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L’espoir sous nos semelles – Aurore Gomez

Après on long silence radio dont nous sommes bien désolées, Bob & Jean-Michel reprend du service et…été oblige, on vous invite à cliquer sur le petit visuel à droite pour découvrir notre sélection d’ouvrages à emporter avec vous en vacances ! 😀

***

Pour sauver sa famille de la pauvreté, Juno s’inscrit au « trek du Pownal », une course en montagne de 1000 kilomètres, suivie par les internautes, où s’affrontent 30 concurrents. Au bout de cette course : une rondelette somme d’argent pour le vainqueur.

★★★★☆

Après la mort de sa mère et de sa grande sœur, prodige de l’alpinisme, le père de Juno est tombé dans la dépression, délaissant travail et famille. La jeune fille a du abandonner ses études pour subvenir aux besoins de ses frère et sœur, et travaille à la conserverie locale. Lorsqu’elle découvre une publicité pour le fameux trek de Pownal, il ne lui faut pas longtemps pour décider de tenter sa chance. Commence alors pour elle une aventure tant sportive qu’humaine.

Roman d’aventure psychologique, on pense forcément à Hunger Games pour le côté 30 ados en liberté dans une course contre la montre. Pourtant, la comparaison s’arrête là : point de meurtres ou de dangers vicieux. Seule la nature et les autres concurrents sont susceptibles de mettre des bâtons dans les roues de Juno. Car, si elle n’a jamais montré de facultés particulières pour la marche en montagne, sa détermination est forte et la porte vers l’avant. C’est d’ailleurs le grand point fort de ce roman que ce personnage, cette jeune fille qui chemine vers une vie meilleure. On s’attache instantanément à elle, à ses blessures, à son courage et à sa profonde humanité. On se laisse embringuer dans cette marche de l’espoir, où Juno se retrouve face à elle-même, se lie avec d’autres concurrents, s’attire l’animosité de certains ou doit composer avec la stratégie de ceux qui veulent gagner coûte que coûte.
Et là où Aurore Gomez réussit à nous transporter encore plus, c’est dans le récit de ce trek, sur cette île fictive en pleine nature, où tout est savamment dosé. Randonner dans des espaces sauvages ou balisés n’est pas facile, et l’autrice parvient à amener le danger là où il faut et quand il faut, et tient son suspense jusqu’à la fin de la course. Mais celle-ci n’est pas une fin en soi, et c’est toute la finesse des relations tissées au fil de l’épreuve qui vont apporter de toutes nouvelles perspectives à l’endurante et battante Juno. Un excellent premier roman !

L’espoir sous nos semelles, Aurore Gomez (Magnard)
disponible depuis le 10 avril 2018
9782210965263 – 15,90€
à partir de 12 ans
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L’ourse – José Ramon Alonso & Lucia Cobo

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Vous avez sans doute vu ces adorables vidéos de bébés hippopotames ou girafes nés dans les zoos dernièrement ? Eh bien chez Bob & Jean-Michel, on vous propose d’assister vous aussi à une superbe naissance, celle d’un petit ourson. ❤

C’est l’automne. Pour la dernière fois avant son hibernation, une ourse s’enfonce dans la forêt à la recherche de graines, de fruits, de nourriture. Puis l’hiver est là, et l’ourse s’endort. Lorsqu’elle se réveille, ce n’est pas la fin qui lui tiraille le ventre, mais un tout petit…

★★★★★

C’est avec douceur et simplicité que José Ramon Alonso, biologiste de son état, nous raconte l’histoire de cette ourse, oscillant entre l’album et le premier documentaire. Au gré des saisons, nous suivons ainsi cette majestueuse créature dans sa préparation à l’hibernation, qui fait ses provisions pour l’hiver et construit l’habitat qui lui permettra de dormir au chaud au cœur de l’hiver. Jusqu’à son réveil où le printemps est revenu et, avec lui, l’ourson qui s’agite dans son ventre, prêt à découvrir le vaste monde. Si tout cela nous est dit de façon épurée, le texte est également très poétique et on s’imagine très bien le susurrer à l’oreille de l’enfant.

