Son
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Le prof, moi, les autres – Rachel McIntyre

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Rien de tel pour la rentrée des classes qu’un roman qui se déroule justement dans une école ! 😛 Bob vous emmène aujourd’hui dans un lycée d’Angleterre, à la rencontre de Lara…

Lara, 15 ans, est une élève effacée et, entre les moqueries de ses camarades, l’alcoolisme de son père et les disputes incessantes avec sa mère, la vie semble très sombre. Heureusement, il y a le beau Ben Jagger, son prof de littérature, qui lui propose d’organiser un concours de talents. Une occasion en or de se rapprocher de celui qui fait battre le cœur de toutes les filles du lycée…

★★★☆☆

Il y a longtemps que je n’avais pas lu un roman évoquant la relation amoureuse entre un professeur et son élève ! Le prof, moi, les autres s’intéresse ainsi à cette histoire d’amour interdite, mais pas que. Une grande part du roman traite en effet du harcèlement scolaire, un harcèlement vraiment terrible pour Lara. C’est sous la forme du journal intime que nous découvrons au fil des mois les épreuves que traverse cette rousse taille mannequin à la poitrine en planche à pain et dont le nom de famille, Tissein, est parfait pour se moquer de ses « Ptisein ». Sa situation familiale n’est pas meilleure : son père au chômage passe ses journées à picoler et sa mère porte toute la maison avec son maigre emploi de femme de ménage. Alors non, la vie n’est pas rose pour Lara. Mais son jeune professeur, Mr. Jagger, va être son rayon de soleil, la raison qui va la faire continuer à aller au lycée et subir tous les sévices inventés par ses camarades. J’ai trouvé certains moments véritablement très durs, pour ce qui est du harcèlement. Même les petites touches d’humour de Lara, qui n’a pourtant vraiment pas de quoi rire dans la vie, ne parviennent pas totalement à faire retomber la pression. L’histoire d’amour entre Lara et son professeur, quant à elle, met parfois mal à l’aise, et la fin ne nous permet pas de nous sentir mieux vis à vis de ce sujet, puisque l’on continue à se demander ce qui s’est réellement passé dans cette relation. Il n’en reste pas moins un roman intéressant, immersif et captivant par sa forme, et qui invite à la réflexion.

Le prof, moi, les autres, Rachel McIntyre (Milan)
collection Macadam
disponible le 9 septembre 2015
9782745972545 – 12,50€
à partir de 14 ans

Son
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Janis est folle – Olivier Ka

GetBlob.ashx

Décidément, les éditions du Rouergue choisissent vraiment bien leurs photographies de couverture, vous ne trouvez pas ? 😀

Titouan et sa mère Janis sont en cavale, après qu’elle a incendié le deux-pièces où ils vivaient. Presque la routine pour Titouan, qui a toujours vécu en marge de la société, changeant d’endroit au gré des envies, ou de la folie, de sa mère. Cette fois, pourtant, il lui semble que leur fuite cache autre chose, que Janis a un but… Mais lequel ?

★★★★☆

Quel sont donc ces secrets que Janis semble garder au fond d’elle dans son esprit empreint de folie ? C’est cette question qui va obnubiler Titouan, pourtant habitué à soutenir sa mère depuis qu’il est tout petit. Déscolarisé, solitaire, autodidacte de l’accordéon, Titouan n’a toujours vécu qu’avec sa mère, parfois avec ses amants selon les endroits où il vivait. Il l’a toujours vu dans son monde, à part, un peu folle. Il est habitué. Mais lorsqu’elle incendie leur appartement, tout change. Il y a une urgence, un but caché, dans cette fuite à travers la France. Titouan est portant habitué à tout quitter pour tout recommencer ailleurs, à dormir dans la Volvo, à sentir mauvais pendant des jours… Mais pas à voler, braquer, s’enfuir comme un criminel. Il lui faudra faire preuve de patience, d’habileté pour commencer à percer les mystères de sa mère et les secrets qu’elle cache…
Janis est folle est un très beau et sombre texte, une évocation d’une relation mère/fils exclusive, étonnante, presque dérangeante. Il y a de la dureté et de la douceur dans la façon dont le jeune homme évoque sa mère et sa folie, on sent un amour inconditionnel et destructeur, une volonté de Titouan de tout porter sur ses épaules et désirer pourtant vivre une vie d’adolescent « normal », une vie qui lui échappe complètement. L’écriture d’Olivier Ka est toute en finesse, parfois d’une tranchante froideur, d’autres fois plus lumineuse, et nous laisse souvent au bord d’émotions très fortes. Un très beau roman !

