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Ma vie à la baguette – Chloé Cattelain

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Kevin et Michael Zhang sont français, nés de parents d’origine chinoise. Avec leur père, on parle chinois, on respecte les traditions et à toutes les vacances scolaires, ils vont dans leur famille en Chine. Mais Kevin aimerait être un ado comme les autres, avoir une copine et vivre sa vie comme il l’entend. Malheureusement, son père rêve de tout autre chose pour lui. Et il ne parle jamais de leur mère, ni de la famille de celle-ci, qu’ils ne connaissent pas. Des silences que les deux garçons vont tenter de briser…

Les chinoiseries de Bob

★★★☆☆

S’il y a un sujet phare dans la littérature jeunesse, c’est bien la famille, ses secrets ou la quête de son origine. Ma vie à la baguette s’inscrit dans cette thématique avec une certaine originalité puisque nous deux jeunes héros ont des origines chinoises. Pourtant, et Kevin vous le dira très bien, il est né dans une maternité de Lille, il est aussi français que ses camarades de classe. Il n’empêche qu’aborder la Chine sous cet angle est plutôt rare et donc intéressant. Et le roman de Chloé Cattelain nous fait ainsi découvrir une histoire de famille rongée par un secret, ou plutôt par des non-dits, des silences que Kevin et Michael ont beaucoup de mal à accepter de la part de leur père. Un père qui ne déroge pas aux clichés véhiculés dans les films ou les séries : il veut absolument la réussite scolaire de ses fils au détriment de leurs envies de petites copines et tient à leur éducation chinoise. Il est intéressant d’ailleurs d’avoir le point de vue de Kevin et de son frère sur ces sujets car, finalement, quel parent ne souhaiterait pas la même chose pour ses enfants ?
En tous cas, c’est avec un certain humour et des petits indices jetés ça et là sur l’histoire familiale de Kevin que l’auteure parvient à nous emmener dans son récit. C’est finalement la grande Histoire qui va intervenir dans les révélations auxquelles vont être confrontés Kevin et son frère et, même si elle est abordée assez sommairement, elle devrait susciter la curiosité des lecteurs sur la Chine. On retiendra également une jolie histoire d’amour, qui donne à ce roman une saveur de plus. Très intéressant !

Jean-Michel s’empare aussi des baguettes

★★☆☆☆

Malheureusement je me suis un peu ennuyée 🙁 Cela vient sans doute du fait que je suis imperméable à toute cette culture asiatique, j’ignore pourquoi. C’est donc un point de vue strictement personnel et je pense sincèrement que ce roman trouvera son public. L’histoire ne m’a certes pas beaucoup touchée mais les protagonistes sont doux, une ambiance calme traverse les pages malgré les petites tensions familiales et amicales. La personnalité de Kevin est attrayante : d’une grande gentillesse, un peu maladroit, respectueux de ses valeurs familiales…l’adolescent dont devraient rêver toutes les jeunes filles ! La qualité d’écriture est indéniable : Chloé Cattelain sait s’exprimer et faire naître des sourires, susciter de l’émotion et être intrigante. De même, la précision de la culture chinoise est à souligner : on ressort de ce roman la tête un peu plus riche 🙂

Ma vie à la baguette, Chloé Cattelain (Thierry Magnier)
disponible le 19 août 2015
9782364747272 – 14,50€
à partir de 13 ans

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Pensée assise – Mathieu Robin

9782330053611

Vous souvenez-vous de la collection Ciné-roman chez Actes Sud ? L’un des premiers titres était Pensée assise et proposait non seulement le texte mais aussi le DVD du court-métrage qui l’accompagnait (on vous met la bande-annonce à la fin de l’article). Aujourd’hui, l’éditeur réédite le roman, mais sans le film…

Théo, jeune homme paraplégique, rencontre Sofia. C’est le grand amour. Mais lui se sent mal à l’aise d’être plus petit que la femme qu’il aime et il se met en tête d’arriver, par tous les moyens, à réussir à l’embrasser debout.

Qu’en pense Bob ?