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De même que l’émerveillement sera total quand il faudra tourner les pages. Les illustrations de Lucia Cobo, à l’acrylique, sont extraordinaires ! C’est l’illustration de couverture qui ouvre l’album, et on se retrouve instantanément aux côtés de cette ourse, subjugué par son regard avant de la suivre dans sa dernière balade dans la forêt. La poésie des mots de José Ramon Alonso se retrouve complètement dans les images de Lucia Cobo, d’une grande maîtrise et qui ajoute dans ses tableaux l’évocation du cycle de la nature suggérée par le texte. Des illustrations d’autant plus belles et invitant à la contemplation que l’album est un grand format.

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Un album sublime autour de la maternité, de la vie qui se perpétue et de ses bonheurs simples.

L’ourse, José Ramon Alonso, illustré par Lucia Cobo (Didier Jeunesse)
disponible le 19 avril 2017
9782278085378 – 14,20€
à partir de 2 ans
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En ce temps-là – Gaia Guasti et Audrey Spiry

Connaissez-vous cette collection chez Thierry Magnier : Les décadrés ? Le principe est assez simple : un illustrateur a carte blanche pour réaliser des images à partir d’un thème (dans ce cas précis : la forêt et la cabane). Une fois les illustrations terminées, elles sont confiées à un auteur qui invente alors une histoire et réorganise comme il le souhaite les images de l’illustrateur… Voici ce que ça donne avec En ce temps-là. 🙂

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En ce temps-là, il existait un monde jeune, neuf, où vivaient trois esprits : Silva, l’esprit de la montagne ; Rio, celui de la rivière et Nyx, celui de la nuit. Chacun avait son rôle dans l’ordre du monde. Jusqu’au jour où une goutte de rosée devient un enfant, dont Nyx obtient la charge. Cet enfant grandit dans son monde de nature, et bientôt, ses rêves aussi…

★★★★★

Connue surtout pour ses romans, Gaïa Guasti propose ici son premier texte pour un album. Et comment vous dire ? Ce texte est d’une puissance et d’une poésie véritablement magique ! Sorte de mythe des origines, En ce temps-là évoque de la plus belle manière la relation de l’homme à la nature et à son environnement. On reconnaît l’influence de la mythologie et des cosmogonies dans ces esprits de la nature et de l’apparition de l’humanité sur ce monde étrange. Les mots de Gaïa Guasti, légers et forts, doux et bruts, se marient parfaitement avec les illustrations aussi splendides qu’envoutantes d’Audrey Spiry. Les couleurs et les lumières font beaucoup dans ces peintures parfois abstraites, parfois très évocatrices. 9782364749092_en-ce-temps3J’ai particulièrement aimé la représentation de ces esprits de la nature, entre grands singes et figures mythologiques. On sent dans les illustrations d’Audrey Spiry une vraie invitation au rêve, à l’imagination et à la magie. Et on ne pouvait pas rêver mieux que le texte extraordinaire de Gaïa Guasti sur ces magnifiques images. 🙂

Un superbe album à découvrir et qui propose en fin d’ouvrage d’entrer dans l’atelier d’Audrey Spiry, pour en savoir plus sur son travail sur cet album, accompagné de quelques mots de Gaïa Guasti sur cette démarche originale d’inventer une histoire à partir d’illustrations.

En ce temps-là, Gaia Guasti, illustré par Audrey Spiry (Thierry Magnier)
collection Les décadrés
disponible depuis le 18 mai 2016
9782364749092 – 16,80€
à partir de 6 ans
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Petite – Anne Cortey & Audrey Calleja

Une deuxième collaboration pour Anne Cortey et Audrey Calleja : elles avaient déjà mis leur talent en commun pour un album paru chez Autrement en 2010 Mange ta chambreElles reviennent avec douceur et volupté pour nous offrir un délice de lecture : Petite.

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Une fillette prénommée « Petite » se réveille au beau milieu d’une prairie, constate sa petitesse et exprime son souhait d’être à hauteur de montagnes. Au contact d’une colonie de fourmis, elle va pénétrer dans un tunnel bien sombre, elle fait face à l’inconnu, à un trou bien trop étroit pour avancer. C’est bien la première fois que sa taille l’incommode…le tunnel finit par s’élargir tout au bout et une maison suspendue au-dessus du sol par des nœuds. Elle est sur le point de partir, la petite arrive à y entrer juste avant son envolée.

