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Mauvais fils – Raphaële Frier

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Ghislain est fils unique. Depuis toujours, ses parents se disputent. Dans ce climat, il ne parvient pas à leur dire qu’il est gay et il n’est même pas certain qu’ils apprécieraient cette révélation. Quand ses notes chutent, il se laisse entraîner par son père pour devenir électricien, un vrai métier d’homme. Mais bientôt, le secret de Ghislain est éventé et son père le met à la porte.

Dans les pensées de Bob

★★★☆☆

Un texte court et, comme toujours dans la collection Ego, percutant sur l’homosexualité. Ou, plutôt, sur la non-acceptation de l’orientation sexuelle d’un adolescent par ses parents. Et sur tous les clichés véhiculés par notre société sur ce qu’il est bien de faire pour un garçon (bidouiller l’électricité, c’est viril, une fille pourrait pas le faire) ou pour une fille (la cuisine, classique !). A ce sujet, les réflexions de Ghislain sont rapides mais très intéressantes.
Dans sa famille, il est clair que Ghislain ne trouve aucun soutien lorsque son secret éclate, ni même avant cela d’ailleurs. Une situation qui lui fait jusqu’à sentir que son homosexualité est honteuse, qu’il est dégoûtant. Des sentiments qui ne vont qu’envenimer la situation avec ses parents : son père qui va le virer sèchement de chez lui et sa mère qui pense que ce n’est qu’une passade, une sorte de maladie qui guérira avec le temps. Et malgré ses rencontres dans des bars gays, il se rend bien compte que ce n’est même pas l’acceptation de ce qu’il est qu’il recherche, mais tout bêtement l’amour. Grâce à son ami Mounir et sa rencontre avec Cédric, Ghislain va tout de même réussir à reprendre sa vie en main, même sans le soutien de ses parents. Pourtant, il ne peut s’empêcher de penser à eux…
Il y a beaucoup de rage dans ce roman, une colère qui habite Ghislain, et l’impasse qu’il trouve avec ses parents, notamment son père, est le cœur du livre. Le sujet est très bien abordé et vraiment intéressant. Je regrette simplement la fin très dure, abrupte, définitive. On se sent bien trop triste une fois la dernière page tournée…

Avec les mots de Jean-Michel

★★★☆☆

J’ai effectivement trouvé cette fin sombre 🙁 Peu d’espoir sur une réconciliation père/fils. Le père de Ghislain, en plus d’être phallocrate, est homophobe et « lopette » semble être son maître mot : les hommes sont au bricolage ce que les femmes sont aux casseroles. Il est vrai qu’avec une telle mentalité il est difficile d’imaginer une haute tolérance face à l’orientation sexuelle de son fils…mais tout de même : son fils unique ! On se dit à la lecture que la raison tôt ou tard prendra le pas sur la fierté, mais il n’en est rien. J’aime à penser que le temps pourrait faire son office et que ces deux hommes rétabliront le dialogue un jour. Malheureusement, la réalité est tout autre – même en 2015 – et c’est ce que Raphaële Frier nous montre. Elle nous raconte la vie tout simplement et quelque part c’est appréciable. Si elle nous avait ajouté une licorne sous la litanie « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » nous aurions fait des bonds. Après avoir révélé son homosexualité à ses parents : cela peut se passer d’une manière aussi brutale. Mais malgré tout, Ghislain avance sans ses parents sans exclure la possibilité qu’un jour, son père puisse accepter qu’une « lopette » soit virile et que sa mère soit capable de prendre position et d’apprécier son bonheur.