★★☆☆☆

Dans ce très court texte, Mathieu Robin nous raconte le défi que Théo se lance : embrasser sa copine en étant à sa hauteur. Car s’il y a bien une chose qu’il déteste, ce sont les démonstrations d’affection en public, où Sofia doit toujours se pencher vers lui pour l’embrasser. Cela le met mal à l’aise et le rend surtout très grognon envers ses proches. D’ailleurs, Théo se plaint un peu beaucoup au goût de Bob, ne le rendant pas très attachant. Le roman aborde donc, au-delà du handicap, la difficile acceptation de soi. Je n’avais pas lu la précédente édition et donc pas vu le film dont il est tiré. Je me demande s’il ne m’aurait pas un peu plus touché avec les images ? De même, n’est-ce pas dommage de ne pas proposer à nouveau le film avec le roman ?

Et dans les pensées de Jean-Michel ?

★★★☆☆

Ah. Léger désaccord avec Bob, l’amour de ma vie 🙂 J’ai beaucoup apprécié l’amertume et la mauvaise foi de Théo. Pourquoi ? Parce qu’il n’a pas d’excuses à être désagréable ou odieux, même un handicap ne représente pas une raison valable pour blesser son entourage (ceci est un point de vue strictement personnel) et j’attendais avec beaucoup impatience qu’il se prenne une claque car personne ne peut agir comme ça impunément. Son cynisme m’a fait rire – il y a une scène mémorable où il charrie un enfant à la piscine : j’ai apprécié…jusqu’au moment où je me suis rendue compte qu’il commençait à devenir cruel et ce que j’avais pris pour de l’humour n’était que de la colère mal placée et cette fameuse claque devenait urgente ! Lorsqu’elle arriva, l’introspection de Théo est telle que sa prise de conscience est rapide. Sans doute avait-il besoin de tout cela afin de surmonter les problématiques de son handicap. Texte efficace à la construction mûrement réfléchie, sans artifices avec de vraies émotions dedans, je valide. Je rejoins tout de même Bob : pourquoi ne pas l’avoir réédité avec le dvd ?

Pensée assise, Mathieu Robin (Actes Sud Junior)
collection Ado
disponible le 19 août 2015
9782330053611 – 10,90€
à partir de 13 ans

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Il était deux fois dans l’ouest – Séverine Vidal

C’est le mois d’août et, même si Bob et Jean-Michel chroniquent au ralenti en ce moment, c’est surtout car ils préparent la rentrée littéraire avec beaucoup de sérieux. Et pour vous donner un avant-goût, on vous présente un roman de Séverine Vidal à paraître dans quelques minuscules semaines. 9782848658131,0-2705134Car Séverine Vidal est à l’honneur chez Sarbacane ce mois-ci avec un roman dans la collection Exprim’ et un autre pour Pépix…celui que nous vous présentons aujourd’hui ! 😀

Cet été, Luna va passer les vacances aux États-Unis avec sa mère, qui est la maquilleuse officielle d’un film à gros budget. Elle arrive ainsi à Monument Valley, en plein territoire indien, où de nombreuses aventures l’attendent ! La première : sa rencontre avec Josh, un garçon navajo, avec qui elle va passer son séjour à découvrir les mystères et les dangers de l’Arizona…

