Son
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Le caméléon et les fourmis blanches – Emmanuel Bourdier

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Casimir Feunard est un instituteur désabusé depuis que sa compagne l’a quitté et montre peu d’enthousiasme à la rentrée scolaire. D’autant plus quand il apprend qu’il aura dans sa classe Issa Doucouré, jeune malien sans papiers, redoublant multiple qui sèche les cours et se fait passer pour plus inculte qu’il ne l’est. Pourtant, le jour où les gendarmes arrivent pour renvoyer Issa et son père dans leur pays, c’est Casimir qui va se trouver, bien malgré lui, à cacher cet enfant…

★★★★☆

Commence alors pour Casimir et Issa une cohabitation un peu difficile, où la colère se dispute à la peur, jusqu’à ce qu’ils s’apprivoisent. L’histoire est ainsi racontée par les deux personnages, alternant les points de vue à chaque chapitre. On commence avec Casimir, dont la tristesse l’amène à repenser à sa vie et à ses choix. Puis arrive Issa, qui accuse lui aussi la perte d’une femme dans sa vie : sa grande sœur Kadiatou. Issa qui a appris à se rendre invisible, tel le caméléon, tandis qu’il observe tous ces petits enfants dans la cour de récréation, ces petites fourmis… (et bim, vous avez l’explication du titre ! 😛 ) Avant l’arrivée d’Issa dans la classe de Casimir, les deux se connaissant. On n’oublie pas Issa quand on est enseignant : il n’est pas souvent là, il semble mentir comme il respire, il vole des petites choses… Quant à Casimir, son nom de famille a fait de lui une star dans l’école car il porte le même qu’un Pokémon ! Alors quand le père d’Issa le confie au professeur, tous deux vont apprendre à mieux se connaître et, pour Issa, à s’ouvrir à quelqu’un d’autre et à montrer son amour des histoires et de la lecture.
Le roman offre ainsi de très beaux moments de complicité, des instants magiques partagés entre ces deux personnages aux antipodes, pourtant liés bien plus qu’ils ne le pensent. Il faudra cependant passer par tout un panel d’émotion, de la frustration à l’exaspération, et d’événements avant qu’ils ne s’en rendent compte. Et alors leur cohabitation forcée devient plus facile pour eux. Emmanuel Bourdier signe ici un très beau texte, qui s’inscrit en plus dans une certaine actualité. J’ai beaucoup aimé son écriture soignée et les mots de chacune des voix du livre, souvent emprunts de tristesse mais qui finissent par se donner de l’espoir. Un très beau roman, qui montre aussi que la frontière entre la littérature ado et adulte est parfois très tenue. 🙂

Le caméléon et les fourmis blanches, Emmanuel Bourdier (La Joie de Lire)
collection Encrage
disponible depuis le 20 octobre 2015
9782889082957 – 19,90€
à partir de 13 ans

Son
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Le monde est derrière toi – Marian De Smet

9782330053789,0-2685873

Eppo, 17 ans, fait du stop depuis les Pays-Bas pour se rendre en France, espérant que ce voyage lui permettra d’aller mieux. En Belgique, il est pris par Tabby, une jeune femme débordante d’énergie qui n’arrête pas de lui poser plein de questions, parfois très intimes. Mais celle-ci cache aussi des secrets et tous deux, à force d’avaler les kilomètres, vont apprendre à s’apprivoiser et à échanger sur ce qui les fait fuir…

★★★☆☆

Pur récit initiatique, Le monde est derrière toi aborde un certain nombre de sujets que l’on retrouve souvent en littérature ado, à commencer par le deuil. Eppo est triste à mourir après la mort de son frère d’adoption. Plutôt que de continuer à se recroqueviller sur lui-même, ses parents lui conseillent de partir pour un temps, de s’aérer la tête par le voyage. En réalité, il n’attend rien de ce départ vers la France car la moindre chose lui rappelle Marteen. Et quand il rencontre Tabby et l’entend babiller durant toute la route, il ne se sent pas aidé. Pourtant, c’est grâce à elle que, petit à petit, il va s’ouvrir sur son drame personnel. De la même manière, Tabby va aussi répondre aux questions qu’il se pose muettement, car elle aussi fuit quelque chose.
Le récit fonctionne bien malgré un schéma plutôt ordinaire, alternant entre le road trip et les souvenirs d’Eppo avec son frère. On s’attache assez vite aux personnages et on comprend rapidement la relation qui s’est tissée entre Eppo et Marteen, jeune homme placé dans sa famille car sa mère droguée n’était pas capable de s’en occuper. L’histoire de Tabby se dévoile plus succinctement mais le personnage apporte une dose d’humour bienvenue – rien que la scène d’ouverture fait sourire – dans cette histoire somme toute très triste. Heureusement, la fin apporte de l’optimisme même si cela rend le roman un peu convenu. Il n’en reste pas moins une belle histoire entre deux personnages totalement différents, qui vont tous deux finir par trouver leur voie… 🙂