Mauvais fils, Raphaële Frier (Talents Hauts)
collection Ego
disponible le 27 août 2015
9782362661310 – 7€
à partir de 14 ans

Son
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Quelqu’un qu’on aime – Séverine Vidal

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Si vous avez bien tout suivi depuis le début du mois, alors vous savez que Séverine Vidal est à l’honneur chez Sarbacane en ce moment, car elle sort un Pépix (qu’on vous a présenté ici) et un Exprim’ qui fait l’objet de notre chronique du jour ! 😀

Gary, le grand-père de Matt, a la maladie d’Alzheimer. Afin de raviver ses souvenirs, le jeune homme décide de partir avec lui dans un road trip sur les traces de la tournée de 1958 de Pat Bonne, que Gary avait suivi avec une bande copains quand il était jeune. Alors qu’ils s’apprêtent à partir, l’ex-copine de Matt réapparaît avec une petite de 18 mois dans les bras : sa fille, Amber, qu’il va devoir garder. Et puis à l’aéroport, le voyage semble à nouveau compromis : les avions sont cloués au sol pour cause de tempête de neige. Le trio y rencontre alors Luke et Antonia, avec qui ils vont finir par louer un mini-van et se mettre enfin en route…direction la Californie !

★★★★☆

Bob adore les histoires à plusieurs voix, surtout quand les personnages sont tous différents, ont des secrets et finissent par se révéler aux autres petit à petit. Et c’est ce qui arrive dans ce très beau roman de Séverine Vidal, un road-trip un peu fou (on pense évidemment au film Little Miss Sunshine) où des gens totalement hétéroclites se retrouvent à partager un voyage inattendu mais qui va, à tous, leur apporter ce qu’ils cherchent. Un véritable moment de grâce pour chacun, intense et inoubliable. On s’attache instantanément à ces personnages que rien ne semble lier, à Matt qui organise ce qui sera sans doute le dernier voyage de son grand-père tout en apprenant à devenir père ; à ce grand-père, Gary qui, malgré la maladie, garde son humour et sa passion intacts ; à Luke, ce garçon fugueur qui cache une grande souffrance ; à Antonia, qui veut tout plaquer pour changer de vie… Et on trace la route avec eux, comme si nous étions nous aussi dans ce van à avaler les kilomètres, à visiter les théâtres où le Boone s’est produit, à s’inquiéter de l’évolution de la maladie de Gary, à profiter de chaque instant de bonheur.
Il y a une immense fraîcheur dans l’écriture et dans l’histoire de Séverine Vidal. Malgré le thème de la maladie, les secrets ou les souffrances passées de notre petite bande, c’est surtout la filiation, les amitiés qui se nouent, indéfectibles, qui sont au cœur de ce magnifique roman. Ajoutez à cela une grande part d’humour et d’émotions et vous obtenez ce Quelqu’un qu’on aime, parfait roman pour commencer la rentrée avec la banane (le sourire aux lèvres, hein, pas la coupe de cheveux…mais vous faites comme vous voulez). 😀

Bonus : pour vous mettre dans l’ambiance, on vous propose une compil’ des meilleurs tubes du Boone et comme il y a 1h15 de miouzique, vous pouvez relire la chronique à l’infini ! Youpi !

Quelqu’un qu’on aime, Séverine Vidal (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible le 26 août 2015
9782848658179 – 15,50€
à partir de 13 ans

Son
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La tête ne sert pas qu’à retenir les cheveux – Sabine Panet et Pauline Penot

9782364747265

Après Le cœur n’est pas un genou que l’on peut plier, Sabine Panet et Pauline Penot nous proposent une nouvelle évocation de la famille Bocoum.

Awa Bocoum a 16 ans et apprivoise son corps de femme avec difficulté. Lorsqu’elle rencontre une gynécologue, elle apprend qu’elle a été excisée. Elle n’a jamais entendu ce mot et face à cette pratique d’un autre temps, c’est la colère qui la gagne. Puis la volonté de protéger ses petites sœurs.

