Son
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Lectures d’été #2

Deuxième et dernière partie des lectures d’été de Bob…eh oui, ça sent déjà la rentrée littéraire ! Mais vous verrez, il est encore question de pas mal de voyages et ceux qui aiment se faire du mal y trouveront aussi leur compte. 😛

Catégorie #vacances de la loose

Un mois à l’ouest

A l’époque où Internet, les SMS et Google Maps n’existaient pas encore (quand vos ados n’étaient même pas nés), Fred tombe amoureux d’une canadienne et décide d’aller la rejoindre. Sauf qu’en fait, la miss partageait pas franchement les sentiments, et notre pauvre garçon se retrouve tout seul à errer sur un continent bien loin de chez lui. Commence alors un road-trip entre Canada et États-Unis, où les quelques dollars en poche fondent comme neige au soleil et où gros ratages et belles rencontres se succèdent. Comme toujours, le style de Claudine Desmarteau est vif, incisif, rythmé et nous offre ici de belles tranches d’oralité québécoise. On se régale des tribulations de ce frenchie un poil loser, qui cache malgré tout une véritable profondeur. Des photos en noir et blanc, comme des petites respirations apaisantes dans la galère, parsèment ce road-trip qui sent le vécu !

Un mois à l’ouest, Claudine Desmarteau (Thierry Magnier)
disponible depuis le 18 avril 2018
9791035201470 – 14,50€
à partir de 15 ans
Y aller

On continue avec un autre loser du voyage : Solal, complètement accro aux jeux vidéo, et notamment à Zelda, qui décide un jour de tout arrêter, de se débrancher, et se lance dans un périple un peu fou : rejoindre le centre de la France, à Bruère-Allichamp. Équipé d’un sac à dos plus lourd que lui et de toute sa motivation, le garçon se lance, il y va ! Hervé Giraud nous offre un road-trip totalement décalé qui fonctionne à merveille : on rit de ce retour à la nature de ce geek un peu halluciné qui n’a que le monde de Zelda pour repère (et qui obtient d’ailleurs des « objets magiques » au fur et à mesure des rencontres de son périple) et on s’attendrit de sa naïveté et de son exaltation en toute situation. Une aventure initiatique jubilatoire !

Y aller, Hervé Giraud (Thierry Magnier)
disponible depuis le 16 mai 2018
9791035201777 – 12,90€
à partir de 13 ans

Catégorie #ouille, ça pique !

Les collisions

Quand deux lycéens de terminale L s’ennuient et décident de jouer les Merteuil et Valmont de leur classe, attendez-vous à un remake des Liaisons dangereuses où les lettres deviennent textos mais où la manipulation et la perversité sont exactement les mêmes ! Gabriel et Laëtitia n’ont absolument rien à envier à leurs aînés de fiction, et Joanne Richoux nous brosse un portrait à l’acide de cette jeunesse qui s’ennuie et qui n’a – presque – que faire des conséquences, nous montrant par là-même à quel point la transposition de la cour du XVIIIe siècle à cette classe de lycée est d’une étonnante modernité. Un roman terriblement dérangeant, mais tellement juste, porté par un style acéré, intransigeant, qui nous place dans la position non moins honteuse d’un voyeur impuissant qui se délecte des drames à venir. Une vraie claque !

Les collisions, Joanne Richoux (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible depuis le 4 avril 2018
9782377310739 – 15,50€
à partir de 14 ans
Son
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Pour un œil de poupée – Marina Cohen

9791035201319,0-4694227

Hadley emménage dans une nouvelle maison avec sa mère, son beau-père Ed et son fils Isaac, âgé de six ans. Fâchée et boudeuse depuis que sa mère la délaisse complètement pour cette nouvelle famille, Hadley finit par découvrir dans le grenier une magnifique maison de poupée, réplique exacte de sa nouvelle demeure, dans laquelle sont posées trois poupées formant une famille idéale. Lorsque la jeune fille formule le vœu que sa famille ressemble à celle des poupées, elle ne se doute pas que son monde va basculer…

