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Le joueur de flûte de Hamelin

Noël est la période propice à la lecture et à l’écoute de contes et ça tombe bien car c’est également la période où les éditeurs s’en donnent à cœur joie ! Aujourd’hui, Bob vous parle de deux livres parus en même temps, qui s’intéressent au conte du Joueur de flûte de Hamelin, inspiré d’une légende qui se déroula en 1284. Deux versions différentes, tant dans le texte que dans l’illustration. Mais avant tout, petit rappel de l’histoire :

Dans la ville de Hamelin, l’avarice de ses habitants les poussent à se débarrasser de leurs chats pour ne pas avoir à les nourrir. Évidemment, les rats en profitent pour s’inviter dans les maisons. Le maire propose alors une somme de mille pièces d’or à qui parviendra à les débarrasser de cette peste. C’est ainsi qu’un joueur de flûte se présente et, grâce à un air de musique, parvient à faire fuir les rats. Mais le maire n’est pas prêt à payer le joueur de flûte pour si peu d’effort… La vengeance du joueur de flûte sera alors terrible…

Le conte vu par Kochka

9782916899473,0-3011168

Le texte de Kochka est une adaptation d’après le conte des frères Grimm. Si vous avez déjà lu d’autres contes adaptés par l’auteure, vous connaissez la qualité de son écriture, sensible et accessible. Les illustrations d’Alice Bruneau, dans l’esprit de l’époque du conte, sont également un hommage aux peintres flamands Brueghel (le vieux et le jeune), et sont en parfaite relation avec l’histoire qui nous est racontée. Malgré la cruauté du conte, je trouve que l’ensemble délivre une impression de douceur, où la moralité tient à l’avarice des habitants. De belles images, une neige omniprésente et des tons très doux qui nous font nous pelotonner près du feu.

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Le joueur de flûte de Hamelin, Kochka d’après les frères Grimm, illustré par Aline Bureau (Père Castor-Flammarion)
disponible depuis le 14 octobre 2015
9782916899473 – 13,50€
à partir de 6 ans

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Le conte vu par Thomas Baas

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Dans l’adaptation réalisée par Thomas Baas, l’histoire s’attarde plus longuement sur l’arrivée des rats et la difficulté de les faire partir. Un choix qui ajoute au côté sombre du conte, d’autant plus que les illustrations de Thomas Baas sont aussi noires que la nuit. On sent très vite les frissons nous parcourir l’échine ! A la différence également de l’album précédent, l’illustrateur a choisi d’ancrer son récit dans un univers plus proche du nôtre : les vêtements, la ville, les boutiques, la nuit de Noël, tout cela nous amène à penser que l’histoire s’est déroulée il n’y a pas si longtemps. Une version quelque peu différente de celle réalisée par Kochka, et bien plus sombre, ce qui ajoute au côté terrifiant de ce conte où des enfants disparaissent pour ne plus jamais revenir dans leur foyer… On vous laisse choisir celle que vous souhaitez offrir à vos enfants ! 😀

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Le joueur de flûte de Hamelin, Thomas Baas (Actes Sud junior)
disponible depuis le 7 octobre 2015
9782330056018 – 16,90€
à partir de 6 ans

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Talitha running horse – Antje Babendererde

9782747040136,0-2688152

Talitha, jeune lakota métisse, vit seule avec son père dans une caravane au cœur d’une réserve indienne. Malgré sa pauvreté et l’absence de sa mère, elle se sent plutôt heureuse. Son bonheur s’élargit lorsqu’elle rencontre la famille Thunderhawk, qui possède un élevage de chevaux Apaloosas. Elle se prend notamment d’affection pour un poulain, qu’elle baptise Stormy, et tombe amoureuse de Neil, le fils de la famille. Mais lorsque la caravane de son père est détruite, la vie de Talitha bascule…

