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Amanda et les amis imaginaires – A.F Harrold

 

Rudger est le meilleur ami d’Amanda et son seul défaut est de ne pas réellement exister. Amanda Shuffleup : drôle de fillette, à l’imaginaire débordant passe qui le plus clair de son temps à s’amuser avec Rudger jusqu’au jour où un terrible accident chamboule tout…

★★★★☆

amandaamisimaginairesUn sacré petit roman !  Après l’accident d’Amanda, Rudger commence à s’estomper et pour continuer à vivre, il se doit de retrouver un autre enfant qui croirait suffisamment en lui. Très vite, la solitude gagne ce bonhomme qui part à la recherche de sa vie imaginée par Amanda. Un personnage imaginaire peut-il survivre sans son créateur ? Ce roman possède cette dimension terrifiante où un être tente de subsister dans un monde où tout est contre lui. Vous ne serez pas au bout de vos surprises lorsque vous rencontrerez Monsieur Butor qui a la réputation de hanter les mondes imaginaires. Sinistre, on raconte qu’il les mangerait…C’est brillant, dramatique et drôle. Les illustrations d’Emily Gravett ajoutent une force supplémentaire à cet ouvrage qui est déjà d’une belle originalité. Si vous connaissez le dessin animé Foster, la maison des amis imaginaires (oui, ici nous aimons Gulli et Cartoon Network), vous trouverez de petites similitudes qui raviront votre goût pour l’onirique, la fantaisie et où vous développerez un attachement certain aux personnages qui sont choux : Rudger est si gentil que la perspective de lui faire un câlin vous décrochera un sourire. Amanda est spirituelle et le fait qu’elle ne soit qu’une enfant provoque des situations farfelues nécessaires à l’histoire.

On peut tout de même se questionner sur la santé mentale de cette fillette. Ne faites pas « OHHH », je sais que tout le monde se pose la question. Elle va bien. Je vous le promets. On se dit que ses parents doivent être des gens horribles pour qu’une enfant soit poussée à l’extrême dans ses retranchements…mais il s’avère que sa maman est une femme tout à fait réconfortante, posée, délicieuse et son instinct maternel ne lui impose pas d’emmener sa fille consulter un psychiatre. Elle préfère jouer le jeu de son enfant, tout simplement. N’est-ce pas pendant l’enfance que l’imaginaire se doit de ne pas être brisé par un autre que soi-même ?

Amanda et les amis imaginaires, A.F Harrold & Emily Gravett (illustratrice)
(Seuil Jeunesse)
disponible depuis le 1er octobre 2015
9791023504088 – 15€
à partir de 10 ans

Son
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De la part du diable – Aina Basso

9782364747791

Norvège, XVIIe siècle. Issue d’une famille aristocratique de Copenhague, Dorothe, seize ans, épouse un homme plus âgé qu’elle. Elle le suit dans une province de Norvège où son travail l’a affecté : il doit instruire les procès en sorcellerie. Elen a le même âge et vit dans un petit village avec sa mère et ses nombreux frères. Sa mère, guérisseuse et libre des hommes, lui transmet son savoir et ses dons. Jusqu’au jour où les procès en sorcellerie prennent de l’ampleur et qu’Elen soit contrainte de quitter sa maison pour sauver sa mère…

★★★★☆

A travers le destin de deux jeunes filles que tout semble opposer, Aina Basso nous transporte à une époque importante et pourtant méconnue de l’histoire norvégienne… Une histoire qui en rappelle pourtant beaucoup d’autres de la même période à travers l’Europe et au-delà, où les femmes étaient accusées de sorcellerie par jalousie, peur, ou car trop libres.
Le récit est alterné entre Dorothe et Elen, parfois entrecoupé d’étranges moments où le fantastique et le mythe prennent le pas sur l’histoire. Un procédé qui invite à se plonger totalement dans ce roman fascinant et très bien écrit. J’ai beaucoup aimé l’histoire de chacun des personnages, entre Dorothe, jeune fille qui voudrait rester enfant et qui est contrainte de faire un bon mariage, sa peur d’être mariée à celui qu’elle surnomme « l’homme grave » et sa solitude une fois arrivée dans un pays où elle ne parle pas la langue ; et Elen, seule fille d’une ribambelle d’enfants conçus de pères différents, ravie de sa liberté, de la vie qu’elle mène avec sa mère, de leur lien particulier, jusqu’au jour où arrive un petit frère, un bébé monstrueux dont elle est persuadée qu’il a été échangé à la naissance pour paraître si laid et maléfique. Bien sûr, leurs destins vont finir par se rejoindre, pour le meilleur mais surtout pour le pire… Je ne vous en dirais cependant pas plus là-dessus au risque de vous gâcher le roman… 🙂
Les scènes figurant les procès, au cœur de ce roman, sont, elles, très documentées, et particulièrement dures. L’auteure décrit avec précision plusieurs moments clés de cette chasse aux sorcières et nous montre ainsi toute l’horreur de cette période – un épilogue documentaire vient d’ailleurs compléter le récit. De la part du diable est un roman passionnant sur l’histoire de la Norvège, ses croyances anciennes et ses légendes, porté par deux héroïnes touchantes et où la justice ne triomphe pas toujours… Une très belle découverte !

