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La vie indocile d’Achille Le Guennec – Isabelle Renaud & André Mora

A l’aube des vacances d’été, Achille Le Guennec rêve d’assister au festival de métal organisé par son oncle, mais un bulletin catastrophique et un avis de redoublement risquent bien de l’en empêcher ! Et lorsque son père se fait licencier de son travail pour cause de mondialisation (il ne parle pas anglais !), c’est le chamboulement dans la famille. Avec sa petite sœur Eloïse, il est ainsi obligé de se trouver un correspondant anglais pour l’été, mais aussi de réviser toutes ses matières et, surtout, de remonter à cheval – grande tradition Le Guennec – lui qui en a une frousse bleue depuis une chute. Bref, les vacances ne s’annoncent pas super fun…

En ce froid mois de janvier, rien de tel qu’une bonne petite comédie familiale et estivale pour se donner du baume au cœur ! Et cette entrée dans la vie des Le Guennec va vous réchauffer autant les zygomatiques que l’âme ! Achille est en effet un adolescent ma foi plutôt dans la moyenne, ni en crise, ni vraiment parfait, qui rêve de guitares saturées et de la belle Corinne – qui elle ne lui accorde aucun regard. Évidemment, ses parents, et surtout son père, attendent beaucoup de lui et projettent pas mal de leurs envies sur le pauvre garçon qui n’a rien demandé. C’est donc avec une certaine mauvaise volonté et un peu d’entourloupe qu’Achille va tenter de faire sauter la corvée de correspondant et de reprise de l’équitation car, malheureusement, les révisions, il ne pourra pas y couper… Quand sa petite sœur réussit à entrer en contact avec une correspondante et que celle-ci, Alice, vient passer une semaine chez eux, Achille n’est pas au bout de ses surprises…

Dans un style enjoué et plein d’humour, Isabelle Renaud et André Mora nous dressent le portrait d’un adolescent irrésistible, petit métalleux au cœur tout mou qui se laisse embarquer par la tornade Alice, une drôle d’anglaise qui va secouer durablement la famille Le Guennec. Vous vous en doutez, une histoire d’amour va lui tomber dessus, tout comme une redécouverte de l’équitation, notamment des techniques de dressage éthologique qui vont remettre en perspective tout ce qu’il sait de sa relation avec les chevaux et, plus largement…avec les humains. Car bien sûr, il est aussi question des relations familiales, de la pression des parents sur leurs enfants (même s’ils veulent bien faire) et de l’épanouissement de chacun. Bref, un roman léger et enthousiasmant, tout en énergie et en tendresse, qui donne envie de rester plus longuement auprès des Le Guennec.

La vie indocile d’Achille Le Guennec, Isabelle Renaud et André Mora (Syros)
disponible depuis le 12 janvier 2023
9782748531138 – 17,95€
à partir de 12 ans
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L’amie de papa – Angela Portella et Léa Mazé

Une petite fille s’impatiente, ce soir l’amie de papa va venir ! Elle a hâte de l’accueillir et surtout elle aimerait qu’elle reste ! Elle va chercher toutes les excuses pour la faire rester. La petite fille range bien sa chambre, se coiffe et dès l’arrivée de l’amie de papa, elle lui montre ses dessins, lui raconte quantité de choses pour l’accaparer et retarder l’heure de la séparation…

Au départ, je pensais que cet album parlerait de l’envie de certains enfants de voir leurs parents retrouver l’amour, tomber amoureux. Un besoin urgent des enfants que leur parent ne soit pas seul, de faire comme tous les couples et d’être deux. « Je veux tellement qu’ils soient amoureux dit-elle ». C’est ce que j’imaginais. Mais j’avais tort.

Cette histoire va au delà. Cet album tendre et puissant, parle de la séparation des parents, vécue à travers les yeux de cette petite-fille, du désir profond de remettre ses parents ensemble. Le texte est délicat, tendre, ciselé et d’une justesse comme j’ai rarement vu sur ce sujet.

