Son
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Lectures d’été #2

Deuxième et dernière partie des lectures d’été de Bob…eh oui, ça sent déjà la rentrée littéraire ! Mais vous verrez, il est encore question de pas mal de voyages et ceux qui aiment se faire du mal y trouveront aussi leur compte. 😛

Catégorie #vacances de la loose

Un mois à l’ouest

A l’époque où Internet, les SMS et Google Maps n’existaient pas encore (quand vos ados n’étaient même pas nés), Fred tombe amoureux d’une canadienne et décide d’aller la rejoindre. Sauf qu’en fait, la miss partageait pas franchement les sentiments, et notre pauvre garçon se retrouve tout seul à errer sur un continent bien loin de chez lui. Commence alors un road-trip entre Canada et États-Unis, où les quelques dollars en poche fondent comme neige au soleil et où gros ratages et belles rencontres se succèdent. Comme toujours, le style de Claudine Desmarteau est vif, incisif, rythmé et nous offre ici de belles tranches d’oralité québécoise. On se régale des tribulations de ce frenchie un poil loser, qui cache malgré tout une véritable profondeur. Des photos en noir et blanc, comme des petites respirations apaisantes dans la galère, parsèment ce road-trip qui sent le vécu !

Un mois à l’ouest, Claudine Desmarteau (Thierry Magnier)
disponible depuis le 18 avril 2018
9791035201470 – 14,50€
à partir de 15 ans
Y aller

On continue avec un autre loser du voyage : Solal, complètement accro aux jeux vidéo, et notamment à Zelda, qui décide un jour de tout arrêter, de se débrancher, et se lance dans un périple un peu fou : rejoindre le centre de la France, à Bruère-Allichamp. Équipé d’un sac à dos plus lourd que lui et de toute sa motivation, le garçon se lance, il y va ! Hervé Giraud nous offre un road-trip totalement décalé qui fonctionne à merveille : on rit de ce retour à la nature de ce geek un peu halluciné qui n’a que le monde de Zelda pour repère (et qui obtient d’ailleurs des « objets magiques » au fur et à mesure des rencontres de son périple) et on s’attendrit de sa naïveté et de son exaltation en toute situation. Une aventure initiatique jubilatoire !

Y aller, Hervé Giraud (Thierry Magnier)
disponible depuis le 16 mai 2018
9791035201777 – 12,90€
à partir de 13 ans

Catégorie #ouille, ça pique !

Les collisions

Quand deux lycéens de terminale L s’ennuient et décident de jouer les Merteuil et Valmont de leur classe, attendez-vous à un remake des Liaisons dangereuses où les lettres deviennent textos mais où la manipulation et la perversité sont exactement les mêmes ! Gabriel et Laëtitia n’ont absolument rien à envier à leurs aînés de fiction, et Joanne Richoux nous brosse un portrait à l’acide de cette jeunesse qui s’ennuie et qui n’a – presque – que faire des conséquences, nous montrant par là-même à quel point la transposition de la cour du XVIIIe siècle à cette classe de lycée est d’une étonnante modernité. Un roman terriblement dérangeant, mais tellement juste, porté par un style acéré, intransigeant, qui nous place dans la position non moins honteuse d’un voyeur impuissant qui se délecte des drames à venir. Une vraie claque !

Les collisions, Joanne Richoux (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible depuis le 4 avril 2018
9782377310739 – 15,50€
à partir de 14 ans
Son
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Lectures d’été #1

Les vacances sont sans doute le meilleur moment pour lire, lire et lire ! 😀 Le comble, c’est que Bob n’a (presque) lu que des histoires avec tout ce qu’on imagine derrière le mot « vacances » : des voyages, des îles paradisiaques, des personnages eux aussi en vacances… Petit tour d’horizon de nos derniers bons moments de lecture.

Catégorie #plages

Vendredi ou les autres jours

C’est avec délice que l’on suit les nouvelles aventures de Robinson et Vendredi sur leur caillou perdu au milieu de l’océan, où leur solitude est mise à rude épreuve… En effet, pirates et autres évangélisateurs ne cessent de débarquer alors qu’ils entament une partie de crabe-caillou ou dégustent une bonne petite bière de banane. Nos deux compères rivalisent alors d’imagination pour se débarrasser de ces importuns… Un savoureux recueil de nouvelles imaginées par Gilles Barraqué, où se mêlent habilement humour et sensibilité, légèreté et profondeur. Des dialogues facétieux, des héros qui célèbrent l’enfance, le jeu et la joie de vivre et des illustrations délicates d’Hélène Rajcak, ce petit livre bleu océan vous transportera sur cette île généreuse et inventive !

