Discussion
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Pensée assise – Mathieu Robin

9782330053611

Vous souvenez-vous de la collection Ciné-roman chez Actes Sud ? L’un des premiers titres était Pensée assise et proposait non seulement le texte mais aussi le DVD du court-métrage qui l’accompagnait (on vous met la bande-annonce à la fin de l’article). Aujourd’hui, l’éditeur réédite le roman, mais sans le film…

Théo, jeune homme paraplégique, rencontre Sofia. C’est le grand amour. Mais lui se sent mal à l’aise d’être plus petit que la femme qu’il aime et il se met en tête d’arriver, par tous les moyens, à réussir à l’embrasser debout.

Qu’en pense Bob ?

★★☆☆☆

Dans ce très court texte, Mathieu Robin nous raconte le défi que Théo se lance : embrasser sa copine en étant à sa hauteur. Car s’il y a bien une chose qu’il déteste, ce sont les démonstrations d’affection en public, où Sofia doit toujours se pencher vers lui pour l’embrasser. Cela le met mal à l’aise et le rend surtout très grognon envers ses proches. D’ailleurs, Théo se plaint un peu beaucoup au goût de Bob, ne le rendant pas très attachant. Le roman aborde donc, au-delà du handicap, la difficile acceptation de soi. Je n’avais pas lu la précédente édition et donc pas vu le film dont il est tiré. Je me demande s’il ne m’aurait pas un peu plus touché avec les images ? De même, n’est-ce pas dommage de ne pas proposer à nouveau le film avec le roman ?

Et dans les pensées de Jean-Michel ?

★★★☆☆

Ah. Léger désaccord avec Bob, l’amour de ma vie 🙂 J’ai beaucoup apprécié l’amertume et la mauvaise foi de Théo. Pourquoi ? Parce qu’il n’a pas d’excuses à être désagréable ou odieux, même un handicap ne représente pas une raison valable pour blesser son entourage (ceci est un point de vue strictement personnel) et j’attendais avec beaucoup impatience qu’il se prenne une claque car personne ne peut agir comme ça impunément. Son cynisme m’a fait rire – il y a une scène mémorable où il charrie un enfant à la piscine : j’ai apprécié…jusqu’au moment où je me suis rendue compte qu’il commençait à devenir cruel et ce que j’avais pris pour de l’humour n’était que de la colère mal placée et cette fameuse claque devenait urgente ! Lorsqu’elle arriva, l’introspection de Théo est telle que sa prise de conscience est rapide. Sans doute avait-il besoin de tout cela afin de surmonter les problématiques de son handicap. Texte efficace à la construction mûrement réfléchie, sans artifices avec de vraies émotions dedans, je valide. Je rejoins tout de même Bob : pourquoi ne pas l’avoir réédité avec le dvd ?

Pensée assise, Mathieu Robin (Actes Sud Junior)
collection Ado
disponible le 19 août 2015
9782330053611 – 10,90€
à partir de 13 ans

Son
1

La traversée – Jean-Christophe Tixier

GetBlob.ashx

Après vous avoir emmené à la montagne pour les vacances, Bob vous emmène à la mer. Mais vous n’aurez sans doute pas envie d’y retourner après avoir lu cet article… 😛

Sam est un jeune Africain qui rêve d’un avenir meilleur, un avenir qui a pour nom Europe. Il s’embarque dans un navire de migrants, à destination de l’Italie, avec pour tout bagage ses souvenirs. Mais bientôt, la mer grossit et la tempête finit par éclater…