L’album est porté par les sublimes illustrations de Léa Mazé qui traitent ce sujet avec finesse et sensibilité. Une petite fée apparaît dès les gardes de l’album et suit la petite fille, comme un prolongement d’elle-même. Elle est très expressive, elle va refléter l’état émotionnel de l’enfant tout au long de l’histoire. Les couleurs sont subtiles, un camaïeu de bleu, un orange doux mettent en avant les détails accrocheurs.

Un album à mettre entre toutes les mains des enfants séparés (et les autres aussi). Il est tendre et subtil. 32 pages de tendresse. 32 pages d’amour. Certes cet album n’aidera pas à apaiser la douleur de la séparation mais il permettra d’ouvrir des très belles conversations, de montrer à tous les enfants de parents séparés qu’ils ont un rêve en commun, irréalisable, certainement, mais bien réel. Une ribambelle de sentiments font leur apparition : l’excitation, le doute, la manipulation… pour obtenir ce que la petite fille souhaite. Vous l’aurez compris : un sans-faute pour Lisette !

L’amie de papa, Angela Portella, illustré par Léa Mazé (Little Urban)
disponible depuis le 23 septembre
9782374081625 – 14.50€
à partir de 4 ans
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Dans la cité électrique, Le cercle des veilleurs – Sarah Andrès

Oscar et sa soeur Livie Addington ont toujours habité dans une chic pension londonienne. D’aussi loin qu’Oscar se souvienne, l’établissement a toujours été sa maison, sa soeur son unique famille et le nom de sa défunte mère son seul lien avec son passé. Mais le jour de ses 12 ans, Oscar se voit remettre par le directeur une drôle de boîte contenant une montre ainsi qu’une lettre lui quémandant de traverser un miroir. Rien que ça !

Dans ce premier tome, à l’atmosphère steampunk, Oscar et Livie, vont se retrouver dans un Londres parallèle, appelé Londonium. Dans cette ville il ne faut pas se fier aux apparences : ici l’électricité est une arme et la lumière permet de créer des illusions aussi fantastiques que réelles. Cet univers très original, Oscar le découvre grâce aux Veilleurs. Ce regroupement de scientifiques, dont sa mère faisait partie, voyagent entre les mondes. Petit à petit, Oscar va en découvrir plus sur sa famille et sur les pouvoirs qu’apporte la science de la lumière. Mais, pour une mystérieuse raison, le dirigeant de la ville Sir Alexander s’intéresse beaucoup à Oscar et à sa soeur.

L’univers de La cité électrique est foisonnant et très complexe : complots, faux-semblants, mystères, secrets… ce premier tome est source de beaucoup d’interrogations. Certains rebondissements (sur la fin) sont dignes d’excellentes séries fantastiques… on sent que l’autrice sait parfaitement où elle veut nous emmener ! Le personnage de la petite soeur est à croquer, elle fait bêtises sur bêtises, aime regarder les livres à l’envers, colle des mouches sur son herbier. C’est une bouffée d’air frais dans ce monde que l’on imagine très sombre.

Ce roman faisait partie des trois finalistes du concours du premier roman organisé par Gallimard Jeunesse – RTL – Télérama en 2018. (A l’époque c’était Kamel Benaouda qui avait remporté le concours avec Norman n’a pas de super pouvoirs.) Ce récit d’aventures merveilleux dans un Londres rétro-futuriste n’a donc pas fini de parler de lui puisqu’il est annoncé comme le premier tome d’une trilogie ! Avis aux très bons lecteurs et amateurs de steampunk !

« Quand tout va mal, que vous n’avez sauvé personne, que vous êtes dans de sales draps, prisonnier dans un monde étrange, loin de chez vous, faire la fête pour oublier vos problèmes peut paraître une bonne solution. »

Dans la cité électrique, t.1 Le cercle des veilleurs, Sarah Andrès (Gallimard Jeunesse)
disponible depuis le 10 mars 2022
9782075148368 – 16€
à partir de 12 ans
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Gallant – V. E Schwab