Vendredi ou les autres jours , Gilles Barraqué, illustré par Hélène Rajcak (MeMo)
collection Polynie
disponible depuis le 24 mai 2018
9782352893738 – 10€
à partir de 10 ans
Pëppo

Des parents absents, une grande sœur qui se casse en laissant 2 bébés – Colette et Georges – sur les bras d’un lycéen pas très porté sur les études, qui vit dans un vieux camping pourri des années 80 avec un oncle alcolo et un Argentin musico… Bienvenue dans la vie pas toute rose de Pëppo ! Mais il y a la plage, les petits vols, les commerçants sympas qui donnent les invendus, les petites entreprises qui se créent avec rien, les bébés hyper attachants, et puis Marie-Lola, un prénom moche, des bagues aux dents et des bourrelets mais un sourire magnifique. Séverine Vidal ravit notre petit cœur avec ce roman complètement barré et pourtant plein de tendresse et d’humanité ! Une comédie douce-amère que l’on a du mal à quitter tant on finit par s’attacher à toute cette tribu de marginaux rassemblés autour de Pëppo, le plus inoubliable d’entre tous.

Pëppo, Séverine Vidal (Bayard)
disponible depuis le 6 juin 2018
9782747090711 – 13,90€
à partir de 13 ans
La sirène & la licorne

On termine avec une jolie histoire d’amour entre deux jeunes filles égratignées par la vie. Lili détonne dans sa banlieue, où paillettes et licornes sont tolérées jusqu’au moment où on la surprend embrassant une fille. Pour l’éloigner du harcèlement dont elle est victime, ses parents l’envoient en Charentes chez sa tante. Elle y fait la rencontre de Cris, ancienne championne de voile, qui cache autant de blessures qu’elle. L’amitié cède bientôt la place à l’amour, mais comment faire confiance, s’exprimer ou se livrer après avoir subi autant ? Erin Mosta évoque la reconstruction et l’homosexualité avec beaucoup de justesse et de naturel, et nous offre deux très beaux personnages.

La sirène & la licorne, Erin Mosta (Rageot)
disponible depuis le 20 juin 2018
9782700259162 – 15,50€
à partir de 13 ans
Son
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L’homme qui voulut peindre la mer : et autres nouvelles – Tristan Koëgel

Sept nouvelles autour de la Méditerranée, de l’Antiquité à nos jours. Où l’on rencontre une pâtissière à Gibraltar dont le secret de fabrication des gâteaux interroge les habitants ; où une jeune coiffeuse marseillaise doit composer avec son tyrannique patron ; où un amoureux des arts écoute un vieil homme lui raconter la provenance des incroyables statues du musée de Rome ; et bien d’autres histoires…

★★★★☆

Croyez-le ou non, mais c’est avec ce recueil de nouvelles que Bob découvre enfin Tristan Koëgel ! Et ce voyage autour de la Méditerranée et à travers le temps est une merveilleuse lecture, à emporter impérativement avec vous en vacances pour rêver de ces rivages et de cette mer de toutes les légendes (surtout si vous passez votre été dans ce coin-là). L’homme qui voulut peindre la mer nous emmène dans des histoires où le fantastique est au cœur de chacun des récits. Les amoureux des nouvelles fantastiques classiques de Maupassant ou de Poe s’y retrouveront assurément tant on y retrouve la lente progression vers l’étrange que des chutes parfois très sombres ou terrifiantes. Mais là où Tristan Koëgel réussit à nous happer jusqu’au bout du livre, c’est grâce à la variété des époques, des lieux et des personnages, qui, même si on se doute que ça va peut-être finir comme on ne l’attend pas, nous fait découvrir des univers complètement différents et tous passionnants. Bien sûr, on va retrouver le même personnage dans chaque histoire : la mer. Tristan Koëgel nous la décrit avec une force et une poésie qui nous subjuguent et ce n’est sans doute pas un hasard si le titre du recueil reprend celui de la nouvelle qui retranscrit le mieux l’instabilité et la beauté de l’eau à travers ce peintre qui ne parvient pas à capturer l’essence de la Méditerranée sur sa toile.