★★★★☆

Dans ce roman poignant, Jean-Christophe Tixier met en lumière une tragédie que l’on retrouve régulièrement dans les informations : le naufrage d’une embarcation de migrants africains désirant rejoindre l’Europe. Je ne vous spoile pas sur la fin puisque ce terrible événement se déroule dès le début du roman : Sam, jeune homme improvisé capitaine d’un bateau de clandestins, tente d’amener tout ce monde à bon port. Mais la mer et la tempête qu’elle apporte en ont décidé autrement. Très vite, le navire se retourne et tout le monde tombe à l’eau. Sam va tenter coûte que coûte de sauver les personnes qui l’accompagnent. Tout en se remémorant ce qui l’a amené à prendre ce bateau de fortune…
A travers les flashbacks, nous découvrons ainsi le périple de Sam depuis son pays jusqu’à la Lybie où les passeurs vont le faire embarquer. Les relations avec sa famille ; son meilleur ami Youssou qui devait l’accompagner ; les passeurs qui réclament une grosse somme d’argent, ceux qui le dépouillent ; ses compagnons d’infortune, dont la belle Thiane et le triste destin qui la pousse à fuir vers l’Europe ; le camp d’internement à attendre le jour du départ… Le roman de Jean-Christophe Tixier nous expose tout avec précision et nous offre des portraits émouvants de ces hommes et femmes qui cherchent une vie meilleure, quitte à prendre tous les risques possibles.
Un roman court mais passionnant, ou terrifiant, qui prend également le parti de nous offrir une fin sans concession et pourtant totalement ouverte. Sans doute un peu glaçant mais les plus optimistes y verront peut-être aussi de l’espoir… Une fin en tous cas expliquée par l’auteur, qui ajoute des données documentaires sur les migrants et une bibliographie pour aller plus loin.
Un roman d’une grande humanité.

La traversée, Jean-Christophe Tixier (Rageot)
disponible depuis le 20 mai 2015
9782700249354 – 9,50€
à partir de 11 ans

Son
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Le coeur de la poupée – Rafik Schami

9782211211819,0-2644780

Quel étrange livre que Le cœur de la poupée ! Il faut dire aussi que Bob l’a un peu cherché, car il n’aime pas trop les poupées…ça lui file la pétoche ! Et cette couverture et ces illustrations de poupées de Grégory Elbaz ont bien accentué le sentiment de malaise de Bob. Sérieusement, ça ne vous fait pas un peu peur, vous ?

Un jour où il fait tout gris, Nina accompagne ses parents au marché aux puces. Sous l’étal d’un vendeur, elle découvre une poupée dans un seau, mais il se n’agit pas de n’importe quelle poupée. C’est Petitoi, une poupée qui parle et qui est capable d’aspirer les peurs. Une poupée parfaite pour Nina. Mais une poupée à qui il manque pourtant quelque chose et qu’elle aimerait beaucoup avoir…

★★☆☆☆

Le cœur de la poupée nous emporte dans un univers très enfantin, où les chapitres se succèdent sans toujours se suivre. En effet, nous suivons Nina dans sa vie de tous les jours, les anecdotes de l’école, ses jeux avec sa voisine, ses angoisses et ses peurs, les gens qu’elle rencontre. Et Petitoi, qui est toujours là pour jouer avec elle, lui raconter des histoires ou des souvenirs de ses vies d’avant avec d’autres enfants, discuter avec les autres peluches et jouets, etc. Un univers qui semble finalement ne s’ancrer dans aucun temps en particulier. Je croyais d’ailleurs que le roman se passait à une époque plus ancienne que la nôtre. Les illustrations semblent intemporelles et l’écriture de Rafik Schami agréablement vieillotte. Mais différents éléments du récit nous prouvent que non.

Le cœur de la poupée aborde une certaine variété de thèmes, depuis la peur enfantine en passant par la mort et le deuil, mais qui a surtout une grand part de philosophie. Car Petitoi se demande ce que cela lui ferait d’avoir un cœur, de ressentir comme Nina ressent les choses. Et la petite fille et la poupée échangent régulièrement sur des concepts comme la mort ou l’âme…
Un roman étonnant, donc, sur l’importance de l’enfance, mais dont j’ai peur qu’il ne trouve pas son public autant chez les plus jeunes que chez les ados de par sa construction peu évidente, qui en fait une lecture peu facile. Il n’a en tous cas pas tellement trouvé son public avec Bob.