★★★☆☆

Si vous ne connaissez pas les romans d’Antje Babendererde, vous manquez de beaux romans sur les cultures amérindiennes. L’auteure est en effet passionnée par les peuples natifs d’Amérique du Nord, principalement des États-Unis, et tous ses romans s’attachent à faire découvrir ces différentes tribus. Ici, nous suivons donc Talitha, une métisse qui n’a pas la vie facile, notamment à cause des problèmes de racisme qu’elle rencontre (sa mère est blanche, son père lakota) mais aussi de sa situation : son père est au chômage et ne vit que de petits boulots et « services ». Sa famille la plus proche, sa tante et son cousin Marlin, se sont détournés des traditions indiennes et se moquent ouvertement de Talitha et de son père, leur rendant la vie dure. Heureusement, Talitha peut compter sur sa meilleure amie et sur sa nouvelles amitié avec les chevaux et la famille Thunderhawk. Bien sûr, tout ne se passera pas comme sur des roulettes et, entre les moments de la vie de tous les jours de Talitha, rythmée par le collège et les fêtes traditionnelles lakotas, et les tensions familiales ou locales, le roman nous emporte dans différentes directions.

Talitha running horse est un beau portrait de jeune fille optimiste, rêveuse et courageuse. J’ai beaucoup aimé cette découverte de la culture lakota, entre les traditions et les histoires qui restent importantes pour chacun et leur conciliation avec la vie actuelle. Roman social assurément, Antje Babendererde n’est cependant pas dans la dénonciation des conditions de vie dans les réserves indiennes – le lecteur se fait cette constatation tout seul – mais plutôt de nous emmener à la rencontre de peuples qui nous sont peu ou pas connus. Tout cela avec les ingrédients d’une bonne histoire : de l’amour, des péripéties, de la tension dramatique, de l’espoir, des déceptions, etc. Un roman bien écrit qui se lit avec beaucoup de plaisir. 🙂

Talitha running horse, Antje Babendererde, traduit par Vincent Haubtmann (Bayard Jeunesse)
disponible depuis le 22 octobre 2015
9782747040136 – 15,90€
à partir de 13 ans

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Classiques illustrés

La période de Noël voit toujours la parution de beaux albums. Aujourd’hui, Bob vous propose une belle sélection de textes classiques illustrés par des artistes contemporains, à offrir à tous et à (re)lire ! 🙂 On y parlera pas forcément des textes, le plus souvent connu, mais surtout des images qui les accompagnent.

Docteur Jekyll & Mister Hyde

9782745965486,0-2710975

L’un des plus célèbres textes de R.L. Stevenson est ici traduit et adapté par Maxime Rovere. C’est Sébastien Mourrain qui illustre avec un certain brio l’univers fiévreux et inquiétant de cette histoire fantastique. La couverture, tout en relief et particulièrement belle, donne parfaitement le ton, à la fois de l’histoire mais aussi des illustrations. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais ce papillon illustrant la double personnalité est particulièrement beau et effrayant, non ? Sébastien Mourrain a choisi de rester dans les tons de la couverture pour l’intérieur du livre : du noir et blanc, avec une touche de jaune, ce qui donne une atmosphère toute particulière à ce texte rendu accessible aux plus jeunes. Un album sombre et envoûtant, une belle relecture de ce classique.
Rendez-vous sur le site de l’illustrateur pour quelques aperçus. 🙂

Docteur Jekyll et Mister Hyde, Robert Louis Stevenson, illustré par Sébastien Mourrain, traduit et adapté par Maxime Rovere (Milan jeunesse)
collection Albums classiques
disponible depuis le 7 octobre 2015
9782745965486 – 16,90€
à partir de 10 ans

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L’appel de la forêt

9782848657950,0-2705141

C’est dans la collection des « Grands Classiques illustrés » que nous retrouvons maintenant L’appel de la forêt. Publié pour le centenaire de la mort de Jack London, le texte s’offre une nouvelle traduction par Annie-France Mistral et, surtout, les illustrations splendides de Maurizio Quarello. Comme pour les autres titres de la collection, le format est grand (plus que le double décimètre de Bob, c’est dire !) et agréable, le texte intégral est accompagné d’illustrations en pleine page, voire en double-pages. Un vrai régal pour les yeux que ces magnifiques peintures à l’huile de Maurizio Quarello, aussi riches que le texte de London et où le sauvage et la beauté des grands espaces se disputent à la cruauté des hommes. Un album superbe, un hommage vibrant à l’œuvre pleine d’aventure de Jack London, la meilleure façon de lire ou relire ce très beau roman.

