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Tatie pourrie – David Walliams

Le David Walliams nouveau est arrivé ! Chez Bob et Jean-Michel, les romans de ce truculent anglais, digne héritier du grand maître Roald Dahl, sont toujours attendus avec beaucoup d’impatience. Après cette introduction, vous pourriez croire que nous nous sommes battus pour savoir qui le lirait en premier…mais rappelons simplement que Bob a de fort jolies défenses… 😛

9782226318695,0-2708577

Stella Saxby se réveille orpheline après l’accident qui a coûté la vie à ses parents. Unique héritière du manoir de Saxby Hall, son horrible tante Alberta, aidée de son fidèle Wagner – un hibou géant des montagnes de Bavière – est prête à tout pour lui voler l’acte de propriété. Heureusement, Stella va se trouver un allié précieux pour déjouer les terribles plans de cette tatie pourrie…

★★★★☆

La recette de David Walliams fonctionne toujours aussi bien ! Encore une fois, on passe un très bon moment de lecture et on ne voit pas défiler les bonnes grosses 400 pages (tout de même !) abondamment illustrées par Tony Ross. Un duo qui, lui aussi, marche du tonnerre ! Dans cette histoire, l’auteur nous ramène au début du siècle dernier dans l’aristocratie anglaise où le gigantisme des manoirs n’a d’égal que la solitude. Stella découvre avec horreur en se réveillant d’un profond coma que ses parents sont décédés dans un accident et que son horrible tante veille sur elle. Une tante véritablement monstrueuse dont la seule passion est les hiboux…et les sales coups ! Stella tente bien vite de fuir, mais Tante Alberta et son terrible hibou géant en ont décidé autrement et la jeune fille est séquestrée dans la cave. Plutôt cruel, non ? Eh bien ce n’est pas le pire car l’horreur ne fait que commencer pour la pauvre Stella, qui va tenter de se débarrasser de cette tatie pourrie. Heureusement, elle pourra compter sur l’aide d’un étrange petit ramoneur…

Je ne vous en dis pas plus sur l’histoire, mais David Walliams parvient toujours avec beaucoup de réussite à nous faire rire, nous faire grimacer de dégoût et n’épargne aucun de ses personnages…si vous aimez les tortures d’enfants, ce livre est fait pour vous ! J’apprécie aussi toujours sa façon de s’adresser au lecteur (et son chapitre sans image où, en effet, c’est quand même vachement mieux quand il y a des dessins – Bob a trouvé aussi que c’était nul comme chapitre, mais l’auteur avait ses raisons, alors ça passe) et ses trouvailles loufoques, ses personnages qui ne sont là que pour l’effet comique (le majordome) et ses petits bonus.
Un concentré d’humour (et un peu de frisson) à mettre dans les mains de tous les fans de l’auteur ou à faire découvrir à ceux qui voudraient passer une chouette soirée à rigoler. Et on vous invite aussi à découvrir tous les autres si vous ne connaissiez pas David Walliams, parce que ça vaut vraiment le coup ! 😀

Tatie pourrie, David Walliams (Albin Michel jeunesse)
collection Witty
disponible le 30 septembre 2015
9782226318695 – 12,50€
à partir de 8 ans

Son
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Aussi loin que possible – Éric Pessan

9782211108317,0-2703681

Un matin, sur le chemin du collège, Anthony et Tony délaissent leurs sacs de cours et se mettent à courir. Comme ça, pour s’amuser, pour savoir qui va le plus vite…et puis, arrivés au bout du parking, ils ont continué. Tout droit, ils ont continué à courir. Sans se poser de question, sans savoir où aller. Un simple marathon, une course pour laisser derrière eux leurs soucis…