Le coeur de la poupée, Rafik Schami, illustré par Grégory Elbaz (École des loisirs)
collection Neuf grands formats
en librairie depuis le 20 mai 2015
9782211211819 – 15,80€
à partir de 9 ans

Son
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Panique au supermarché – Jean Leroy

9782745971784,0-2562078

Bob n’aime pas trop faire les courses, ça lui rappelle souvent des mauvais souvenirs (il y a une époque où on ne trouvait plus de Weetos dans les rayons) alors il a voulu tester un livre qui fait peur. Un livre qui parle de supermarchés…

Edgar est vigile dans un supermarché. Il est le plus sévère, celui qu’on ne dérange pas, celui qui fait peur. Mais aujourd’hui, c’est la panique au supermarché : le petit Dédé a perdu son papa. Et le micro ne fonctionne pas. C’est Edgar qui va devoir partir à la recherche du papa de Dédé. Sauf que Dédé, il est un peu pénible comme garçon…

★★★★☆

Franchement, il n’y a bien qu’un fou ou un petit inconscient pour déranger Edgar dans son travail. Et c’est justement ce qui arrive ce jour-là, avec Dédé, petit agneau un peu relou qui va lui demander de l’aider à retrouver son papa. Vous pensez bien que ça ne sera pas si facile que ça, même en arrêtant tous les moutons dans les rayons du supermarché pour savoir si l’un d’eux est le papa de Dédé. Car Dédé est super casse-pied, il pleure à la moindre contrariété, il quémande des sous pour faire le manège de pompier, pour avoir une gaufre…bref, il est insupportable ! Et Edgar, il faut pas trop lui en demander. Après avoir fait le tour du magasin, tous deux vont sur le parking, toujours sans succès. Alors Dédé demande à Edgar de lui raconter une histoire, en attendant. La chute, je ne vous la dis pas, mais elle est drôle et inattendue, et donne la part belle à notre irascible Edgar. Enfin…

Jean Leroy nous offre ainsi une histoire très drôle, où deux personnages complètement opposés vont devoir se supporter. Edgar est attachant malgré son côté grognon et Dédé, lui, est particulièrement bien croqué en gamin turbulent et super pénible. L’anecdote qui donne lieu à l’histoire sent en tous cas le vécu et les enfants se reconnaîtront sans doute dans cette tranche de quotidien (pas forcément dans le fait d’être chiant, mais plutôt dans la peur de ne pas retrouver ses parents dans le gigantesque supermarché). Les illustrations de Thibaut Rassat, quant à elles, sont très belles, j’aime beaucoup la palette de couleurs utilisée, et les expressions des personnages sont géniales ! Surtout Dédé qui pleure ! Haha.
Une première lecture super chouette ! 😀

Panique au supermarché, Jean Leroy, illustrations de Thibaut Rassat (Milan)
collection Milan poche cadet
en librairie depuis le 20 mai 2015
9782745971784 – 5,70€
à partir de 7 ans

Son
5

Moi, Simon, 16 ans, homo sapiens – Becky Albertalli

9782012038769,0-2560009

Mais de quoi parle donc ce drôle de titre ? Si vous pensiez qu’il s’agit de la biographie d’un homme préhistorique, vous vous fichez le doigt dans l’œil ! Non mais en plus, vous voyez bien qu’il porte un jean, ce Simon !

Simon Spier a 16 ans. Il vit dans une banlieue paumée d’Atlanta, il a deux sœurs, un chien nommé Bierber (comme le chanteur), une passion pour Harry Potter et les Oréos, et prépare une comédie musicale avec son club du théâtre. Ah oui, et il est gay. Mais pas pressé de le crier sur tous les toits. C’est sur le tumblr du lycée qu’il a rencontré Blue, un garçon dont il ne connaît pas l’identité et avec qui il correspond par mail. Jusqu’au jour où Martin Addison tombe par hasard sur sa boîte mail et menace de tout révéler…