★★★★☆

Que de compliments à faire sur cet album !
La légèreté du crayonné d’Audrey Calleja semble animer le décor, les éléments semblent s’envoler grâce à leur superposition. Les motifs qu’elle nous offre sont admirables : son style épuré remplit de poésie une page dans son intégralité. Les détails sont si parfaitement ordonnés que je me suis demandée s’il n’y avait pas une touche feng-shui dans ces pages parce qu’on s’y sent si bien 🙂

Et le texte alors, quelles idées dégage t-il ? On peut y voir de nombreuses significations : je pense que c’est avant tout un message décomplexé sur l’acceptation de soi, ou plus simplement une fillette qui gagne en maturité, qui grandit ou encore une histoire sur la différence : il faudrait peut-être qu’un jour, je grandisse comme les autres. L’enfance bien tranquille va subitement devenir un tourment : l’adolescence vient juste après. Grandir effraie, que va t-on trouver dans cette période adolescente à part complications, craintes et inconnu ? La Petite est bien obligée d’en passer par là : la prairie est haute je me faufile dans la masse.

Un tour de force que les représentations des auteurs :
Ainsi je suis dans la vie de prairie : le quotidien
Le soleil luit, le jardin se réveille et s’agite après de longs mois de repos : entrée dans l’adolescence, la puberté

L’araignée bienveillante qui aide la petite à détacher les noeuds de la maison n’est-elle pas le symbole de la parentalité ? Vraiment, cet album parle tout seul, lire entre les lignes devient un jeu d’enfant. Mais la plus jolie pensée à la lecture de cet album c’est que le monde devient bien plus joli et simple lorsque l’on sait s’aimer tel que l’on est.

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Petite, Anne Cortey (texte) & Audrey Calleja (illustrations)
(A Pas de loups)
disponible depuis le 25 novembre 2015
9782930787152 – 16€
à partir de 5 ans
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Nature : l’appel du dehors – Maria Ana Peixe Dias et Inês Teixeira do Rosario

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Il y a longtemps que nous n’avons pas présenté de documentaires chez Bob et Jean-Michel, alors nous nous rattrapons avec Nature : l’appel du dehors, qui a obtenu en 2015 le Prix de la Première Œuvre à la Foire du livre jeunesse de Bologne. Et il le vaut bien car ce petit pavé est magnifique !

★★★★★

De quoi ça parle ? De la nature, tout simplement, et de toute la beauté, la diversité et de l’étonnement que l’on y trouve. L’ouvrage s’intéresse à tous les aspects de la nature, depuis les animaux (de la forêt, de la mare…) jusqu’au ciel (les nuages, les étoiles…) en passant par la forêt, les fleurs, les roches, etc. Les auteurs, aidés d’une équipe de spécialistes scientifiques, nous invitent ainsi à éveiller notre curiosité au monde qui nous entoure, à nous interroger sur tous ses aspects et, surtout, à nous émerveiller. Un émerveillement qui passe également par les illustrations, absolument superbes, de Bernardo P. Carvalho, à la fois précises quand il s’agit de représenter scientifiquement, mais également poétiques pour illustrer des scènes d’observation, de découverte de la nature.

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Nature n’est pas seulement un ouvrage à vertu scientifique, et il propose également au lecteur un guide d’observation très complet (où trouver l’endroit idéal pour écouter chanter les grenouilles, une carte des roches en France, etc.) et plein de petites activités à réaliser au cœur de la nature (créer une sculpture land-art, faire une couronne de fleurs, devenir pisteur d’animaux, etc.). Il faut d’ailleurs signaler que le début de l’ouvrage donne aussi tous les conseils pour se promener dans la nature et la respecter, sans la dégrader. En fin d’ouvrage, on trouve un glossaire, avec la définition de tous les mots difficiles, une chronologie des dates importances liées à la nature et à sa préservation, et une liste d’organismes et de site internet pour aller plus loin.

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Un très bel ouvrage, diversifié et pourtant complet, en hommage à la nature et à l’envie de passer du temps dehors, à observer les merveilles de notre monde. Indispensable pour tous les amateurs de sciences mais également à tous ceux qui veulent découvrir leur environnement en famille. 🙂

Nature : l’appel du dehors, Maria Ana Peixe Dias, Inês Teixeira do Rosario, illustré par Bernardo P. Carvalho, traduit et adapté par Elodie Dupau (Milan)
disponible depuis le 21 octobre 2015
9782745974631 – 25€
à partir de 8 ans

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Le dernier arbre – Ingrid Chabbert & Guridi