★★★★☆

Un roman qui se lit comme la course de nos deux jeunes héros : sans s’arrêter, sans jamais perdre haleine. Raconté par Antoine, l’histoire débute comme la simple évocation d’une amitié. Une amitié qui lie ces deux garçons aux prénoms similaires pas seulement à cause de ça mais aussi car ils ont tous les deux quelque chose qui leur pèse. Un avis d’expulsion pour Tony, dont la famille ukrainienne va devoir quitter le territoire français, un père à la main lourde pour Antoine. Sont-ce là les raisons qui les ont poussés à se mettre à courir, un jour, comme ça ? Pour Antoine, ces raisons intimes sont venues plus tard. Au début, il ne s’agissait que d’un jeu, de quelque chose qui n’était pas prémédité. Et puis, en courant, les raisons sont apparues, les pensées ont eu le temps de se frayer un chemin dans l’esprit du jeune homme.

Aussi loin que possible pourrait être le slogan d’Antoine et Tony dans cette course qui paraît d’abord comme une fugue pour leurs familles avant d’être médiatisée et vue par la presse comme la volonté d’agir sur ce qui ne va pas dans leur vie ou, du moins, dans celle de Tony et de l’éviction de sa famille. Une course qui devient alors politique et sociale quand elle n’a commencé que par un défi entre amis. C’est sans doute là toute la beauté de ce texte qui, avec beaucoup de finesse, nous fait entrer dans les réflexions d’un garçon de 13 ou 14 ans qui, au fil de son odyssée, développe une analyse de son environnement, des gens qu’il croise, de notre société consumériste. Ce n’est pas le cœur du roman, mais j’ai trouvé les réflexions d’Antoine belles et pertinentes, l’écriture d’Eric Pessan est vraiment remarquable.
Aussi loin que possible est un roman sans doute singulier mais qui fait avant tout la part belle à une grande amitié entre deux adolescents et porte en lui un beau message d’encouragement et d’espoir.

Aussi loin que possible, Éric Pessan (Ecole des Loisirs)
collection Médium
disponible le 30 septembre 2015
9782211108317 – 13€
à partir de 14 ans

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Le livre de toutes les réponses sauf une – Manon Fargetton

9782700247886,0-2778185

Cette année, Bérénice entre dans un nouveau collège et, comme à chaque fois, son nom de famille – Lamort – provoque les moqueries. Mais cette fois, il y a une autre élève au nom étrange : Pandora Hurlevent, qui sait supporter les ricanements. Les deux jeunes filles vont vite se lier d’amitié, à laquelle va se joindre Lazare. Un trio qui va partager ses rêves et ses confidences chez Bérénice…jusqu’au jour où c’est au tour de Pandora d’accueillir son amie chez elle…

★★★★☆

Déjà connue pour ses romans de fantasy ou ses thrillers chez Rageot, Manon Fargetton s’adresse ici à un lectorat un peu plus jeune pour une histoire qui mordille la frontière du fantastique. On y retrouve trois personnages, trois ados un peu en marge des autres, dont on se moque à cause de leurs noms un peu spéciaux ou de leur orientation sexuelle. Mais au-delà des notions de harcèlement, c’est surtout l’amitié qui prime, les liens qui se créent entre chaque personnage. Et notamment ceux de Bérénice et Pandora. Issues de familles originales (monde du spectacle pour Bérénice, histoire et archéologie pour Pandora), il était évident que les deux jeunes filles ne pouvaient qu’être amies. Pourtant, une différence sociale va les séparer un certain temps, jusqu’à ce que Pandora accepte d’inviter Bérénice chez elle, dans un manoir à l’écart de la ville, avec chauffeur, cuisinière et tableaux de maîtres. Mais le plus intéressant chez les Hurlevent, c’est la bibliothèque. Une bibliothèque magnifique qui referme un ouvrage millénaire, un livre capable de répondre à toutes les questions…sauf une. Sauf celles qui commencent pas « pourquoi ? »… Pourtant, Bérénice n’a que des questions de ce type à la bouche, car elle cache un lourd secret, qu’elle a confié à son amie qui pense que le livre lui permettra de soulager son cœur. Mais c’est tout le contraire qui se passe…
Sans vous en dire plus sur l’histoire, qui se découvre véritablement au fil des pages, Le livre de toutes les réponses sauf une est un très joli roman qui mélange une variété de thématiques sans pour autant tomber dans le fourre-tout. Un peu de suspense, des amitiés qui se nouent et se dénouent, des éléments fantastiques, des secrets et pas mal de références. Mais aussi une façon de gérer un deuil, de se construire ou se reconstruire. Une belle évocation de relations familiales, en somme. L’écriture de Manon Fargetton est tout en douceur, et la pointe de magie sert parfaitement le propos plutôt grave évoqué dans l’histoire. Je regrette peut-être juste que le mystère archéologique ne soit pas résolu, j’aurais été bien curieuse de découvrir l’hypothèse de l’auteure. 😛