★★★★☆

Voilà un très beau roman d’amour à emporter pour les vacances ! Et une histoire qui parle d’homosexualité avec pas mal d’humour et d’optimisme. J’avais souvent lu des romans sur le sujet où les personnages rencontraient toujours des difficultés d’acceptation, d’eux-mêmes ou de la part des autres. Ici, si le coming-out n’est tout de même pas évident pour Simon et celui qui se cache sous le pseudo de Blue, tous deux ne rencontrent finalement pas tant d’animosité ou de haine que ce que j’ai pu lire dans d’autres livres (ou dans la vraie vie !). Il y en aura, bien sûr – à commencer par la menace qui pèse sur Simon de voir révéler son homosexualité – mais de façon très marginale et Simon est un garçon doté de plein d’amis cools et sympathiques, de professeurs tout aussi chouettes, ce qui va grandement lui faciliter la vie. Et en plus, il s’en balance un peu car, ce qu’il a en tête, c’est surtout son amour pour Blue, qui grandit au fur et à mesure de leur correspondance virtuelle, et sa volonté de savoir qui il est, de deviner son identité. Le roman en gagne ainsi en légèreté car le sujet principal en reste l’amour, peu importe son orientation. Il faut aussi dire que l’ambiance générale du roman fait très série américaine familiale : l’importance des loisirs, de l’extra-scolaire, le côté très décontracté des conversations, des sorties, des relations familiales (les parents de Simon en sont le parfait exemple, je trouve). Et ça rend la lecture très agréable, on se laisse porter par les réflexions de Simon, ses envies, ses questions, son humour, ses incertitudes. J’ai trouvé tout cela très juste et émouvant, tout comme sa correspondance avec Blue et cet amour qui naît au fil de leurs échanges jusqu’à leur rencontre. Une rencontre qui sera non seulement une bouffée d’air pour Simon et Blue, mais aussi un très beau moment de courage.
Becky Albertalli nous offre ainsi une très jolie histoire d’amour et un beau roman sur l’identité et l’acceptation.

Moi, Simon, 16 ans, homo sapiens, Becky Albertalli (Hachette)
en librairie depuis le 15 avril 2015
9782012038769 – 16,90€
à partir de 13 ans

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Le voleur de sandwich – Patrick Doyon & André Marois

Il y a dans notre société actuelle un méfait méconnu qui ronge des dizaines d’écoliers à l’heure du déjeuner, je parle bien sûr : du vol de sandwich.

★★★★☆

levoleurdesandwichsLundi matin – heure du déjeuner : Marin attrape sa boîte à lunch (oui les auteurs sont canadiens) et file s’asseoir entre ses copains à la cafétéria. Seulement l’innommable se produit : le sandwich de Marin s’est volatilisé. Les boules. Surtout que c’était son favori : le jambon-cheddar-laitue avec une mayonnaise préparée avec soin par sa mère qui achète également un pain spécial à la farine d’épeautre dans une boulangerie secrète tenue par des moines kung-fu. Quelqu’un a dû te le voler ! s’exclama Manon. A cette phrase, Marin eût le vertige…il allait trouver coûte que coûte le coupable de cet acte cruel qui va se répéter : aurait-on à faire à un voleur de sandwichs en série ?

La liste des suspects

Le gros Robin qui ne fait que s’empiffrer
La pauvre Marie dont la maman a perdu « sa job » et qui a faim
Benjamin le fatigant fait des blagues qui ne font même pas rire les prématernelles
Mathias le jaloux qui a la vengeance dans la peau
M.Maxence le concierge super balèze qui se prend pour la police
M.Garence le directeur en manque de bonne nourriture
Mme Ombeline car qui soupçonnerait une dame à lunettes ?

Après plusieurs échecs afin de démasquer le coupable, Marin finit par tout raconter à sa mère qui devint folle de rage voler la nourriture de son fils c’était encore plus grave que d’acheter un pâté chinois surgelé. Ça allait barder ! A l’aide d’un plan infaillible concocté par sa maman coriace, Marin va enfin découvrir qui est le voleur de sandwichs.

Un roman graphique qui nourrit son lecteur de légèreté et d’humour tapageur. L’enquête est si bien ficelée qu’on ne devine pas l’identité du coupable à moins d’aller au bout du roman. Appétissant, ce livre l’est indubitablement ! La seule chose à laquelle on pense immédiatement c’est de faire sa mayonnaise maison à tartiner en couche épaisse dans un sandwich à la viande. Patrick et André ont mis tout leur talent dans cette histoire aux vertus éducatives. Voici ce qu’on y apprend :

* Quelques expressions canadiennes « sa job » « ti-coune »
* La mayonnaise ne sort pas que des usines
* Sois persévérant, la vie te le rendra
* Le respect est une valeur à ne pas négliger
* Le vol ne reste jamais impuni très longtemps
* Affamer un enfant n’est pas très sympathique
* Il ne faut pas traiter les petits de « petit », ça les énerve
* Le soutien parental c’est encore ce qu’il y a de plus sûr dans ce monde de brutes
* Le second degré c’est chouette d’en avoir lorsqu’on lit des livres aussi originaux 🙂