La jeune Olivia Prior est à l’orphelinat de Merilance depuis toujours. Cette sinistre institution ne ressemble en rien à un foyer. Muette de naissance, Olivia y est persécutée. Personne ne connait la langue des signes, elle est coincée dans son propre monde, solitaire. Seuls des fantômes lui tiennent compagnie… Tout ce qu’elle sait de son histoire lui vient du journal intime de sa mère, avant que celle-ci ne sombre dans la folie. La folie est-elle contagieuse ? Qu’est-il arrivé à son père ? Les derniers mots de ce précieux carnet sont « Tu seras à l’abri tant que tu ne t’approcheras pas de Gallant »…Qu’est-ce que cela signifie ? Un jour, l’orpheline apprend qu’un oncle l’a enfin retrouvée et l’invite à venir vivre dans le domaine familial de Gallant. Olivia n’hésite pas une seconde à s’y rendre. Elle veut fuir cet orphelinat, découvrir son passé ; peut-être avoir une famille ? Cependant, à peine arrivée, Olivia découvre que son oncle n’a jamais pu lui écrire car il est décédé ! Son cousin Matthew lui ordonne de fuir sans explication aucune…

Faut-il encore présenter V. E Schwab ? Reconnue pour La vie invisible d’Addie Larue et de Cassidy Blake elle est une autrice phare du catalogue de Lumen et trouve parfaitement sa place dans les rayons de fantasy / fantastique. C’est donc avec beaucoup d’attente que Lisette s’est jetée dans la lecture de ce roman, qu’elle a dévoré en deux jours ! Mais il y a un mais…

Lisette est très embêtée pour ce livre, elle aurait aimé adopter Olivia et l’univers de Gallant mais ce ne fut pas le cas. Cependant si vous êtes amateurs de romans gothiques, d’ambiance sombre… ce livre est écrit pour vous ! Surtout que beaucoup d’atouts feront, nul n’en doute, plonger les jeunes lecteurs et lectrices dans une lecture frénétique (telle Lisette happée par le rythme parce que oui on veut connaître la suite des aventures !)

Si on se penche sur les personnages, Olivia est têtue, muette, orpheline, voit des goules (les fantômes) mais son personnage reste peu attachant (contrairement à Addie dans son livre précédent). Voir Olivia se battre contre les secrets et le silence étouffant donnent envie de crier pour elle. Elle va devoir déterrer seule secret après secret pour comprendre ce qu’il se passe dans la maison. Le reste du casting est assez mince can on rencontre seulement le cousin Matthew et un couple de domestiques.(J’aurai aimé que plus de temps soit consacré au développement de ce duo). Le personnage le moins convaincant reste le « méchant » (nous dirons cela pour ne pas trop spoiler), celui-ci est trop terne, simpliste et peu crédible en tant que représentant du dernier soupir.

Lisette tire son chapeau à l’autrice, pour sa capacité à créer l’attente et l’envie furieuse chez le lecteur de tourner les pages. Elle a lu le livre d’une traite voulant connaître la suite dare-dare. Une fois le livre terminé, c’était un capharnaüm sans nom dans sa tête. Un mélange de « oh! C’est touchant » et « mon dieu tout ça pour ça ». Niveau style, il comporte malheureusement beaucoup de répétions : ça chuchote à toutes les pages, les secrets abondent et les ombres s’entremêlent à tous les chapitres. Le texte oscille maintes fois entre le monologue intérieur d’Olivia et le journal intime de sa mère. Cette alternance continuelle nuit au rythme de l’histoire.

Ce roman se range à côté du Passage du diable d’Anne Fine dans le coeur de Lisette (il y a des similitudes intéressantes : les maisons, l’ambiance gothique, un côté diabolique). Il faut souligner la beauté de l’édition de Lumen. Les illustrations fantomatiques qui ponctuent les chapitres, de manière très juste, nous plongent dans l’ambiance. Bref, vous l’aurez compris Lisette est partagée. Elle reconnaît toute l’ingéniosité de l’autrice mais les portes de Gallant ne se sont pas ouvertes pour elle. Et vous chers lecteurs, qu’en avez-vous pensé ? N’hésitez pas à nous donner votre avis en commentaire ou message privé !