Janis est folle, Olivier Ka (Rouergue)
collection DoAdo Noir
disponible le 9 septembre 2015
9782812609305 – 14€
à partir de 14 ans

Son
0

Aliénor Mandragore, t.1 – Séverine Gauthier et Thomas Labourot

9782369811978,0-2704552

Séverine Gauthier est une auteure de BD que Bob aime tout particulièrement, notamment pour son écriture très souvent poétique. Ici, elle change de registre et retrouve Thomas Labourot, avec qui elle avait déjà fait Mon arbre ou encore Garance, deux très belles BD.

Aliénor vit à Brocéliande avec son père, le célèbre enchanteur Merlin. Un jour où il lui transmet ses connaissances sur les champignons, Aliénor, qui l’écoute d’une oreille distraite, découvre une drôle de plante : la mandragore, dont le cri quand on les arrache est capable de tuer. Aliénor arrache la mandragore et survit ! Mais Merlin, qui faisait son petit malin, est tué sur le coup…

★★★★☆

Voilà le point de départ de cette première aventure d’Aliénor Mandragore où un Merlin ronchon ne compte pas rester mort très longtemps. La légende arthurienne est un terreau fertile pour les auteurs de BD ou de romans, et Séverine Gauthier a choisi ici d’évoquer la légende avec humour ! Nous avons donc un vieux Merlin féru de champignons, une Morgane peu commode qui produit du miel, une Viviane qui ne se déplace jamais sans sa baignoire et un petit Lancelot qui apprend à développer son courage. Et nous avons bien sûr Aliénor, courageuse et espiègle, qui se découvre des dons… Le scénario de Séverine Gauthier mélange habilement aventure, humour et légendes bretonnes, les dialogues sont savoureux – j’ai particulièrement aimé la rencontre d’Aliénor avec l’Ermite – et ce premier tome se suffit à lui-même avec une chute aussi drôle que le reste du volume.

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Les illustrations de Thomas Labourot se marient parfaitement avec l’histoire : un découpage dynamique, des personnages expressifs, de magnifiques décors, des couleurs pêchues et plein de petits détails ou scènes d’arrière-plan humoristiques.
En bonus dans ce volume, L’écho de Brocéliance, la feuille de chou de la forêt qui nous offre quelques moments supplémentaires en compagnie des héros de l’histoire, avec une interview de la fée Morgane, une recette de potion magique ou encore des petites annonces et publicités !
Un excellent moment à passer dans la forêt de Brocéliande, une première histoire ébouriffante qui donne très envie de découvrir les prochaines aventures d’Aliénor ! 🙂

Aliénor Mandragore – 1, Merlin est mort, vive Merlin !, Séverine Gauthier et Thomas Labourot (Rue de Sèvres)
disponible depuis le 2 septembre 2015
9782369811978 – 12€
à partir de 9 ans

Son
2

Le pays qui te ressemble – Fabrice Colin

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Après vous avoir présenté le roman d’Audren dans la nouvelle collection Litt’ chez Albin Michel, c’est au tour de celui de Fabrice Colin. 😀 Dont la couverture, que je trouve très cool, annonce très bien la couleur !

Jude et Lucy, des jumeaux, ont perdu leur mère et s’apprêtent à passer leurs premières vacances sans elle. Lorsque Maryline, leur grand-mère fantasque, leur révèle qu’elle n’était pas leur mère biologique, ils décident de partir à la recherche de leur génitrice, sans rien en dire à leur père, dévasté. Et c’est en camping-car que toute la famille traverse l’Europe à la recherche de cette mère biologique.