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Pour cette dernière chronique de l’année, Bob vous parle d’un album intitulé Le dernier arbre qui, on l’espère, annoncera autant d’espoir pour 2016 qu’il y en a pour notre jeune héros dans l’histoire… 🙂

Alors qu’il s’ennuie, le père de notre jeune narrateur lui évoque les souvenirs de quand il était petit, notamment quand il se roulait dans l’herbe avec son meilleur ami. Lui aussi a un meilleur ami, mais pas de verdure pour s’amuser, seulement les tours grises gigantesques, les routes en bitume, les parcs en béton. Du vert, il ne reste que ces treize brins d’herbe, mais il faut marcher beaucoup pour y arriver… Jusqu’au jour où son meilleur ami lui annonce avoir découvert quelque chose…

★★★★☆

Un petit arbre – sans doute le dernier ? – pousse dans le bitume. Mais comme tout dans la ville de notre petit héros, il disparaîtra au profit d’un immeuble toujours plus haut. Heureusement, une pelle et un vélo vont permettre à nos deux amis de sauver le dernier être végétal de leur monde et de faire grandir l’espoir dans leurs cœurs. Un album qui n’est peut-être pas très original dans sa thématique, mais qui nous touche assurément. D’abord par les mots d’Ingrid Chabbert qui, tout simplement, nous dit les choses avec poésie : les souvenirs, les rêves, les passions, les espoirs… Le texte est court, mais percutant, poignant.

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Puis les illustrations de Guridi, qui s’accordent parfaitement au texte et à l’ambiance de cette histoire. Beaucoup de gris, d’ombres et de rapports de taille, afin d’illustrer le caractère oppressant, triste et ans issue de cette ville où la nature n’a pas sa place. Et des verts qui chatoient, qui annoncent la vie et la possibilité de la faire revenir dans l’environnement terne de l’existence des deux petits garçons.
Un très bel album qui nous invite à prendre conscience de la fragilité de la nature et à faire notre possible pour la préserver…

Le dernier arbre, Ingrid Chabbert, illustré par Guridi (Frimousse)
collection Maxi boum
disponible depuis le 29 octobre 2016
9782352412519 – 18€
à partir de 4 ans

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Classiques illustrés

La période de Noël voit toujours la parution de beaux albums. Aujourd’hui, Bob vous propose une belle sélection de textes classiques illustrés par des artistes contemporains, à offrir à tous et à (re)lire ! 🙂 On y parlera pas forcément des textes, le plus souvent connu, mais surtout des images qui les accompagnent.

Docteur Jekyll & Mister Hyde

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L’un des plus célèbres textes de R.L. Stevenson est ici traduit et adapté par Maxime Rovere. C’est Sébastien Mourrain qui illustre avec un certain brio l’univers fiévreux et inquiétant de cette histoire fantastique. La couverture, tout en relief et particulièrement belle, donne parfaitement le ton, à la fois de l’histoire mais aussi des illustrations. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais ce papillon illustrant la double personnalité est particulièrement beau et effrayant, non ? Sébastien Mourrain a choisi de rester dans les tons de la couverture pour l’intérieur du livre : du noir et blanc, avec une touche de jaune, ce qui donne une atmosphère toute particulière à ce texte rendu accessible aux plus jeunes. Un album sombre et envoûtant, une belle relecture de ce classique.
Rendez-vous sur le site de l’illustrateur pour quelques aperçus. 🙂

Docteur Jekyll et Mister Hyde, Robert Louis Stevenson, illustré par Sébastien Mourrain, traduit et adapté par Maxime Rovere (Milan jeunesse)
collection Albums classiques
disponible depuis le 7 octobre 2015
9782745965486 – 16,90€
à partir de 10 ans

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L’appel de la forêt

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C’est dans la collection des « Grands Classiques illustrés » que nous retrouvons maintenant L’appel de la forêt. Publié pour le centenaire de la mort de Jack London, le texte s’offre une nouvelle traduction par Annie-France Mistral et, surtout, les illustrations splendides de Maurizio Quarello. Comme pour les autres titres de la collection, le format est grand (plus que le double décimètre de Bob, c’est dire !) et agréable, le texte intégral est accompagné d’illustrations en pleine page, voire en double-pages. Un vrai régal pour les yeux que ces magnifiques peintures à l’huile de Maurizio Quarello, aussi riches que le texte de London et où le sauvage et la beauté des grands espaces se disputent à la cruauté des hommes. Un album superbe, un hommage vibrant à l’œuvre pleine d’aventure de Jack London, la meilleure façon de lire ou relire ce très beau roman.