★★★★☆

Ceux qui ne se sentent pas très à l’aise sous le regard de verre des poupées devraient frissonner en lisant ce roman prenant à l’atmosphère délicieusement terrifiante. Qui, après une dispute avec sa famille, ne s’est jamais dit « ah si seulement ma mère était plus comme ci ? si seulement mon père était comme ça ? et si je n’avais pas de sœur ou de frère !? » Attention aux souhaits que l’on exprime, nous disent parfois certains dictons. Et c’est précisément ce que dit également Grace, la meilleure amie mystique un peu hippie de la maman de Hadley à la jeune fille lors de sa visite dans leur nouvelle maison. Mais Hadley, toute gamine qu’elle est, ne peut s’empêcher de formuler des souhaits sous le coup de la colère, sans se rendre compte qu’une étrange magie est à l’œuvre dans cette maison réputée maudite, de laquelle un nombre incalculable de familles se sont enfuis. Et c’est sans compter ces poupées trop ressemblantes sculptées par la vieille dame qui habite au-dessus du garage, ou cet étrange œil de verre trouvé en même temps que la maison de poupée, qui semble détenir un drôle de pouvoir… Bientôt, Ed et Isaac disparaissent, comme effacés de la mémoire de tous et Hadley se retrouve seule avec sa mère, pour son plus grand plaisir…jusqu’à ce qu’elle souhaite que son vrai père vive avec elles…

Il y a dans Pour un œil de poupée un petit air de Coraline qui ravira assurément ceux qui ont lu cette excellente histoire de Neil Gaiman. Pour les autres, ce sera l’occasion de découvrir un roman fantastique où l’effroi n’a d’égal que le suspense qui nous tient jusqu’au dénouement. Des flashbacks du temps des premiers propriétaires de la maison permettent de lever le voile sur l’histoire de cet endroit, sur les croyances issues du folklore allemand, tout en ajoutant des pièces au puzzle qui se construit sous nos yeux. Un roman qui, par l’épouvante, nous interroge aussi sur la famille et les relations que l’on a – ou pas – avec chacun de ses membres et sur le bonheur. Et qui vous fera réfléchir à deux fois avant de souhaiter de changer de parents parce que les vôtres sont nuls ! 😛

Pour un œil de poupée, Marina Cohen, traduit par Valérie Dayre (Thierry Magnier)
disponible depuis le 21 février 2018
9791035201319 – 16,40€
à partir de 12 ans
Son
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Le célèbre catalogue Walker & Dawn – Davide Morosinotto

9782211233682,0-4787548

P’tit Trois, Eddie, Julie et Min sont des enfants du bayou. Quatre amis inséparables qui trouvent un jour 3$ dans une vieille boîte en fer. La richesse pour ces gamins qui s’empressent alors de commander un article dans le Célèbre catalogue de Walker & Dawn, qui permet à tous les américains d’acheter ce qu’ils veulent par correspondance. Mais lorsque leur colis arrive enfin, les quatre amis découvrent une montre cassée à la place du revolver qu’ils avaient commandé… C’est le début d’une grande aventure qui va les mener de leur bayou natal à la grande ville industrielle de Chicago.

★★★★★

Amateurs de romans d’aventures et de gosses débrouillards à la Marc Twain, ce livre est fait pour vous ! Raconté alternativement par P’tit Trois, l’aventurier casse-cou du groupe, Eddie, le binoclard shaman des marais, Julie la jolie rouquine mais aussi la plus intelligente, et enfin Min, son petit frère Noir qui ne parle pas, le récit de Davide Morosinotto nous transporte dans une Amérique du début du 20ème siècle où quatre gosses pauvres des bayous vont se lancer dans une grande aventure où ils découvriront des choses inédites et merveilleuses. Mais pas que ! Car cette monstre cassée qu’ils ont reçu dans leur colis et qu’ils espèrent bien pouvoir échanger se trouve être l’objet d’une bien vaste affaire et tout le monde ne leur veut pas du bien…

Dans ce très grand et superbe roman d’aventures, Davide Morosinotto nous propose ainsi de voyager dans l’Amérique du siècle dernier, à travers cet étonnant Célèbre catalogue de Walker & Dawn qui montre l’essor du commerce, de l’industrialisation et du capitalisme et, à travers ses personnages, de la vie et des mentalités de l’époque. Une immersion totale dans cette période historique à laquelle chaque personnage qui raconte apporte sa réflexion, son passé propre et ses espoirs. Ce changement de narrateur à chaque partie du roman permet ainsi de ne jamais s’essouffler dans le récit et, surtout, de s’attacher à chacun des personnages, à leur insouciance ou à leur gravité, à leur émerveillement et leur désir de liberté. Bien que le roman soit un vrai pavé, le rythme est excellent, on ne s’ennuie jamais et on se laisse totalement emporter par toutes ces aventures étonnantes, grisantes et parfois terrifiantes. On apprécie également tout le travail graphique autour de l’histoire, depuis la reproduction des articles du Célèbre catalogue, des cartes géographiques ou d’articles de journaux jusqu’à cette très belle couverture à rabats.

