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L’été d’une autre – Katy Cannon

Cet été, Alice doit aller à Londres rencontrer sa nouvelle belle-mère et Willa part en Italie, chez la soeur de son père qu’elle ne connaît pas. Elles s’apprêtent à vivre chez des personnes qu’elles n’ont jamais rencontrées, à leur grand désespoir ! Alice et Willa ne se connaissent pas mais quand on les confond pour des jumelles à l’aéroport… elles ont une idée : pourquoi ne pas échanger leurs vies et se faire passer l’une pour l’autre ? La supercherie fonctionne et les voilà à passer l’été d’une autre !

En découvrant le résumé de l’histoire, impossible de ne pas penser au film des années 90 À nous quatre avec Lindsay Lohan (film qui était déjà la septième adaptation du roman Deux pour une d’Erich Kästner). Dans L’été d’une autre la ressemblance physique est ici purement fortuite. Si le point de départ a donc un effet de déjà-vu comme disent les anglais, la ressemblance s’arrête là.

D’un côté, nous avons Alice : grande lectrice, élève modèle, perfectionniste, évitant un maximum les conflits dont le père est parti faire des recherches sur le récif corallien.
De l’autre Willa, fille de deux acteurs très connus d’une série en vogue, elle adore le shopping et a une personnalité plutôt flamboyante. Elle sait ce qu’elle veut : aller à Londres faire un stage de théâtre. Tout oppose donc nos deux héroïnes sauf l’impression que leurs parents ont essayé de se débarrasser d’elles pendant l’été !

Loin d’être superficiel, même si le scénario est classique, ce roman nous partage une réflexion sur la famille : les familles de coeur, les familles recomposées, comment trouver sa place dans des moments difficiles comme le deuil, le divorce, un déménagement. Le tout dans une ambiance chaleureuse, feel-good avec beaucoup de fraîcheurs ! Fou rires, joie de vivre, tension, ce roman est un joyeux cocktail parfait pour une lecture estivale. C’est joyeux, touchant et on se prend vraiment au jeu !

L’été d’une autre, Katy Cannon (Milan)
disponible depuis le 9 juin 2021
97824080116364 – 13,90€
à partir de 12 ans
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Thomas – Martine Arpin et Claude K. Dubois

La maman de Thomas vient de mourir. Un trou a été creusé dans la terre pour elle. Un trou a aussi été creusé dans son coeur d’enfant. Un gros trou noir. Vide. Si sa maman avait été là, il lui aurait demandé comment remplir ce trou. Elle aurait su. Elle savait toujours. Mais elle n’est plus là. Comment réparer son coeur ?

Thomas va chercher à travers la ville, quelqu’un qui saurait réparer les coeurs brisés. Il va aller voir les commerçants dont sa maman lui parlait : la couturière aux doigts de fée, le médecin qui guérit tout… Comme un conte en randonnée, Thomas va d’adulte en adulte pour demander une solution, mais il n’existe pas de médicament pour le chagrin, ni de rapiéçage. La tristesse reste là, un vide, une absence qui l’entoure jusque dans les illustrations où la tristesse envahit le dessin. Thomas erre, il est seul dans cette ville inhabitée. Avec beaucoup de délicatesse et de pudeur, Thomas raconte la tristesse qui nous entoure lorsque l’on perd un être cher. Une texte aussi délicat que les illustrations de Claude K.Dubois, dont on reconnaît immédiatement le crayonnée et ses teintes pastels beige, ocre, jaune.

A force de marcher dans la ville, Thomas va revenir chez lui, retrouver son père entouré de photos de sa maman. Et si la réponse pouvait venir de là ? Et si on pouvait remplir son coeur de souvenir ? Martine Arpin nous offre une douce fin avec un florilège de souvenirs poignants qui va apporter à Thomas de l’apaisement quand il comprendra que, pour remplir le trou qui s’est creusé dans son cœur, il peut y glisser « de petits morceaux de sa maman » , des souvenirs.

Un album émouvant, sensible pour aborder ce thème délicat et mettre des mots sur la mort et sur notre plus belle façon d’affronter la perte : la force des souvenirs. Un texte triste et beau, doux et fin, comme les illustrations. Thomas fait autant pleurer d’émotions que de beauté, il devient un de mes livres indispensables.