De la part du diable, Aina Basso (Thierry Magnier)
disponible depuis le 14 octobre 2015
9782364747791 – 16€
à partir de 13 ans

Son
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Le livre de toutes les réponses sauf une – Manon Fargetton

9782700247886,0-2778185

Cette année, Bérénice entre dans un nouveau collège et, comme à chaque fois, son nom de famille – Lamort – provoque les moqueries. Mais cette fois, il y a une autre élève au nom étrange : Pandora Hurlevent, qui sait supporter les ricanements. Les deux jeunes filles vont vite se lier d’amitié, à laquelle va se joindre Lazare. Un trio qui va partager ses rêves et ses confidences chez Bérénice…jusqu’au jour où c’est au tour de Pandora d’accueillir son amie chez elle…

★★★★☆

Déjà connue pour ses romans de fantasy ou ses thrillers chez Rageot, Manon Fargetton s’adresse ici à un lectorat un peu plus jeune pour une histoire qui mordille la frontière du fantastique. On y retrouve trois personnages, trois ados un peu en marge des autres, dont on se moque à cause de leurs noms un peu spéciaux ou de leur orientation sexuelle. Mais au-delà des notions de harcèlement, c’est surtout l’amitié qui prime, les liens qui se créent entre chaque personnage. Et notamment ceux de Bérénice et Pandora. Issues de familles originales (monde du spectacle pour Bérénice, histoire et archéologie pour Pandora), il était évident que les deux jeunes filles ne pouvaient qu’être amies. Pourtant, une différence sociale va les séparer un certain temps, jusqu’à ce que Pandora accepte d’inviter Bérénice chez elle, dans un manoir à l’écart de la ville, avec chauffeur, cuisinière et tableaux de maîtres. Mais le plus intéressant chez les Hurlevent, c’est la bibliothèque. Une bibliothèque magnifique qui referme un ouvrage millénaire, un livre capable de répondre à toutes les questions…sauf une. Sauf celles qui commencent pas « pourquoi ? »… Pourtant, Bérénice n’a que des questions de ce type à la bouche, car elle cache un lourd secret, qu’elle a confié à son amie qui pense que le livre lui permettra de soulager son cœur. Mais c’est tout le contraire qui se passe…
Sans vous en dire plus sur l’histoire, qui se découvre véritablement au fil des pages, Le livre de toutes les réponses sauf une est un très joli roman qui mélange une variété de thématiques sans pour autant tomber dans le fourre-tout. Un peu de suspense, des amitiés qui se nouent et se dénouent, des éléments fantastiques, des secrets et pas mal de références. Mais aussi une façon de gérer un deuil, de se construire ou se reconstruire. Une belle évocation de relations familiales, en somme. L’écriture de Manon Fargetton est tout en douceur, et la pointe de magie sert parfaitement le propos plutôt grave évoqué dans l’histoire. Je regrette peut-être juste que le mystère archéologique ne soit pas résolu, j’aurais été bien curieuse de découvrir l’hypothèse de l’auteure. 😛

Le livre de toutes les réponses sauf une, Manon Fargetton (Rageot)
disponible depuis le 16 septembre 2015
9782700247886 – 6,45€
à partir de 11 ans

Son
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Les neiges de l’éternel – Claire Krust