L’appel de la forêt, Jack London, illustré par Maurizio A.C. Quarello, traduit par Annie-France Mistral (Sarbacane)
collection Les grands classiques illustrés
disponible depuis le 7 octobre 2015
9782848657950 – 23,50€
à partir de 10 ans

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Peter Pan

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L’ouvrage le plus volumineux de cette sélection, c’est Peter Pan qui, de ses 200 pages, en compte une bonne moitié illustrée. C’est Régis Lejonc (que Bob adore !) qui nous propose sa version de cette histoire centenaire, que l’on prend énormément de plaisir à relire, d’autant plus quand la version de Disney nous a pas mal parasité. J’ai beaucoup aimé le style qu’a choisi Régis Lejonc, en parfait accord avec l’époque où a été publié le roman, puisque tous ses tableaux ne sont pas sans rappeler l’Art nouveau (moi qui adore Alfons Mucha, j’ai été servie). Grâce à ces images, je me suis surprise à redécouvrir le texte et à l’apprécier tout autrement. Une très belle expérience de lecture et encore un très beau livre à offrir !

Peter Pan, James Matthew Barrie, illustré par Régis Lejonc, traduit par Michel Laporte (Gautier-Languereau)
disponible depuis le 21 octobre 2015
9782013831369 – 25€
à partir de 10 ans

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Harry Potter à l’école des sorciers

9782070669073,0-2723765

On termine avec l’incontournable pour Noël, à offrir impérativement à tous les fans d’Harry Potter ! C’est Jim Kay qui illustre ce tout premier tome illustré et c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on découvre chacun de ses tableaux au cours de la relecture. Malgré les images que l’on garde des film ou des précédentes couvertures des livres, nous ne sommes pas déçus de l’apparence de Drago ou de Hagrid et, surtout, on passe son temps à regarder les petits détails, qui ajoutent à l’univers, et les couleurs, superbes ! L’édition la plus chère de cette sélection mais qui fera le bonheur de tous les fans du petit sorcier à la cicatrice. Ce sera d’ailleurs l’un des cadeaux de Bob, obligé !

Harry Potter à l’école des sorciers, J.K. Rowling, illustré par Jim Kay, traduit par Jean-François Ménard (Gallimard jeunesse)
disponible depuis le 22 octobre 2015
9782070669073 – 39€
à partir de 10 ans

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Dans les branches – Emmanuelle Maisonneuve

9782370950451,0-2713694

Vous connaissez peut-être les éditions Graine 2 pour leurs très bons guides de voyage à destination des enfants. Eh bien ils font aussi de la fiction, et notamment des romans ! Pour ce premier roman ado, c’est Emmanuelle Maisonneuve qui ouvre le bal, déjà l’auteure de la trilogie Tom Patate. 🙂

Morgan, collégien geek et solitaire, passe son temps dans les jeux de rôle en ligne. Lors d’une course d’orientation, il se perd dans la forêt et, à la nuit tombée, il est persuadé de voir une créature terrifiante, inhumaine, digne des monstres dans ses jeux. Depuis ce jour, il est persuadé de voir cette créature partout et va finir par se lancer à sa recherche… Mais sa quête de vérité va le surprendre encore plus…

★★★★☆

Ou comment un jeune geek mordu de jeu vidéo et un peu empâté par des heures devant un ordinateur va se transformer en amoureux de la nature et aventurier-trappeur dans les forêts du centre de la France. On s’attache assez vite à ce garçon pas très bien dans sa peau ou dans sa vie : pas d’amis, une mère alitée constamment depuis l’accident de voiture qui lui a cassé le dos, un ex-beau-père détestable qui va en plus revenir dans leur famille… Grâce à cette rencontre terrifiante dans la forêt, Morgan, ou plutôt Mo, va pourtant connaître des changements importants. Il va d’abord rencontrer Gaby, un bonhomme qui a acheté une vieille ferme à l’écart de la ville, dans la forêt, qu’il compte retaper. Puis l’étrange bête – un troll ? – qui lui a fait peur lorsqu’il s’est perdu. Une créature qu’il va rencontrer à nouveau lorsque, après une sévère dispute avec son beau-père, il décide de se rendre chez Gaby. Car, cette nuit-là, Mo tombe dans un trou dans la forêt et se brise la jambe. Dans l’impossibilité de fuir, de bouger, Mo voit arriver la créature. Elle le charcute, le tire…elle va sans doute le tuer ! Pourtant, au bout de douze jours dans une grotte, un terrier, Mo est bien vivant, et même soigné. C’est alors qu’il se rend compte que ce qu’il pensait être un troll est en réalité…un enfant !