Le monde est derrière toi, Marian De Smet (Actes Sud junior)
collection Ado
disponible le 21 octobre 2015
9782330053789 – 14,50€
à partir de 14 ans

Discussion
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Dysfonctionnelle – Axl Cendres

9782848658186,0-2705028

S’il y a bien un auteur phare de la collection Exprim’, c’est Axl Cendres. Et ça tombe bien car la revoilà avec un tout nouveau roman qui déboite ! 😀

Fidèle vit dans ce qu’elle appelle une famille « dysfonctionnelle » : elle a six frères et sœurs tous plus différents les uns que les autres, un père qui se trouve souvent au mauvais endroit au mauvais moment (en passant par la case prison) et une mère régulièrement internée dans un asile. Dotée en plus d’un quotient intellectuel élevé, Fidèle finit par fréquenter de grandes écoles, où elle détonne un peu, et y trouve l’amour…

Bob

★★★★★

Si Bob n’était pas déjà coincé avec Jean-Michel, il ferait sa déclaration à Axl Cendres. Et surtout à Fifi et à sa famille sensationnelle. Car à la fin du roman, vous n’aurez qu’un regret : ne pas partager plus longuement la vie de cette bande d’enfants hétéroclites et chtarbés. Il faut dire qu’on passe par tout le spectre des émotions : on rit aux éclats, on pleure, on chante, on s’inquiète, on aime, on déteste… Tout ce qui fait les petits moments de vie d’une famille, entre les belles occasions et les difficultés du monde extérieur. Le personnage de Fifi est magnifiquement écrit, les relations qu’elle entretient avec tous les membres de sa famille sont belles, même quand certains membres semblent éloignés, absents. Je crois que j’ai aimé toutes les figures de cette famille, on sent l’affection de Fifi dans tout ce qu’elle raconte, même les pires moments. Je me suis laissée entraînée dans sa vie avec le sentiment de faire partie de la famille, j’ai tremblé pour elle lors de sa période sombre, j’ai espéré avec elle la vie qu’elle se souhaitait…ou qu’elle a plutôt laissé venir à elle…
C’est un beau roman. Vraiment. On rit beaucoup aussi – il faut dire que le comique de répétition est super bien dosé et fonctionne à chaque fois ! Des situations rocambolesques et improbables se mêlent à des moments intenses d’émotions et on ne peut que tomber amoureux de cette famille peut-être « dysfonctionnelle » mais belle et attachante. Fiooouuu, c’était trop bien !

Jean-Michel

★★★★★

Si Bob veut partir avec une autre, je ne le retiens pas. Mais je garde l’assortiment Téfal. Il peut reprendre sa mère.
M’est avis que c’est un roman qui est capable de remettre en place la personne la plus étroite d’esprit qui soit : une pensée raciste ? une intolérance aux gays ? à Johnny ? au football ? pas de problème, Axl Cendres est là pour poutrer tes préjugés moisis avec autant de talent que Barbra Streisand se déchaînant en duo avec Sinatra. J’aime qu’elle mette sur papier des défauts, des personnages cassés, des enfants abîmés, des patrimoines qui se construisent avec les expériences aussi variées soient-elles, car c’est tout ce qui importe dans le fond : l’histoire familiale est encore ce qu’il peut y avoir de plus précieux. Je me suis lancée le défi de trouver les meilleurs moments du roman. La tâche s’est avérée très difficile étant donné qu’à chaque page, j’ai agité le Stabilo comme un Looney Tunes, mais soit, on vous donne deux instants choisis :

La rencontre de Sid-Ahmed et de Natacha (les parents de cette fabuleuse famille) est une des plus belles qu’il m’ait été donnée de lire. Pourtant ils sont brisés à leur rencontre, ils n’ont rien. La déclaration de Sid-Ahmed ? Je me fiche de ton passé, je veux construire ton futur. Je veux t’épouser et te rendre ce que certains t’ont apparemment volé…ton sourire. Lorsqu’on sait que Natacha a vécu la perte de sa famille étant petite, on ne peut qu’agiter une banderole à Sid-Ahmed « Sauve-la ! ».