Un recueil magnifique, dont la très jolie couverture de Giulia Vetri donne bien le ton, que je vous invite à découvrir pour la variété des textes et des vies rencontrées aux destins tristement actuels ou délicieusement mythologiques. Si le recueil est parfaitement lisible par les jeunes lecteurs, je m’interroge malgré tout sur leur réception de ces textes et je serai curieuse d’avoir vos retours si vous en avez !

L’homme qui voulut peindre la mer : et autres nouvelles, Tristan Koëgel (Didier Jeunesse)
disponible depuis le 6 juin 2018
9782278085620 – 14,90€
à partir de 11 ans
Son
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La sauvageonne – Anne Schmauch

Fleur vit dans une station-essence avec son frère Kilian, prodige du violon, sa mère qui gère la boutique et son père, pompiste et garagiste. Mais depuis de nombreuses années, la station n’attire plus personne et il est difficile de s’en sortir… Fleur et son frère ne rêvent que d’une chose : se tirer de là et monter à Paris, d’autant plus que Kilian a la possibilité de passer le concours du Conservatoire. Le jour où un malfrat vient s’échouer chez eux avec une valise pleine de billets, Fleur et Kilian décident de prendre la tangente…

★★★★☆

Première incursion d’Anne Schmauch dans le roman adolescent après l’excellent Mémé Dusa dans la collection Pépix, l’autrice quitte le registre de l’humour pour un texte beaucoup plus sombre et survolté, sur la quête de liberté de deux adolescents. On commence dans un cadre étonnant : celui d’une station-service perdue dans la cambrousse, entre Laon et Maubeuge, où la vie de Fleur se limite à une montagne de pneus d’un côté et à une odeur tenace d’essence de l’autre avec un père macho et tyrannique entre les deux. Vous aussi ça vous donnerait envie de vous tirer, non ? Quand l’opportunité se présente, si le vent de la liberté souffle très fort, tout comme la promesse d’une vie dorée, Fleur, son frère et leur copain de vacances et d’enfance Rodrigue se retrouvent finalement dans un environnement sans doute aussi gris et empuanti qu’avant : un vieil immeuble crado de Bagnolet avec vue plongeante sur l’autoroute A3. Gaz d’échappements et bruits de circulation ne vont pas les empêcher de continuer à croire à l’impossible. Sauf que ! Dépenser des billets volés, surtout des grosses coupures, c’est pas simple. Et quand on a jamais eu autant d’argent entre les mains, difficile de faire comme si un billet de 500 c’était la routine. On essaye de se faire à cette nouvelle vie qui commence et on fait également des rencontres. La plus marquante étant celle avec un petit groupe de graffeurs qui tente de survivre grâce à des petites combines sur l’autoroute. Et on se retrouve à nouveau dans un environnement totalement inédit, parallèle, invisible… C’est en fait l’une des grandes forces de ce roman que ces lieux inhabituels, habités de personnages bizarres, fantomatiques, terrifiants et, parfois, amicaux. L’autre force de La sauvageonne, c’est sa galerie de personnages, depuis la bagarreuse Fleur jusqu’aux rôles secondaires, dont l’épaisseur malgré leur nombre rend le texte particulièrement bien tenu. Enfin, Anne Schmauch maîtrise parfaitement son action, et ses scènes d’action, pour un rendu aussi brutal qu’efficace. Vaut mieux pas lui chercher des noises à la petite Fleur ! 😛

La sauvageonne, Anne Schmauch (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible depuis le 2 mai 2018
9782377311002 – 15,50€
à partir de 14 ans
Son
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Le trésor de l’île sans nom – Gilles Abier

Il existe une île sans nom, qu’on ne trouve sur aucune carte du monde connu, et sur laquelle un volcan éteint cache le trésor d’une bande de pirates. Et pendant que ces derniers écument les mers, leurs enfants attendent sagement sur cette île… ou presque ! Car des navires s’approchent parfois dangereusement des côtes de l’île et les jeunes habitants, aidés de leurs précepteurs et surveillants, usent de stratagèmes pour éloigner les opportuns ! Jusqu’au jour où un capitaine espagnol ne se laisse pas démonter…