★★★★☆

Enfilez vos santiags et huilez votre six-coups car Séverine Vidal vous embarque dans une aventure digne des meilleurs westerns…enfin…sans la diligence, sans le duel au soleil, sans les attaques d’Indiens, sans la bande de Pat-la-chique… Euh, en fait, c’est pas ça du tout. Mais ça pourrait ! Car l’ambiance, elle, ne nous trompe pas sur la marchandise : on a bien un désert avec des bestioles dangereuses et sournoises, une tribu indienne avec des coutumes étonnantes et son lot de magie, de l’aventure où des paysages incroyables se mêlent à des rencontres terrifiantes… Vous n’allez certainement pas vous ennuyer ! Tout est savamment orchestré, on se laisse totalement emporter dans ce que vivent Luna et Josh, on tremble et on rit avec eux. Contrairement aux autres romans de la collection Pépix, j’ai trouvé Il était 2 fois dans l’Ouest moins dans le côté irrévérencieux mais surtout dans l’aventure pure. Et ce n’est pas désagréable du tout, bien au contraire. Il y a bien sûr toujours de l’humour, mais aussi une jolie histoire d’amour qui naît entre nos héros. Les bonus qui s’intercalent dans le roman sont super intéressants et se rapportent le plus souvent à la culture navajo. J’ai aussi beaucoup aimé les petites notes de bas de page des héros pour expliquer des petites choses, et les illustrations d’Anne-Lise Combeaud sont parfaites pour ce texte ! En bref, un roman qui plaira vraiment à tous les amateurs d’aventure, Séverine Vidal a super bien réussi à nous faire vivre chaque moment du bouquin, et j’ai beaucoup apprécié le fait que les situations restent réalistes (même si elles s’enchaînent très vite) et qu’on ait pas l’impression de voir deux super-héros se sortir de mauvais pas avec une intelligence hors du commun. Je pense que les gamins s’identifieront très facilement à Josh et Luna, qui leur ressemblent beaucoup. 😉

Il était deux fois dans l’ouest, Séverine Vidal (Sarbacane)
collection Pepix
disponible le 26 août 2015
9782848658131 – 10,90€
à partir de 9 ans

Son
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Moi, Simon, 16 ans, homo sapiens – Becky Albertalli

9782012038769,0-2560009

Mais de quoi parle donc ce drôle de titre ? Si vous pensiez qu’il s’agit de la biographie d’un homme préhistorique, vous vous fichez le doigt dans l’œil ! Non mais en plus, vous voyez bien qu’il porte un jean, ce Simon !

Simon Spier a 16 ans. Il vit dans une banlieue paumée d’Atlanta, il a deux sœurs, un chien nommé Bierber (comme le chanteur), une passion pour Harry Potter et les Oréos, et prépare une comédie musicale avec son club du théâtre. Ah oui, et il est gay. Mais pas pressé de le crier sur tous les toits. C’est sur le tumblr du lycée qu’il a rencontré Blue, un garçon dont il ne connaît pas l’identité et avec qui il correspond par mail. Jusqu’au jour où Martin Addison tombe par hasard sur sa boîte mail et menace de tout révéler…

★★★★☆

Voilà un très beau roman d’amour à emporter pour les vacances ! Et une histoire qui parle d’homosexualité avec pas mal d’humour et d’optimisme. J’avais souvent lu des romans sur le sujet où les personnages rencontraient toujours des difficultés d’acceptation, d’eux-mêmes ou de la part des autres. Ici, si le coming-out n’est tout de même pas évident pour Simon et celui qui se cache sous le pseudo de Blue, tous deux ne rencontrent finalement pas tant d’animosité ou de haine que ce que j’ai pu lire dans d’autres livres (ou dans la vraie vie !). Il y en aura, bien sûr – à commencer par la menace qui pèse sur Simon de voir révéler son homosexualité – mais de façon très marginale et Simon est un garçon doté de plein d’amis cools et sympathiques, de professeurs tout aussi chouettes, ce qui va grandement lui faciliter la vie. Et en plus, il s’en balance un peu car, ce qu’il a en tête, c’est surtout son amour pour Blue, qui grandit au fur et à mesure de leur correspondance virtuelle, et sa volonté de savoir qui il est, de deviner son identité. Le roman en gagne ainsi en légèreté car le sujet principal en reste l’amour, peu importe son orientation. Il faut aussi dire que l’ambiance générale du roman fait très série américaine familiale : l’importance des loisirs, de l’extra-scolaire, le côté très décontracté des conversations, des sorties, des relations familiales (les parents de Simon en sont le parfait exemple, je trouve). Et ça rend la lecture très agréable, on se laisse porter par les réflexions de Simon, ses envies, ses questions, son humour, ses incertitudes. J’ai trouvé tout cela très juste et émouvant, tout comme sa correspondance avec Blue et cet amour qui naît au fil de leurs échanges jusqu’à leur rencontre. Une rencontre qui sera non seulement une bouffée d’air pour Simon et Blue, mais aussi un très beau moment de courage.
Becky Albertalli nous offre ainsi une très jolie histoire d’amour et un beau roman sur l’identité et l’acceptation.