Le voleur de sandwichs, Patrick Doyon & André Marois
(La Pastèque)
en librairie depuis le 29 mai 2015
9782923841267 – 15€
à partir de 7 ans

Son
10

La pyramide des besoins humains – Caroline Solé

9782211221979,0-2644791

Vous avez peut-être vu sur les réseaux sociaux d’étranges publicités pour un nouveau jeu de télé-réalité : La pyramide des besoins humains ? Vous vous êtes interrogés pour savoir de quoi il retournait ? Eh bien, aujourd’hui, date de lancement du jeu, Bob et Jean-Michel vous révèlent TOUT sur cet événement qui va rythmer vos journées et vos soirées ! 😛

Christopher vit sur un bout de carton, dans les rues de Londres. Entre la mendicité et la survie, le jeune homme finit par s’inscrire à une étrange émission de télé-réalité : la pyramide des besoins humains, qui part du principe que l’ensemble des besoins humains peut être classé en cinq catégories. Ils sont 15 000 candidats et, dans un mois, il n’en restera plus qu’un. Christopher pense n’être qu’un numéro parmi tant d’autres… Pourtant, la célébrité n’attend que lui…

★★★★☆

Haha, vous l’aurez donc compris : La pyramide des besoins humains est en réalité un roman ! (Et donc non, nous ne changeons pas notre ligne éditoriale pour parler télévision !) Un roman extrêmement réaliste qui s’attache à un personnage très marginal : un jeune ado, probablement même pas majeur, qui, après une fugue, se retrouve à arpenter les rues de Londres et à vivre sous les porches, dans un carton détrempé. Christopher, à travers les mots très justes de Caroline Solé, nous décrit son mode de vie, ou plutôt de survie, dans un Londres très différent de ce qu’on lit le plus souvent. Un Londres peuplé de sans-abris, où le danger est partout, dans la pluie comme dans les hommes. Il nous livre ainsi ses réflexions sur son existence : son enfance, sa famille, ses rêves, ses compagnons de route…tout ce qui constitue son existence. J’ai été tout de suite touchée par ce personnage qui nous raconte tout cela avec une étonnante lucidité.

Une affiche (fictive, donc !) de la campagne du jeu.

Une affiche (fictive, donc !) de la campagne du jeu.

Et au-delà de cette tranche de vie, Caroline Solé s’intéresse aussi à ce jeu de télé-réalité et à ce qui en découle : l’impact de réseaux sociaux et de la célébrité sur notre rapport aux autres. Car Christopher, comme chacun des joueurs de ce jeu, va tenter de parvenir en finale, même s’il doute fortement d’y arriver. Et il va devoir rivaliser d’imagination pour passer chaque pallier des besoins humains à remplir. On ne reste pas indifférents à l’analyse que Christopher porte sur le jeu, qui nous pousse ainsi à nous interroger nous aussi sur nos besoins fondamentaux.
Un roman original, fin et très actuel.

La pyramide des besoins humains, Caroline Solé (École des loisirs)
collection Médium
en librairie le 27 mai 2015
9782211221979 – 12,80€
à partir de 13 ans

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La collection Petite Poche a fière allure

Tout frais sortis des cartons avec un nouveau look, je peux vous assurer qu’on tombe sous le charme de ces petits romans. Repérables à 2 kilomètres grâce à leurs couvertures colorées aux motifs géométriques qui mettent vos rétines de bonne humeur, vous ne serez pas déçus d’en prendre un dans vos mains : chaque livre est réellement charmant et trouvera son public. Nouveau prix aussi : 3.90€ Quant aux textes…grands dieux, les textes : des pépites à mettre dans toutes les poches. Des auteurs qui racontent l’essentiel en 40 pages, des écrits bruts qui marquent l’esprit. Et comme ici, vous êtes sur un site sérieux : pas de blagues pipi/prout aujourd’hui pour vous parler des 5 nouveautés Petite poche qu’on a lu…De vrais instants de vie croqués avec délice, on a aimé 🙂