Gallant, V.E Schwab (Lumen)
disponible depuis le 10 mars 2022
9782371022805 – 16 €
à partir de 13 ans
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Sous-sol – Martine Pouchain

A cause d’une catastrophe à l’échelle de la planète, toute vie a été anéantie. Avec ses parents et sa sœur, Leslie s’est réfugiée dans le sous-sol de leur maison, attendant le moment où il sera possible de revenir à la surface, où les Elus comme elle et sa famille pourront reprendre possession du monde et le façonner à leur image. Mais l’attente est longue pour deux jeunes filles qui rêvent d’un avenir grandiose…

Enfermée dans le sous-sol de leur maison depuis qu’elle a quatre ans, Leslie ne se souvient pas de grand-chose du monde d’Avant. Seules les histoires racontées par son père et les horribles photos sur le mur pour se souvenir de l’apocalypse lui permettent de se rappeler, peut-être, quelques éléments de ce monde que les bombes et les virus ont dévasté. Avec sa grande sœur Amy, elles n’ont plus que quelques livres de contes, et notamment celui de Rapunzel (Raiponce), pour occuper leurs journées monotones dans cet espace confiné tandis que seul leur père remonte à la surface – avec un masque – pour cultiver leur potager dans une serre protégée. Alors que les années passent et que les filles grandissent, leur impatience de retourner En Haut se fait de plus en plus grande. Et lorsque la puberté arrive pour Amy, la fébrilité est à son comble. Mais leur père ne cesse de leur expliquer que le moment n’est pas encore venu, que le monde est toujours aux prises de loups dégénérés, et qu’il faut encore attendre. Mais combien de temps encore ? Alors qu’Amy tient tête à son père et que sa mère perd espoir, Leslie tente de garder la tête froide mais les choses ne se passent pas aussi bien que le père le voudrait…

Dans ce court roman aux accents post-apocalyptique dont il est bien difficile de vous parler sans vous révéler le fin mot de l’histoire, sachez en tous cas que Martine Pouchain ne manquera pas de vous rappeler ces sensations parfois étouffantes du confinement pour une mise sous tension très réussie. Le dénouement pourra vous surprendre ou pas du tout et aura peut-être un goût de trop rapide (c’est le cas pour moi) mais tout le développement de l’histoire est captivant. Car il est avant tout question de comment s’articule un groupe de personnes, une famille, dans un environnement aussi resserré et accablant, comment on grandit dans cet espace où il n’y a jamais de nouveauté, jamais de stimulation extérieure, seulement la solitude et l’entre-soi, la croyance d’un paradis qui s’ouvrira pour une poignée d’élus. C’est fascinant et glaçant, et bien plus encore lors de la résolution et de la note de l’autrice en fin d’ouvrage. Diablement efficace !

Sous-sol, Martine Pouchain (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible depuis le 2 février 2022
9782377317219 – 16€
à partir de 13 ans
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Leur sang coule dans tes veines – Rachel Burge

Depuis qu’elle a eu un accident qui l’a rendue borgne, Martha peut lire les émotions d’une personne à travers ses vêtements. Souhaitant comprendre ce don étrange, elle décide de retourner là où l’incident s’est produit chez sa grand-mère en Norvège. Elle pourra peut-être lui expliquer l’incident dont elle n’a aucun souvenir et cet étrange pouvoir. Sauf qu’en arrivant, un inconnu occupe la maison et lui apprend que sa grand-mère est décédée… Qui est ce jeune homme ? Pourquoi sa mère ne l’a pas prévenue du décès ? Quelles sont les ombres étranges qui gravitent autour de l’arbre dont elle tombée ?

Voici une histoire qui ne nous laisse pas une seconde de répit. Et pour un premier roman, le rythme est admirable, attention vous risquez de ne pas lâcher ce livre !

Nous sommes enfermés avec Martha et l’inconnu dans cette cabane isolée, entourée par une nature menaçante. Plus Martha découvre qui était sa grand-mère, plus elle comprend qu’elle est l’héritière d’une lignée de femmes très puissantes. Une famille dont l’histoire est tissée avec brio dans la mythologie nordique. Son aïeule ne serait autre que la gardienne de la porte du royaume des morts et suite à son décès, des âmes affolées s’échappent dont une créature féroce, assoiffée de mort…

En plus d’accueillir l’émergence de sa faculté à lire les vêtements, Martha doit conjuguer avec le deuil et l’acceptation de son visage défiguré par l’accident. Sans jamais basculer dans le genre horreur, il y a des chapitres qui ne manqueront pas de vous faire frissonner. Pour conclure – et ne pas risquez de trop vous en dire – retenez que ce roman est un savoureux mélange entre mythologie nordique et fantasy. L’atmosphère est envoûtante, un brin horrifique !