L’appel de la forêt, Jack London, illustré par Maurizio A.C. Quarello, traduit par Annie-France Mistral (Sarbacane)
collection Les grands classiques illustrés
disponible depuis le 7 octobre 2015
9782848657950 – 23,50€
à partir de 10 ans

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Peter Pan

9782013831369,0-2352043

L’ouvrage le plus volumineux de cette sélection, c’est Peter Pan qui, de ses 200 pages, en compte une bonne moitié illustrée. C’est Régis Lejonc (que Bob adore !) qui nous propose sa version de cette histoire centenaire, que l’on prend énormément de plaisir à relire, d’autant plus quand la version de Disney nous a pas mal parasité. J’ai beaucoup aimé le style qu’a choisi Régis Lejonc, en parfait accord avec l’époque où a été publié le roman, puisque tous ses tableaux ne sont pas sans rappeler l’Art nouveau (moi qui adore Alfons Mucha, j’ai été servie). Grâce à ces images, je me suis surprise à redécouvrir le texte et à l’apprécier tout autrement. Une très belle expérience de lecture et encore un très beau livre à offrir !

Peter Pan, James Matthew Barrie, illustré par Régis Lejonc, traduit par Michel Laporte (Gautier-Languereau)
disponible depuis le 21 octobre 2015
9782013831369 – 25€
à partir de 10 ans

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Harry Potter à l’école des sorciers

9782070669073,0-2723765

On termine avec l’incontournable pour Noël, à offrir impérativement à tous les fans d’Harry Potter ! C’est Jim Kay qui illustre ce tout premier tome illustré et c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on découvre chacun de ses tableaux au cours de la relecture. Malgré les images que l’on garde des film ou des précédentes couvertures des livres, nous ne sommes pas déçus de l’apparence de Drago ou de Hagrid et, surtout, on passe son temps à regarder les petits détails, qui ajoutent à l’univers, et les couleurs, superbes ! L’édition la plus chère de cette sélection mais qui fera le bonheur de tous les fans du petit sorcier à la cicatrice. Ce sera d’ailleurs l’un des cadeaux de Bob, obligé !

Harry Potter à l’école des sorciers, J.K. Rowling, illustré par Jim Kay, traduit par Jean-François Ménard (Gallimard jeunesse)
disponible depuis le 22 octobre 2015
9782070669073 – 39€
à partir de 10 ans

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Dans de beaux draps – Marie Colot

9782874262708,0-2747908

Jade, 14 ans, vit dans une famille nombreuse mais recomposée : chaque enfant est issu d’un père ou d’une mère différents. Un jour arrive Rodolphe, le fils de son beau-père, plus âgé et super craquant. Une simple photo de lui sur Facebook va entraîner Jade sur la piste du mensonge, un mensonge qui va vite la dépasser…

★★★★☆

Bob et Jean-Michel sont vraiment très heureux de ne plus être au collège ou au lycée à l’heure des réseaux sociaux. Dans ce roman, Marie Colot s’intéresse donc à l’importance et l’omniprésence de Facebook, Twitter et consorts dans la vie des adolescents. Mais surtout, à leur dérive et à ce qu’il y a de pire dans leur utilisation : la jalousie, les insultes, les moqueries, les menaces… Comment Jade, jeune fille intelligente mais un peu transparente, va devenir la fille « populaire » après avoir posté une photo de Rodolphe, son demi-frère, dont tout le monde va penser qu’il est son petit ami…et qu’elle ne va pas démentir. A partir de ce moment, la vie de Jade semble s’améliorer à son goût : elle devient copine avec les filles les plus cools, se fait gentiment draguer par les mecs plus âgés…jusqu’au moment où son ancien flirt éprouve de la jalousie. Tout commence alors à se gâter pour Jade, qui va subir non seulement un harcèlement en ligne mais également au collège… Jusqu’au soir où tout dérape…