Les trois caramels capitaux Jean-Claude Mourlevat

troiscaramelscapitauxA sa mort, notre héros est persuadé d’avoir gagné sa place au Paradis…Saint Pierre n’est pas de cet avis : et les 3 caramels mous qu’il a volé à 7ans1/2 ?! Heureusement, il aura le droit à deux autres chances 🙂 Une chouette histoire. On y apprend que saint Pierre à un goût prononcé pour les cabriolet Renault et que le diable est un être sensible.
9782364746985 ★★★★★

La gelée d’été Mathis

lageleedetePendant les grandes vacances, Pierre et Jean ne font que jouer aux jeux vidéo ; seulement un matin, la télévision brûle et c’est la fin du monde. Du coup on dépoussière les vélos, les copines de classe rappliquent et tout ce petit monde file chez un « vieux shnock » au doux prénom de Jean-Michel qui va les missionner : cueillir des kilos de mûres afin de faire de la gelée. Péripéties sucrées.
9782364746947 ★★★★★

Trop fort, Victor ! Mikaël Ollivier

tropfortvictorVictor trouve pénible d’entendre tous ses camarades de classe débattre du dernier sujet d’actualité croustillant : la prise d’otages dans une école à Orléans. Le problème c’est que Victor n’a ni télévision, ni portable dernier cri, ni OGM dans sa nourriture : sa mère a peur de tout. Mais Victor va trouver moult stratagèmes pour suivre cet événement jusqu’au bout…vivement que son père rentre à la maison. Surprise de taille dans ce roman !
9782364747029 ★★★★☆

Pas de problème ! Susie Morgenstern

pasdeproblemeUn problème c’est quoi au juste ? Theodora fait la liste de siens : Kevin la brute, Martine la belle-mère vipère, les leçons de piano, la mauvaise humeur de maman et l’absence de nourriture dans le frigo et va trouver une solution pour chacun d’eux. Pour être honnête ce n’est pas le meilleur texte de Susie Morgenstern : ennuyeux…
9782364746992 ★☆☆☆☆

Le terrible effaceur Marie-Sabine Roger

leterribleeffaceurDans un village paisible arrive un terrible personnage : l’Effaceur. Armé de sa terrible gomme, il fait régner la terreur : plus de lumière, plus de chant, plus de sourires, plus de bonheur…Jusqu’à ce qu’une petite fille réveille la mémoire des habitants, et les sauve de l’atroce Effaceur. « Même le pire des tyrans ne pourrait empêcher un enfant de rêver »
9782364746961 ★★☆☆☆

A partir de 8 ans.
Pour en savoir plus petitepoche.fr
Ce nouveau site est fonctionnel : vous pourrez y rechercher des ouvrages par niveau de lecture ou encore par thème…on aime – bravo.

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Shola et la tante d’Amérique – Bernardo Atxaga

Shola est une chienne élégante qui a une vie de rêve : elle se balade comment elle l’entend sans laisse, regarde la télévision quand elle le souhaite, mange ce qui lui plait, se lave une fois par mois. En pleine promenade dans le parc, elle se fit interviewer par une journaliste pour l’émission « Le parc en direct ». 

Comment vous définiriez-vous Shola ?
Je suis un animal libre ! Rara avis* !

* définition latine employée pour désigner un « oiseau rare »
Pendant ce temps, Grogo son maître est songeur…sa tante Clémentine lui annonce sur une carte postale qu’elle a l’intention de passer quelques jours chez eux. C’est la stupéfaction car Clémentine, 60 ans, a toujours vécu dans le Wyoming, terre sauvage, isolée et accessoirement le pays des bisons. La liberté de Shola serait-elle du goût de sa tante américaine ?

★★★☆☆

sholatanteameriqueC’est une lady, pas sûr qu’elle accepte de promener Shola sans chaîne et Grogo ne se rebelle jamais contre sa tante. La chienne en proie a de sérieux doutes, analysa avec minutie la tante Clémentine a son arrivée : chapeau blanc et longues bottes de cuir, chevelure brune, yeux bleus, valises rouges au bison blanc. La cool attitude de cette femme exaspéra Shola : elle dort jusqu’à pas d’heure, s’approprie tout le fromage, allume la télévision et joue du banjo à 2h du matin et laisse du bazar derrière elle. Le pire resta à venir : la chaîne à la main, la tante Clémentine proposa à Shola de la promener…Horreur ! La chaîne ?! 😮 Une fois dans le parc, la petite chienne avançait 3 mètres devant l’américaine, jetant de rapides coups d’oeil derrière elle, énervée et craintive à l’idée que l’on puisse lui passer une laisse autour du cou. Mais ce qu’elle ignorait c’est que la tante avait emporté la chaîne pour la jeter dans une poubelle. Un geste fort de sens qui ne laisse pas indifférent.