Moi, Simon, 16 ans, homo sapiens, Becky Albertalli (Hachette)
en librairie depuis le 15 avril 2015
9782012038769 – 16,90€
à partir de 13 ans

Son
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Le choix de Bérénice – Fabien Clavel

9782700246544,0-2506046

Hier, Rageot a lancé une nouvelle collection : In love. Destinée aux adolescents, elle propose des romans d’amour librement adaptés de classiques de la littérature. Et là, exit les romances mêlées de fantastique ou de créatures étranges, ce sont des romans d’amour « à l’ancienne », si j’ose dire. Le choix de Bérénice, écrit par Fabien Clavel (que je connais surtout par ses romans de fantasy), fait partie des trois premiers titres de la collection. Le pari est-il réussi ?

Arslan rencontre Bérénice lors des vacances d’été et tombe instantanément amoureux d’elle. Mais celle-ci est sous le charme de Titus, futur héritier du plus grand empire financier au monde. Lorsque Titus demande à Bérénice de l’accompagner aux États-Unis, elle ne peut se résoudre à partir sans Arslan, devenu ami du couple. Comment se dernier parviendra-t-il à dissimuler son amour pour Bérénice ?

★★★☆☆

Pour cette histoire, Fabien Clavel s’inspire de la tragédie de Racine, sobrement intitulée Bérénice. L’auteur explique qu’il a choisi cette histoire car elle l’a beaucoup touché et parce qu’il s’agissait d’une des rares tragédies où il n’y a pas de mort… On passe donc ainsi de la pièce de théâtre au roman, ce qui se ressent beaucoup dans l’écriture et plus particulièrement dans les dialogues. C’est étonnant, mais pas déplaisant. Je ne sais pas si vous avez vu le film Beaucoup de bruit pour rien, de Joss Whedon (adaptation modernisée de la pièce de Shakespeare, où tout se déroule aux États-Unis, à notre époque, mais en gardant le texte original), car j’ai trouvé que le procédé était très similaire et donnait la même impression. A la place de la Rome antique, Fabien Clavel a transposé son action aux États-Unis, dans la ville de Rome (Géorgie), où le campus remplace le palais. Et au lieu d’être rois et princesses, les personnages principaux sont tous héritiers de multinationales diverses. Mais pour ceux qui connaissent la pièce de Racine, l’intrigue est la même, et vous n’aurez pas de surprise. Pour les autres, cette lecture vous donnera probablement envie de découvrir l’œuvre originale (cela a été mon cas, je ne connaissais pas cette tragédie-là de Racine). 🙂 Mais ne vous inquiétez pas, les thématiques soulevées sont très contemporaines et se prêtent très bien à une adaptation à notre époque : les différences de classes sociales, la réussite, les traditions, le triangle amoureux… Et l’amour, bien sûr. Le roman fonctionne bien, et puis ça change de lire des histoires d’amour qui n’impliquent pas des créatures surnaturelles ou des humains surpuissants, ou dans un contexte post-apocalyptique terrible. Ou à l’hôpital. 😛
Maintenant, je serais curieuse de connaître le ressenti des lecteurs ciblés par cette nouvelle collection. Je ne sais pas comment sont traités les autres romans, mais j’ai tout de même un doute sur l’appréciation de ce texte par les ados de 14 ans et plus (tranche d’âge ciblée). L’écriture n’est pas très difficile, elle est efficace, et le texte, court et très romantique, sera sûrement plus recherché et apprécié de lecteurs un poil plus jeunes. J’attends vos retour là-dessus !