9782917689929,0-2681494

Pour cette rentrée littéraire ado, Bob a décidé de vous parler d’un premier roman qui ne figure pas dans une collection pour adolescents mais qui, par sa qualité et son histoire, pourrait tout à fait leur plaire. 😉

Yuki, jeune fille noble dont le frère se meurt, décide de quitter le château de son père Daimyo pour partir à la recherche d’un célèbre guérisseur, son dernier espoir pour sauver son frère. Dans le froid de l’hiver, la jeune fille se déguise en homme et parvient au pied de la montagne où il vit. Mais le guérisseur, depuis la mort de son fils, ne souhaite plus soigner qui que ce soit… Yuki réussira-t-elle à faire fléchir l’homme et à sauver son frère ?

★★★★☆

En vrai, je ne vous ai fait le résumé que de la première histoire qui constitue ce doux et éclatant roman, telle la neige qui recouvre le paysage de ce Japon féodal imaginé par Claire Krust. Je dis bien roman car, malgré ce que l’on pourrait penser être des nouvelles à la lecture des différentes parties, chaque histoire est liée à l’autre, d’une manière ou d’une autre, sans se soucier de la chronologie ou des personnages. C’est d’ailleurs l’une des particularités des Neiges de l’éternel, une construction qui s’affranchit du temps, qui nous surprend, mais qui donne aussi cette saveur à la lecture, celle de découvrir toute une vie par fragments, jouant avec notre impatience de percer les mystères et les secrets et notre infini plaisir à se laisser emporter par les histoires de ces personnages, vivants…ou non.
Ce qui m’a également beaucoup plu est cette ambiance hivernale, presque un personnage de chacun des récits, cette fantasy latente, où les fantômes et la magie s’entremêlent aux croyances issues de ce Japon presque réaliste (car la géographie évoquée dans le roman vous montrera vite qu’il n’y du Japon que l’inspiration). Les personnages, à commencer par Yuki, sont tous très beaux, même lorsqu’ils sont cruels ou égoïstes, et on s’attache à chacun d’entre eux, les redécouvrant au fur et à mesure des histoires. Au final, il semble que la mort et la maladie soient au cœur des Neiges de l’éternel, mais Claire Krust parvient avec la douceur des flocons à nous faire tourner la dernière page avec l’espoir et l’amour. Une très belle découverte ! 🙂

Les neiges de l’éternel, Claire Krust (ActuSF)
collection Les trois souhaits
disponible depuis le 21 août 2015
9782917689929 – 18€
à partir de 14 ans

Son
1

Blackwood, le pensionnat de nulle part – Lois Duncan

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Dans les nouvelles parutions de la collection Black Moon figure Blackwood, un roman qui date de 1974 et traduit pour la première fois en France afin de préparer une adaptation cinématographique actuellement en cours et produite par nulle autre que Stephenie Meyer, la maman de Twilight. Alors, prochain gros succès ou pas ? 😛

Après le remariage de sa mère, Kit est contrainte d’aller dans un pensionnat. Elle arrive à Blackwood, ancienne demeure gothique où elle étudiera avec d’autres jeunes filles. Sous la direction de Mme Duret, les filles recevront un enseignement de qualité, où les arts ont toute leur place. Mais très vite, Kit ressent un étrange malaise dans cette école…à commencer par le fait qu’elles ne sont que quatre pensionnaires…

★★★☆☆

Amateurs de mystères et de romans gothiques façon 19e siècle, ce roman est fait pour vous ! Il y a indéniablement un petit goût de vieillot dans ce roman qui a quand même 40 ans, même s’il a été remanié par son auteur il y a quelques années (ce qui a sans doute aidé pour l’adaptation ciné à venir). Si Lois Duncan a ajouté des ordinateurs et des téléphones portables (inutiles très vite) histoire de s’intégrer dans le 21e siècle, les dialogues sont quant à eux restés très old school : on imagine mal quatre adolescentes s’exprimer aujourd’hui comme elles le font dans tout le roman. Mais c’est finalement ce qui fait aussi le charme désuet de cette histoire de fantômes. On a l’impression d’être hors du temps, dans un huis-clos angoissant où la résolution ne viendra que dans les dernières pages…s’il y en a une ! (héhé, non je ne vous dis rien) Les personnages sont attachants, particulièrement Kit et Sandy, on se laisse assez vite emporter par l’ambiance et dans le mystère qui entoure cette étrange pension dont la froide Mme Duret garde bien les secrets. De quoi donner un film inquiétant… 🙂