★★★☆☆

Si vous connaissez un peu les Beatles, vous avez sans doute déjà noté la référence dans les prénoms de nos jeunes héros ? Il se trouve en effet que Noël Farrow, le papa des jumeaux, est le spécialiste mondial du groupe et que Lucy et Jude soupent des Beatles depuis leur plus tendre enfance. Mais là n’est pas la question car il s’agit pour les jumeaux de découvrir qui, dans la liste des anciennes petites amies de leur père, est leur véritable mère. Leur périple à travers l’Europe, et même au-delà, va les mener à se redécouvrir après la tragédie, à mieux gérer leur deuil (ou pas du tout pour certains) et à essayer de comprendre pourquoi il est si important de retrouver leur génitrice alors que leur mère d’adoption était si géniale. Je ne vous en dirais pas plus sur l’histoire, qui se laisse découvrir au fil du voyage avec appréhension, doute, terreur, mensonges et situations rocambolesques. On s’attache très vite à cette famille déglinguée, à ce père au bout du rouleau, à ces adolescents paumés et à cette grand-mère totalement déjantée qui ne se laisse pas marcher sur les Louboutin. Et à Simone, of course (mais je vous laisse découvrir ce personnage). Un road-trip très pop, qui en fait un chouette moment, entre rire et émotion ! 🙂

Le pays qui te ressemble, Fabrice Colin (Albin Michel)
collection Litt’
disponible le 2 septembre 2015
9782226318503 – 14€
à partir de 13 ans

Son
2

Billie Fossette : à la ferme du laurier rose – Sabrina Bensalah

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Billie Fossette est une petite fille au caractère bien trempé. Après de nombreuses frasques, elle est renvoyée de son école. Une aubaine pour celle qui n’aime pas l’école ! Sauf que ses parents en ont décidé autrement ! Agacés par le comportement de Billie, ils décident de l’emmener à la ferme du Laurier Rose, où un couple de fermier se charge de redonner un peu de discipline aux jeunes…

★★★☆☆

Et c’est là que commence une histoire complètement loufoque, dans la plus pure lignée des romans de la collection Pépix. Sabrina Bensalah, dont c’est le premier roman dans cette collection (on vous avait chroniqué son Exprim’ qui était génial !), s’en est donnée à cœur joie en matière d’irrévérence ! Billie est une petite boule pleine d’énergie, salopette et cheveux en bataille, qui n’hésite pas à répondre aux adultes, pour notre plus grand bonheur. Et sans aucun doute celui des enfants… 😛 Une petite fille pas si éloignée de Fifi Brindacier, en somme.
Il y a de l’humour, donc, mais aussi des personnages truculents : de bons méchants, les biens nommés monsieur et madame Lamatraque, propriétaires du Laurier Rose, qui vont mener la vie dure à Billie ; des amis fidèles mais un peu spéciaux, Brunella et Baptistin (vous voyez le tableau, hein ?) ; une Sorcière ? ; et des poules qui semblent parler… Et en guest-star : Stromae (formidable, non ? *ooouuuh, personne ne l’avait faite, celle-là*). En tous cas, on ne s’ennuie pas dans cette aventure rocambolesque, où la magie et un peu de peur s’ajoutent aux ingrédients habituels de la collection.
J’ai cependant été un peu moins convaincue par l’écriture de Sabrina Bensalah sur ce roman, je n’y ai pas retrouvé ce qui m’avait plu dans Vers le bleu. Bien qu’il soit destiné à un tout autre public et sur des thèmes très différents, j’ai trouvé cette Billie Fossette malgré tout un peu trop dans le moule. Mais ça n’enlève rien au plaisir de lecture que trouveront les plus jeunes dans cette histoire en plus très joliment illustrée ! 🙂

Billie Fossette : à la ferme du laurier rose, Sabrina Bensalah (Sarbacane)
collection Pepix
disponible le 2 septembre 2015
9782848658148 – 10,90€
à partir de 8 ans

Son
3

Là où tombent les anges – Charlotte Bousquet

9782354882068,0-2690085

Après avoir été totalement électrisés par Brainless de Jérôme Noirez, Bob et Jean-Michel avaient hâte de découvrir le nouveau texte de la prometteuse collection Electrogène. Une collection qui porte vraiment bien son nom !

Solange, 17 ans, quitte son village après avoir essuyé les coups de son père une fois de trop. Elle retrouve Lili, son amie d’enfance, à Paris. Les deux jeunes filles courent les bals populaires, travaillent durement pour gagner leur vie. Jusqu’à ce que Solange rencontre Robert Maximilien, un banquier qu’elle finit par épouser. Mais l’homme se révèle vite abusif et, lorsque la guerre éclate et que Robert est appelé au front, Solange commence à respirer…