Dans de beaux draps, court roman mais percutant, est passionnant par son évocation de l’adolescence et de la difficulté de s’y sentir bien. L’écriture de Marie Colot est forte, efficace, et nous entraîne du début à la fin avec une facilité déconcertante. Roman sur les réseaux sociaux oblige, de nombreux statuts Facebook s’insèrent dans la narration, nous rendant encore plus proche de Jade et de son malaise. J’ai beaucoup apprécié cette histoire, cette tension durant tout le roman où l’on sait que quelque chose de terrible va se passer (Jade nous le dit dès le premier chapitre), sans savoir quoi tout en se doutant et redoutant d’y arriver. Réflexion sur le mensonge et la volonté de s’exhiber sur le net, d’être aimé et reconnu, Marie Colot signe un roman juste, non dénué d’humour malgré tout ce que j’ai pu en dire, qui trouvera une résonance significative chez les adolescents.

Dans de beaux draps, Marie Colot (Alice jeunesse)
collection Tertio
disponible depuis le 29 octobre 2015
9782874262708 – 12€
à partir de 14 ans

Son
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Secrets d’étoffes – Claude Fauque, Anne Lascoux et Charlotte Gastaut

9782226257840,0-2761632

Nous avons trouvé LE cadeau parfait pour votre cousine qui aime la mode, pour votre mamie qui vous racontait des histoires quand vous étiez petit tout en vous tricotant un bonnet pour l’hiver, pour vos neveux qui ont lu Charles Perrault avec la maîtresse. C’est Secret d’étoffes et c’est juste magnifique ! 😀

★★★★★

Dans ce recueil, Claude Fauque et Anne Lascoux ont choisi de présenter différents contes du monde entier à travers un angle étonnant : les tissus, les vêtements, les fils et les aiguilles… Mais elles ne se contentent pas seulement de rassembler des contes sur ce thème, la dernière partie du livre nous invite en effet à découvrir l’histoire et les secrets des tissus, des couleurs, des « pouvoirs » qu’on leur prêtait, etc.

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Parlons tout d’abord des contes : ils viennent véritablement du monde entier. On en retrouve certains que l’on connaît déjà, comme Barbe-Bleue ou Peau d’Ânette, mais tout ont été réécrit ou adapté par les auteurs. Ils sont présentés selon plusieurs thématiques : « la magie des tissus », « plus précieux que l’or », « parures », etc. Et tous sont relativement courts et très beaux à lire à voix haute. On peut ainsi choisir de lire et relire chacun des contes pour en apprécier toutes les sonorités.
Pour la partie documentaire, celle-ci reprend exactement la trame proposée pour la présentation des contes et nous offre ainsi un bel éclairage sur les histoires que nous avons découverts. On nous parle ainsi de l’origine de telle ou telle étoffe, des techniques, de l’histoire et des échanges commerciaux qui ont amené les étoffes dans une région du monde ou une autre, de l’utilisation de certains fils qui avaient des propriétés magiques… Bref, on découvre beaucoup d’informations très intéressantes, qui insistent sur l’importance des pelotes, des aiguilles ou des robes dans les contes.

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Je terminerais sur les illustrations, signées Charlotte Gastaut, qui rendent cet ouvrage absolument splendide. On retrouve tout ce qu’on aime chez elle, à commencer par les dorures, les tableaux en pleine page… Qu’elles soient en noir et blanc, en couleurs, ou en papier découpé (pour la partie documentaire) donnant un aspect très dentelle, on se laisse totalement subjugué par la variété et la beauté de toutes ces illustrations. On pourrait passer des heures à les contempler, les admirer.