A noter : le travail de Rageot sur la maquette, qui est très aérée et qui propose un rabat vers l’intérieur, servant aussi bien de marque-page que donnant l’impression d’ouvrir un livre rempli de quelques secrets… De quoi donner envie de lire à l’intérieur, non ? 🙂

Le choix de Bérénice, Fabien Clavel (Rageot)
collection In Love
en librairie depuis le 18 mars 2015
9782700246544 – 10,50 €
à partir de 12 ans

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Monsieur Moisange – Fred Bernard et Gwendal Le Bec

9782226257918,0-2539918

Monsieur Moisange est un drôle d’oiseau, si l’on en croit les gens. En dehors de ses collègues au bureau, il ne côtoie guère que sa mère, oiselière sur les quais du Louvre. Pierre Moisange vit seul, il appelle tout le monde « coco » et malgré son allure séduisante, est un homme célibataire. « Ah si je pouvais voler… » se disait-il…ce qu’il fait dans ses rêves en compagnie d’une belle inconnue. Jusqu’au jour où son vœu s’exauce, et deux ailes lui poussent au bout des bras…

★★★★☆

Que va-t-il alors arriver à Monsieur Moisange ? C’est une toute nouvelle vie qui l’attend, entre célébrité et voyages autour du monde. Mais Pierre n’a réellement qu’un objectif : celui de retrouver la jeune femme qu’il voit en rêve, car elle existe et elle aussi rêve de lui. Pourtant, avant de la retrouver, il lui faudra tenir la promesse faite à sa mère, celle de ramener les oiseaux de sa boutique dans leurs pays à sa mort. Et c’est ainsi que notre drôle de bonhomme voyage à travers le monde, la beauté des paysages se disputant aux dangers de la nature…ou de l’homme. Sa mission terminée, il se rend alors en Inde, où semble vivre l’amour de ses rêves.
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Monsieur Moisange est un petit roman illustré, presque un conte, qui célèbre le rêve, l’amour et la liberté. Le texte de Fred Bernard est très poétique, parfois teinté d’humour, et est merveilleusement mis en image par Gwendal Le Bec et ses illustrations douces et colorées. Le livre m’a pas mal fait penser à Mon père est un homme-oiseau, de David Almond et Polly Dunbar, que j’aime beaucoup. Le propos n’est pas tout à fait le même, mais je trouve quand même qu’il y a d’agréables similarités. En tous cas, Monsieur Moisange est un bel ouvrage, qui n’aurait pas démérité un format un peu plus grand pour en apprécier encore plus les illustrations. A conseiller à tous les enfants amoureux de l’imaginaire et du rêve. 😉

Monsieur Moisange, Fred Bernard et Gwendal Le Bec (Albin Michel-Jeunesse)
en librairie depuis le 4 mars 2015
9782226257918 – 11,90 €
à partir de 8 ans

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L’année de Jules – Hubert Ben Kemoun

Cette jeune série ce concentre sur Jules, petit garçon qui, mois après mois, va découvrir la vie et apprendre à grandir. Les événements de la vie de tous les jours, l’école, les copains…de nombreux sujets traités dans, à ce jour, 8 histoires, de septembre à mars. Je vous propose aujourd’hui de découvrir deux titres : La surprise des surprises (septembre) et Le jour des amoureux (février), qui tombe à pic !

★★★★☆

9782700243680, 0-2172831Dans La surprise des surprises, Jules va découvrir l’élection des délégués de classe. En effet, peu après la rentrée, c’est l’heure de choisir les délégués. Mais sur les vingt-six élèves de sa classe, dix-huit se présentent à l’élection. Le choix devient alors très difficile, surtout quand Léo, le meilleur ami de Jules, et Clarisse, son amoureuse, font partie des candidats. Il faudra alors toute l’intelligence de Jules, et son observation de ses camarades, pour que cette journée soit…surprenante !

9782700243819, 0-2506024Dans Le jour des amoureux, la Saint-Valentin approche. Jules ne connaissait pas cette fête et son ami Léo le prévient qu’il va falloir offrir un cadeau à son amoureuse, Clarisse. Mais Jules n’a pas d’idées. Ou plutôt si, il en a plein, mais il les offre à Clarisse toute la semaine avant le 14 février et, le jour J, il n’a pas de cadeau à lui offrir…

Pour les plus jeunes lecteurs, cette série écrite par Hubert Ben Kemoun, aussi doué pour les ados que pour les plus petits, est un petit régal de tendresse. L’écriture est simple et accessible, les sujets variés et au plus proche des enfants sont très bien abordés. Le système du vote dans le premier est très bien expliqué et, même s’il n’est qu’à l’échelle de la classe, il est tout à faire valable pour en discuter avec les enfants après la lecture. J’ai aussi beaucoup aimé l’espièglerie de Jules dans le deuxième et sa compréhension de l’amour. Les illustrations de Colonel Moutarde apportent un certain dynamisme et correspondent parfaitement à l’univers de la série. En bref, de très bons petits romans à mettre entre les mains des jeunes lecteurs.