Un roman absolument captivant ! Vous aussi, laissez la moiteur du bayou et montez dans un bateau à aube, un train de marchandises ou l’une de ses incroyables automobiles pour vivre l’aventure qui vous rendra riche !

Le célèbre catalogue Walker & Dawn, Davide Morosinotto, traduit par Marc Lesage (L’école des loisirs)
collection Médium
disponible depuis le 21 février 2018
9782211233682 – 18€
à partir de 12 ans
Son
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Jusqu’ici, tout va bien – Gary D. Schmidt

9782211217132,0-4442925

1968. Après avoir perdu son travail, le père de Doug Swieteck emmène toute sa famille à Marysville, une petite ville dans laquelle il espère trouver un nouveau travail. Doug n’est pas particulièrement enchanté : la ville est nulle, il fait trop chaud, la nouvelle maison est un trou à rat, son frère est un crétin fini, son autre frère au Vietnam et son père traîne trop avec Ernie Eco à boire des coups. Seul le sourire de sa mère le maintient à flot…jusqu’à sa rencontre avec les oiseaux d’Audubon…

★★★★★

Si vous ne connaissez pas les romans de Gary D. Schmidt, il est temps de vous y mettre ou vous rateriez des moments de lectures absolument exceptionnels ! Après nous avoir régalé avec La guerre des mercredis (on en a pas parlé ici, on a honte, mais Bob l’a lu super tard…genre il y a 2-3 mois alors on se rattrape maintenant) et le jeune Holling Hoodhood (eh ouais, ça arrive !) qui découvrait Shakespeare avec une prof qui le détestait tout en rencontrant ses idoles du baseball, c’est à l’un des copains de Holling que l’on s’intéresse dans ce nouveau roman : Doug.

Doug n’a pas la vie facile et, si on le suspectait déjà dans La guerre des mercredis, on le découvre enfin avec cette histoire qu’il nous raconte. Alors que les hommes s’apprêtent à marcher sur la Lune et que la guerre au Vietnam fait rage, le garçon emménage dans une nouvelle ville, la « stupide Marysville » et doit composer avec un père violent et un frère qui lui fait toutes les crasses possibles. Etiqueté « voyou » à cause de cela, il se retrouve mêlé à des bagarres au collège, dans le viseur du principal et dans le collimateur du prof de sport qui a servi au Vietnam. Pourtant, malgré la stupidité de la ville, Doug va faire deux rencontres décisives : Lil’, tout d’abord, une fille au caractère bien trempé, dont le père est l’épicier de la ville qui va lui donner un petit boulot pour le samedi après-midi ; et Mr Powell, le bibliothécaire de la bibliothèque qui n’ouvre que le samedi et qui détient des originaux des Oiseaux d’Amérique d’Audubon. Cette rencontre avec les peintures du naturaliste vont considérablement ébranler toutes les certitudes du garçon et révéler des talents dont il ne soupçonnait rien ! Mais l’histoire de Doug est loin de se contenter de cela et c’est tout ce qui fait la qualité de ce roman : la richesse de son histoire, des rencontres que fait Doug, de ses passions pour le baseball (Bob n’a personnellement rien capté à tous les trucs sur le baseball mais, en bon ami pour Doug, il a hoché la tête en connaisseur), pour le dessin, les oiseaux et tout ce qui est beau dans la vie, sa difficulté à composer avec son père et ses frères, notamment quand l’aîné rentre du Vietnam changé, à faire évoluer le regard des autres sur lui et sur les préjugés que les gens ont sur sa famille… Une richesse des thèmes (et il en manque par rapport à ce que je vous ai déjà dit) qui pourrait être fouillis et qui pourtant donne une incroyable cohérence à cette tranche de vie adolescente.