Blackwood, le pensionnat de nulle part, Lois Duncan (Hachette)
collection Black Moon
disponible le 26 août 2015
9782012036475 – 16€
à partir de 13 ans

Discussion
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Celle qu’on ne voyait pas – Karen McCombie

9782733836736, 0-2693210

Maisie vient de changer de collège. Son père a en effet obtenu le poste d’administrateur dans le collège pour filles Nightingale. Après l’incident dans sa précédente école, Maisie est inquiète de ne pas réussir à se faire d’amie. Heureusement, elle rencontre très vite Kat, une autre élève de 5e qui devient son amie et avec qui elle va se mettre en quête de résoudre le mystère de ce fantôme qui hanterait le collège…

Dans l’esprit de Bob

★★★☆☆

Il y avait longtemps que je n’avais pas lu une histoire de fantôme pour les préados aussi plaisante ! Karen McCombie parvient à maintenir son suspense avec pas mal de réussite : on se demande jusqu’au bout comment va se résoudre cette histoire. Mais il y a aussi une très jolie histoire de famille : la mère de Maisie est morte quand elle était petite et ne garde d’elle qu’un petit carnet dans lequel elle avait laissé des conseils ou recommandations. Des conseils qui sont les titres de chaque chapitre et trouvent à chaque fois leur utilité. Il y a aussi Clem, la grande sœur un peu peste qui se révèle finalement un cœur tendre et, surtout, un papa gâteau qui tente doucement de refaire sa vie avec une jeune femme qu’il a un peu de mal à présenter à ses filles. On s’attache instantanément aux personnages, ce qui rend la lecture très douce et agréable.
L’histoire de fantôme est elle un peu angoissante au début, jusqu’à ce qu’on comprenne qui est le fantôme. A ce moment-là, il s’agit plutôt de découvrir comment et pourquoi ce fantôme est là. Le mystère à résoudre par une jeune fille de 13 ans se fait assez facilement, les coïncidences sont nombreuses et elle n’a pas à chercher longtemps ni très loin. Cette facilité n’entache rien à la qualité du roman et le public visé y trouvera sans aucun doute son compte, d’autant que l’histoire se termine bien. Un roman fantastique très agréable et une jolie histoire d’amitié et de famille.

Qu’a vu Jean-Michel dans ce roman ?

★★★☆☆

Je suis de l’avis de mon Bob sur cette histoire de fantôme moderne qui fait chaud au cœur. Ce roman n’est pas fait pour effrayer, il possède une dimension traité avec brio : celui du deuil. Après le décès de leur maman et épouse, toute la famille doit faire face à cette perte, au vide qu’elle entraîne. Maisie et Clem ont un père exemplaire qui se débrouille du mieux qu’il peut pour que ses filles aient un quotidien normal. Tout le monde va de l’avant : un joli message sur la vie traverse ce roman. Ce que j’ai également trouvé très chouette c’est la relation fraternelle de Maisie et Clem : entre chamailleries qui donnent lieu à des scènes qui vous rappelleront forcément des souvenirs d’enfance si vous avez une fratrie – et soutien, ces deux-là forment une sacrée paire de coquines 🙂 Une lecture facile, entraînante et intelligente : une charmante découverte de la nouvelle collection Virage pour les adolescents des éditions Auzou qui ne devrait plus rester tapie dans l’ombre très longtemps…

Celle qu’on ne voyait pas, Karen McCombie (Auzou)
collection Virage
disponible le 20 août 2015
9782733836736 – 11,95€
à partir de 12 ans

Discussion
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La langue des bêtes – Stéphane Servant

Stéphane Servant, il est incroyable. C’est le genre de mec qui peut faire un album trop drôle qui parle de slip (Le Machin) et qui peut aussi raconter une fresque magique et magnifique autour de trois femmes (Le cœur des louves, qui fut un très gros coup de cœur de Bob). Alors autant vous dire qu’on trépignait d’impatience de découvrir son nouveau roman ! 😀