Je ne vous en dis pas plus sur cette histoire captivante ! Vous aurez compris qu’elle tourne donc autour de ce mythe de l’enfant sauvage. Emmanuelle Maisonneuve ménage bien son suspense : on imagine un peu comme Mo que l’on va avoir affaire à du fantastique, avec cette créature scandinave du troll. Mais il n’en est rien, et c’est bien le mystère qui entoure cet enfant sauvage qui va être au cœur des recherches de Mo. Je me suis vraiment laissé emporter par le souffle de ce roman, même si j’ai parfois été gênée par le contraste entre la narration, très réussie, et les dialogues – ou les pensées de Mo – un peu trop familiers. L’évocation de la nature est une très belle part du roman, apportant moments de douceurs et de poésie, mais aussi toute la rudesse qui la caractérise et que l’on retrouve dans l’enfant sauvage. C’est donc l’histoire d’une relation improbable, de vies chamboulées et de beaucoup, beaucoup d’espoir. Une très belle découverte !

Dans les branches, Emmanuelle Maisonneuve (Graine 2)
disponible depuis le 29 septembre 2015
9782370950451 – 15,90€
à partir de 13 ans

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Dylan Dubois – Martine Pouchain

Après que sa mère eut quitté le foyer, le père de Dylan sombra dans l’alcool et l’adolescent fût envoyé en foyer. De retour aux côtés de son paternel, il se rend vite compte que la nouvelle petite amie de son père Cynthia, est polluante, manipulatrice et à la suite d’événements peu conventionnels, Dylan va s’enfuir et passer par la case forêt…

★★★★☆

dylanduboisOn se prend vite d’affection pour Dylan, 15 ans en quête de stabilité. Lors de son retour, il retrouve la maison familiale affublée d’une belle-mère et de son fils Pedro. La cohabitation se fait difficilement mais cela saute aux yeux : Dylan fait moult efforts et compromis qui ne sont absolument pas reconnus ni récompensés. Martine Pouchain, qui a formidablement réutilisé le mythe de la marâtre, nous offre la version 2.0 de la belle-mère de Blanche-Neige. Sournoise, fainéante, d’une beauté fatale, à tendance escamoteuse, qui a toujours raison, usant de ses charmes pour parvenir à ses fins…tout ce qu’il faut pour vous faire frémir de rage tant les injustices dues à son comportement sont répétées et révoltantes. Elle finira par aller trop loin dans la manipulation, bien après avoir joué avec les cordes sensibles de l’adolescent jusqu’à utiliser des moyens abjects voués à exciter le jeune homme. Dylan, en pleine ambivalence va commettre un acte plus ou moins violent. En plein désarroi, il fuira vers des contrées inconnues mais favorables. Lorsque Dylan rencontre Gus, un ermite vivant en plein cœur de la forêt en parfaite autonomie : nous assistons à la maturité qui fleurit de l’adolescent grâce à la sagesse bonifiée du vieil homme. J’apparente ce roman avec la série Kung Fu : Dylan Dubois est Petit Scarabée, en fuite après avoir frappé sa belle-mère qui elle-même ravage la vie familiale. Il dispose d’une arme solide contre ses ennemis : la réflexion 🙂

A travers ses lectures de Steinbeck, de Kerouac et de Henry David Thoreau, Martine Pouchain nous emporte au fond de nous-même et de nous place face à nos questionnements fondamentaux : qui sommes-nous ? De quoi sommes-nous capable ? Même si l’adolescent est le principal concerné, je dis « nous » car ces questions vous serons familières lors de la lecture. A défaut d’appels de phares, Martine Pouchain nous fait des appels forestiers (elle était vraiment pourrie cette phrase, je ne peux pas croire que j’ai écrit un truc pareil).