Le livre de toutes les réponses sauf une, Manon Fargetton (Rageot)
disponible depuis le 16 septembre 2015
9782700247886 – 6,45€
à partir de 11 ans

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Les 3 exploits de Till l’espiègle – Lechermeier & Doremus

TillLespiegleLa naissance de Till est loin de représenter un heureux événement dans la bourgade de Groskrôtmemehr. Ne cherchant pas plus loin que le bout de leur nez, tous les malheurs qui coïncident avec sa venue au monde lui sont reprochés par les habitants. Quelle misère d’avoir tout un village sur le dos ! (dédicace à Jean-Loup, qui combat toujours le rhume). Au bout du ènième quolibet, c’en est trop, Till décide de partir non sans se venger au préalable de toutes ces viles personnes l’ayant molesté…Farces à tous de bras, coups de bâton de la vie, stupeur, rires sincères et un Till déculotté vous attendent dans ce roman au trois exploits bien rythmés.

Quand Les Fourmis rouges s’attaquent à un classique germanique, ça nous inspire.
Ce livre est un spectacle à lui tout seul. Philippe Lechermeier à qui l’on doit Lettres à pattes et à poils ainsi que de nombreuses collaborations avec Rebecca Dautremer, joue habilement avec les figures de styles rendant l’histoire instructive et intelligente tout en conservant l’humour impétueux de la légende. A la manière de Monsieur de La Fontaine, il manipule la morale et possède la plume acerbe de Jean De La Bruyère (des copains à lui sans doute). Quant à Till, il a au premier abord la naïveté légendaire du héros de Voltaire : Candide avant de muer en un Maître Pathelin plus malin et plus insolent que jamais. Les aventures de Till peuvent paraître calamiteuses mais l’ingénuité qui l’habite disparaît rapidement pour laisser place à un subtil comique de situation. Seule sa méconnaissance de la vie lui joue quelques tours qu’il déjoue avec aisance. Futé, Till comprend vite qu’on est jamais mieux servi que par soi-même. Parlons un peu de la qualité des illustrations de Gaëtan Dorémus : animaux personnifiés et expressions faciales du plus bel effet ! Chaque héros possède un trait particulier croqué avec exagération par notre artiste : le ton est donné, cela donne du relief et met en valeur la qualité ou le défaut du personnage avec aisance. Pour Till, c’est la folie et la bêtise, la vilaine voisine la cupidité, la stupéfaction pour le bourgmestre…

"Till, sans distinguer Dulcinée de l'animal, Embrassa le museau du cheval"

« Till, sans distinguer Dulcinée de l’animal, Embrassa le museau du cheval »

Ce roman est une pure satire, très appréciable par sa légère décadence ainsi que la mise en boîte des personnages. L’originalité de la version des Fourmis Rouges tient dans cette prose mordante qui laisse un goût facétieux dans la bouche. Peuplé de calembours et de jeux de langues, lire à haute voix un texte comme celui-ci vous donne envie de découvrir des romans aux personnages espiègles ou relire des classiques du théâtre comique médiéval. Je suis extrêmement jalouse du duo que forment Philippe Lechermeier & Gaëtan Doremus : je n’ai jamais connu aussi belle symbiose avec Bob, j’ai bien les boules de l’avoir comme partenaire 🙂