Note : un deuxième tome est prévu, mais vous pouvez vous arrêter là car l’histoire se suffit à elle-même. Vous risquez cependant d’avoir envie de lire la suite quand même !

Leur sang coule dans tes veines, Rachel Burge, traduit par Corinne Daniellot (Casterman)
disponible depuis le 5 janvier 2022
9782203224247 – 16 €
à partir de 15 ans
Son
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All Our Hidden Gifts – Caroline O’Donoghue

Maeve Chambers est une lycéenne médiocre de son école privée irlandaise. Lors d’une punition où elle doit nettoyer un cagibi encombré de vieilleries, elle découvre un jeu de tarot divinatoire et se révèle plutôt douée pour tirer les cartes. Maeve devient alors une véritable attraction pour ses camarades, jusqu’à ce que son ancienne meilleure amie Lily lui demande une lecture. Lorsque Lily tire une carte inconnue, la rencontre tourne à la dispute et, le lendemain, Lily a disparu… Avec l’aide de Fiona, fascinée par la perspicacité de Maeve et de Roe, le frère de Lily, Maeve va tout faire pour la retrouver.

Quel délice que ce roman qui oscille entre réel et fantastique, étirant délicatement la fine ligne qui les sépare. Il y a un côté The Craft assez évident (pour celleux qui avaient adoré le film) qui nous emmène à la découverte de la sorcellerie moderne et d’un groupe de jeunes gens en questionnement sur leur identité. Maeve, le personnage principal, est particulièrement attachante dans son rôle de petite dernière de la famille, se trouvant moins bien que ses frères et sœurs qui ont réussi alors qu’elle a du mal dans ses études, ou même à avoir une passion. Jusqu’à ces cartes de tarot qui montrent son acuité à comprendre les autres et à toucher juste quand elle leur lit les cartes. Un “don” qui pourrait bien se révéler plus dangereux que prévu…

Mais l’originalité de ce récit tient aussi du lieu de l’intrigue, l’Irlande contemporaine, où le poids de la religion catholique reste bien présent (il y est question du combat des irlandais.es pour le mariage pour tous, le droit à l’avortement, etc.), mais où le folklore a aussi toute sa place. Caroline O’Donaghue réussit ainsi parfaitement à mêler tous ces sujets de société à son intrigue relevant presque du thriller ésotérique.
On est donc complètement pris par ce récit passionnant au doux parfum de chronique adolescente matinée de magie wiccane. Une belle surprise.
A noter qu’il s’agirait d’un tome 1 mais que l’histoire se suffit à elle-même !

All Our Hidden Gifts, Caroline O’Donoghue, traduit par Christophe Rosson (La Martinière Jeunesse)
disponible depuis le 11 juin 2021
9782732492667 – 18,50€
à partir de 13 ans
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La Gueule-du-loup – Eric Pessan

Lorsque le confinement est annoncé, Jo, sa mère et son petit frère partent à la campagne, dans la maison de ses grands-parents maternels, au lieu-dit La Gueule-du-Loup. Inoccupé depuis deux ans, l’endroit est idéal pour s’éloigner de la ville et de leur père soignant qui veut les protéger de la contamination. Mais le lieu n’est pas très accueillant, sent le renfermé, et, bientôt, des phénomènes étranges s’y produisent : bruits de pas dans le grenier, peluche qui disparaît puis réapparaît déchiquetée, carcasse d’animal dans le salon… La peur et la tension grandissent : que cache La-Gueule-du-Loup ?