Gary D. Schmidt est un auteur à découvrir absolument : on ne s’ennuie pas un seul instant, grâce à Doug, plein d’humour et de spontanéité, qui nous fait rire, nous émeut et nous fait passer par tout un tas d’émotions ; aux nombreux personnages qui gravitent autour de lui et sont particulièrement fouillés et intelligemment écrits ; à tous ce que les histoires, celles avec un grand H ou celles que l’on vit au quotidien, apportent à un adolescent et construisent ce qu’il deviendra, qu’elles soient sombres ou pleines d’espoir. Un roman d’une grande intelligence, passionnant, terriblement drôle, et lumineux. Un vrai coup de cœur ! ❤

Jusqu’ici, tout va bien, Gary D. Schmidt, traduit par Caroline Guilleminot (École des loisirs)
collection Médium
disponible depuis le 4 octobre 2017
9782211217132 – 18€
à partir de 13 ans
Son
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De beaux albums sous le sapin

Il ne reste que quelques heures pour faire vos derniers achats et chez Bob & Jean-Michel, on pense à vous pour vous donner tout plein d’idées ! Alors une dernière sélection, d’albums cette fois, à offrir à toutes sortes d’enfants et leurs toutes sortes de goûts, pour les plus petits et pour les plus grands. C’est cadeau ! 🙂

Le phare à voile

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Un gardien de phare vit tranquillement dans son édifice, prenant soin de tous les navires qui longent la côte. Mais un jour, un poisson volant s’empare de la lumière de son phare et l’emporte avec lui. Alors le gardien s’élance à sa poursuite, transformant son phare en bateau… Mais comment les bateaux vont-ils se débrouiller sans lui ?
Après nous avoir émerveillés avec son Moabi, Mickaël El Fathi récidive avec cet hommage vibrant aux phares qui guident les bateaux et à leurs gardiens. Dans ce très bel album aux couleurs véritablement magiques, il nous embarque dans son histoire telle un conte merveilleux tout en évoquant la réalité des phares et de leurs gardiens aujourd’hui. Encore une fois, on se laisse happer par la poésie de son texte et, surtout, par ses images absolument sublimes pailletées de magie. Et comme dans son précédent album, un soin tout particulier est apporté à tous les aspects du livre, depuis la page de garde jusqu’aux notes documentaires. Un délice pour les yeux !

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Le phare à voile, Mickaël El Fathi (La Palissade)
disponible depuis le 12 octobre 2017
9791091330411 – 16,50€
à partir de 5 ans
L’ours et le trappeur

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Jacques Poitier est trappeur dans les Rocheuses au XIXe siècle. Un beau jour, il entend une mélodie le long de la rivière et y découvre un ours accompagné d’un concertina. Subjugué par sa voix et malgré l’étrangeté de cette rencontre, Jacques invite l’ours, Mortimer, à l’accompagner chez lui, marquant le début d’une étonnante amitié…
Les Fourmis rouges ont le chic pour publier des albums uniques et audacieux et L’ours et le trappeur n’y déroge pas ! Cette histoire d’amitié pas banale lorgne du côté du conte, où l’animal doué de parole se heurte au monde des hommes. Une histoire dans laquelle la beauté de la musique, l’émotion suscitée, est l’élan qui pousse Jacques à emmener Mortimer de part les États-Unis pour faire découvrir cette voix incroyable, quitte à risquer la découverte de la vraie nature de Mortimer. Une nature qui, l’hiver venu, sonne la fin des « concerts » de Mortimer pour les humains et, peut-être, la collaboration entre Jacques et l’ours. Une fin qui, là encore, comme un conte, laisse planer le mystère sur la réalité de cette amitié entre l’homme et l’ours, donne toute sa saveur à cet album magnifique. Car son intérêt réside également dans de sublimes illustrations où l’illustrateur de bandes dessinées se permet de très belles pleines pages, où l’on admire son trait précis et ses douces couleurs.

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L’ours et le trappeur, Christophe Swal (Les Fourmis rouges)
disponible depuis le 19 octobre 2017
9782369020851 – 15€
à partir de 6 ans
Cavale

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On l’appelle Cavale car il court tout le temps, sans jamais s’arrêter. In ne craint rien, sauf Fin, qui le poursuit. Montagne, elle, préfère rester immobile, pour échapper à Fin également. Mais quand Cavale trouve Montagne sur son chemin, il est bien obligé de s’arrêter…
Vous connaissez sans doute notre amour pour Stéphane Servant et ses univers sensibles et oniriques dans ses romans, et son humour dans ses albums. Dans Cavale, on retrouve tous ses talents au service d’une allégorie de la peur de la mort. Un texte finement ciselé d’une grande poésie, de jolies notes d’humour et d’une fulgurante beauté complètement sublimé par les illustrations subtiles de Rébecca Dautremer. Elle ajoute par ses dessins une dimension surréaliste et des touches d’humour elle aussi, à cette histoire autour de la vie, de la mort, de la peur, de l’amour et du temps qui passe. Un album magique et un magnifique coup de cœur !