L’une des soeurs : Marilyne, est une féministe ardue dont la ténacité m’a donné quelques grands sourires (l’épisode de la bombe au poivre : ex-tra) mais son avis sur la création d’un mot unique pour le sexe est une perle :
Pourquoi dit-on zizi pour les garçons et zézette pour les filles ? C’est injuste ! On devrait dire le même mot pour les deux…pourquoi pas zizou ? « Fort heureusement pour Zinedine Zidane, la réforme de Marilyne n’est jamais entrée en vigueur ».

Grâce à Axl Cendres, j’ai tout de même appris qu’on pouvait chanter « Coup de soleil » de Richard Cocciante tout en adorant lire Proust. On a tort de tout compartimenter comme ça. Mélangeons les genres ! La prochaine fois, je relirai Benoît Minville en écoutant Céline Dion, voilà qui devrait l’enchanter.

« Même avec une chose que tout le monde croit perdue, on peut faire quelque chose de merveilleux » Zaza, la grand-mère kabyle, cette femme pleine de sagesse qui aimait les Fous di l’émour.

Dysfonctionnelle, Axl Cendres (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible le 7 octobre 2015
9782848658186 – 15,50€
à partir de 15 ans

Son
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La porte de la salle de bain – Sandrine Beau

9782362661334,0-2747352

Avec tous les livres de la collection Ego que nous avons chroniqué ici, vous savez désormais qu’il faut s’attendre à des sujets toujours forts et pleinement ancrés dans la société. Le nouveau roman de Sandrine Beau ne déroge pas à cette volonté de faire réfléchir, propre à Talents Hauts. 🙂

Mia, 11 ans, se réjouit de voir son corps entrer dans l’adolescence. En effet, ses seins commencent à pousser. Tous les jours, elle attend avec impatience devant le miroir de sa salle de bain de les voir grossir. Jusqu’au jour où son beau-père prend l’habitude d’entrer dans la salle de bain lorsqu’elle se douche…

★★★★★

Vous avez deviné le sujet du roman, à quelques pas de la pédophilie. Un sujet difficile à évoquer en littérature comme dans la vraie vie… C’est d’ailleurs tout le problème de Mia, qui ne parvient pas à en parler autour d’elle et qui n’arrive même pas à mettre les mots sur ce qu’il se passe, sur ce qu’elle vit. S’agit-il d’un accident, d’une coïncidence si son beau-père entre toujours au moment où elle prend sa douche ? On sent l’angoisse monter en Mia petit à petit et cette détresse que personne ne semble voir. Tout le talent de Sandrine Beau réside dans cette maîtrise de son intrigue, cette peur qui s’insinue dans notre esprit de lecteur, cette tension à découvrir la suite. Elle parvient aussi à rendre avec beaucoup de finesse les émotions de cette jeune fille de 11 ans au seuil de l’adolescence, qui était ravie de voir son corps changer, jusqu’à ce que les regards sur elle changent aussi, et notamment ceux des hommes. Je ne vous en dis pas plus sur l’histoire et sa fin (même si elle est connue dès le début), mais j’ai beaucoup aimé comment l’autrice a traité le sujet. Il n’y a pas de rage, pas de colère dans les mots de Mia, on sent même une très grande douceur (surtout au début du roman, bien sûr), ce qui nous permet d’entrer dans la problématique sans brusquerie et d’insister sur le besoin de respecter l’intimité des jeunes adolescents. L’écriture de Sandrine Beau n’en est que plus délicate et son histoire une réussite. Un texte qui pourrait d’ailleurs être lu par un public un peu plus jeune que celui ciblé d’habitude par la collection, grâce à cette écriture accessible et ce fin traitement du sujet et qui permettra, peut-être, d’inciter à dire les choses.