★★★★★

Quelle fresque magnifique ! Il m’est encore difficile de trouver les mots après avoir refermé la dernière page de ce roman historique tout en force et en émotion… Charlotte Bousquet nous raconte la vie de femmes, plus particulièrement de Solange mais également de ses amies, pendant la Première guerre mondiale. De la fille de joie sur le front en passant par les munitionnettes ou les couturières jusqu’aux aristocrates, ce sont les vies, et la survie, de toutes ces femmes qui nous passionne, qui nous tient en haleine alors que la guerre fait rage, que les amoureux, les fils, les maris, les inconnus, affrontent les allemands. Il n’y a peut-être que Solange qui tremble différemment des autres, qui craint le retour de Robert, de sa jalousie, du contrôle qu’il maintient sur elle, de sa violence.
Charlotte Bousquet nous décrit avec beaucoup de talent et une très riche documentation le Paris de la Belle Epoque, l’insouciance des bals populaires, les cabarets macabres qui font fureur puis la terreur de la Première guerre mondiale et, surtout, la condition des femmes à cette époque. Solange est la représentation parfaite de cette condition, on suit son évolution avec appréhension puis défi, on s’attache à elle, à Clémence, à Lili, à Emma…à toutes ces femmes aux secrets, convictions ou vies différentes. L’intérêt historique du roman est certain, d’autant que l’auteure débute chaque chapitre avec l’extrait d’un quotidien ou d’un texte de l’époque, que Solange rencontre de nombreux artistes que nous connaissons bien (Marcel Proust ou Erik Satie pour les plus connus). Mais ce qui fait de Là où tombent les anges un roman véritablement splendide, c’est bien toute l’émotion que nous ressentons à la lecture des mots de Charlotte Bousquet, la complexité et la variété de ses portraits de femmes, mais aussi l’importance du féminisme, de la liberté. Un témoignage foisonnant et rare sur la condition féminine de cette période. Un roman magnifique et indispensable.

Là où tombent les anges, Charlotte Bousquet (Gulf Stream)
collection Electrogène
disponible le 3 septembre 2015
9782354882068 – 17€
à partir de 15 ans

Son
4

Wild girl – Audren

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En cette rentrée, Albin Michel lance une toute nouvelle collection : Litt’, des romans français à destination des adolescents à partir de 13 ans. Les deux premiers titres sont signés par des auteurs que nous connaissons bien : Audren et Fabrice Colin. Aujourd’hui, c’est celui d’Audren que l’on vous présente ! 🙂

1867. Milly Burnett, toute jeune institutrice de 19 ans, décide de quitter sa vie bourgeoise au Massachussetts et se rend dans le Montana, où elle sera sans doute utile aux enfants des colons et, surtout, libre et heureuse. Après un long et dur voyage, elle arrive à Tolstoy, une bourgade de chercheurs d’or. Mais le quotidien n’est pas facile, entre les conventions puritaines encore importantes et les coups de feu à toute heure du jour et de la nuit… Il le sera encore moins quand elle accueillera dans sa classe un jeune homme de 17 ans, Joshua, petit frère de la terreur du coin…

★★★☆☆

On connaît le talent d’Audren et après nous avoir régalé de ses Orphelines d’Abbey Road, elle nous entraîne cette fois-ci dans le Far West, où une jeune femme en avance sur son temps va découvrir le véritable sens de la liberté. Comme l’auteure nous l’explique en préambule, si son roman est une fiction, il est en tous cas parfaitement documenté et on découvre avec intérêt les difficultés du voyage de l’Est vers l’Ouest ; de la condition des femmes à l’époque, et notamment de la chance de Milly d’être née dans une famille quasi « parfaite » (notamment sur les questions de société : abolition de l’esclavage, droits des femmes…) ; de la création des États ; du sort réservé aux tribus indiennes… Mais c’est surtout Milly que nous suivons avec beaucoup de plaisir, et souvent d’appréhension car la jeune femme ne va pas connaître une vie de tout repos ! Il y a parfois un petit côté Petite maison dans la prairie, on est plutôt loin du western rugueux, mais ça n’en est pas désagréable. C’est justement ce qui fait l’intérêt de Wild girl : ce souffle de romantisme et de liberté que l’on ressent à chaque page. Même si je l’ai trouvé parfois un peu plombé par une écriture trop descriptive et insistante, cela n’en reste pas moins un joli roman, qui se lit de façon très agréable et plutôt rafraîchissant dans le genre.