★★★★★

On connaissait Gilles Abier pour ses romans sensibles, sur l’adolescence ou pour les plus jeunes, le voici désormais sabre au clair et à la barre d’une caravelle qui pourfend les vagues, direction l’aventure ! 😮 Les pirates se font plutôt rares dernièrement en littérature jeunesse, et il était temps de nous proposer un roman aussi palpitant et bien tourné, pour les plus jeunes lecteurs. Gilles Abier nous embarque donc dès les premières lignes dans cet univers passionnant, à la rencontre d’une bande de gosses échoués sur le sable, laissés à l’arrière par leurs parents bandits des mers, toujours à la recherche de trésors à amasser. Des enfants qui aimeraient bien eux aussi traverser les mers et vivre des aventures incroyables, pleines de combats et d’or étincelant. Mais leurs parents ont d’autres projets pour eux et, surtout, des adultes sont là pour les surveiller, depuis leur préceptrice qui leur inculque les bonnes manières à la cuisinière revêche en passant par le garde du volcan. On s’attache à leurs caractères différents et à leurs histoires personnelles et on se laisse entraîner dans la plus grande aventure de leur vie : défendre leur île contre l’envahisseur !

Gilles Abier réussit admirablement à nous tenir en haleine de bout en bout, à redoubler d’inventivité et d’ingéniosité pour nous révéler les choses au bon moment, pour nous décrire une île sur laquelle on rêve de se rendre et pour nous faire passer l’un des meilleurs moments de lecture de la saison ! Et puisque le roman est génial, les illustrations ne pouvaient que l’être tout autant ! Le style de Mini Ludvin, que j’ai trouvé assez proche de l’animation japonaise, colle parfaitement à l’univers de la piraterie et ses aquarelles sont un petit bonheur : on en regrette presque que les couleurs si chouettes de la couverture ne se retrouvent pas dans les illustrations intérieures.
En bref, un excellent roman d’aventures à emporter obligatoirement avec vous à la plage, ça vous donnera assurément des idées ! Et Gilles, on en veut d’autres ! 😛

Le trésor de l’île sans nom, Gilles Abier, illustré par Mini Ludvin (Poulpe fictions)
disponible depuis le 3 mai 2018
9782377420377 – 9,95€
à partir de 9 ans
Son
1

L’espoir sous nos semelles – Aurore Gomez

Après on long silence radio dont nous sommes bien désolées, Bob & Jean-Michel reprend du service et…été oblige, on vous invite à cliquer sur le petit visuel à droite pour découvrir notre sélection d’ouvrages à emporter avec vous en vacances ! 😀

***

Pour sauver sa famille de la pauvreté, Juno s’inscrit au « trek du Pownal », une course en montagne de 1000 kilomètres, suivie par les internautes, où s’affrontent 30 concurrents. Au bout de cette course : une rondelette somme d’argent pour le vainqueur.

★★★★☆

Après la mort de sa mère et de sa grande sœur, prodige de l’alpinisme, le père de Juno est tombé dans la dépression, délaissant travail et famille. La jeune fille a du abandonner ses études pour subvenir aux besoins de ses frère et sœur, et travaille à la conserverie locale. Lorsqu’elle découvre une publicité pour le fameux trek de Pownal, il ne lui faut pas longtemps pour décider de tenter sa chance. Commence alors pour elle une aventure tant sportive qu’humaine.