★★★★☆

Je n’avais pas lu le précédent roman sur la famille Bocum et, s’il y a sans doute des choses qui m’ont échappé, cela ne m’a pas gênée dans cette lecture. Les personnages sont en effet réintroduits succinctement mais suffisamment clairement pour que l’on s’y retrouve tout de suite. 😉
Après un mariage forcé qui a finalement capoté, Awa se découvre une douleur à l’entrejambe. Une consultation au Planning familial va lui apprendre ce qui lui donne tant de souffrance : on lui a coupé une partie de son sexe. C’est une révélation pour elle, tant dans la découverte de son propre corps, presque taboue jusqu’alors, mais aussi sur les pratiques ancestrales qui touchent les filles africaines. Son dégoût et sa révolte sont immédiats, la colère contre sa mère, contre sa famille qui lui a caché ce qu’ils lui ont fait. Mais, surtout, c’est la peur que cela arrive à sa plus jeune sœur, Amayel, qui vient d’avoir un an.
Très bien écrit, le roman évoque avec justesse et précision les mutilations génitales féminines. Il est intéressant d’avoir les deux points de vue : celui des médecins et celui des femmes africaines pour qui il est important d’être excisée afin de s’intégrer correctement à la société. On comprend ainsi le poids des traditions et comme il semble difficile de s’en défaire. J’ai trouvé le sujet très bien traité, tout comme les sentiments d’Awa sur le sujet, combien il lui est difficile d’en parler avec les femmes de sa famille, tous les mauvais souvenirs que cela ravive.
Le roman ne s’attache pas qu’à l’excision, même si c’est le cœur du livre. Beaucoup d’autres sujets sont évoqués, notamment le racisme ou les préjugés, les clichés. Sur ceux-là, c’est la petite sœur d’Awa, Ernestine, qui est concernée. Une jeune fille pétillante et dynamique qui rêve de cinéma. Les passages qui la concernent sont souvent très drôles, pleins de situations délirantes qui font un peu retomber la pression du roman et qui nous permettent de rire entre des événements un peu plus durs. A ce niveau-là, le rythme est très bien dosé, et malgré le sujet grave dont il est question, on garde du roman une impression tout de même positive et énergisante.
La famille Bocoum est sans aucun doute une famille à laquelle on s’attache et qu’on aimerait retrouver régulièrement. Une famille forte et étonnante, entre tradition et modernité, entre pleurs et rires.

La tête ne sert pas qu’à retenir les cheveux, Sabine Panet et Pauline Penot (Thierry Magnier)
collection Grand format
disponible le 26 août 2015
9782364747265 – 14€
à partir de 13 ans

Son
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Les neiges de l’éternel – Claire Krust

9782917689929,0-2681494

Pour cette rentrée littéraire ado, Bob a décidé de vous parler d’un premier roman qui ne figure pas dans une collection pour adolescents mais qui, par sa qualité et son histoire, pourrait tout à fait leur plaire. 😉

Yuki, jeune fille noble dont le frère se meurt, décide de quitter le château de son père Daimyo pour partir à la recherche d’un célèbre guérisseur, son dernier espoir pour sauver son frère. Dans le froid de l’hiver, la jeune fille se déguise en homme et parvient au pied de la montagne où il vit. Mais le guérisseur, depuis la mort de son fils, ne souhaite plus soigner qui que ce soit… Yuki réussira-t-elle à faire fléchir l’homme et à sauver son frère ?