Thomas, Martine Arpin, illustré par Claude K.Dubois (Editions D’eux)
disponible depuis le 4 mars 2021
9782924645536 – 13,50€
à partir de 5 ans
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Souvenirs de Marnie – Joan G. Robinson

Anna est envoyée par ses parents adoptifs dans un village côtier d’Angleterre chez un couple d’amis. Cette jeune orpheline renfermée, a toujours l’impression d’être en dehors du monde, différente et préférant rester seule à observer la nature, plutôt que de se lier d’amitié avec des enfants de son âge. En explorant les environs, elle découvre une vieille bâtisse au bord de l’eau, à la fenêtre, une jeune fille se fait brosser les cheveux. Rêve ? Réalité ? Anna va faire la rencontre de la mystérieuse Marnie et va nouer avec elle une étonnante amitié.

Souvenirs de Marnie  est un très beau texte qui nous fait naviguer sur la ligne du temps et de l’enfance avec une extrême douceur. Il nous rappelle le goût des jeux partagés, la magie de l’imagination mais aussi la solitude, les angoisses que l’on peut éprouver enfant. Anna va à travers son amitié avec Marnie s’épanouir et s’ouvrir au monde.

Joan G. Robinson offre un cadre et une histoire intemporelle qui touchera aussi bien les adolescents que les adultes. Les descriptions de ce village côtier nous permet de suivre Anna pas à pas à travers les dunes. Le texte nous dévoile les pensées intimes et parfois douloureuses d’Anna, qui a peur de l’abandon, du rejet et porte un masque « neutre » pour ne surtout pas être remarqué, ne pas faire de vague. Mais c’est près de la mer et de cette maison dans laquelle vit Marnie, qu’elle va plonger dans une quête identitaire et intime pour trouver sa place.

Anna tâtonna dans le noir jusqu’à trouver ses tennis – elles les aurait complètement oubliées sans ce rappel, preuve que la fille était réelle ! et rentra en courant au cottage, tout tremblante d’excitation. Elle s’était juré de ne pas chercher à connaître la famille quand elle s’installerait dans la Villa, et pourtant elle était si heureuse. On aurait pu croire qu’elle n’avait jamais rencontré quelqu’un de son âge auparavent. Cette fille-là était différente. Il y avait quelque chose de magique chez elle.

Ce classique britannique, paru en 1967, doit sa première traduction aux éditions Monsieur Toussaint Louverture. L’éditeur y a apporté un soin tout particulier, la douceur et le grammage du papier crée une expérience qui vient accroître l’ambiance poétique du texte. Peut-être que vous connaissez du même nom le film d’animation du Studio Ghibli qui est une adaptation fidèle de ce roman jeunesse. Ce livre fait parti des 50 livres qu’il faut avoir lus selon Hayao Miyazaki, qu’attendez-vous donc ?

À mi-chemin entre le roman initiatique, poétique et à suspense, Anna va en quelques mois grandir et subtilement trouver des réponses sur son identité de manière fluide et tout à fait inattendue. Si on peut penser au début du roman qu’il s’agit d’une simple histoire d’amitié, le scénario se tisse de manière efficace et délicate, le roman va plus loin sur la quête identitaire, comme un puzzle, c’est un vrai travail d’orfèvre !

Souvenirs de Marnie, Joan G. Robinson, traduit par Patricia Barbe-Girault (Monsieur Toussaint Louverture)
disponible depuis le 22 avril 2021
9782381960197 – 16,50€
à partir de 12 ans
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Marie-Verte – Émilie Chazerand et Marion Arbona

Dans la famille Machin-Truc, tout le monde est blond comme des biscuits. Alors le jour où Marie-Verte est née, ses parents furent très surpris ! La petite fille avait la peau verte, et même verte-verte-verte, couleur pelouse anglaise. Désormais, dit le père, les photos de familles seront en noir et blanc. Rapidement cependant, Marie-Verte conquit le cœur de tout le monde, même à l’école, tellement elle est généreuse et originale. Mais elle se sent incomprise… est-ce qu’elle est la seule au monde à avoir cette couleur de peau ?

Cet album fantaisiste nous fait découvrir une petite fille indépendante et curieuse (qui aurait bien pu être copine avec l’héroïne Verte de Marie Desplechin dont elle partage une partie du prénom). Mais ici, point de magie ! Lorsque notre héroïne va découvrir l’existence d’une mystérieuse tribu à la peau verte comme la sienne, Les Tikunu, ni une ni deux, elle décide de partir seule dans la jungle profonde pour les rencontrer !