Cette complémentarité entre le texte et l’illustration fait de Secrets d’étoffes un ouvrage indispensable à toute bibliothèque ! C’est une découverte riche et passionnante qui offre également une vision inédite des contes que l’on connaît. Enfin, il faut également saluer la superbe couverture, douce au toucher, tel un tissu, détail parfait pour le sujet de ce très beau livre. 🙂

Secrets d’étoffes, Claude Fauque et Anne Lascoux, illustré par Charlotte Gastaut (Albin Michel jeunesse)
disponible depuis le 28 octobre 2015
9782226257840 – 25€
à partir de 6 ans

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Le tueur d’écume – Michel Honaker

9782700250886,0-2778252

On ne vous présente plus Michel Honaker, auteur prolifique en littérature jeunesse, dont les récits touchent au polar, à l’histoire, l’aventure ou encore le fantastique. Chez Bob et Jean-Michel, notre préféré c’est Terre Noire, cette sublime fresque russe. Dans ce nouveau roman, l’auteur nous propose une nouvelle aventure, maritime, cette fois, aux accents de thriller…voire de frissons.

Dans l’océan Pacifique, les légendes sont nombreuses. Il y a notamment celle d’un supertanker qui fait chavirer tous les navires qu’il rencontre. Cliff n’y croyait pas, jusqu’au jour où une ombre gigantesque menace son frêle bateau…

★★★☆☆

Après son naufrage et la perte de son coéquipier, Cliff se retrouve sur l’île de Wake, à répondre aux questions des enquêteurs, sceptiques. Car selon les radars, il n’y avait aucun cargo, aucun supertanker dans les parages lorsque son bateau a littéralement été coupé en deux. Pourtant, quelqu’un va le croire : un avocat, Argill, qui travaille pour un commanditaire anonyme dont le but est de mener la chasse à ce navire fantôme. Accompagné d’Amber, une amérindienne au don étrange, et d’un capitaine grec, Karras, qui a des comptes à régler avec ce supertanker, Cliff va reprendre la mer. Et tout ce beau monde va se mettre à traquer ce navire de légende, qui hante le Pacifique depuis plusieurs décennies…
Comme dans L’agence Pinkerton, on retrouve dans ce nouveau roman le savant mélange entre le folklore amérindien et les légendes urbaines…ou maritimes, en l’occurrence. On se laisse très vite entraîner dans cette course poursuite en mer, à la recherche de ce vaisseau fantôme dont on veut percer tous les mystères. Michel Honaker ménage très bien son suspense, son écriture efficace nous fait passer de scène d’action en scène d’action tout en nous offrant quelques moments de répit pour nous laisser un peu souffler. Ceux qui ont un peu peur de l’eau (comme Bob) ne trouveront là aucune raison pour se laisser entraîner dans un bateau car toutes les peurs imaginables sont présentes : naufrage, solitude face à l’immensité, noyade… Bref, pas de quoi se réconcilier avec la mer. Mais les jeunes amateurs d’aventure et de mystère devraient y trouver leur compte. 😛

Le tueur d’écume, Michel Honaker (Rageot)
disponible depuis le 7 octobre 2015
9782700250886 – 11,90€
à partir de 11 ans

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Troisième branche à gauche – Alexandra Pichard

troisièmebrancheàgauche19h. Toujours pas de papa, seul le chat est dans le champ de vision de la fillette qui se met en tête d’aller jouer dehors avec lui. En tant que félin qui s’en contrecarre : il se contente de ne rien faire. Puis de disparaître dans l’arbre au nez et à la barbe de l’enfant. En grimpant pour retrouver son chat « domestiqué » (sommes-nous les seules à avoir trouvé que ce chat était un peu salaud de partir sans prévenir ?), elle va demander à chaque personnage qu’elle croisera s’ils ont vu son animal. Tous répondront par indice mais chacun cherche quelque chose…La fillette va t-elle parvenir à trouver son chat ?