★★★★☆

En vrai, je ne vous ai fait le résumé que de la première histoire qui constitue ce doux et éclatant roman, telle la neige qui recouvre le paysage de ce Japon féodal imaginé par Claire Krust. Je dis bien roman car, malgré ce que l’on pourrait penser être des nouvelles à la lecture des différentes parties, chaque histoire est liée à l’autre, d’une manière ou d’une autre, sans se soucier de la chronologie ou des personnages. C’est d’ailleurs l’une des particularités des Neiges de l’éternel, une construction qui s’affranchit du temps, qui nous surprend, mais qui donne aussi cette saveur à la lecture, celle de découvrir toute une vie par fragments, jouant avec notre impatience de percer les mystères et les secrets et notre infini plaisir à se laisser emporter par les histoires de ces personnages, vivants…ou non.
Ce qui m’a également beaucoup plu est cette ambiance hivernale, presque un personnage de chacun des récits, cette fantasy latente, où les fantômes et la magie s’entremêlent aux croyances issues de ce Japon presque réaliste (car la géographie évoquée dans le roman vous montrera vite qu’il n’y du Japon que l’inspiration). Les personnages, à commencer par Yuki, sont tous très beaux, même lorsqu’ils sont cruels ou égoïstes, et on s’attache à chacun d’entre eux, les redécouvrant au fur et à mesure des histoires. Au final, il semble que la mort et la maladie soient au cœur des Neiges de l’éternel, mais Claire Krust parvient avec la douceur des flocons à nous faire tourner la dernière page avec l’espoir et l’amour. Une très belle découverte ! 🙂

Les neiges de l’éternel, Claire Krust (ActuSF)
collection Les trois souhaits
disponible depuis le 21 août 2015
9782917689929 – 18€
à partir de 14 ans

Son
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Blackwood, le pensionnat de nulle part – Lois Duncan

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Dans les nouvelles parutions de la collection Black Moon figure Blackwood, un roman qui date de 1974 et traduit pour la première fois en France afin de préparer une adaptation cinématographique actuellement en cours et produite par nulle autre que Stephenie Meyer, la maman de Twilight. Alors, prochain gros succès ou pas ? 😛

Après le remariage de sa mère, Kit est contrainte d’aller dans un pensionnat. Elle arrive à Blackwood, ancienne demeure gothique où elle étudiera avec d’autres jeunes filles. Sous la direction de Mme Duret, les filles recevront un enseignement de qualité, où les arts ont toute leur place. Mais très vite, Kit ressent un étrange malaise dans cette école…à commencer par le fait qu’elles ne sont que quatre pensionnaires…

★★★☆☆

Amateurs de mystères et de romans gothiques façon 19e siècle, ce roman est fait pour vous ! Il y a indéniablement un petit goût de vieillot dans ce roman qui a quand même 40 ans, même s’il a été remanié par son auteur il y a quelques années (ce qui a sans doute aidé pour l’adaptation ciné à venir). Si Lois Duncan a ajouté des ordinateurs et des téléphones portables (inutiles très vite) histoire de s’intégrer dans le 21e siècle, les dialogues sont quant à eux restés très old school : on imagine mal quatre adolescentes s’exprimer aujourd’hui comme elles le font dans tout le roman. Mais c’est finalement ce qui fait aussi le charme désuet de cette histoire de fantômes. On a l’impression d’être hors du temps, dans un huis-clos angoissant où la résolution ne viendra que dans les dernières pages…s’il y en a une ! (héhé, non je ne vous dis rien) Les personnages sont attachants, particulièrement Kit et Sandy, on se laisse assez vite emporter par l’ambiance et dans le mystère qui entoure cette étrange pension dont la froide Mme Duret garde bien les secrets. De quoi donner un film inquiétant… 🙂

Blackwood, le pensionnat de nulle part, Lois Duncan (Hachette)
collection Black Moon
disponible le 26 août 2015
9782012036475 – 16€
à partir de 13 ans

Son
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Le cours des choses – João Anzanello Carrascoza

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Un enfant qui trépigne de joie à voir la mer, une histoire d’amour naissante, un petit garçon qui a peur, un homme chargé d’enlever les cadavres d’animaux chez les gens, un juste match de basket, un père qui veut faire une surprise à ses enfants… Onze nouvelles sur la vie, le cours des choses…