L’année de Jules, Hubert Ben Kemoun (Rageot)
collection Petit Roman (8 tomes parus)
en librairie depuis juin 2014 et janvier 2015
9782700243819 – 5,70 €
à partir de 6-7 ans

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A ma source gardée – Madeline Roth

sourcegardéeIl y a des textes qui nous bouleversent rien qu’avec 60 pages. Des mots comme des uppercuts qui nous émeuvent tellement qu’ils en deviennent inoubliables. Tant de résonances, nous avons toutes connu ça : des cris dans le vide, la détresse sentimentale et enfin…devenir femme, grandir.

Par un bel été chez sa grand-mère, Jeanne tombe amoureuse de Lucas, le nouveau venu dans sa bande d’amis, il l’aime en retour semble t-il. Le bonheur de Jeanne est immense…jusqu’à l’été suivant où son coeur se brise dans sa poitrine en découvrant que Lucas n’est pas celui qu’elle croyait être. La réciprocité des sentiments fait partie des durs apprentissages de la vie : parfois le retour est cruel.

★★★★☆

La quatrième de couverture mentionne « un monologue puissant », il serait insultant de ma part de dire le contraire après cette lecture éprouvante qui émeut aux larmes. Jeanne s’est emballée, fourvoyée peut-être aussi sur l’amour qu’elle portait à Lucas mais c’est le principe même de la jeunesse : on ne cesse jamais de grandir en se frottant à la vie. Outre cet amour qui n’est pas (plus) partagé, elle doit faire face à la perte de l’enfant qu’elle attendait de lui. Les mots nous manquent lorsqu’on se retrouve avec Jeanne et l’impuissance et la solitude qu’elle doit ressentir. En perdant Lucas et leur enfant, elle s’est perdue elle-même. Mais la fin de ce monologue inspire courage, détermination et oubli. A t-elle vraiment le choix ? Elle s’en sortira, avec quelques cicatrices. Madeline Roth insuffle les mots justes à son texte qui est d’une profondeur incroyable. Les réflexions qui en découlent sont issues de son habileté à être concise tout en racontant l’essentiel. Un talent à suivre.

« J’ai porté un enfant de toi.
Soixante-six jours.
Et je ne lui ai jamais donné la vie.
Je ne te l’ai pas dit, parce que j’avais peur des mots que tu ne dirais pas. »

Ma petite Jeanne, tout au long de ton récit je n’ai souhaité te dire qu’une chose : sache que l’on ne peut pas avoir la nostalgie de ce qui n’a pas existé. Alors relève-toi, tout se passera bien.

A ma source gardée, Madeline Roth (Thierry Magnier)
en librairie depuis le 11 février 2015
9782364745582 – 7.20€
à partir de 14 ans

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Le royaume des cercueils suspendus – Florence Aubry

9782812607103,0-2347220

Il y a quelques années, j’avais littéralement adoré Le garçon talisman de Florence Aubry. Quand j’ai vu qu’elle sortait un nouveau roman au Rouergue, j’avais vraiment hâte de le découvrir, surtout qu’il paraissait dans leur nouvelle collection consacrée à la fantasy… 🙂

Dans un royaume lointain, la Cérémonie est un rite qui fait accéder les jeunes hommes Bââs au don merveilleux qui les rend invincibles. Ce jour-là, Huang et son village découvrent qu’il ne fait pas partie de la tribu, il n’a pas le Don. Sa punition est terrible : il est envoyé vivant auprès de son cercueil, suspendu tout en haut de la montagne. En bas, Leï, la jeune fille qu’il aime, se désespère de cette décision et Xiong et Lou-Ki, leurs amis, voient des sentiments nouveaux se révéler…