Émilie Chazerand (que l’on aime beaucoup beaucoup) qui nous offre un texte qui sent bon la liberté et la chlorophylle mais surtout qui joue sur les stéréotypes dans un univers complément décalé ! Une de mes pages préférées est notamment le voyage de Marie-Verte qui « traversa les airs pendant une journée entière, puis, une fois à terre, dut prendre un train, un taxi-bus, une pirogue trouée et un âne bâté (…) ». Le style de l’autrice est toujours désopilant et elle s’amuse à glisser parfois des références et des rimes improbables, par exemple Pierre-Mayeul avec épagneul. Les magnifiques illustrations de Marion Arbona nous transportent avec joie et bonne humeur dans les aventures de Marie-Verte, qui avec un nom pareil ne peut devenir qu’écolo ! Vous l’aurez compris un album qui ne se prend pas au sérieux mais qui parle de notre place dans le monde et de notre besoin de trouver sa propre tribu !

Marie-Verte, Émilie Chazerand, illustré par Marion Arbona (Sarbacane)
disponible depuis le 7 avril 2021
9782377316076 – 15,90€
à partir de 6 ans
Son
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Un jour, je te mangerai – Géraldine Barbe

Chloé est une « petite merde ». C’est sa grande sœur Alexia qui le dit. Car Alexia la déteste depuis toujours. Bien qu’elle ne comprenne pas d’où vient cette haine viscérale, Chloé tente tant bien que mal de se faire oublier de sa sœur, de ne pas provoquer sa colère, d’être invisible. Mais depuis qu’Alexia se trouve grosse, moche, monstrueuse et qu’elle dévore autant qu’elle arrête de s’alimenter, la situation ne fait qu’empirer. Pour Chloé comme pour Alexia…

Si l’anorexie est un sujet récurrent dans la littérature jeunesse, le roman de Géraldine Barbe nous en propose un point de vue inédit et très fort. Raconté à travers Chloé, la petite sœur tant détestée, c’est aussi une exploration de la relation particulièrement toxique entre deux sœurs. Contrairement à sa sœur, Chloé est effacée, n’a jamais rien à raconter d’intéressant, et c’est donc bien normal qu’Alexia la trouve nulle. Une dévalorisation violente, constante, martelée, Chloé étant tout le temps rabaissée par sa sœur, que la plus jeune tente de comprendre, s’interrogeant sur ce qu’elle fait, de bien ou de mal, et comment, peut-être, ça finira par s’arranger. Le texte de Géraldine Barbe en est ainsi très chargé en émotion, nous glaçant ou nous laissant entrevoir un peu de lumière pour cette Chloé qui subit sans que ses parents ne voient quoi que ce soit, très vite obnubilés par Alexia et ses crises qui vont fendiller encore plus les relations familiales. La découverte progressive qu’Alexia est anorexique n’étonnera pas le lecteur, mais c’est bien tout ce qui est autour, comment une petite sœur vit la maladie de sa sœur, comment elle atteint toute la famille, qui est ici au cœur du roman et qui en est particulièrement intéressant.

Un jour, je te mangerai est un roman court et percutant, très chargé émotionnellement tout en gardant une certaine distance, qui paraîtra peut-être froide mais qui est sans doute nécessaire pour ne pas se laisser submerger. La relation entre Alexia et Chloé est aussi terrifiante que fascinante et nous touche autant qu’elle nous marquera. Ce n’est pas un roman facile, c’est même peut-être un peu difficile d’y entrer, mais c’est assurément un roman puissant et éclairant sur les rapports complexes entre deux sœurs, de la jalousie à la culpabilité, du désir de plaire à l’admiration. A découvrir !

Un jour, je te mangerai, Géraldine Barbe (L’école des loisirs)
collection Médium+
disponible depuis le 20 janvier 2021
9782211310840 – 13€
à partir de 12 ans
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Le cri du homard – Guillaume Nail

Aurore doit repasser son bac et travailler tout l’été à la charcuterie familiale de Montaubourg – un petit village perdu de Normandie. Mais les vacances vont prendre un tournant inattendu car Aurore et ses amies vont faire un pari : embrasser le bel inconnu qu’elles ont croisé lors d’une virée en voiture. Sauf que ce charismatique garçon est Archambault, il travaille à la conserverie de la ville ennemie, entreprise tenue par la sœur du père d’Aurore avec qui il a coupé les ponts. Pari pimenté donc ! Sauf qu’Aurore va réussir à se faire embaucher en douce, sans le dire à son père. Elle va participer avec Archambault au lancement d’un important projet d’agrandissement de l’usine : un élevage expansif de homards. Certes, ce projet s’annonce créateur d’emplois mais il va également noyer le littoral sous le béton. Prise entre son ambition, ses sentiments pour Archie et ses amies, Aurore va pourtant choisir son camp, celui du changement. Mais le doute s’immisce, le progrès est-il forcément à ce prix ?