★★★★☆

Ce que j’aime à la Joie de Lire et dans leur collection Encrage, c’est cette découverte constante d’auteurs du monde entier, cette « auberge espagnole » comme eux-mêmes la désignent. A travers ce recueil de nouvelles, nous sommes emportés dans le Brésil actuel, au sein de familles et de situations de la vie de tous les jours, de faits et gestes du quotidien ou d’événements dramatiques. Le genre n’est pas facile à vendre auprès des ados, d’autant plus quand les nouvelles sont un peu difficiles. En effet, les personnages sont rarement nommés, on parle de l’enfant, ou du père, ou du garçon…ce qui requiert une certaine attention. Pour tout vous avouer, Bob n’avait pas très bien capté au début qu’il s’agissait de nouvelles, si bien qu’il n’a pas très bien compris ce qui se passait… Hum. 😛
Autre particularité de l’écriture du brésilien : l’absence de dialogue, ils sont directement intégrés à la narration et les nouvelles commencent ou se terminent parfois abruptement. De quoi dérouter ou étonner quand on a l’habitude de romans plus « classiques ». Pourtant, il serait bien dommage de passer à côté de cet auteur à la plume poétique et aux histoires sensibles. Car c’est surtout de ça qu’il s’agit : Carrascoza capture des instants, des moments d’une vie pour créer des textes qui ont la douceur d’une caresse, même lorsqu’il nous raconte une histoire triste. On a parfois besoin de ce genre de textes et João Anzanello Carrascoza est assurément un auteur à découvrir et à suivre !

Le cours des choses, João Anzanello Carrascoza (La Joie de lire)
collection Encrage
disponible le 21 août 2015
9782889082872 – 11€
à partir de 14 ans

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Celle qu’on ne voyait pas – Karen McCombie

9782733836736, 0-2693210

Maisie vient de changer de collège. Son père a en effet obtenu le poste d’administrateur dans le collège pour filles Nightingale. Après l’incident dans sa précédente école, Maisie est inquiète de ne pas réussir à se faire d’amie. Heureusement, elle rencontre très vite Kat, une autre élève de 5e qui devient son amie et avec qui elle va se mettre en quête de résoudre le mystère de ce fantôme qui hanterait le collège…

Dans l’esprit de Bob

★★★☆☆

Il y avait longtemps que je n’avais pas lu une histoire de fantôme pour les préados aussi plaisante ! Karen McCombie parvient à maintenir son suspense avec pas mal de réussite : on se demande jusqu’au bout comment va se résoudre cette histoire. Mais il y a aussi une très jolie histoire de famille : la mère de Maisie est morte quand elle était petite et ne garde d’elle qu’un petit carnet dans lequel elle avait laissé des conseils ou recommandations. Des conseils qui sont les titres de chaque chapitre et trouvent à chaque fois leur utilité. Il y a aussi Clem, la grande sœur un peu peste qui se révèle finalement un cœur tendre et, surtout, un papa gâteau qui tente doucement de refaire sa vie avec une jeune femme qu’il a un peu de mal à présenter à ses filles. On s’attache instantanément aux personnages, ce qui rend la lecture très douce et agréable.
L’histoire de fantôme est elle un peu angoissante au début, jusqu’à ce qu’on comprenne qui est le fantôme. A ce moment-là, il s’agit plutôt de découvrir comment et pourquoi ce fantôme est là. Le mystère à résoudre par une jeune fille de 13 ans se fait assez facilement, les coïncidences sont nombreuses et elle n’a pas à chercher longtemps ni très loin. Cette facilité n’entache rien à la qualité du roman et le public visé y trouvera sans aucun doute son compte, d’autant que l’histoire se termine bien. Un roman fantastique très agréable et une jolie histoire d’amitié et de famille.

Qu’a vu Jean-Michel dans ce roman ?