Les 3 exploits de Till l’espiègle, Lechermeier & Doremus (Les Fourmis rouges)
en librairie le 17 septembre 2015
9782369020448 – 14€
à partir de 8 ans

Quand les Fourmis Rouges nous donnent envie de zoomer sur…

Le rôle de la farce

La farce, pièce comique qui présente des situations et des personnages ridicules où règnent tromperie, équivoques, ruses, mystifications.

C’est une affaire de punition des esprits sournois ou des gens enclins à la méchanceté. A l’ère médiévale , la farce était utilisée pour se moquer des Grands, des plus riches et des puissants. Généralement, les victimes sont présentées comme ridicules, malveillantes et légèrement – voire complètement stupides (Till est un bouc émissaire qui a priori ne ferait pas de mal à une mouche). La logique veut que leurs bourreaux soient roulés dans la farine. Toute la beauté de la farce réside dans cette justice que l’on attend avec impatience en faveur des plus démunis et notre esprit sadique demande réparation avec une humiliation digne de ce nom. Plus c’est ridicule, mieux c’est ! Dans la farce, le plus niais et victimisé des personnages est celui auquel s’attendent le moins les tourmenteurs. Ils sont généralement prétentieux, idiots, dénués de réflexion, affabulateurs, cyniques, narcissiques et l’appât du gain les attire. Plus dure sera leur chute, mais plus drôle elle sera pour nous, spectateurs de leur déchéance.

Les figures de style de Philippe

Il semble important de souligner l’intérêt de la répétition des figures de style dans ce roman, d’autant que l’auteur sait manipuler la rime, place quelques paronomases (figure de style reposant sur la ressemblance phonétique entre deux termes) et nous invite à jouer tout comme lui avec les mots :

Le jour où Till fut expulsé du ventre de sa mère, 
on comprit que c'était là événement extraordinaire

Il met en valeur l’obsession des habitants sur la malédiction que représente Till avec des anaphores (reprise du même terme) :

Qu'il fasse trop chaud ou trop froid,
Qu'il fasse trop sec ou trop pluie,
Que le pâté ne soit pas frais...

A chaque fois qu’une accumulation de termes facétieux  est utilisé, c’est pour souligner le chaos que Till propage :

Et pif dans le popotin !
Et paf dans le baba !
Et pan dans la pastèque !
Et pim dans le tutu !

(notons au passage l’emploi des onomatopées, habile et illustrant à la perfection le geste du coup de pied dans le derrière).
Toute les figures de style présentes donne une expressivité originale au texte, jouant sur le sens des mots et leur sonorité. Un procédé d’écriture qui sied parfaitement à cette légende germanique du XVème siècle. On applaudit avec tout ce qu’on peut – les deux mains, deux pieds, deux fesses – l’auteur pour son usage habile et drôle de la langue française.

Compléments de lecture

tillespieglefarcemaitrepathelinfarcesfabliauxadaptéthéâtreopérationfarceusesfarcesecoliersfarcescollegiensfarcesemilmaxmoritz

 Les aventures de Till l'espiègle
collection Etonnantissimes, Flammarion
9782081272118
 La farce de Maître Pathelin 
collection Folio Junior, Gallimard jeunesse 
9782070631315
 Farces et fabliaux du Moyen-Age (adaptés pour le théâtre) 
collection Médium poche, EDL
9782211026031
 Opération farceuses 
Roddy Doyle, Gallimard jeunesse
9782070545797
 Sept farces pour écoliers 
Pierre Gripari, Grasset Jeunesse
9782246786986
 Huit farces pour collégiens
Pierre Gripari, Grasset Jeunesse
9782246786986
 Les farces d'Emil 
Astrid Lindgren, Ldp Jeunesse
9782012490109
 Max et Moritz 
Wilhelm Busch, collection Mouche, EDL
9782211078054