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Au fond des bois, loin de la civilisation, vit une communauté d’anciens membres d’un cirque. Un triste clown, un lion édenté, un vieux marionnettiste, une trapéziste brisée, un nain chanteur, un ogre terrifiant…qui prennent soin de la Petite, seule enfant de cette étrange troupe. Bientôt, des hommes viennent pour leur demander de quitter le territoire qu’ils occupent, pour envoyer la Petite à l’école… Tant de fils qui vont se nouer, ou se dénouer…

Dans la langue de Bob

★★★☆☆

Il y a du rêve, de l’étrangeté, du fantastique dans ce roman qui nous transporte. En même temps, avec un titre et une couverture pareille, on ne pouvait s’attendre qu’à du mystère et de la bizarrerie. Cet univers de cirque oublié, de gloire passée et perdue, est le terreau parfait pour nous faire découvrir la Petite, cette enfant étrange élevée dans un certain isolement, avec la forêt et les carcasses d’animaux morts pour seuls compagnons de jeux. Et les histoires. Oui, les histoires qu’on lui raconte depuis toujours, et notamment celle du lieu où ils vivent, terrain d’une ancienne malédiction, de bébés jetés au fond de la mine, d’une Bête qui se repaissait de la peine des hommes, et des animaux qui perdirent l’usage de la parole. Toutes ces histoires qui vont mener la Petite à son destin et à celui du cirque…
Si la langue des bêtes est un mystère pour les hommes, celle de Stéphane Servant nous ravit et nous émerveille. J’ai beaucoup aimé son écriture, son intérêt pour la langue et les mots qui transparaît également dans son histoire. Il y a de la poésie, de la fureur, du mensonge, de la beauté, de l’horreur et la vérité…on ne ressort certainement pas indemne d’un roman de Stéphane Servant. Pourtant, j’ai trouvé La langue des bêtes un peu long, parfois répétitif en essayant de nous cacher les révélations jusqu’à la dernière page. Mais cela reste une expérience de lecture comme je les aime, un roman qui nous emporte loin dans l’imaginaire…

Avec les mots de Jean-Michel

★★★★☆

Il est difficile de parler avec justesse d’un roman qui nous a ému, transporté dans les tréfonds de notre imagination et qu’on a refermé à regret. Comme le mentionne si bien Bob « c’est une expérience de lecture », de celles qui se font trop rares car la poésie qui en émane est si envoûtante qu’elle éclipse tout le reste le temps d’une lecture. Tout – absolument tout – est merveilleux dans La langue des bêtes : des légendes enchanteresses aux personnages sibyllins, de la forêt poussiéreuse au cirque déchu…
Bizarre ? Vous avez dit bizarre ?
Qu’à cela ne tienne, c’est l’étrangeté de ce roman qui le rend si particulier mais pas inaccessible, loin de là : il trouvera son public, j’en suis certaine. Ce roman aux allures de conte intemporel à l’étoffe des plus grands : une qualité d’écriture évidente, de la magie à chaque page et un ton qui nous donne l’impression d’avoir l’esprit enveloppé dans la ouate – oui, même lors de scènes brutales où mes oreilles bourdonnaient. J’espère que c’est bien l’émotion qui me gagnait et non pas un éventuel problème de surdité. A l’instar de Bob, je n’ai pas trouvé de longueurs à ce roman, sans doute parce que j’étais trop plongée dans les affres délicieuses de ces bizarreries et que je ne souhaitais plus en sortir. Notez la beauté de la couverture : le travail de l’artiste Laura Makabresku correspond parfaitement avec le texte de Stéphane Servant, une association emblématique qui a fait ma joie et mon bonheur.

On vous assure que c’est un excellent roman. Si jamais vous souhaitez nous contredire, n’hésitez pas à nous envoyer un mail en indiquant vos nom, prénom et adresse afin qu’on vienne cordialement vous casser la figure 🙂

La langue des bêtes, Stéphane Servant (Rouergue)
collection DoAdo
disponible le 19 août 2015
9782812609268 – 15,90€
à partir de 14 ans

Son
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Ses griffes et ses crocs – Mathieu Robin

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Bob avait prévu de faire son article un peu plus tôt mais figurez-vous que, à l’instar des personnages du roman qu’il va vous présenter, votre morse préféré est parti en vacances dans une contrée sauvage (la Bourgogne) et n’avait aucun moyen de communication avec le monde…jusqu’à aujourd’hui. 😛