★★★☆☆

Nouveau titre de la collection Epik au Rouergue, consacrée aux littératures de l’imaginaire, Le royaume des cercueils suspendus se passe dans une contrée et un temps indistincts, même si quelques noms et références font beaucoup penser à la mythologie chinoise. Nous découvrons une coutume étrange, qui se révèle au fur et à mesure que l’histoire se déroule, par le biais des quatre personnages principaux et d’un homme plus âgé, le père du Huang. Il est ainsi parfois difficile, au début, de reconnaître les personnages et les morceaux d’histoires que l’on nous conte car il n’existe aucune séparation véritable des chapitres. Néanmoins, on se laisse assez rapidement emporter dans cette histoire belle et cruelle du passage à l’âge adulte. La plume de Florence Aubry est toujours aussi poétique et profonde. Elle risque cependant de rebuter quelques lecteurs car certains passages sont très lents (le livre est pourtant très court !) et contemplatifs. D’aucuns pourraient dire ennuyeux. Moi, j’aime bien, et je trouve que ça correspond bien à l’univers du roman. Cela dit, c’est vrai que l’intérêt pour l’histoire se manifeste assez loin dans le roman et qu’il faut peut-être un peu s’accrocher pour parvenir jusqu’au bout. Mais c’est un récit vraiment très beau, qui m’a semblé avoir des allures de conte, parfois, aussi bien dans l’écriture que dans les thématiques : on y retrouve de la jalousie, des amours contrariés, de la cruauté, de la magie et des malédictions… Je reste néanmoins sur ma faim, car le dernier chapitre est un peu brutal et semble très rapide au vu des chapitres précédents forts en émotions… Un peu dommage, donc, car j’avais plutôt bien accroché à l’histoire…

Le royaume des cercueils suspendus, Florence Aubry (Le Rouergue)
collection Epik
en librairie depuis le 8 octobre
9782812607103 – 11 €
à partir de 13 ans

Son
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L’amour, c’est n’importe quoi ! – Mathieu Pierloot

9782211218436, 0-2298058

Aujourd’hui, Bob vous présente un roman tout en délicatesse, pour les plus jeunes, et avec beaucoup d’amour dedans ! Parce que l’amour, c’est p’tet n’importe quoi, mais c’est quand même vachement chouette !

Quand la prof de français de Sacha déclare un jour avoir rêvé qu’un grand écrivain se trouvait parmi ses élèves, elle leur a donné à tous un petit carnet dans lequel noter toutes les idées qui leur passent par la tête. Sacha commence alors à prendre des notes sur le monde qui l’entoure et notamment sur l’amour…

★★★★☆

Ah ! L’amour, ce thème si cher à la littérature jeunesse ! 🙂 Et pourtant, ce petit roman parvient à nous captiver jusqu’à la dernière page. Sacha est un garçon plutôt naïf et romantique, dixit sa meilleure amie Juliette qui a un caractère bien trempé et une allure plus que douteuse. Quand la sœur de Sacha se fait larguer par son copain – un peu débile, selon notre héros – il se pose alors la question de l’amour. Comment sait-on que l’on est réellement amoureux ? Nos comportements changent-ils quand on est amoureux ? Bref, plein de questionnements, soulevés par les histoires d’amour qui se font ou se défont sous ses yeux de collégien, et qui se confrontent parfois aux frontières de l’amitié… Beaucoup de personnages, étonnants, bizarres, viennent ajouter leur grain de sel aux réflexions de Sacha, qui va bientôt se rendre compte que l’amour est un sentiment vraiment propre à chacun et que c’est même parfois totalement incompréhensible… On ne peut qu’aimer un roman aussi bien écrit, plein d’humour et de vérités, qui plaira sans aucun doute aux plus jeunes qui se posent les mêmes questions que Sacha sur ce grand inconnu qu’est l’amour.

L’amour, c’est n’importe quoi !, Mathieu Pierloot (Ecole des Loisirs)
collection Neuf
en librairie depuis le 1er octobre
9782211218436 – 9 €
à partir de 9 ans