Le cri du homard est l’un des premiers titres de la nouvelle collection #onestprêt qui souhaite aborder la question de l’urgence climatique à travers des récits inspirants, en collaboration avec le mouvement On est prêt. Celui-ci, lancé en 2018, rassemble des experts, des artistes, des créateurs web pour sensibiliser et mobiliser le large public sur des questions de société et d’environnement.

Avant d’être un texte qui souhaite éveiller à la sensibilité écologique, Guillaume Nail nous offre une histoire. Lors de notre lecture, nous sommes embarqués avec l’héroïne dans sa relation amoureuse avec Archie, sa rébellion contre sa famille et son ambition pour une autre vie possible. Aurore est une adolescente qui dès le départ déteste son village paumé et n’a qu’une crainte : ne pas réussir à s’échapper de cette vie. Son travail dans la conserverie est pour elle un premier acte vers un changement de vie !

A travers son style direct, franc, l’auteur réussi à parler aux adolescents. Il injecte à merveille à Aurore (et à ses amis) un côté rebelle et ambitieux et en même temps une conscience sensible. L’entourage de notre héroïne vient la bousculer, plus d’une fois, et on sent une dualité profonde chez Aurore. Certes, elle travaille dans une ville ennemie et l’animosité entre Montaubourg et La Rocque est digne d’une romance à la Shakespeare ! C’est un réel combat pour elle de trouver sa place.

Ce roman agrémenté d’une partie « pour aller plus loin » permettra aux lecteurs curieux et motivés de se renseigner davantage sur la protection de l’océan ou encore la lutte contre l’artificialisation des littoraux. Aurore nous montre qu’il est possible d’ouvrir les yeux sur ce qui se joue mais surtout qu’il faut influer sur les sphères décisionnelles. Il est bien de se responsabiliser au niveau de notre consommation mais le véritable enjeu dépasse la dimension individuelle. Un roman qui va apporter de quoi nourrir le débat écologique !

Le cri du homard, Guillaume Nail (Glénat)
collection #onestprêt
disponible depuis le 14 octobre 2020
9782344042786 – 13,90€
à partir de 13 ans
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Le chapeau rouge – Rachel Stubbs

Un grand-père offre à sa petite-fille son chapeau. Un beau chapeau rouge, bien grand et large, qui pourra l’accompagner partout où elle voudra aller, la protègera autant du soleil que des intempéries, lui permettra de se fondre dans la masse comme de ressortir du lot. Bref, tout est possible avec ce chapeau rouge, jusqu’à raconter à son grand-père les merveilleuses aventures que l’on aura vécu avec…

Vous ne pensiez pas qu’il était possible de vivre tant de choses avec un accessoire de mode somme toute très banal ? Et pourtant ! Notre petite héroïne, poussée par son grand-père qui va lui montrer toutes les possibilités offertes par ce chapeau qu’il lui offre, va se lancer dans des aventures à travers le globe et vivre par elle-même tout ce que lui promet ce cadeau. Une façon, peut-être, de perpétuer cet héritage laissé par ce grand-père aussi affectueux qu’encourageant. Car il est évidemment question ici de transmission, à la fois d’un objet mais également de toutes les expériences de ce grand-père, de tout ce qu’il a pu vivre lui-même avec ce chapeau rouge.

Le texte de Rachel Stubbs est tout en simplicité et en tendresse, son rythme est en parfaite adéquation avec les illustrations mêlant crayons de couleur et digital. Du noir et des variances de bleu et de rouge confèrent à l’ensemble une ambiance toute particulière : entre des doubles aux détails foisonnants et d’autres plus épurées, on oscille entre les moments de partage entre le grand-père et sa petite-fille et ceux de leurs aventures, de leur imaginaire. Un album doux et sensible sur la transmission, et les moments inoubliables vécus par un grand-père avec sa petite-fille. C’est vraiment très beau !