Marcus a toutes sortes de tocs qui font de sa vie une suite de cauchemars. Lorsque sa famille part en vacances avec des amis dans un chalet perdu au fond de la forêt, ses repères sont complètement chamboulés. Et cela ne s’arrange pas lorsqu’il tombe sur un livre parlant de la montagne où ils se trouvent, une montagne que la légende dit maudite…

★★★★☆

Si vous souhaitez vous faire peur cet été, alors Ses griffes et ses crocs est fait pour vous ! L’intrigante et magnifique couverture du livre donne très bien le ton : il y a aura du mystère, des légendes et sans doute du frisson. Et tout y est, en effet. On découvre tout d’abord Marcus et ses angoisses qui l’amènent à ne pas pouvoir marcher sur les rainures du parquet ou à devoir prendre absolument le même chemin à l’aller et au retour ; on apprend à connaître sa famille, et notamment sa grande sœur Lia, rebelle un peu gothique qui le traite avec mépris. Puis ceux avec qui ils vont passer leurs vacances : Mary et Paul, jumeaux parfaits, et Sam, leur grand frère trisomique, accompagné de son gros chien Hercule. Tout ce petit monde va être enfermé dans un chalet à flan de montagne et devoir s’adapter aux manies déroutantes de Marcus. Jusqu’au moment où les parents disparaissent suite à une promenade…
C’est à ce moment que tout va se jouer et que l’on se retrouve dans un roman oscillant entre l’aventure et l’horreur, où des enfants vont être livrés à eux-mêmes et devoir s’improviser « héros ». Car Marcus découvre très vite les secrets de la montagne et la légende qui l’accompagne, une légende terrible qui parle d’une Bête, un monstre qui dévore tout sur son passage. Et quand tous les animaux de la forêt s’enfuient, Marcus est persuadé que la Bête s’est réveillée par sa faute. Car il a enfreint ses tocs.
Mathieu Robin parvient à nous emporter dans son roman dès les premiers instants. On sait que quelque chose va arriver, mais quoi ? Il nous fait passer de surprises en surprises, des vrais surprises, car on ne voit rien venir et on a pas l’habitude de voir certaines choses arriver… Qu’il est difficile de vous en parler sans dévoiler des moments importants !
En tous cas, Ses griffes et ses crocs est un roman captivant et angoissant, qui parvient à maintenir son suspense et ses révélations jusqu’à la dernière page.

Ses griffes et ses crocs, Mathieu Robin (Actes Sud junior)
collection Ado
disponible depuis le 3 juin 2015
9782330050795 – 13€
à partir de 13 ans

Son
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Là où se cache le diable – Benjamin Guérif

9782748516937,0-2632068

Une couverture qui interpelle, un titre propre à faire frissonner…mais quel est cet endroit où se cache le diable ? La réponse se trouve-t-elle dans cette histoire ? Mystère mystère… 🙂

Adam est un garçon solitaire, qui s’intéresse à tout ce qui touche à l’imaginaire. Il vient d’emménager dans une maison en pleine campagne et peine à se faire des amis. Mais cela ne l’ennuie pas, car il passe son temps à se promener dans la forêt, explorer les lieux qui l’entourent. Un soir, il distingue une étrange lueur qui vacille au-dessus du sol. Un prétexte parfait pour Adam qui se lance à corps perdu dans ce mystère…

★★☆☆☆

Un mystère qui va s’intéresser aux légendes et à la réalité – ou non – qu’elles cachent. Les amateurs de surnaturel seront sans doute intéressés par ce court roman qui interroge notre relation aux croyances, aux vieilles légendes et aux malédictions. J’ai beaucoup aimé les réflexions d’Adam sur le sujet, surtout lorsqu’il confronte ses idées avec des personnages qui vont lui venir en aide au cours de l’histoire : un gentil bibliothécaire (youhou!) et une étrange femme aux allures de bohémienne. Je crois qu’on se demande tous si les dragons ont existé ou non, s’il y a vraiment des lieux hantés, etc. Mais Benjamin Guérif ne vous donnera aucune réponse, seulement encore un peu de grain à moudre. Mais je trouve ça plutôt chouette ! 🙂