Roman d’aventure psychologique, on pense forcément à Hunger Games pour le côté 30 ados en liberté dans une course contre la montre. Pourtant, la comparaison s’arrête là : point de meurtres ou de dangers vicieux. Seule la nature et les autres concurrents sont susceptibles de mettre des bâtons dans les roues de Juno. Car, si elle n’a jamais montré de facultés particulières pour la marche en montagne, sa détermination est forte et la porte vers l’avant. C’est d’ailleurs le grand point fort de ce roman que ce personnage, cette jeune fille qui chemine vers une vie meilleure. On s’attache instantanément à elle, à ses blessures, à son courage et à sa profonde humanité. On se laisse embringuer dans cette marche de l’espoir, où Juno se retrouve face à elle-même, se lie avec d’autres concurrents, s’attire l’animosité de certains ou doit composer avec la stratégie de ceux qui veulent gagner coûte que coûte.
Et là où Aurore Gomez réussit à nous transporter encore plus, c’est dans le récit de ce trek, sur cette île fictive en pleine nature, où tout est savamment dosé. Randonner dans des espaces sauvages ou balisés n’est pas facile, et l’autrice parvient à amener le danger là où il faut et quand il faut, et tient son suspense jusqu’à la fin de la course. Mais celle-ci n’est pas une fin en soi, et c’est toute la finesse des relations tissées au fil de l’épreuve qui vont apporter de toutes nouvelles perspectives à l’endurante et battante Juno. Un excellent premier roman !

L’espoir sous nos semelles, Aurore Gomez (Magnard)
disponible depuis le 10 avril 2018
9782210965263 – 15,90€
à partir de 12 ans
Son
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Solaire – Fanny Chartres

9782211235129,0-4913946

Ernest et Sara vivent avec leur mère depuis le divorce de leurs parents. Mais leur maman ne se remet pas de cette séparation et fait vivre à ses enfants des moments difficiles. Depuis quelques temps, Sara fond à vue d’œil et, lorsqu’elle fait un malaise au lycée, c’est le signal d’alarme pour Ernest. Le petit garçon va tout faire pour redonner le goût à sa sœur, et pas seulement celui des aliments, mais aussi celui de la vie…

★★★★★

Après le très beau J’ai suivi un nuage, de Maëlle Fierpied, l’école des loisirs nous propose un nouveau roman sur le même thème : la maladie d’un parent qui se répercute sur les enfants. Et tout comme sa consœur, Fanny Chartres parvient avec une grande sensibilité, une parfaite justesse et une immense douceur à retranscrire cette dépression et ses conséquences sur des enfants qui doivent apprendre à grandir tous seuls, sans l’aide de leur mère. Ils ont pourtant un père, qu’ils ne voient que le week-end, qu’ils craignent pourtant de retrouver – malgré leur enthousiasme – car cela signifie qu’ils vont laisser leur mère seule et que cette dernière le leur reprochera. Une situation difficile, terrible, pour ces deux enfants et qui, pour Sara, va l’amener à elle aussi se rendre malade. Ernest, lui, comprend très vite que sa sœur ne va pas bien et, bientôt, il aperçoit un loup qui rôde autour de sa sœur, un loup qui lui dit des méchancetés et cherche à le déstabiliser. Ce loup, c’est celui qui se croit le plus fort, c’est le héros d’une histoire de Mario Ramos qu’Ernest découvre à la BCD. Car l’originalité et la beauté du roman de Fanny Chartres, c’est aussi ce personnage du loup, et un peu après celui d’un bon gros géant, ces personnages fictionnels qui vont mettre des bâtons dans les roues du garçon ou bien tenter de lui donner les armes pour se sortir de cette situation : demander de l’aide.

Illustré tout en rondeurs et en douceurs par l’excellente Camille Jourdy, Solaire est un merveilleux roman qui, malgré son thème extrêmement dur, ne tombe à aucun moment dans le jugement ou le misérabilisme. On admire la plume de Fanny Chartres et ses personnages magnifiquement construits : le courageux Ernest, la fragile Sara et leur très belle relation frère/sœur ; et tous les personnages secondaires qui gravitent autour de leur histoire. Un roman émouvant et véritablement lumineux. ❤

Solaire, Fanny Chartres, illustré par Camille Jourdy (L’école des loisirs)
collection Neuf
disponible depuis le 4 avril 2018
9782211235129 – 12,50€
à partir de 9 ans
Son
1

Le veilleur des brumes, t.1 – Robert Kondo et Dice Tsutsumi

9782745994998,0-4784490

Dans un monde où les Brumes ont tout envahi, tout tué, le petit village de Val-de-l’Aube est le dernier bastion de la vie, protégé par le Barrage, qui repousse les brumes toutes les douze heures. Pierre est le responsable de ce barrage, il est le Veilleur de Brumes, une responsabilité bien grande pour un enfant seul.