« Pourquoi avoir une chaîne à la maison ? Nous sommes des êtres libres non ? Comme on dit dans le Wyoming :si les bisons vivent en liberté, pourquoi pas nous ? »

Un petit roman inspirant sur les notions de liberté et de différence. Les aventures de cette petite chienne sont mignonnes et il est agréable de découvrir de nouveaux horizons grâce à l’auteur : une expression latine, un coin des Etats-Unis et la réponse face à la bêtise humaine. Tendrement illustré par Mikel Valverde, on a envie de garder précieusement ce livre dans sa poche. A bon entendeur, bisou.

Shola et la tante d’Amérique, Bernardo Atxaga (La Joie de lire)
collection Hibouk 1
en librairie depuis le 16 avril 2015
9782889082704 – 9.50€
à partir de 8 ans

sholalionsA découvrir également et
de nouveau disponible :
Shola et les lions
réédité le 16 avril 2015
9782889082711 – 8.50€

« Rara avis » s’exclama la journaliste.
« Exactement : RAREVITCH ! s’écria Shola »

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Un éléphant pour le thé – Linda Groeneveld

éléphantthé A l’aube, la petite princesse se leva avant tout le monde : elle a faim, elle veut jouer avec ses cubes, ses poupées, à cache-cache mais elle s’ennuie fermement car aucun adulte n’est réveillé. Elle a bien un papa, il est fort – il peut soulever 3 chevaux – mais en tant que Roi il a beaucoup de travail et reste irrémédiablement fatigué. Que faire lorsqu’un papa est trop occupé à régner sur un royaume et que l’on veut jouer ? Parce que ni les poupées, ni les laquais ne participent aux jeux de la princesse. Elle n’a qu’une idée en tête depuis que son quotidien est devenu ennuyeux : avoir un chien. Le roi lui a promis mais l’acquisition du canin a bien du retard…Une baronne arrive bientôt au palais et le Roi est bien préoccupé pour penser au chien tant attendu. La princesse n’en a cure de cette femme. A son arrivée, la petite ne serra pas la main que lui avait tendue la baronne, ce qui la vexa promptement et prit aussitôt la fillette en grippe.

« Une baronne ?! Est-ce qu’elle avait du flair ? Est-ce qu’elle levait la patte quand elle faisait pipi ? Est-ce qu’elle enterrait les os ? Non, bien sûr que non ! Les baronnes font beaucoup trop de chichis. »

★★★★☆

Comme le veut la coutume dans les contes : le Roi est séduit par cette femme qui se révélera vénale, égocentrique, autoritaire mais d’une grand beauté qui n’apprécie guère les animaux, les enfants et le bazar qu’ils propagent. La baronne s’enticha du Roi et très vite la rumeur du mariage s’étend et les cadeaux commencent à affluer. Soudain, un présent plus gros que jamais attire tous les regards : un éléphant ?! La princesse en fit bien vite son animal de compagnie : pourquoi se gênerait-elle ? Pour embêter une baronne au sale caractère, mieux vaut être deux…Mais le mystère du pachyderme en guise de cadeau reste entier et la fin de ce conte malicieux est bien étonnante.

Une histoire tendre parsemée de touches d’humour qui fait sourire. Une parodie que l’on pourrait adapter à notre époque : un père célibataire qui travaille d’arrache-pied et qui culpabilise de ne pas passer assez de temps avec sa fille. Moralité : ce n’est pas parce qu’un papa travaille trop que cela fait de lui un mauvais parent – la preuve : il est toujours présent pour lui raconter une histoire avant de la border.
Un vrai souffle d’air frais ce livre…avec des paillettes, du thé et une touche du vandalisme : ouvrez-le, vous saurez 🙂

Un éléphant pour le thé, Linda Groeneveld (Magnard Jeunesse)
Collection Romans Perles
en librairie depuis le 9 mars 2015
9782210961012 – 12.90€
à partir de 8 ans