses connaissances de l’allemand et de l’alsacien vont rapidement la mener à Paris, où elle va être engagée par les services secrets français, afin de dérober les secrets du nucléaire aux allemands, car la bombe menace… Espionnage et aventures sont au rendez-vous dans ce roman…un peu trop court ! L’histoire est plutôt facile et se laisse lire, mais j’ai trouvé « l’univers » assez peu développé, on a juste l’impression d’être au début du siècle dernier et pas dans un futur parallèle. Du coup, je n’ai pas beaucoup ressenti l’uchronie en tant que telle et le style d’Alain Grousset ne m’a pas plus emballée que ça. Toujours du fait d’un nombre de pages assez réduit, les événements sur la fin s’enchaînent très rapidement, finissent avec un happy end un peu facile et un épilogue du même acabit. C’est dommage car l’idée est bonne, Alain Grousset nous fait réfléchir sur l’enfermement, l’état actuel de notre monde et à l’égalité hommes-femmes, qui n’est pas si évidente, même de nos jours et même dans notre pays ! De bonnes idées, donc, et un roman qui se lit bien, mais qui aurait mérité d’être un peu plus étoffé…

9782081331358,0-2290436
La guerre de 14 n’a pas eu lieu, Alain Grousset (Flammarion)
en librairie le 27 août
9782081331358 – 13 €
à partir de 12 ans

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Le ciel nous appartient – Katherine Rundell

209 en librairie le 28 août
à partir de 12 ans
9782361932664
16,50 €

★★★★★

Tout le monde pense de Sophie qu’elle est une orpheline. Nulle femme n’a en effet survécu au naufrage qui la laissa, à l’âge d’un an, flottant dans un étui à violoncelle au beau milieu de la Manche. La fillette demeure cependant intimement persuadée que sa mère n’a pas sombré avec le navire. Alors,lorsque les services d’Aide à l’enfance anglais menacent Charles Maxim, son tuteur, érudit généreux aussi courtois que maladroit, aux méthodes d’éducation fantasques, de lui reprendre la garde de Sophie, celle-ci, suivant l’enseignement de ce doux rêveur, décide de ne négliger aucune possibilité, et part pour Paris en sa compagnie sur les traces de sa mère… Une cavale menée sous le signe de l’espoir, qui conduira la fillette aux cheveux couleur des éclairs sur les toits de la ville-lumière. Elle y fera la connaissance de Matteo et de sa bande de danseurs du ciel. Froussards et phobiques des hauteurs s’abstenir : mieux vaut avoir le cœur bien accroché pour pouvoir suivre ces gamins-là !

La présentation de l’éditeur était si parfaite, je n’ai pas pu m’empêcher de faire un copier/coller de prestidigitatrice 🙂 (je suis fourbe)

Encore une fois, la Rentrée littéraire des adolescents a frappé : ce roman est d’une telle envergure que je ne me suis pas arrêtée de lire une seule seconde.

J’étais à deux doigts de verser ma larme à la fin du livre. Il est difficile de ne pas avoir d’empathie pour les personnages :

Charles Maxim son attachement pour Sophie est irréfutable, ses démonstrations d’affections sont touchantes, son amour pour les livres est quelquefois original et sa compréhension de l’âme humaine impressionne. Moi aussi j’aurais beaucoup aimé mangé un plat en sauce sur un livre, c’est un souvenir que l’on doit avoir plaisir à se remémorer.
Sophie n’est pas une « vraie » fille : porter des jupes ? quelle idée, peut-on grimper sur les toits aisément ? mieux vaut porter un pantalon, de toutes façons c’est plus pratique pour jouer du violoncelle. C’est une jeune femme tenace qui a de l’énergie à revendre et qui sait capter la stupidité d’un esprit humain avec autant de flair que son tuteur, Charles. L’acharnement dont elle fait preuve pour retrouver sa mère est presque effrayant.
Toute la bande des toits de Paris, ces adolescents sans domicile fixe qui ne désirent que leur Liberté, qui continuent de grandir dans l’adversité sont des héros, aux yeux de Sophie comme aux nôtres.

Charles et Sophie forment un duo que j’affectionne particulièrement et je ne vais rien révéler de dramatique mais lorsque Charles verse une larme à la fin, ça nous touche.

Cette histoire est riche en tout, sachez-le.
Riche en voyages de Londres à Paris, des trottoirs aux toits
Riche en émotions de l’amour à la frustration avec une grosse touche d’aventure
Riche en valeurs  l’amitié, l’entraide et l’esprit de famille

Nous ne le dirons jamais assez, cette rentrée « envoie du pâté » 🙂
Pour aller plus loin www.editionsdesgrandespersonnes.com

merci aux éditions des Grandes Personnes pour les épreuves de ce livre dévorées au soleil