Le saviez-vous ?
Le personnage de Till inspirera un poème symphonique à Richard Strauss, célèbre compositeur allemand

Son
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Ma mère, le crabe et moi – Anne Percin

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Bob et Jean-Michel adorent les textes d’Anne Percin. Qu’elle soit drôle (on est tous fan de Maxime de Comment (bien) rater ses vacances) ou moins. Alors on avait particulièrement hâte de lire son nouveau texte… 😀

Tania a 14 ans et vit avec sa mère dans un petit village près de Clermont-Ferrand. Passionnée de loups-garous, elle tient un blog gothique tandis que celui de sa mère est plutôt « Lectures & confitures ». Et puis un jour, Tania apprend que sa mère a un cancer du sein. Une maladie qui va peu à peu changer leurs vies à toutes les deux, ainsi que la relation qu’elles entretiennent…

★★★★★

Bon, je vous la fais courte : Bob a A-DO-RÉ ! Décidément, Anne Percin sait comment parler aux lecteurs. Le personnage de Tania, qui s’adresse très directement à nous, est savoureux. On s’attache instantanément à elle et à son humour d’ado qui se la joue un peu rebelle. J’ai beaucoup aimé le style très direct, très oral qui sert à merveille cette histoire qui peut sembler au premier abord un peu sérieuse (on parle de cancer du sein, de chimiothérapie, de vivre avec une personne considérablement malade et affaiblie quand on a 14 ans) mais qui fait la part belle à l’humour. Je vous avoue que j’ai plusieurs fois éclaté de rire lors de ma lecture (je vous mets l’eau à la bouche en vous disant qu’il y a une scène de piscine tout à fait extraordinaire). Alors attention, Anne Percin ne traite pas le sujet à la rigolade, hein, mais c’est la relation entre Tania et sa mère, la volonté de la jeune fille de soutenir sa maman dans son combat en lui donnant le sourire qui fait que les deux vont surmonter cette épreuve avec le plus de positivisme possible. Il y a une belle émotion dans cette relation, dans ce désir de Tania d’être là pour sa mère quoi qu’il advienne, sans se soucier de ce que les autres pensent, des conseils débiles ou de la pitié des gens. Mais le roman ne se limite pas à ça, car on suit également Tania dans sa vie au collège, avec ses amis, dans sa préparation du cross départemental… Des petits moments de la vie quotidienne qui disent aussi de grandes choses : de l’amour au dépassement de soi. Un coup de cœur pour Bob ! Merci Anne pour ce très beau moment de tendresse, d’humour et d’espoir. 🙂

Ma mère, le crabe et moi, Anne Percin (Rouergue)
collection DoAdo
disponible le 16 septembre 2015
9782812609299 – 11,70€
à partir de 13 ans

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7 secondes – Tom Easton

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Ce soir, Bob vous propose un jeu : vous avez très exactement 7 secondes pour lire cet article. Au-delà…vous avez perdu ! Qui est prêt à relever ce défi ?

Mila vit dans une Europe appauvrie et délabrée par la guerre. Avec son mentor, Julian, elle décide de rejoindre les Îles, un havre de paix dans lequel les habitants vivent avec une puce téléphonique dans la tête. Lorsque les autorités des Îles décident de lui implanter cette puce, ils découvrent dans le crâne de Mila un objet qui ressemble à une bombe… Mila n’a alors plus d’autre choix que la fuite…

★★★☆☆

1, 2, 3…ainsi commence cette course-poursuite sans temps mort qu’est 7 secondes. Sept secondes, c’est le temps d’avance dont dispose Mila. En effet, la puce téléphonique dans sa tête lui permet ce décalage, au départ utilisé simplement pour permettre à son usager de modifier une erreur qu’il aurait faite ou de ne pas être vu dans une position gênante. Car chaque habitant des Îles dispose de cette puce et, un peu comme un jeu de télé-réalité, cette puce permet à tout un chacun de pouvoir Visionner les autres, à condition de connaître son numéro de téléphone. Une technologie un peu complexe, plutôt étonnante et, surtout, très invasive.