★★★★★

OH LA VACHE ! Quelle sublime bande dessinée ! Adapté d’un court-métrage d’animation réalisé par les deux auteurs, et très justement récompensé (dont un Oscar, quand même), ce petit album est tout simplement bouleversant de beauté. Petite bande-annonce du court-métrage pour commencer :

Dans ce petit village protégé de la terrible menace des Brumes grâce au barrage construit par son père, Pierre est un élément indispensable de la communauté. Et pourtant, tout le monde semble avoir oublié : aussi bien l’instabilité de leur situation que le travail inestimable du petit garçon. Car voilà un moment qu’il veille seul au bon fonctionnement du moulin et du barrage. Son père a disparu, avalé par les Brumes. La mort de sa femme, la mère de Pierre, lui a été difficile à accepter et c’est sans doute sans toute sa tête qu’il a laissé Pierre tout seul. Le garçon fait depuis son travail aussi bien qu’il le peut, alternant entre l’école, où tout le monde semble l’ignorer sauf la pétillante Roxane, et le moulin, où il doit remonter le mécanisme toutes les douze heures. Mais voilà que bientôt, Pierre remarque une chose étonnante : les Brumes agissent désormais comme des vagues, elles se retirent peu à peu pour venir se fracasser brutalement contre le barrage. Jusqu’au jour où la vague est beaucoup plus forte que ce que Pierre pensait…

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Je vous le redis pour être sûre que vous le compreniez bien : cette BD est absolument SUBLIME ! Tant par son traitement graphique, avec une profonde douceur dans le trait, un très beau jeu sur le clair-obscur et le noir, que par son scénario où les émotions côtoient la quête initiatique qui attend notre jeune héros. Pour être honnête, le début est très sombre, l’histoire de Pierre nous prend littéralement aux tripes et titille nos glandes lacrymales. Un petit garçon qui a grandi bien plus vite que prévu, qui ne se doute certainement pas de son incroyable courage et qui nous touche au plus profond. Ce premier tome d’une saga oscillant entre fantastique et science-fiction est à ne pas manquer ! Un véritable bijou de beauté, de magie, de poésie, d’émotion. ❤

Le veilleur des brumes, t.1, Robert Kondo et Dice Tsutsumi, traduit par Aude Sécheret (Milan)
collection Grafiteen
disponible depuis le 7 mars 2018
9782745994998 – 16,50€
à partir de 10 ans
Son
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Les filles de l’astrologue, t.1 – Laurence Schaack et Françoise de Guibert

9782700256215,0-4784569

France, XVIIe siècle : une ordonnance royale signée par Louis XIV interdit la pratique de toute forme de magie et de divination. Les astrologues font également partie de cette chasse aux sorcières et Germain Lavol de Sauvagnac est ainsi arrêté et emprisonné, laissant seules ses trois filles et leur cousine. Elles sont bientôt contraintes de quitter le domaine familial et, séparées, toutes vont tenter de se rejoindre et de libérer leur père et oncle. Les astres leur seront-ils favorables ?

★★★★★

Elles sont quatre : Thérèse, l’aînée, guérisseuse qui a pris le rôle de mère pour ses sœurs ; Ariane et Philomène, jumelles aux caractères diamétralement opposés, là où la première est studieuse et travailleuse, l’autre est sauvage et casse-cou ; et enfin Soledad, la cousine chassée d’Espagne, dont la frivolité n’a d’égale que la beauté…et la ruse ! Grâce à leurs qualités très différentes et à cause de leur expulsion du domaine familial, les quatre filles vont devoir rivaliser d’intelligence et de débrouillardise pour parvenir à leur objectif : sauver Germain, leur père et oncle, du procès – et sans doute de la terrible sentence – qui l’attend. Car les temps sont durs pour ceux qui pratiquent l’astrologie et les charlatans comme les astrologues respectables sont mis dans le même panier. Et quand tous les soutiens sur lesquels les quatre filles pouvaient compter les laissent tomber, leur séparation devient une nécessité. Commencent alors de très nombreuses aventures, qui vont les faire voyager de leur Tarn natal jusqu’à Paris, où tout se jouera sans doute auprès du roi !