En revanche, j’ai été déçue par le roman dans son ambiance générale. J’ai eu un peu de mal à m’attacher à Adam, qui est sans doute trop dans son petit monde. J’ai eu parfois l’impression que l’auteur voulait rendre une atmosphère glauque ou effrayante…sans y parvenir tout à fait (à part dans la scène finale). J’ai trouvé aussi que l’auteur semblait vouloir aborder des sujets totalement autres que le mystère qui ronge Adam (le monde de la finance, par exemple) mais restait bien trop en surface, donnant une impression de « cheveu sur la soupe ». En fait, je crois qu’il manque le « petit quelque chose », une sorte de saveur, qui aurait pu donner au roman une dimension toute autre, sans doute plus étouffante ou plus fantastique. Et je regrette surtout la fin ! Nous avons la réponse au mystère mais je trouve dommage que ça n’aille pas plus loin, tout se finit trop vite pour apprécier toute la résolution. Il y a ici une sorte de rendez-vous manqué, comme s’il manquait un chapitre pour conclure le tout…

Là où se cache le diable, Benjamin Guérif (Syros jeunesse)
collection Rat noir
disponible depuis le 7 mai 2015
9782748516937 – 13,50€
à partir de 12 ans

Son
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L’Ultramonde, 1. Les trois pierres du Fâark – Stéphane Tamaillon

9791023504842, 0-2625915

Amateurs de Jules Verne, ce roman est fait pour vous ! Et sans aucun doute pour Bob aussi, car il a dévoré tous les romans du bonhomme quand il était petit. 😀

Paris, 1863. Mathilde et Louis Monet sont des jumeaux plein d’imagination et de curiosité. Lorsque Gaspard-Félix Tournachon, génial inventeur plus connu sous le nom de Nadar, annonce l’inauguration du vol d’un immense ballon « Le Géant », les enfants ne peuvent manquer ça ! Mais ils étaient loin de se douter que cet événement allait changer leur vie… Car des créatures monstrueuses semblent poursuivre Nadar et, bien malgré eux, les jumeaux vont se retrouver dans un monde étrange et fantastique, l’Ultramonde, où s’emmêlent toutes les périodes de l’Histoire.

★★★★☆

Stéphane Tamaillon nous embarque ainsi dans une aventure riche et palpitante, dans la plus pure lignée du grand maître Verne ! L’entrée dans le fantastique est très rapide, ne nous laissant aucun instant de répit. On retrouve avec grand plaisir tous les codes de l’aventure, de la découverte du monde qui entoure nos héros aux explications au compte-goutte en passant par de très nombreuses péripéties souvent dangereuses. Il y a aussi de l’humour, même si je trouve qu’il n’y en a pas autant que ne le laisse présager la quatrième de couverture. En tous cas, j’ai bien apprécié le côté très flippant des aventures de Mathilde et Louis, car ils sont confrontés à des ennemis plutôt terribles : les Dérailleurs, des créatures qui, une fois décrites, nous donnent juste envie de dire « beeuurkk ! ». Mais aussi, et c’est en plein dans l’actualité cinématographique : des dinosaures !!! Et Bob ADORE les dinosaures ! Et il y en a plein pendant tout le livre ! Et c’est trop cool ! DES DINOSAURES !!! Non, vraiment, c’est trop chouette : il y en a même un tout gentil qui va accompagner nos héros dans leur quête…

Bon, au-delà des dinosaures (humhum), il y a aussi plein d’autres choses intéressantes dans ce premier tome, notamment des rencontres avec des personnages historiques, des faux-semblants, des machines étonnantes et des mystères que l’on a hâte de découvrir dans les prochains tomes. Mathilde et Louis sont de plus très attachants, courageux tels que le sont toujours les enfants de ce type d’aventures (et qu’on aimerait bien être quand on est soi-même un enfant) mais soumis également à la peur, le doute…et peut-être pire si l’on s’attarde sur ce qui semble étreindre le pauvre Louis… Mais je n’en dirais pas plus et vous laisse là aller découvrir ce premier tome d’une très agréable aventure. 😛 Oh, une dernière chose quand même : mention spéciale à la couverture de Raphaël Gauthey que je trouve très belle et qui annonce très bien la couleur ! 😉

L’Ultramonde, 1. Les trois pierres du Fâark, Stéphane Tamaillon (Seuil jeunesse)
en librairie depuis le 21 mai 2015
9791023504842 – 12,90€
à partir de 9 ans