4, 5, 6…le monde de Tom Easton s’inscrit dans la mouvance de la dystopie et, là encore, ce sont les guerres qui sont à l’origine de la destruction d’une grande partie du monde. Mila est issue de la pauvreté, de l’Europe ravagée et c’est pour sauver sa peau qu’elle suit Julian, qui a vécu dans les Îles voilà quelques années. A peine sont-ils arrivés en vue des Îles que Julian meurt, laissant Mila seule avec ce petit objet qu’elle découvre dans sa tête. Une bombe, sans doute, qui va la pousser à quitter le Centre qui accueille les réfugiés et à échapper aux griffes de l’Agence, une police chargée d’estimer ou non la dangerosité de ces réfugiés. Grâce à sa puce et à l’aide d’Adam, un Agent pas si mauvais qu’il en a l’air, Mila va réussir à déjouer un certains nombres de pièges tendus par le gouvernement des Îles…

7 ! S’il ne faut que sept secondes à Mila pour être toujours en avance par rapport à ces ennemis, il ne nous faut à nous que peu de temps pour parvenir au bout de ce roman tant l’action et les événements s’enchaînent à vitesse grand V ! L’écriture de Tom Easton est simple, efficace, et nous mène exactement là où il le souhaite. On ne s’ennuie clairement pas un seul instant ! Mila est de plus une héroïne totalement badass déployée au beau milieu d’un vaste complot qui nous tient en haleine jusqu’à la dernière page. J’ai cependant trouvé certaines situations un peu trop rocambolesques, une fin un peu téléphonée (haha) et Tom Easton ne propose pas une grande originalité dans son univers… Sans doute pourrait-on pas passer à autre chose après toutes ces dystopies… 😛 Néanmoins, un roman efficace qui plaira aux amateurs du genre.

7 secondes, Tom Easton (Lumen)
disponible le 17 septembre 2015
9782371020368 – 15€
à partir de 13 ans

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Le prof, moi, les autres – Rachel McIntyre

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Rien de tel pour la rentrée des classes qu’un roman qui se déroule justement dans une école ! 😛 Bob vous emmène aujourd’hui dans un lycée d’Angleterre, à la rencontre de Lara…

Lara, 15 ans, est une élève effacée et, entre les moqueries de ses camarades, l’alcoolisme de son père et les disputes incessantes avec sa mère, la vie semble très sombre. Heureusement, il y a le beau Ben Jagger, son prof de littérature, qui lui propose d’organiser un concours de talents. Une occasion en or de se rapprocher de celui qui fait battre le cœur de toutes les filles du lycée…

★★★☆☆

Il y a longtemps que je n’avais pas lu un roman évoquant la relation amoureuse entre un professeur et son élève ! Le prof, moi, les autres s’intéresse ainsi à cette histoire d’amour interdite, mais pas que. Une grande part du roman traite en effet du harcèlement scolaire, un harcèlement vraiment terrible pour Lara. C’est sous la forme du journal intime que nous découvrons au fil des mois les épreuves que traverse cette rousse taille mannequin à la poitrine en planche à pain et dont le nom de famille, Tissein, est parfait pour se moquer de ses « Ptisein ». Sa situation familiale n’est pas meilleure : son père au chômage passe ses journées à picoler et sa mère porte toute la maison avec son maigre emploi de femme de ménage. Alors non, la vie n’est pas rose pour Lara. Mais son jeune professeur, Mr. Jagger, va être son rayon de soleil, la raison qui va la faire continuer à aller au lycée et subir tous les sévices inventés par ses camarades. J’ai trouvé certains moments véritablement très durs, pour ce qui est du harcèlement. Même les petites touches d’humour de Lara, qui n’a pourtant vraiment pas de quoi rire dans la vie, ne parviennent pas totalement à faire retomber la pression. L’histoire d’amour entre Lara et son professeur, quant à elle, met parfois mal à l’aise, et la fin ne nous permet pas de nous sentir mieux vis à vis de ce sujet, puisque l’on continue à se demander ce qui s’est réellement passé dans cette relation. Il n’en reste pas moins un roman intéressant, immersif et captivant par sa forme, et qui invite à la réflexion.