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Cavale, Stéphane Servant, illustré par Rébecca Dautremer (Didier jeunesse)
disponible depuis le 25 octobre 2017
9782278085439 – 20€
à partir de 6 ans
Kado

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Le jour où ils sont arrivés, ils ont brûlé tous les villages et tué tous les habitants. Ils n’ont gardé que lui, le petit garçon qui sera offert à la Reine, le cadeau. Un rôle bien important grâce auquel il apprend à dire « Oui, ma Reine », « Tout de suite, votre Majesté ».
Avec ses mots toujours justes, à hauteur d’enfant, Thomas Scotto évoque la grande Histoire, celle de la colonisation, dans cet album poétique et, mine de rien, violent. Mine de rien car les grandes et riches peintures très colorées d’Eric Battut, tout en petits personnages, contrastent avec le sombre destin d’esclave de ce petit garçon, de Kado, le petit serviteur de la Reine. Mais c’est aussi ce qui fait toute la réussite de ce bel album sur le déracinement, cette façon dont les mots plein d’émotions de Thomas Scotto, la terrible violence de l’histoire, le bel espoir de la fin et les superbes images d’Eric Battut s’assemblent. Un album fort et sensible.

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Kado, Thomas Scotto, illustré par Éric Battut (A pas de loups)
disponible depuis le 3 novembre 2017
9782930787336 – 17€
à partir de 5 ans
Quand j’étais petite…

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Jules demande à sa maman de lui raconter des histoires de quand elle était petite. Avant d’être une maman, elle s’appelait Capucine et, quand elle était petite, elle vivait dans une maison de poupée, se rassasiait d’une framboise ou encore dormait dans une moufle !
Après avoir découvert le duo O’Leary/Morstad avec Il était une fois Lily, ce sont les toutes jeunes éditions de L’Étagère du bas qui publient leur nouvel album en France. Cette fois-ci, à travers un texte sensible et poétique, elles évoquent la relation entre une mère et son enfant, et continuent à explorer l’imaginaire à travers les souvenirs de cette maman qui était aussi petite qu’un insecte et vivait des choses extraordinaires ! Des références à certains contes bien connus viennent émailler ce joli récit aux illustrations délicates, sobrement colorées et finement rétro. De jolies illustrations en page de garde et un dos toilé complètent ce bel album en hommage au partage entre l’enfant et le parent et à la tendresse et l’amour d’une mère pour son fils.

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Quand j’étais petite…, Sara O’Leary, illustré par Julie Morstad, traduit par Cécile Provost (L’Étagère du bas)
disponible depuis le 10 novembre 2017
9782955789643 – 14,95€
à partir de 3 ans
Son
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Colorado train – Thibault Vermot

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Durango, 1949. Dans cette petite ville perdue au fin fond de l’Amérique, une bande de copains se retrouve dans leur cabane, fabrique une fusée, se raconte des histoires qui font peur, retourne à l’école pour la rentrée… Jusqu’au jour où Moe, la terreur qui les embêtait, disparaît mystérieusement. D’abord soulagée, la petite bande finit par se demander comment Moe a pu disparaître…surtout quand on retrouve son corps, à moitié dévoré…

★★★★☆

Avec une telle couverture, on pense immédiatement à la récente série Stranger Things ou encore aux films Les Goonies ou Stand by me. Il y a un peu de tout ça dans ce premier roman de Thibault Vermot qui nous fait découvrir l’Amérique profonde d’après-guerre, dans une petite ville où les traumatismes sont bien présents, notamment celui d’une terrible affaire survenue quelques années plus tôt : une gamine retrouve éventrée. Une affaire qui ronge le shérif, père de Suzy, la seule fille de la bande, et Michael, dont le père a disparu après avoir été soupçonné d’être le meurtrier. Aux côtés des deux ados, on retrouve les inséparables Durham et George, génies constructeurs de fusées, Calvin, le petit frère de Michael, et Donnie, le p’tit gros qui aime bien zyeuter les filles. Biberonnés aux histoires de croque-mitaines et de wendigos, la bande se laisse entraîner dans une intense course-poursuite lorsque Moe disparaît puis est retrouvé les tripes à l’air. Mais ce que Michael et ses amis ne savent pas, c’est que le monstre qu’ils traquent n’attend qu’une occasion pour les traquer eux-aussi…et les croquer !