En ouvrant cet album, vous allez découvrir une galerie de personnages éclectiques prospectant pour des choses variées, aussi :
 Un oiseau cherche son nid
 Un ver blanc cherche son amie la jolie chenille à lunettes
 Un patineur cherche une écharpe en mohair couleur moutarde
 Un homme en pyjama cherche sa chaussette gauche
 Un gardien de zoo cherche un tigre qui s’est enfuit
 Un homme affublé d’un chapeau de cow-boy cherche un hors-la-loi
 Un teckel, un bouledogue et un fox-terrier cherchent une baballe
 Un musicien bwitish cherche son bwosse à cheveux
 Un chauffeur de bus cherche l’arrêt Picpus
 Un coureur cherche la ligne d’arrivée
 Une baleine cherche son poisson-chat

TroisiemeBrancheextrait

Autant de mauve ferait fondre de douceur n’importe quel patibulaire et rappelle aussi l’appartement de Monica & Rachel dans Friends : on ne quitterait sous aucun prétexte cette couleur pastel (vous trouvez cette comparaison étrange ? nous aussi.) Avec cet album c’est la même chose, on veut rester dans cet environnement calme à l’atmosphère poétique. Et attention c’est un livre-jeu, un cherche-et-trouve original toujours avec ce ton audacieux et humoristique emblématique des Fourmis Rouges. Vous percerez le mystère de la baballe bleue disparue, verrez l’arrêt Picpus là où le chauffeur a échoué et la jolie chenille à lunettes vous attendrira lorsque vous la rencontrerez.

Cette fillette part dans les méandres de son imagination, un méli-mélo bien orchestré par Alexandra Pichard qui vous emportera tout en haut de cet arbre labyrinthique. Essaie t-elle de se rassurer en se disant que si son papa n’est toujours pas rentré c’est qu’il a d’autres préoccupations ? Tout comme les personnages à qui elle a demandé de l’aide pour retrouver son chat, ils étaient tous affairés à autre chose. S’apercevoir que nous ne sommes pas le centre du monde, cela s’appelle t-il grandir ? L’apprentissage de la patience n’est-il pas synonyme de maturité ?
Merci Alexandra Pichard de nous avoir remémoré les années 90 et d’avoir battu Jacques Pradel : cet album est un bien meilleur divertissement que l’émission Perdu de vue.

Troisième branche à gauche, Alexandra Pichard (Les Fourmis Rouges)
disponible depuis le 5 novembre 2015
9782369020493 – 16.50€
à partir de 3 ans

Discussion
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La belle rouge – Anne Loyer

9782874262678,0-2687681

Kader est un adolescent en difficulté qui a navigué de familles d’accueil en foyer, passages entrecoupés de démêlés avec la justice. Son quotidien est bien loin de lui convenir dans son centre pour mineurs et il donne du fil à retordre à Christian, éducateur. Un soir de dispute, Kader s’enfuit et ouvre la première porte d’un camion qu’il trouve ouvert sur un parking, celui de Marje, une camionneuse au fort tempérament. La rencontre entre ces deux personnages est détonante, pour notre plus grand plaisir. 🙂

Dans la camionnette de Jean-Michel

★★★★☆

Une rencontre hors du commun qui m’a captivée : entre un rebelle à tendance petit délinquant qui se cherche et une femme solide qui ne jure que par son engin qu’elle surnomme « la belle rouge », les échanges sont croustillants. Persuasive, Anne Loyer nous fait adorer ce duo surprenant. Quand Marje découvre le jeune homme dans son habitacle, sa première réaction est de le jeter dehors après qu’il eût été passablement désagréable et impoli. Rapidement, elle va le rapatrier près d’elle et faire en sorte de lui délier la langue…cet adolescent en fugue envahissant son espace vital doit bien avoir quelques révélations à faire ? Abandonné par sa mère très jeune, Kader a en tête de la rejoindre au Maroc aujourd’hui – il ne le dit pas mais ce garçon a besoin d’une figure maternelle, d’un réconfort qui briserait sa forteresse de solitude. Gros dur au cœur meurtri, il va trouver en Marje le symbole d’une guide impétueuse et moelleuse (oui moelleuse, parfaitement : Marje me fait cet effet-là). Cette conductrice aguerrie possède aussi un lourd secret, échange de bon procédé : elle se dévoilera au fil des révélations de Kader. L’histoire s’inscrit dans la réalité : il ne s’agit pas d’un conte moderne où le rose est prépondérant et la fin à paillettes. Ici, les responsabilités sont prises en considération…Marje emmène l’adolescent avec elle certes, mais elle a des responsabilités en agissant ainsi, et elle les prend. Un roman terre-à-terre où deux exclus jouent des coudes dans l’axe brutal de la vie et trouvent les réponses à leurs questions. Merci Anne 🙂 (quoiqu’un peu court ce roman : on voulait encore plus de Marje et de Kader).