Le prof, moi, les autres, Rachel McIntyre (Milan)
collection Macadam
disponible le 9 septembre 2015
9782745972545 – 12,50€
à partir de 14 ans

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Janis est folle – Olivier Ka

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Décidément, les éditions du Rouergue choisissent vraiment bien leurs photographies de couverture, vous ne trouvez pas ? 😀

Titouan et sa mère Janis sont en cavale, après qu’elle a incendié le deux-pièces où ils vivaient. Presque la routine pour Titouan, qui a toujours vécu en marge de la société, changeant d’endroit au gré des envies, ou de la folie, de sa mère. Cette fois, pourtant, il lui semble que leur fuite cache autre chose, que Janis a un but… Mais lequel ?

★★★★☆

Quel sont donc ces secrets que Janis semble garder au fond d’elle dans son esprit empreint de folie ? C’est cette question qui va obnubiler Titouan, pourtant habitué à soutenir sa mère depuis qu’il est tout petit. Déscolarisé, solitaire, autodidacte de l’accordéon, Titouan n’a toujours vécu qu’avec sa mère, parfois avec ses amants selon les endroits où il vivait. Il l’a toujours vu dans son monde, à part, un peu folle. Il est habitué. Mais lorsqu’elle incendie leur appartement, tout change. Il y a une urgence, un but caché, dans cette fuite à travers la France. Titouan est portant habitué à tout quitter pour tout recommencer ailleurs, à dormir dans la Volvo, à sentir mauvais pendant des jours… Mais pas à voler, braquer, s’enfuir comme un criminel. Il lui faudra faire preuve de patience, d’habileté pour commencer à percer les mystères de sa mère et les secrets qu’elle cache…
Janis est folle est un très beau et sombre texte, une évocation d’une relation mère/fils exclusive, étonnante, presque dérangeante. Il y a de la dureté et de la douceur dans la façon dont le jeune homme évoque sa mère et sa folie, on sent un amour inconditionnel et destructeur, une volonté de Titouan de tout porter sur ses épaules et désirer pourtant vivre une vie d’adolescent « normal », une vie qui lui échappe complètement. L’écriture d’Olivier Ka est toute en finesse, parfois d’une tranchante froideur, d’autres fois plus lumineuse, et nous laisse souvent au bord d’émotions très fortes. Un très beau roman !

Janis est folle, Olivier Ka (Rouergue)
collection DoAdo Noir
disponible le 9 septembre 2015
9782812609305 – 14€
à partir de 14 ans

Son
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Le pays qui te ressemble – Fabrice Colin

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Après vous avoir présenté le roman d’Audren dans la nouvelle collection Litt’ chez Albin Michel, c’est au tour de celui de Fabrice Colin. 😀 Dont la couverture, que je trouve très cool, annonce très bien la couleur !

Jude et Lucy, des jumeaux, ont perdu leur mère et s’apprêtent à passer leurs premières vacances sans elle. Lorsque Maryline, leur grand-mère fantasque, leur révèle qu’elle n’était pas leur mère biologique, ils décident de partir à la recherche de leur génitrice, sans rien en dire à leur père, dévasté. Et c’est en camping-car que toute la famille traverse l’Europe à la recherche de cette mère biologique.