★★★☆☆

Je suis de l’avis de mon Bob sur cette histoire de fantôme moderne qui fait chaud au cœur. Ce roman n’est pas fait pour effrayer, il possède une dimension traité avec brio : celui du deuil. Après le décès de leur maman et épouse, toute la famille doit faire face à cette perte, au vide qu’elle entraîne. Maisie et Clem ont un père exemplaire qui se débrouille du mieux qu’il peut pour que ses filles aient un quotidien normal. Tout le monde va de l’avant : un joli message sur la vie traverse ce roman. Ce que j’ai également trouvé très chouette c’est la relation fraternelle de Maisie et Clem : entre chamailleries qui donnent lieu à des scènes qui vous rappelleront forcément des souvenirs d’enfance si vous avez une fratrie – et soutien, ces deux-là forment une sacrée paire de coquines 🙂 Une lecture facile, entraînante et intelligente : une charmante découverte de la nouvelle collection Virage pour les adolescents des éditions Auzou qui ne devrait plus rester tapie dans l’ombre très longtemps…

Celle qu’on ne voyait pas, Karen McCombie (Auzou)
collection Virage
disponible le 20 août 2015
9782733836736 – 11,95€
à partir de 12 ans

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La langue des bêtes – Stéphane Servant

Stéphane Servant, il est incroyable. C’est le genre de mec qui peut faire un album trop drôle qui parle de slip (Le Machin) et qui peut aussi raconter une fresque magique et magnifique autour de trois femmes (Le cœur des louves, qui fut un très gros coup de cœur de Bob). Alors autant vous dire qu’on trépignait d’impatience de découvrir son nouveau roman ! 😀

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Au fond des bois, loin de la civilisation, vit une communauté d’anciens membres d’un cirque. Un triste clown, un lion édenté, un vieux marionnettiste, une trapéziste brisée, un nain chanteur, un ogre terrifiant…qui prennent soin de la Petite, seule enfant de cette étrange troupe. Bientôt, des hommes viennent pour leur demander de quitter le territoire qu’ils occupent, pour envoyer la Petite à l’école… Tant de fils qui vont se nouer, ou se dénouer…

Dans la langue de Bob

★★★☆☆

Il y a du rêve, de l’étrangeté, du fantastique dans ce roman qui nous transporte. En même temps, avec un titre et une couverture pareille, on ne pouvait s’attendre qu’à du mystère et de la bizarrerie. Cet univers de cirque oublié, de gloire passée et perdue, est le terreau parfait pour nous faire découvrir la Petite, cette enfant étrange élevée dans un certain isolement, avec la forêt et les carcasses d’animaux morts pour seuls compagnons de jeux. Et les histoires. Oui, les histoires qu’on lui raconte depuis toujours, et notamment celle du lieu où ils vivent, terrain d’une ancienne malédiction, de bébés jetés au fond de la mine, d’une Bête qui se repaissait de la peine des hommes, et des animaux qui perdirent l’usage de la parole. Toutes ces histoires qui vont mener la Petite à son destin et à celui du cirque…
Si la langue des bêtes est un mystère pour les hommes, celle de Stéphane Servant nous ravit et nous émerveille. J’ai beaucoup aimé son écriture, son intérêt pour la langue et les mots qui transparaît également dans son histoire. Il y a de la poésie, de la fureur, du mensonge, de la beauté, de l’horreur et la vérité…on ne ressort certainement pas indemne d’un roman de Stéphane Servant. Pourtant, j’ai trouvé La langue des bêtes un peu long, parfois répétitif en essayant de nous cacher les révélations jusqu’à la dernière page. Mais cela reste une expérience de lecture comme je les aime, un roman qui nous emporte loin dans l’imaginaire…