Wild girl, Audren (Albin Michel)
collection Litt’
disponible le 2 septembre 2015
9782226318510 – 15€
à partir de 13 ans

Discussion
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146298 – Rachel Corenblit

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Elsa entre pour la première fois chez un tatoueur. Elle a décidé de marquer sa peau de façon indélébile avec un tatouage très significatif…Plutôt débile pensent ses amis. Car c’est suite à une remarque qu’elle s’est décidée. Elle va graver sur sa peau un nombre riche de sens : 146298.

1, 2, 3, nous irons au Bob

★★★☆☆

Une voix forte, rageuse, en colère s’élève dans ce court roman. Il y a des choses dont on ne parlait pas dans la famille d’Elsa, jusqu’au jour où un cours d’histoire lui apprend la signification du numéro tatoué sur l’avant-bras de sa grand-mère. Une véritable révélation. Et une colère gigantesque. Elsa va alors soutirer son histoire à sa grand-mère, alors que celle-ci oublie justement peu à peu son passé. Une histoire liée à la grande, celle des camps de concentration. Et quand son petit ami utilise une expression malvenue, la décision d’Elsa est prise. 146298 est un texte court mais percutant, étonnant aussi de par sa façon de traiter le travail de mémoire. Je n’ai pas très bien saisi les motivations d’Elsa dans cette histoire, j’ai trouvé ses réactions parfois extrêmes. D’autant plus que la fin est très brusque, nous abandonnant songeur. Un texte qui ne laissera sans doute pas indifférent, mais qui n’est pas parvenu à me toucher complètement.

4, 5, 6, manger des Jean-Michel

★★★★☆

Bob : tu es dur avec la jeunesse quelquefois 🙂 Elsa est une adolescente dont l’entourage n’a pas pris la peine d’apporter de réponses à ses questions : d’où vient-elle ? quelle est l’histoire de sa famille ? pourquoi ne faut-il pas embêter sa grand-mère avec ça ? J’aurais moi-même souhaité en savoir plus, coûte que coûte : les réactions d’Elsa sont à la hauteur des frustrations causées par ses parents : c’est évident qu’elle finisse par se fâcher. Ce qui retentit véritablement dans ce roman c’est le récit de sa grand-mère : celui d’une déportée, encore jeune qui a connu la mort de ses proches, la faim, la soif et toute l’horreur des camps. En lisant son Histoire j’ai eu les larmes aux yeux et ainsi, à l’entente du témoignage de son aïeule, Elsa est sous le choc et le contrecoup ne se fait pas attendre. Elle essaie de savoir, de ressentir : pendant 3 jours elle ne mangera rien ni ne boira…Infructueuses, ces expériences lui montreront qu’elle ne connaîtra jamais ces horreurs et que sa grand-mère est, contre toute attente, une survivante, une héroïne, son héroïne. Se faire tatouer les mêmes chiffres sur son poignet est sa façon à elle de réécrire l’Histoire et je ne crois pas une seule seconde à l’excuse de « la phrase mal placée » de son ami fais pas ta juive, pour moi Elsa avait cette idée qui lui trottait en tête depuis un moment. Un hommage à sa grand-mère que j’ai trouvé juste.

146298, Rachel Corenblit (Actes Sud junior)
collection D’une seule voix
disponible le 2 septembre 2015
9782330053758 – 9€
à partir de 13 ans

Son
4

Nous, les enfants sauvages – Alice de Poncheville

9782211221986, 0-2703710

Vous ne trouvez pas que la couverture de ce roman fout un petit peu les jetons ? 😀 Pourtant, pas d’horreur dans ce livre…enfin…

Après l’éradication des animaux qui ont causé des épidémies et ravagé le monde, celui-ci se reconstruit petit à petit. Linka et sa petite sœur Oska vivent dans la 16e Maison, un orphelinat où chacun doit préparer son avenir pour répondre au mieux aux exigences du Ministère. Un jour, Linka trouve une bête dans un terrain vague. Elle la nomme Vive et, se sentant soudain plus forte avec la présence de cet être étrange, elle commence à rêver d’une autre vie…