Frissons garantis dans ce Colorado Train et on recommande aux âmes un peu sensibles de ne pas lire le roman à la nuit tombée ! Thibault Vermot parvient à nous happer dans son récit dès les premières pages et, si on comprend assez vite la véritable nature du monstre, ce n’est pas là le plus important. Ce qui fait la force du roman, c’est son style, nerveux, âpre, sauvage, aussi acéré que les griffes du monstre ; ses personnages, ces gosses qui se laissent entraîner dans une affaire plus grosse qu’eux, qui va les mettre devant leurs angoisses les plus terribles, devant leurs faiblesses et démontrer toute la force de leur amitié ; son ambiance de tension permanente où le fantastique ne semble pas bien loin, où le goût du sang et de la poussière nous laisse la langue pâteuse ; et puis ce qui est dit, en filigrane, sur les séquelles de la guerre sur les hommes, la violence, la folie et la misère qui en découlent. Un premier roman intense et terrifiant où Thibault Vermot se pose en héritier français de Stephen King, avec le sang et les boyaux bien exposés sur la table. On vous aura prévenus ! 😛

Colorado train, Thibault Vermot (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible le 6 septembre 2017
9782377310005 – 16€
à partir de 13 ans
Son
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Ma dernière chance s’appelle Billy D. – Erin Lange

9782211231848,0-4211083

Dane n’est pas capable de s’exprimer autrement qu’avec les poings. Malgré de bons résultats au lycée, il suffit d’une bagarre de plus et il sera exclu définitivement. Sa dernière chance, c’est Billy D., un garçon trisomique qui vient de s’installer à côté de chez lui. Leur marché : Dane devient son « ambassadeur » au lycée et Billy le soutiendra devant le proviseur. Mais Billy a une autre mission à confier à Dane : l’aider à retrouver son père avec, pour seul indice, un atlas du pays rempli d’énigmes.

★★★★★

Essayez de regarder Dane de travers et c’est toutes vos dents qui sautent ! Dane est un garçon violent, incapable de maîtriser une colère sourde. Une colère dont il n’a aucune idée de la provenance. Il vit seul avec sa mère qui l’a eu adolescente et qui collectionne les tickets à gratter gagnant qu’elle encadre sans encaisser les sommes… Alors qu’il battait un mec juste parce qu’il avait une caisse et se pavanait avec, Dane croise le regard de son nouveau voisin, Billy D. Billy D. est trisomique et Dane frappe pas les handicapés, ni les filles. Pourtant, il en a parfois envie, de lui faire la tête au carré à ce Billy. Pour éviter l’exclusion, Dane va accepter de s’occuper de Billy pour son arrivée au lycée, de lui montrer les lieux, etc. Mais pour Billy, se rapprocher de Dane c’était surtout s’assurer un garde du corps – le garçon étant harcelé par d’autres lycéens – et apprendre à se battre. Mais autre chose les rapproche : tous deux sont en manque de père. Dane n’a jamais connu le sien et Billy a été arraché au sien par sa mère. Et pour Billy, retrouver son père est la chose la plus importante, d’autant que ce dernier lui a laissé des indices, glissés sur les pages d’un atlas des États-Unis…

Un roman dense, passionnant, où Erin Lange fait se rencontrer deux garçons que tout oppose, dans la construction d’une amitié compliquée, énervante, bruyante, étonnante et émouvante. Entre jeu de piste et chronique sociale, Erin Lange se fait la voix de ces deux jeunes aux tempéraments explosifs, dont l’absence de père les embarque jusque dans un road trip hasardeux. Des personnages très forts, tant dans leurs caractères (Dane violent et brutal, Billy malin et manipulateur) que dans leur faiblesses, les rendant parfaitement humains et attachants. C’est bien là la grande force de ce roman, entre violence et émotion, qui nous emmène bien loin de ce à quoi l’on peut s’attendre. Une histoire qui prend aux tripes, une amitié incroyable et puissante, un roman vraiment superbe à découvrir !