En stop avec Bob

★★★☆☆

C’est justement ce que j’ai le plus regretté : que le roman soit si court. Je rejoins Jean-Michel sur cette très belle relation qui se noue entre ces deux personnages cassés par la vie. Mais j’aurais aimé notamment mieux connaître Marje, son quotidien de routière et ce secret qu’elle ne révèle à personne. J’ai eu l’impression de voir passer cette histoire aussi vite que la Belle rouge sur l’autoroute, sans avoir eu le temps d’en apprécier toutes les couleurs et tous les détails. Sans doute que les personnages secondaires, Amandine et Christian, les éducateurs de Kader, dont l’histoire s’écrit en parallèle, et auxquels je ne me suis pas particulièrement attaché, ont contribué à cette impression. Il n’en reste pas moins un beau roman, une belle rencontre.

La belle rouge, Anne Loyer (Alice)
collection Tertio
disponible depuis le 15 octobre 2015
9782874262678 – 12€
à partir de 13 ans

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Lever de rideau sur Terezin – Christophe Lambert

9782747056830,0-2688148

Après l’excellent Swing à Berlin, Christophe Lambert s’intéresse à nouveau à l’art pendant la Seconde Guerre mondiale. Comme l’auteur l’explique dans sa postface, nombreux sont les lecteurs à lui avoir demandé s’il y aurait une suite à l’histoire de ses jeunes musiciens de jazz jouant pour le régime nazi. Ce n’était évidemment pas possible, alors l’auteur a pensé à une autre histoire, qu’il avait déjà repérée lors de ses recherches pour ce précédent roman…

Novembre 1943. Victor Steiner, célèbre dramaturge juif, est arrêté et déporté. Il est envoyé à Terezin, en Tchécoslovaquie, un camp qui ressemble à une petite ville, où il va se découvrir un fan : un officier SS qui va lui commander une pièce. Car la Croix-Rouge envoie une délégation pour contrôler le traitement des prisonniers et il faudra les divertir. Mais écrire sous la contrainte, et en plus pour les Nazis, Steiner s’y refuse. Mais il n’a évidemment pas le choix…

★★★★★

Si l’on connaît déjà un certain nombre de romans évoquant les camps de concentration, on connaît peut-être moins celui de Terezin. Il était notamment réservé aux Juifs célèbres, que les disparitions soudaines auraient sans doute alertés. Même s’il était un camp comme les autres, les Nazis le présentèrent au monde comme un modèle de colonie juive, une ville factice. C’est dans cet environnement que va évoluer Victor Steiner, célèbre homme de théâtre français. Après la déportation et la terreur des premiers jours, Steiner va obtenir un semblant de liberté et quelques privilèges lorsque Waltz, un officier nazi, lui demande d’écrire une pièce pour la visite de la Croix-Rouge. Très vite, Steiner va ravaler sa fierté d’auteur libre et se consacrer à l’écriture sous la contrainte car il n’y a pas que son art en jeu, mais aussi la véritable liberté que la Résistance planifie pour la représentation…

Encore une fois, Christophe Lambert nous plonge dans un pan de l’Histoire avec beaucoup de talent. Son écriture, fine et fluide, nous offre un roman haletant malgré le contexte terrible. On y retrouve l’importance de l’art, et notamment du théâtre, pour des personnages à qui il ne semble rester que la misère et la peur. J’ai beaucoup aimé la réflexion sur l’écriture, la contrainte et l’inspiration. Mais j’ai surtout aimé cet hommage vibrant, comme il le fit dans son précédent roman, que Christophe Lambert rend à l’art, l’amitié, la liberté. Et puisqu’il est question de théâtre, il est important de souligner la présence de la pièce écrite par le personnage principal, Victor Steiner, à la toute fin du roman. Une jolie mise en abyme, qui nous montre aussi le talent de Christophe Lambert pour l’écriture en alexandrins. 🙂 Un roman extrêmement bien documenté, qui fait également la part belle à l’aventure et l’émotion. Magnifique !