Avec les mots de Jean-Michel

★★★★☆

Il est difficile de parler avec justesse d’un roman qui nous a ému, transporté dans les tréfonds de notre imagination et qu’on a refermé à regret. Comme le mentionne si bien Bob « c’est une expérience de lecture », de celles qui se font trop rares car la poésie qui en émane est si envoûtante qu’elle éclipse tout le reste le temps d’une lecture. Tout – absolument tout – est merveilleux dans La langue des bêtes : des légendes enchanteresses aux personnages sibyllins, de la forêt poussiéreuse au cirque déchu…
Bizarre ? Vous avez dit bizarre ?
Qu’à cela ne tienne, c’est l’étrangeté de ce roman qui le rend si particulier mais pas inaccessible, loin de là : il trouvera son public, j’en suis certaine. Ce roman aux allures de conte intemporel à l’étoffe des plus grands : une qualité d’écriture évidente, de la magie à chaque page et un ton qui nous donne l’impression d’avoir l’esprit enveloppé dans la ouate – oui, même lors de scènes brutales où mes oreilles bourdonnaient. J’espère que c’est bien l’émotion qui me gagnait et non pas un éventuel problème de surdité. A l’instar de Bob, je n’ai pas trouvé de longueurs à ce roman, sans doute parce que j’étais trop plongée dans les affres délicieuses de ces bizarreries et que je ne souhaitais plus en sortir. Notez la beauté de la couverture : le travail de l’artiste Laura Makabresku correspond parfaitement avec le texte de Stéphane Servant, une association emblématique qui a fait ma joie et mon bonheur.

On vous assure que c’est un excellent roman. Si jamais vous souhaitez nous contredire, n’hésitez pas à nous envoyer un mail en indiquant vos nom, prénom et adresse afin qu’on vienne cordialement vous casser la figure 🙂

La langue des bêtes, Stéphane Servant (Rouergue)
collection DoAdo
disponible le 19 août 2015
9782812609268 – 15,90€
à partir de 14 ans

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5

Dans la gueule de l’alligator – Carl Hiaasen

9782364747234

Richard vit en Floride, où il aime aller voir les nids de tortues avec sa cousine Malley. Le jour où celle-ci fugue pour rejoindre un homme rencontré sur le net, Richard ne peut croire à cette disparition volontaire. Heureusement, il rencontre Skink, un ancien gouverneur déclaré mort, grand défenseur des causes perdues, qui va l’aider à retrouver sa cousine, en fâcheuse posture…

Quand Bob l’ouvre grande

★★★★☆

Si vous avez déjà lu du Carl Hiaasen, alors vous connaissez le goût de l’homme pour les polars écologiques et un peu barrés. Dans la gueule de l’alligator ne déroge pas à cette règle et cela grâce au personne de Skink, vieil allumé complètement déglingué, au look totalement improbable, aux ressources stupéfiantes et au mode de vie des plus surprenants. Richard en est resté comme deux ronds de flan lorsqu’il a l’a rencontré pour la première fois, un peu comme nous. Et c’est sans doute tout ce qui fait la saveur de ce roman un peu dingue qui devient très vite une longue course-poursuite semée d’embûches et d’ennuis divers et variés qui impliquent beaucoup de noyades et de chairs dévorées. Il est clair qu’on ne s’ennuie par un seul instant et qu’on retient notre souffle jusqu’au dernier moment. On peut sans doute ne pas adhérer à cette exubérance constante mais j’avoue que cela donne un côté très drôle, en tout cas décalé, à cette histoire qui ne l’est pas tant que ça. La partie écologie du roman s’intègre très bien à l’intrigue générale, l’auteur ne nous assène pas des données à tout bout de champ ou n’est pas insistant, il sait parfaitement bien doser les choses tout en nous en apprenant beaucoup sur la faune locale.
Un excellent polar écologique aux personnages forts et plein de ressources. Une course poursuite haletante et sanglante qui vous laissera sans doute pantelant…

Et dans la bouche de Jean-Michel ?

★★★★★

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Skink ressemblerait à The Dude du film The big Lebowski