Ma dernière chance s’appelle Billy D., Erin Lange, traduit par Valérie Dayre (École des loisirs)
disponible depuis le 7 juin 2017
9782211231848 – 19€
à partir de 14 ans
Son
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Star Trip – Eric Senabre

Vous l’avez sans doute remarqué, on aime beaucoup Eric Senabre par ici ! C’est donc avec beaucoup d’excitation et d’émotions que nous attendions son prochain roman. Alors quand on a vu Star Trip, sa couverture de Mathieu Persan trop stylée qui nous parlait tout de suite (Star Trek !!!!) et le résumé, c’était notre réaction :


Alors…vous croyez que Bob a pu être déçu ?

9782278081745,0-4105573A l’été 1968, dans un coin perdu de l’Idaho, May Peeples et son petit frère Sam sont « abandonnés » par leurs parents qui ont dû partir sans pouvoir rien leur expliquer. La jeune fille doit alors jongler entre s’occuper de son petit frère handicapé et collé à la télé pour ne pas manquer sa série de SF préférée : Star Trip ; son petit ami Will qu’une autre fille tente de séduire ; le révérend qui veut absolument faire d’elle une bonne chrétienne ; et son désir de retourner à la ville. Alors, quand un matin, May découvre dans sa grange l’acteur qui joue le capitaine Burke dans la série de son petit frère, tout bascule !

★★★★★

Est-ce là le meilleur roman d’Eric Senabre ? Bob dit OUI ! OUI ! OUI ! Star Trip, c’est un roman hommage totalement fou qui nous emmène jusqu’aux frontières du réel, où une jeune fille de 15 ans va se lancer dans un pari insensé pour compenser l’absence de ses parents et la déception de son petit frère à ne pas avoir de vraies vacances. Avec Will, ils vont en effet décider de construire une réplique d’une navette de Star Trip pour que le gamin puisse jouer avec. Et puis en allant à la grande ville pour faire du shopping, May et Will vont tomber sur une séance de dédicace impromptue de Benjamin Spike, l’acteur vedette de cette série de science-fiction. L’occasion est trop belle pour faire plaisir à Sam, même si le comédien se révèle particulièrement exécrable… Comment Benjamin Spike atterrira dans la grange de May Peeples ? Je ne vous en dis rien, ce serait trop dommage…

Road-trip déjanté et rafraîchissant, Star Trip est LE roman idéal pour se plonger dans une aventure psychédélique au cœur des Sixties, aux références musicales géniales (David Bowie en guest-star), aux personnages secondaires truculents et typiquement farfelus de l’Amérique rurale (je dois dire que le shérif Noir irlandais pur souche m’a fait mourir de rire) et aux mystères particulièrement bien trouvés ! Le roman ne manque pas non plus d’humour, caustique ou absurde selon les situations, et d’amour… Si vous aimez l’aventure, les références au cinéma ou aux séries de SF, à la musique, les personnages forts et les hurluberlus, vous serez, comme Bob, totalement conquis par Star Trip et en ressortirez des étoiles plein les yeux. Un coup de cœur intersidéral ! ❤️

Star Trip, Eric Senabre (Didier jeunesse)
disponible depuis le 10 mai 2017
9782278081745 – 15,90€
à partir de 13 ans
Son
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Mosquitoland – David Arnold

9782745977847,0-3742399

Elle s’appelle Mary Iris Malone et elle ne va pas bien. Surnommée Mim, l’adolescente décide de quitter le Mississippi pour rejoindre Cleveland, à plus de 1500km de là, pour retrouver sa mère, malade. Alors que son père et sa belle-mère la recherchent, la jeune fille se lance dans un périple entre dangers et belles rencontres, où ses lettres à une certaine Isabel vont peu à peu nous révéler la raison de sa fugue…

★★★★☆

Mosquitoland, c’est un road trip en solo effectué par une adolescente particulièrement cynique qui ne rentre pas dans le moule. Au lycée, pas question d’être comme les autres moutons, qu’il s’agisse de mode, de façon de vivre ou autre. Mim est une gamine à part. Une gamine qui, quand elle jouait à la marchande, faisait la voix du vieux monsieur qui achète des carottes puis de la petite caissière qui lui réclame des sous. Pour cette raison, « on » la diagnostique schizophrène. Le « on », c’est son père, un homme marqué par la maladie mentale de sa sœur Isabel qui a peur de ces antécédents familiaux. Et ce sont les médecins, qui lui fournissent des médicaments pour lutter contre. Alors quand son père quitte sa mère, déménage à 1500km et se remarie avec une serveuse nommé Kathy (et je ne vous annonce pas le pire !), c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, et Mim s’enfuit, emportant la cache d’argent de Kathy, son carnet bonhomme où elle écrit à Isabel et son rouge à lèvres fétiche qui appartenait à sa maman. Et l’ado, seule et déterminée, embarque dans le premier car pour Cleveland, où l’attend une aventure qu’elle n’est pas prête d’oublier !