Il y a dans l’œuvre d’Eric Pessan un style et un univers unique (et on se rend compte qu’on ne vous a pas parlé de beaucoup de ses romans ici, alors qu’on les adore !) qui explore la vie de personnages liés ensemble par le même lieu d’habitation. Ici pourtant, on s’éloigne de Nantes pour un récit qui emprunte les codes du genre fantastique. Des fragments de texte qui parlent d’un loup, des poèmes confinés écrits par Jo et le récit de la jeune fille se mélangent habilement pour créer une ambiance propre à nous déstabiliser, à supposer mille et un scénarios, et nous laisser ce goût étrange qui ne nous lâchera pas jusqu’à la fin du livre.

Cette maison que Jo découvre, elle qui n’a jamais rencontré ses grands-parents, est autant une énigme que le lieu de secrets dont elle ressent l’importance et l’indicible douleur. Entre les éléments qui se déchaînent et les étrangetés qui surgissent, l’ambiance est posée et l’écriture d’Eric Pessan, puissante et sensuelle, renforce la sensation anxiogène qui nous tenaille. Avec Jo, on essaye de comprendre si des phénomènes paranormaux ont effectivement lieu ou s’ils sont les symptômes plus profonds d’une maladie indéfinissable. Eric Pessan nous ballote sur la fine ligne qui sépare le réel du rêve, ou ici du cauchemar. Si la métaphore du loup donnera vite un indice sur la vérité au lecteur averti, elle ne manquera pas de surprendre celles et ceux qui se seront laissés prendre dans la toile sinueuse tissée par l’auteur.

Dans ce roman court et glaçant, parfaitement maîtrisé, Eric Pessan nous raconte les dégâts terribles d’un secret de famille avec intelligence et subtilité. Saisissant !

La Gueule-du-loup, Eric Pessan (L’école des loisirs)
collection Médium +
disponible depuis le 1er septembre 2021
9782211312400 – 14€
à partir de 13 ans
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Annie au milieu – Émilie Chazerand

Annie est la sœur de Velma et Harold. Au centre de la famille, elle irradie de son sourire et de sa fantaisie. Mais Annie est « différente » selon les autres, car elle a un chromosome en plus. Et c’est cette « différence » qui va être le motif de renvoi de son équipe de majorette, une passion qu’Annie adore plus que tout ! La sidération et la colère passées, la famille d’Annie ne va pas se laisser abattre et va au contraire faire équipe et se rassembler pour montrer leur propre équipe de majorettes et en mettre plein la vue à ces intolérants !

Liste de 21 raisons d’aimer le roman

· Un roman choral, raconté tour à tour du point de vue de Velma, Harold et Annie.
· Le ton du roman, certes décalé et drôle comme on connaît si bien Émilie Chazerand, mais avec une gravité qu’on lui découvre et qui apporte plus de profondeur que ses précédents romans.
· La question de la place dans la famille, ces voix de Velma et Harold qui peinent à exister, à se faire entendre, dans l’ombre de leur sœur qui mobilise toute l’attention, toute la famille.
· La voix d’Annie, si rare en littérature, qui donne sa vibration à tout le roman. (Une autre voix trisomique à découvrir dans le roman de Mel Darbon).
· Dalida, amie imaginaire qui scintille et apporte cette fantaisie aussi drôle qu’inattendue.
· L’univers des majorettes, une discipline plutôt inédite en littérature, qui contribue à l’humour du roman et au dépassement de soi d’une famille qui prend enfin le temps de se parler, se (re)découvrir.
· La galerie de personnages secondaires, qui apportent tous un petit quelque chose de plus à cette chronique familiale.
· La typographie qui se réduit lors des chapitres de Velma. Si discrète qu’elle ne prend pas trop de place dans la page… avec ses pensées si douloureuses « Aujourd’hui, j’ai un peu existé ».
· La passion d’Annie pour les paillettes.
· L’ouverture de cœur que procure ce roman, l’élan d’amour pour la vie quand on le referme.
· La relation entre la mère d’Annie et la grand-mère, une relation d’amour-haine, si pleine de répartie.
· L’amour d’Harold pour Camille.
· Marie-Claire, la grand-mère, qui résume assez bien l’idée globale du livre : « la famille, c’est un gilet pare-balles ».
· La recette de ce livre : un chouia de mal-être, une pointe de différence, une bonne dose de secrets et surtout beaucoup d’humour et d’amour.
· Les paris discrets entre les parents.
· La chanson Basique d’Orelsan
· Gigi l’amoroso, la poule.
· Les dimanches dans la famille.
· La fin est à la hauteur du reste du roman : réaliste et pleine d’espoir.
· Les listes de Velma, qui nous ont inspiré la nôtre, et qui se terminent invariablement avec la même raison.
· Annie.