Mais NON DE NON quel roman ! Des tortues de mer, de l’alligator, du skate et des personnages qui pètent des étincelles ?! J’ai sincèrement passé l’un des meilleurs moments de lecture de cette Rentrée littéraire. Carl Hiaasen, en indécrottable auteur spirituel nous offre des instants et des personnages floridiens magiques : Skink qui sort du sable pour chasser un braconnier et le dérouiller…moment précieux de lecture à découvrir ! L’action et la détente se mêlent au burlesque pour une lecture riche à l’écriture et la traduction soignées. Je rejoins Bob sur cette part d’écologie qui apporte une dimension supplémentaire à ce policier qui est déjà riche. Quant au parallèle entre Skink et The Big Lebowski qui est fait au début du roman, il n’y a rien à ajouter : cet ancien gouverneur est le sosie du Dude 😀 En plus électrique et aventurier, certes, mais avec une barbe du tonnerre. Quant au jeune Richard, notons que le courage et la détermination dont il fait preuve pour retrouver et défendre sa cousine sont étonnants : cet adolescent se découvre lui-même des ressources dont il n’avait pas conscience et ce, pour notre plus grand plaisir ! Résultat de cette lecture : mon Bob, je veux partir au bout du monde, laisser pousser ma barbe, défendre des hérons et des tortues en sautant à pieds joints sur des braconniers qui appellerons leurs mères en détalant comme des lapins. On va rigoler hein.
Et n’oublions pas qu’en lisant Dans la gueule de l’alligator, vous deviendrez familier avec le pic à bec ivoire (l’oiseau ci-dessous qui se la pète un peu)…on ne vous dira pas pourquoi, vous n’avez qu’à le lire 🙂

le-Pic-à-bec-ivoire

Chers adultes, sachez que les aventures de Skink existaient déjà avant (avec plus d’actions, encore plus déjanté) et sont disponibles aux éditions 10/18 :
Queue de poisson  9782264045874
 De l’orage dans l’air  9782264041463
 Presse people  9782264059246

Dans la gueule de l’alligator, Carl Hiaasen (Thierry Magnier)
disponible le 19 août 2015
9782364747234 – 17€
à partir de 14 ans

Son
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Piccadilly kids, t.1 – Eric Senabre

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Vous connaissez sans doute ABC Melody à travers ses collections de livres qui initient aux langues ou aux voyages. Aujourd’hui, ils se lancent dans les romans illustrés pour les kids et les teens. Bob vous parle ainsi du premier roman de la collection pour les pré-ados, signé Eric Senabre. Let’s go!

Dave, Chuck et Vera sont trois amis qui décident de faire l’école buissonnière pour assister aux répétitions du concert de leur groupe de rock préféré : les Blackboard Circles. Mais alors qu’ils se faufilent dans les sombres tunnels du Wembley stadium, ils tombent nez à nez avec Thomas Fitzgerald, le chanteur du groupe, leur idole, en train de fuir. C’est le début d’une incroyable journée pour les trois amis.

★★★★☆

Avec Jean-Michel, on avait adoré Sublutetia et on se souvient qu’Eric Senabre nous avait déjà emmenés à Londres dans le troisième tome de la série. On y retourne cette fois avec trois collégiens plein de ressources dans une histoire où le suspense et l’humour sont au rendez-vous ! Et comme le veut la ligne éditoriale de l’éditeur, on ne manque pas non plus de voyager à travers les différents quartiers, les monuments ou les musées de Londres. Un voyage non seulement culturel, mais aussi musical et…mystérieux ! Que peut bien pousser une star internationale à quitter précipitamment un concert imminent pour crapahuter dans toute la ville sans se faire remarquer ? Comme Chuck, on imagine toutes les hypothèses possibles, y compris les plus saugrenues. Heureusement, Dave et Vera sont là pour penser à tout et aider au mieux leur idole. Un trio tout à fait attachant qu’on prend plaisir à suivre dans cette première aventure très bien rythmée, pleine de bonne humeur et richement illustrée par Joëlle Passeron. On ne s’ennuie pas un seul instant et on a hâte de retrouver nos Piccadilly kids dans leur prochaine aventure où les Blackboard Circles auront, semble-t-il, à nouveau besoin de leur aide… See you soon, kids! 😉

Piccadilly kids, 1. Londres, secrets & rock stars, Eric Senabre (ABC Melody)
collection Meloteens
disponible le 20 août 2015
9782368360668 – 10,50€
à partir de 10 ans