Un premier tome passionnant et prometteur ! Dans un contexte historique déjà souvent exploité en littérature jeunesse, Laurence Schaack et Françoise de Guibert nous font découvrir l’astrologie et sa pratique au XVIIe siècle. Science ou croyance, réalité et mystification, qu’importe, on y découvre un monde totalement nouveau, source d’excitation (merci Soledad qui n’aide pourtant pas à dorer le blason de la profession) ou de frisson (on a hâte d’en savoir plus sur Philomène). Les deux autrices mènent tambour battant leur histoire et nos quatre héroïnes vont de péripéties en concours de circonstances, pour notre plus grand plaisir de lecture ! Car ce que Laurence Schaack et Françoise de Guibert ont construit est surtout un véritable roman d’aventures, qu’on ne lâche à aucun moment ! L’histoire est lancée, la grande Histoire est en marche également, nos héroïnes ont déjà traversé de nombreuses épreuves et ce premier tome nous a déjà régalé par la richesse de son univers, de ses intrigues et de ses personnages. On attend désormais avec impatience le deuxième tome, qui paraîtra au solstice d’été de cette année ! Oui oui ! Trop bien ! 😛

Les filles de l’astrologue, t.1, Laurence Schaack et Françoise de Guibert (Rageot)
disponible depuis le 21 mars 2018
9782700256215 – 14,90€
à partir de 12 ans
Son
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Pour un œil de poupée – Marina Cohen

9791035201319,0-4694227

Hadley emménage dans une nouvelle maison avec sa mère, son beau-père Ed et son fils Isaac, âgé de six ans. Fâchée et boudeuse depuis que sa mère la délaisse complètement pour cette nouvelle famille, Hadley finit par découvrir dans le grenier une magnifique maison de poupée, réplique exacte de sa nouvelle demeure, dans laquelle sont posées trois poupées formant une famille idéale. Lorsque la jeune fille formule le vœu que sa famille ressemble à celle des poupées, elle ne se doute pas que son monde va basculer…

★★★★☆

Ceux qui ne se sentent pas très à l’aise sous le regard de verre des poupées devraient frissonner en lisant ce roman prenant à l’atmosphère délicieusement terrifiante. Qui, après une dispute avec sa famille, ne s’est jamais dit « ah si seulement ma mère était plus comme ci ? si seulement mon père était comme ça ? et si je n’avais pas de sœur ou de frère !? » Attention aux souhaits que l’on exprime, nous disent parfois certains dictons. Et c’est précisément ce que dit également Grace, la meilleure amie mystique un peu hippie de la maman de Hadley à la jeune fille lors de sa visite dans leur nouvelle maison. Mais Hadley, toute gamine qu’elle est, ne peut s’empêcher de formuler des souhaits sous le coup de la colère, sans se rendre compte qu’une étrange magie est à l’œuvre dans cette maison réputée maudite, de laquelle un nombre incalculable de familles se sont enfuis. Et c’est sans compter ces poupées trop ressemblantes sculptées par la vieille dame qui habite au-dessus du garage, ou cet étrange œil de verre trouvé en même temps que la maison de poupée, qui semble détenir un drôle de pouvoir… Bientôt, Ed et Isaac disparaissent, comme effacés de la mémoire de tous et Hadley se retrouve seule avec sa mère, pour son plus grand plaisir…jusqu’à ce qu’elle souhaite que son vrai père vive avec elles…

Il y a dans Pour un œil de poupée un petit air de Coraline qui ravira assurément ceux qui ont lu cette excellente histoire de Neil Gaiman. Pour les autres, ce sera l’occasion de découvrir un roman fantastique où l’effroi n’a d’égal que le suspense qui nous tient jusqu’au dénouement. Des flashbacks du temps des premiers propriétaires de la maison permettent de lever le voile sur l’histoire de cet endroit, sur les croyances issues du folklore allemand, tout en ajoutant des pièces au puzzle qui se construit sous nos yeux. Un roman qui, par l’épouvante, nous interroge aussi sur la famille et les relations que l’on a – ou pas – avec chacun de ses membres et sur le bonheur. Et qui vous fera réfléchir à deux fois avant de souhaiter de changer de parents parce que les vôtres sont nuls ! 😛

Pour un œil de poupée, Marina Cohen, traduit par Valérie Dayre (Thierry Magnier)
disponible depuis le 21 février 2018
9791035201319 – 16,40€
à partir de 12 ans