Et nous non plus ! Mim est un personnage magnifique, de par son cynisme qui nous fait sourire, et touchant par ses fêlures, ses imperfections qu’elle nous révèle petit à petit, sa remise en question sur elle-même, sa maladie, sa famille. On embarque avec elle dans ce car Greyhound, conduit par un Carl d’anthologie, à la rencontre d’une Arlene étonnante, d’un Poncho Man sirupeux et de tout un tas d’autres personnages bizarres que l’on rencontre sur la route. Débrouillarde, Mim ne se laisse pas abattre par les écueils. Elle a un Objectif, elle s’y tient. Qu’importe les détours qui l’amènent à livrer une boîte à un pompiste, à assister à un match des Cubs, la pire équipe des États-Unis, ou à dormir à la belle étoile avec Walt, un garçon étonnant, retardé mentalement, mais qui lui apporte tant de bonheurs. Mim est une fille chouette, une gamine au grand cœur, même si elle prétend ne pas aimer les gens, et son voyage vers sa mère, presque initiatique, va lui permettre de se trouver elle et sa famille. David Arnold mêle avec brio tout l’humour et toute la sensibilité de Mim et nous délivre un beau message d’amitié et de tolérance. Nous restent alors un sentiment d’espoir pour l’avenir de Mim et une grande affection pour ce personnage atypique et attachant. Très réussi !

Mosquitoland, David Arnold, traduit par Maud Ortalda (Milan)
disponible depuis le 22 mars 2017
9782745977847 – 15,90€
à partir de 13 ans
Son
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Florian Bates : alerte au musée – James Ponti

9782330065997,0-3392605

Florian Bates est un élève de 5e tout à fait normal, bien que doué d’une faculté un peu bizarre : il remarque tous les petits détails que personne ne voit et les relie entre eux. Un don plutôt utile pour résoudre des mystères ou des enquêtes ? C’est aussi ce que pense le FBI. Et lorsque des tableaux sont volés au musée où travaillent ses parents, Florian va devenir un consultant d’un genre particulier pour le FBI…

★★★★☆

Si Sherlock Holmes avait un fils, il se nommerait Florian Bates. Une simple marque de chaussure, une marque de bronzage, voilà le genre de petits détails qui peuvent tout dire de vous, ou en tous cas de vos derniers voyages, pour un garçon de 12 ans doué d’une perception étonnante. Ce pouvoir un peu spécial, il ne nomme le GRATIN : le Guide de Recherche et Analyse de Tout Indice Négligeable. Et jusqu’à présent, il était le seul à l’utiliser. Mais après avoir voyagé à travers le monde, la famille Bates s’installe à Washington et Florian fait immédiatement la rencontre de Margaret, une fille géniale qui fait du football et s’intéresse à son drôle de pouvoir. C’est lorsque les deux amis sont au musée, Florian initiant Margaret au gratin, que ce qui n’était qu’un jeu bascule soudain en enquête fédérale et propulse Florian et sa famille au cœur d’une affaire de vol d’œuvres d’art.

Du rythme, de l’humour, de l’esprit, un peu de frissons, tous les ingrédients sont réunis dans ce roman policier à la traduction impeccable (en langue originale, le GRATIN est appelé TOAST : the theory of all small things). On s’attache instantanément à Florian et Margaret, un duo d’enquêteurs flamboyant qui, du haut de leurs 12 ans, restent malgré tout des enfants. L’intrigue, très riche, nous fait également découvrir de nombreux endroits de Washington (ce n’est pas souvent qu’on se trouve là-bas en littérature jeunesse) mais aussi quelques peintures célèbres ou encore les techniques de survie du FBI en cas de kidnapping…ce qui s’avère particulièrement utile, vous en conviendrez. Cette première enquête de Florian Bates est rondement menée, avec des twists jusqu’à la dernière ligne, et on attend avec impatience la suite des aventures de ces deux jeunes héros dégourdis ! 😀

Florian Bates : alerte au musée, James Ponti, traduit par Cécile Chartres (hélium)
disponible le 7 septembre 2016
9782330065997 – 13,90€
à partir de 11 ans