Le chapeau rouge, Rachel Stubbs, traduit par Emmanuelle Beulque (Sarbacane)
disponible depuis le 2 septembre 2020
9782377314454 – 14,90€
à partir de 3 ans
Son
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Juste un mot – Frédéric Vinclère

Paul a 11 ans et subi un racket au collège. Lorsque son grand frère le découvre, il lui laisse une lettre dans sa tirelire. C’est le début d’une correspondance par mail alors que Lou-Victor, le grand frère, est soudain loin de Paul. Alors que la situation semble s’aggraver, d’autres personnages vont peu à peu faire leur entrée dans la vie de Paul, avec des échanges de mots en classe ou encore des messages sur Facebook.

Comment aider son petit frère lorsque l’on est si éloigné de lui ? Éloigné parce qu’ils n’ont jamais été tellement proches, parce que leurs parents ne leur ont jamais véritablement prêté attention, et parce que Lou-Victor est dans un « internat ». Mais Paul n’est pas dupe, même si on ne lui a rien dit, il sait où est réellement son frère. Cette correspondance inattendue, née d’un acte tout de même répréhensible de Lou-Victor, va pourtant amener les deux frères à se confronter, se confier et se redécouvrir. Malgré la distance, le grand frère va tenter d’aider le plus petit à se sortir du terrible engrenage dans lequel il s’est retrouvé. Et s’il ne peut pas venir lui-même s’en charger, peut-être des camarades de Paul le pourront-ils ? Grâce aux conseils de son frère, Paul rencontre Loubna, une élève de troisième solaire et forte, qui semble faire partie d’une histoire compliquée de Lou-Victor, et qui va se révéler une véritable amie…

Sans vous en dire trop sur les chemins qui mèneront chacun d’entre eux dans cette histoire, sachez simplement que Frédéric Vinclère nous offre là une magnifique correspondance, intimiste et lumineuse. Beaucoup de non-dits, de petits secrets ne seront pas révélés, comme ce fameux mot qui débloquera une certaine situation et termine le roman, mais c’est là aussi toute la réussite de ce texte sur la famille et l’amitié. Si le point de départ se focalise sur le harcèlement que subit Paul, c’est avant tout la relation entre deux frères qui nous touche, cet éloignement forcé de Lou-Victor, ses erreurs et ses tentatives d’être un meilleur frère, une meilleure version de lui-même, d’être tout simplement là pour Paul quand personne d’autre ne l’est. Quant à Paul, il nous bouleverse par son innocence et sa profonde solitude. A travers cette correspondance, les deux frères vont apprendre à se retrouver, à s’aider mutuellement, à grandir et tenter de faire avancer leur famille. Un roman d’une grande justesse, mais également plein d’humour et d’optimisme.

Juste un mot, Frédéric Vinclère (Auzou)
disponible depuis le 27 août 2020
9782733881446 – 12,95€
à partir de 10 ans
Son
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« OZ » la nouvelle collection de Syros

Cet été sont parus les premiers titres de la collection OZ, toute nouvelle venue pour les 8-12 ans chez Syros qui promet « des histoires où (presque) tout est possible » ! Vaste programme ! On y retrouve des auteurs et autrices bien connus de la maison qui nous offrent des histoires où priment le pouvoir de l’imaginaire, l’aventure, l’amitié et l’humour ! Contrairement à d’autres collections pour ce même âge, ici il n’y aura pas d’illustrations, seulement des cabochons en début et fin de chapitres. Aujourd’hui, on vous présente deux titres qui nous ont beaucoup plu. 😀

CornichonX

Angélina ne se sent pas très bien cette année : elle est la plus petite de sa classe et elle vit avec des parents qui n’ont jamais vraiment grandis et se comportent comme de vrais gamins ! Chez elle, on ne mange que du fast-food et des bonbons, ses parents font des concours de déguisements, on ne fait que rigoler et s’amuser…bref, ils sont très peu présents pour répondre à ses interrogations… Le jour où un bocal de cornichonx atterrit par mégarde dans leur frigo, Angélina découvre qu’en les grignotant, ils semblent répondre à ses questions…

Ah, grandir ! Grande question des préadolescents et d’Angélina qui doit se débrouiller toute seule pour comprendre… Yves Grevet nous offre un beau moment d’émotion et une jolie réflexion sur la famille, sur la difficulté à se comprendre entre parents et enfants. La dimension fantastique induite par cet étrange pot de cornichons en est ainsi d’autant plus intéressante et subtile qu’on finit par se demander si ce sont bien des condiments magiques ou si Angélina a réussi à grandir par elle-même. Un roman très malin !