Lever de rideau sur Terezin, Christophe Lambert (Bayard jeunesse)
disponible depuis le 27 août 2015
9782747056830 – 14,90€
à partir de 13 ans

Son
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Dans les branches – Emmanuelle Maisonneuve

9782370950451,0-2713694

Vous connaissez peut-être les éditions Graine 2 pour leurs très bons guides de voyage à destination des enfants. Eh bien ils font aussi de la fiction, et notamment des romans ! Pour ce premier roman ado, c’est Emmanuelle Maisonneuve qui ouvre le bal, déjà l’auteure de la trilogie Tom Patate. 🙂

Morgan, collégien geek et solitaire, passe son temps dans les jeux de rôle en ligne. Lors d’une course d’orientation, il se perd dans la forêt et, à la nuit tombée, il est persuadé de voir une créature terrifiante, inhumaine, digne des monstres dans ses jeux. Depuis ce jour, il est persuadé de voir cette créature partout et va finir par se lancer à sa recherche… Mais sa quête de vérité va le surprendre encore plus…

★★★★☆

Ou comment un jeune geek mordu de jeu vidéo et un peu empâté par des heures devant un ordinateur va se transformer en amoureux de la nature et aventurier-trappeur dans les forêts du centre de la France. On s’attache assez vite à ce garçon pas très bien dans sa peau ou dans sa vie : pas d’amis, une mère alitée constamment depuis l’accident de voiture qui lui a cassé le dos, un ex-beau-père détestable qui va en plus revenir dans leur famille… Grâce à cette rencontre terrifiante dans la forêt, Morgan, ou plutôt Mo, va pourtant connaître des changements importants. Il va d’abord rencontrer Gaby, un bonhomme qui a acheté une vieille ferme à l’écart de la ville, dans la forêt, qu’il compte retaper. Puis l’étrange bête – un troll ? – qui lui a fait peur lorsqu’il s’est perdu. Une créature qu’il va rencontrer à nouveau lorsque, après une sévère dispute avec son beau-père, il décide de se rendre chez Gaby. Car, cette nuit-là, Mo tombe dans un trou dans la forêt et se brise la jambe. Dans l’impossibilité de fuir, de bouger, Mo voit arriver la créature. Elle le charcute, le tire…elle va sans doute le tuer ! Pourtant, au bout de douze jours dans une grotte, un terrier, Mo est bien vivant, et même soigné. C’est alors qu’il se rend compte que ce qu’il pensait être un troll est en réalité…un enfant !

Je ne vous en dis pas plus sur cette histoire captivante ! Vous aurez compris qu’elle tourne donc autour de ce mythe de l’enfant sauvage. Emmanuelle Maisonneuve ménage bien son suspense : on imagine un peu comme Mo que l’on va avoir affaire à du fantastique, avec cette créature scandinave du troll. Mais il n’en est rien, et c’est bien le mystère qui entoure cet enfant sauvage qui va être au cœur des recherches de Mo. Je me suis vraiment laissé emporter par le souffle de ce roman, même si j’ai parfois été gênée par le contraste entre la narration, très réussie, et les dialogues – ou les pensées de Mo – un peu trop familiers. L’évocation de la nature est une très belle part du roman, apportant moments de douceurs et de poésie, mais aussi toute la rudesse qui la caractérise et que l’on retrouve dans l’enfant sauvage. C’est donc l’histoire d’une relation improbable, de vies chamboulées et de beaucoup, beaucoup d’espoir. Une très belle découverte !

Dans les branches, Emmanuelle Maisonneuve (Graine 2)
disponible depuis le 29 septembre 2015
9782370950451 – 15,90€
à partir de 13 ans