★★★☆☆

Si vous connaissez un peu les Beatles, vous avez sans doute déjà noté la référence dans les prénoms de nos jeunes héros ? Il se trouve en effet que Noël Farrow, le papa des jumeaux, est le spécialiste mondial du groupe et que Lucy et Jude soupent des Beatles depuis leur plus tendre enfance. Mais là n’est pas la question car il s’agit pour les jumeaux de découvrir qui, dans la liste des anciennes petites amies de leur père, est leur véritable mère. Leur périple à travers l’Europe, et même au-delà, va les mener à se redécouvrir après la tragédie, à mieux gérer leur deuil (ou pas du tout pour certains) et à essayer de comprendre pourquoi il est si important de retrouver leur génitrice alors que leur mère d’adoption était si géniale. Je ne vous en dirais pas plus sur l’histoire, qui se laisse découvrir au fil du voyage avec appréhension, doute, terreur, mensonges et situations rocambolesques. On s’attache très vite à cette famille déglinguée, à ce père au bout du rouleau, à ces adolescents paumés et à cette grand-mère totalement déjantée qui ne se laisse pas marcher sur les Louboutin. Et à Simone, of course (mais je vous laisse découvrir ce personnage). Un road-trip très pop, qui en fait un chouette moment, entre rire et émotion ! 🙂

Le pays qui te ressemble, Fabrice Colin (Albin Michel)
collection Litt’
disponible le 2 septembre 2015
9782226318503 – 14€
à partir de 13 ans

Son
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Billie Fossette : à la ferme du laurier rose – Sabrina Bensalah

GetBlob.ashx

Billie Fossette est une petite fille au caractère bien trempé. Après de nombreuses frasques, elle est renvoyée de son école. Une aubaine pour celle qui n’aime pas l’école ! Sauf que ses parents en ont décidé autrement ! Agacés par le comportement de Billie, ils décident de l’emmener à la ferme du Laurier Rose, où un couple de fermier se charge de redonner un peu de discipline aux jeunes…

★★★☆☆

Et c’est là que commence une histoire complètement loufoque, dans la plus pure lignée des romans de la collection Pépix. Sabrina Bensalah, dont c’est le premier roman dans cette collection (on vous avait chroniqué son Exprim’ qui était génial !), s’en est donnée à cœur joie en matière d’irrévérence ! Billie est une petite boule pleine d’énergie, salopette et cheveux en bataille, qui n’hésite pas à répondre aux adultes, pour notre plus grand bonheur. Et sans aucun doute celui des enfants… 😛 Une petite fille pas si éloignée de Fifi Brindacier, en somme.
Il y a de l’humour, donc, mais aussi des personnages truculents : de bons méchants, les biens nommés monsieur et madame Lamatraque, propriétaires du Laurier Rose, qui vont mener la vie dure à Billie ; des amis fidèles mais un peu spéciaux, Brunella et Baptistin (vous voyez le tableau, hein ?) ; une Sorcière ? ; et des poules qui semblent parler… Et en guest-star : Stromae (formidable, non ? *ooouuuh, personne ne l’avait faite, celle-là*). En tous cas, on ne s’ennuie pas dans cette aventure rocambolesque, où la magie et un peu de peur s’ajoutent aux ingrédients habituels de la collection.
J’ai cependant été un peu moins convaincue par l’écriture de Sabrina Bensalah sur ce roman, je n’y ai pas retrouvé ce qui m’avait plu dans Vers le bleu. Bien qu’il soit destiné à un tout autre public et sur des thèmes très différents, j’ai trouvé cette Billie Fossette malgré tout un peu trop dans le moule. Mais ça n’enlève rien au plaisir de lecture que trouveront les plus jeunes dans cette histoire en plus très joliment illustrée ! 🙂

Billie Fossette : à la ferme du laurier rose, Sabrina Bensalah (Sarbacane)
collection Pepix
disponible le 2 septembre 2015
9782848658148 – 10,90€
à partir de 8 ans