Et la bande-annonce du roman pour poser l’ambiance…

Annie au milieu, Émilie Chazerand (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible depuis le 25 août 2021
9782377316953 – 17€
à partir de 13 ans
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La vie en rose de Wil – Susin Nielsen

Après un malheureux incident lors de son arrivée à Toronto, Wil est devenu la risée de son lycée. Malgré cette déconvenue, il vit une vie plutôt tranquille entre ses mères qui l’adorent (les Mapas), son meilleur ami Sal, d’environ soixante-dix ans son aîné, et son chien borgne et courtaud Templeton. Il partage ses journées entre son job d’Expert en composition de sandwichs, l’aqua-gym avec des mamies, son talent muscial inné pour le triangle, et l’écriture de poèmes. Jusqu’au jour où son monde bascule avec l’arrivée des correspondants français… Car il découvre que son Charlie est en réalité une fille et elle est absolument fabuleuse !

Bob voit la vie en Susin Nielsen

Vous devez savoir si vous nous suivez depuis un moment que Bob est un fan absolu de Susin Nielsen et que chaque parution est attendue comme le cadeau de Noël qu’on désire de tout son cœur ! A chaque fois, Bob sait qu’il va adorer, qu’il va rire et pleurer, qu’il va vouloir aller vite au bout de l’histoire et en même temps la lire petit à petit pour la savourer. ❤ Ce nouveau roman de Susin Nielsen est encore une fois un régal de lecture ! Entre ces dialogues aux petits oignons, cette sensibilité qui touche toujours juste et cette fantaisie parfaitement dosée, on succombe pour ses personnages et ses situations aussi loufoques que sensibles. Comme toujours, on ressent une profonde bienveillance dans l’écriture et la construction des personnages de Susin Nielsen : malgré les imperfections de chacun, les difficultés rencontrées, il y a toujours tout cet espoir et cette tolérance qui caractérisent ses histoires, cette volonté de se découvrir et s’aimer soi-même. Les romans de Susin Nielsen, ce sont des moments de lecture uniques, c’est la chaleur de la couette qui nous réconforte toujours, et la promesse d’une vie en rose.

Lisette veut plus de rose dans sa vie

Si vous avez lu attentivement cette chronique, vous pouvez penser que cette histoire paraît simple mais c’est sans compter sur le merveilleux travail de conteuse de Susin Nielsen. Lisette est toujours très heureuse quand elle tombe sur un roman qui prend les adolescents au sérieux mais avec humour ! Ici, il est question d’amitié, de confiance en soi et d’émois adolescents, de vie de famille… mais également de harcèlement et de difficulté financière. Will n’est pas épargné par les désagréments de la vie, ce qui le rend terriblement attachant. L’autrice valorise la diversité : l’homosexualité, l’amitié avec une personne âgée mais ces sujets ne sont jamais au cœur du roman. La force de l’écriture réside dans sa capacité à transmettre des valeurs humanistes comme l’entraide, le respect, la tolérance avec des situations de vies cocasses ! Petit bonus avec le duo de mères de Will qui lui enseigne une sexualité très positive à base de consentement enthousiaste « Ne suppose jamais a priori qu’une fille désire un contact physique, quel qu’il soit ! Demande Toujours Avant™. » Des recommandations toujours très bien placées !

Ouvrir un livre de cette autrice, c’est se blottir dans l’histoire avec réconfort et sourire. La vie en rose de Wil est une très belle fresque humaine hétéroclite et touchante, un univers dans lequel on s’immerge avec tendresse.

La vie en rose de Wil, Susin Nielsen, traduit par Valérie Le Plouhinec (hélium)
disponible depuis le 25 août 2021
9782330153472 – 14,90€
à partir de 12 ans