Mystères à Minuit

Victor vit à Minuit, la ville la plus hantée du monde et est le seul à voir les fantômes pour de vrai ! Avec son ami Balti, 12 ans depuis six cent soixante-huit ans, ils proposent leurs services de chasseurs de mystères. Alors que la fameuse soirée d’Halloween approche, faisant de Minuit l’une des attractions touristiques de l’année, voilà que l’une des lointaines descendantes de Balti est enlevée… Un mystère à résoudre pour nos deux chasseurs…

Camille Brissot nous offre une histoire fantastique comme on les aime avec cette chasse au fantôme particulièrement drôle et un peu frissonnante ! Le décor est planté, rappelant ces villes comme Edimbourg, célèbre pour ses nombreux fantômes, et les personnages immédiatement attachants pour une entrée dans l’histoire facile et prenante. Un roman bien construit, qui joue avec tous les codes des histoires de fantômes, à grand renfort de mystères, de trésors et de légendes effrayantes. Le tout avec beaucoup d’humour et de suspense, de très jolies amitiés, bref, tous les ingrédients sont réunis pour plaire aux lecteurs affamés d’aventures qui nous tiennent en haleine jusqu’au bout. On espère que d’autres mystères nous attendant bientôt dans la ville de Minuit !

CornichonX, Yves Grevet, illustré par Benoît Audé (Syros)
collection OZ
disponible depuis le 25 juin 2020
9782748527094 – 9,95€
à partir de 8 ans
Mystères à Minuit, la ville la plus hantée du monde, Camille Brissot, illustré par Glen Chapron (Syros)
collection OZ
disponible depuis le 25 juin 2020
9782748527070 – 9,95€
à partir de 8 ans
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Taxonomie de l’amour – Rachael Allen

Il faut savoir deux choses sur Spencer : il a le syndrome de la Tourette et il est tombé fou amoureux de sa voisine Hope, qui vient d’emménager à côté de chez lui. Spencer sent tout de suite qu’elle est spéciale : Hope aime escalader les arbres, adore les anecdotes bizarres sur des sujets inutiles, et surtout, elle ne se moque pas de lui et de ses tics moteurs et vocaux. À ses côtés, il a l’impression de faire enfin partie du monde qui l’entoure. Les deux adolescents vont grandir l’un à côté de l’autre, oscillant entre amour et amitié. Malheureusement pour Spencer, la vie n’est pas aussi simple que les taxonomies qu’ils s’amusent à créer…

Si vous imaginez suivre les aventures d’un garçon qui crie des injures à cause de ce syndrome, passez votre chemin ! Spencer a des gestes involontaires, des tics nerveux (reniflements, haussements d’épaule) et des tics sonores (parfois il répète le dernier mot d’une phrase). Passé ce syndrome, c’est un adolescent curieux, passionné par les insectes, qui essaye de prendre sa place dans le monde. Il va y réussir, petit à petit, notamment grâce à son amitié avec Hope et un surprenant talent pour la lutte. Talent qui apparaît à force de se faire maltraiter par d’autres garçons et par son frère Dean, le beau grand frère à qui tout réussit.

Au début du roman, les personnages paraissent stéréotypés, comme une série télévisée (le beau garçon, le sportif…) mais au fil du roman, on va se rendre compte qu’ils ont tous des failles, des histoires dysfonctionnelles. On prend plaisir à suivre l’évolution d’Hope et de Spencer à travers le temps, car le roman les suit de 13 à 19 ans. Un temps de l’adolescence fort en émotions.

Taxonomie de l’amour est une excellente lecture, qui sous son air de romance, en réalité nous parle de différence, des liens familiaux et de deuil. La passion du protagoniste pour la taxonomie, un système de classification des êtres vivants, l’invite à en créer lui-même concernant les personnes qui l’entourent. On pourra ainsi découvrir par exemple une « Taxonomie des filles qui m’empêchent de me concentrer sur mes devoirs de maths », très drôle. Ces schémas apportent de la légèreté dans des situations parfois émouvantes.

Un roman parfait pour les adolescents qui souhaitent une histoire d’amour hors des cases et qui prouve que les relations humaines ne se résument pas à une classification scientifique !

Taxonomie de l’amour, Rachael Allen (Bayard)
disponible le 8 juillet 2020
9782747095051 – 14,90€
à partir de 14 ans