Dylan Dubois, Martine Pouchain (Sarbacane), collection Exprim’
à paraître le 4 novembre 2015
9782848658216 – 15.50€
à partir de 14 ans

Discussion
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La langue des bêtes – Stéphane Servant

Stéphane Servant, il est incroyable. C’est le genre de mec qui peut faire un album trop drôle qui parle de slip (Le Machin) et qui peut aussi raconter une fresque magique et magnifique autour de trois femmes (Le cœur des louves, qui fut un très gros coup de cœur de Bob). Alors autant vous dire qu’on trépignait d’impatience de découvrir son nouveau roman ! 😀

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Au fond des bois, loin de la civilisation, vit une communauté d’anciens membres d’un cirque. Un triste clown, un lion édenté, un vieux marionnettiste, une trapéziste brisée, un nain chanteur, un ogre terrifiant…qui prennent soin de la Petite, seule enfant de cette étrange troupe. Bientôt, des hommes viennent pour leur demander de quitter le territoire qu’ils occupent, pour envoyer la Petite à l’école… Tant de fils qui vont se nouer, ou se dénouer…

Dans la langue de Bob

★★★☆☆

Il y a du rêve, de l’étrangeté, du fantastique dans ce roman qui nous transporte. En même temps, avec un titre et une couverture pareille, on ne pouvait s’attendre qu’à du mystère et de la bizarrerie. Cet univers de cirque oublié, de gloire passée et perdue, est le terreau parfait pour nous faire découvrir la Petite, cette enfant étrange élevée dans un certain isolement, avec la forêt et les carcasses d’animaux morts pour seuls compagnons de jeux. Et les histoires. Oui, les histoires qu’on lui raconte depuis toujours, et notamment celle du lieu où ils vivent, terrain d’une ancienne malédiction, de bébés jetés au fond de la mine, d’une Bête qui se repaissait de la peine des hommes, et des animaux qui perdirent l’usage de la parole. Toutes ces histoires qui vont mener la Petite à son destin et à celui du cirque…
Si la langue des bêtes est un mystère pour les hommes, celle de Stéphane Servant nous ravit et nous émerveille. J’ai beaucoup aimé son écriture, son intérêt pour la langue et les mots qui transparaît également dans son histoire. Il y a de la poésie, de la fureur, du mensonge, de la beauté, de l’horreur et la vérité…on ne ressort certainement pas indemne d’un roman de Stéphane Servant. Pourtant, j’ai trouvé La langue des bêtes un peu long, parfois répétitif en essayant de nous cacher les révélations jusqu’à la dernière page. Mais cela reste une expérience de lecture comme je les aime, un roman qui nous emporte loin dans l’imaginaire…

Avec les mots de Jean-Michel

★★★★☆

Il est difficile de parler avec justesse d’un roman qui nous a ému, transporté dans les tréfonds de notre imagination et qu’on a refermé à regret. Comme le mentionne si bien Bob « c’est une expérience de lecture », de celles qui se font trop rares car la poésie qui en émane est si envoûtante qu’elle éclipse tout le reste le temps d’une lecture. Tout – absolument tout – est merveilleux dans La langue des bêtes : des légendes enchanteresses aux personnages sibyllins, de la forêt poussiéreuse au cirque déchu…
Bizarre ? Vous avez dit bizarre ?
Qu’à cela ne tienne, c’est l’étrangeté de ce roman qui le rend si particulier mais pas inaccessible, loin de là : il trouvera son public, j’en suis certaine. Ce roman aux allures de conte intemporel à l’étoffe des plus grands : une qualité d’écriture évidente, de la magie à chaque page et un ton qui nous donne l’impression d’avoir l’esprit enveloppé dans la ouate – oui, même lors de scènes brutales où mes oreilles bourdonnaient. J’espère que c’est bien l’émotion qui me gagnait et non pas un éventuel problème de surdité. A l’instar de Bob, je n’ai pas trouvé de longueurs à ce roman, sans doute parce que j’étais trop plongée dans les affres délicieuses de ces bizarreries et que je ne souhaitais plus en sortir. Notez la beauté de la couverture : le travail de l’artiste Laura Makabresku correspond parfaitement avec le texte de Stéphane Servant, une association emblématique qui a fait ma joie et mon bonheur.

On vous assure que c’est un excellent roman. Si jamais vous souhaitez nous contredire, n’hésitez pas à nous envoyer un mail en indiquant vos nom, prénom et adresse afin qu’on vienne cordialement vous casser la figure 🙂

La langue des bêtes, Stéphane Servant (Rouergue)
collection DoAdo
disponible le 19 août 2015
9782812609268 – 15,90€
à partir de 14 ans