★★★★★

Imaginez un monde sans animaux, un monde où le métier le plus prestigieux est celui de chasser les oiseaux pour les tuer. Dans l’univers imaginé par Alice de Poncheville, c’est l’élevage intensif, les traitements infligés aux bêtes qui ont conduit le monde à sa perte. Aujourd’hui, il ne reste plus que les rats, indécrottables survivants, et les insectes, source de protéines pour les habitants de ce monde. Et les rares oiseaux ou petits animaux, instantanément exterminés lorsqu’ils sont signalés. Alors quand une flopée d’enfants ne rêve que de voir ces beaux renards ou ces impressionnants éléphants autrement que dans les documentaires du vieux monde, il ne faut pas s’étonner qu’on parle de mystérieux enfants sauvages et de ce terroriste de Docteur Fury…
Le roman d’Alice de Poncheville est magnifique et son histoire, une dystopie, se distingue dans le genre en évitant tous les poncifs des grandes séries à succès. Le résumé ci-dessus ne vous donne clairement pas tout ce qu’on retrouve dans l’histoire, et cela vaut sans doute mieux tant il est beaucoup plus intriguant de découvrir au fur et à mesure le fonctionnement de ce monde, de se laisser emporter dans l’écriture passionnante de l’auteure. Et de faire connaissance avec des personnages tous plus intéressants les uns que les autres. Linka et sa sœur, ainsi que tous les autres personnages que nous rencontrons, sont vraiment attachants. Même si le rôle d’orphelin dans une histoire initiatique n’est pas nouveau, ni les directeurs d’orphelinats peu amènes, l’engouement pour l’histoire est telle que cela ne nous dérange pas, on veut juste se laisser porter par le vent, à l’instar de Vive, jusqu’à la fin du roman. Nous, les enfants sauvages est une très belle ode à la nature, on se laisse emporter dans la poésie des enfants sauvages, les souvenirs d’un monde perdu, les amitiés indéfectibles et la générosité de résistants en passe de mener une rébellion. Je me suis régalée des mots et des images d’Alice de Poncheville, et j’espère que vous en ferez tout autant ! 🙂

Nous, les enfants sauvages, Alice de Poncheville (Ecole des Loisirs)
collection Medium
disponible le 2 septembre 2015
9782211221986 – 19,50€
à partir de 13 ans

Son
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La fille de la ville – Boris Lanneau

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Après trois filles à vélo et une drôle de famille en mini-van, ce sont maintenant cinq mecs en bagnole qui veulent repousser un peu la rentrée. 🙂

Cinq copains, à la vie à la mort. Cinq mecs de la campagne qui rêvent de la fille de la ville. Celle qui revient cet été et qu’il faudra séduire avec une voiture. Et ça tombe bien, ils ont une 2CV de collection. Mais après une chasse au lièvre à fond la caisse, tout tombe à l’eau, la voiture comme les rêves…

★★☆☆☆

Attila, Dolby, Dudu, Jmenba et Rouge-Gorge, pour vous servir. Surnommés l’Equipe, comme au foot. Cinq mecs qui n’ont pas grand-chose à faire dans leur petit bled, surtout pendant ces vacances où ils n’attendent qu’une seule chose : revoir la fille de la ville. Celle qui les a tant émoustillés l’été précédent en étant…pas comme les autres. Une fille spéciale, unique. Et à Saint-Savin, leur petit village, pour séduire une fille, il faut une bagnole. Malheureusement, ils mettent leur 2CV à l’eau après une nuit à toute berzingue et, le lendemain, la voiture disparaît. Les cinq bonhommes vont alors devoir se lancer à la recherche de leur trésor, surtout quand celui-ci ne leur appartient pas : la voiture est en effet au père de Dudu.
Entre les souvenirs de l’été dernier, la découverte de nos cinq héros et leur course contre la montre pour retrouver leur voiture, Boris Lanneau construit un roman où l’action se déroule sur des chapeaux de roue. Les temps-morts, telle la mi-temps en plein milieu de match, sont ceux de la fille de la ville, le moment où l’on rêve de cette créature inaccessible et ô combien mystérieuse. Mais au-delà de cette course effrénée pour récupérer la 2CV, c’est avant tout une histoire d’amitié, de vies de famille, de difficultés à communiquer, de relations entre les gens, de petits moments de tristesse ou de bonheur… Malgré tous ces ingrédients, je ne suis pas parvenue à me laisser emporter totalement dans le roman, sans doute à cause du style très immersif auquel je n’adhère que modérément, qui m’a parfois perdue dans la narration et qui ne m’a pas toujours rendu les personnages sympathiques…

La fille de la ville, Boris Lanneau (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible le 2 septembre 2015
9782848658193 – 15,50€
à partir de 14 ans