La porte de la salle de bain, Sandrine Beau (Talents Hauts)
collection Ego
disponible le 1er octobre 2015
9782362661334 – 7€
à partir de 12 ans

Son
2

Aussi loin que possible – Éric Pessan

9782211108317,0-2703681

Un matin, sur le chemin du collège, Anthony et Tony délaissent leurs sacs de cours et se mettent à courir. Comme ça, pour s’amuser, pour savoir qui va le plus vite…et puis, arrivés au bout du parking, ils ont continué. Tout droit, ils ont continué à courir. Sans se poser de question, sans savoir où aller. Un simple marathon, une course pour laisser derrière eux leurs soucis…

★★★★☆

Un roman qui se lit comme la course de nos deux jeunes héros : sans s’arrêter, sans jamais perdre haleine. Raconté par Antoine, l’histoire débute comme la simple évocation d’une amitié. Une amitié qui lie ces deux garçons aux prénoms similaires pas seulement à cause de ça mais aussi car ils ont tous les deux quelque chose qui leur pèse. Un avis d’expulsion pour Tony, dont la famille ukrainienne va devoir quitter le territoire français, un père à la main lourde pour Antoine. Sont-ce là les raisons qui les ont poussés à se mettre à courir, un jour, comme ça ? Pour Antoine, ces raisons intimes sont venues plus tard. Au début, il ne s’agissait que d’un jeu, de quelque chose qui n’était pas prémédité. Et puis, en courant, les raisons sont apparues, les pensées ont eu le temps de se frayer un chemin dans l’esprit du jeune homme.

Aussi loin que possible pourrait être le slogan d’Antoine et Tony dans cette course qui paraît d’abord comme une fugue pour leurs familles avant d’être médiatisée et vue par la presse comme la volonté d’agir sur ce qui ne va pas dans leur vie ou, du moins, dans celle de Tony et de l’éviction de sa famille. Une course qui devient alors politique et sociale quand elle n’a commencé que par un défi entre amis. C’est sans doute là toute la beauté de ce texte qui, avec beaucoup de finesse, nous fait entrer dans les réflexions d’un garçon de 13 ou 14 ans qui, au fil de son odyssée, développe une analyse de son environnement, des gens qu’il croise, de notre société consumériste. Ce n’est pas le cœur du roman, mais j’ai trouvé les réflexions d’Antoine belles et pertinentes, l’écriture d’Eric Pessan est vraiment remarquable.
Aussi loin que possible est un roman sans doute singulier mais qui fait avant tout la part belle à une grande amitié entre deux adolescents et porte en lui un beau message d’encouragement et d’espoir.

Aussi loin que possible, Éric Pessan (Ecole des Loisirs)
collection Médium
disponible le 30 septembre 2015
9782211108317 – 13€
à partir de 14 ans

Son
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Le livre de toutes les réponses sauf une – Manon Fargetton

9782700247886,0-2778185

Cette année, Bérénice entre dans un nouveau collège et, comme à chaque fois, son nom de famille – Lamort – provoque les moqueries. Mais cette fois, il y a une autre élève au nom étrange : Pandora Hurlevent, qui sait supporter les ricanements. Les deux jeunes filles vont vite se lier d’amitié, à laquelle va se joindre Lazare. Un trio qui va partager ses rêves et ses confidences chez Bérénice…jusqu’au jour où c’est au tour de Pandora d’accueillir son amie chez elle…

★★★★☆

Déjà connue pour ses romans de fantasy ou ses thrillers chez Rageot, Manon Fargetton s’adresse ici à un lectorat un peu plus jeune pour une histoire qui mordille la frontière du fantastique. On y retrouve trois personnages, trois ados un peu en marge des autres, dont on se moque à cause de leurs noms un peu spéciaux ou de leur orientation sexuelle. Mais au-delà des notions de harcèlement, c’est surtout l’amitié qui prime, les liens qui se créent entre chaque personnage. Et notamment ceux de Bérénice et Pandora. Issues de familles originales (monde du spectacle pour Bérénice, histoire et archéologie pour Pandora), il était évident que les deux jeunes filles ne pouvaient qu’être amies. Pourtant, une différence sociale va les séparer un certain temps, jusqu’à ce que Pandora accepte d’inviter Bérénice chez elle, dans un manoir à l’écart de la ville, avec chauffeur, cuisinière et tableaux de maîtres. Mais le plus intéressant chez les Hurlevent, c’est la bibliothèque. Une bibliothèque magnifique qui referme un ouvrage millénaire, un livre capable de répondre à toutes les questions…sauf une. Sauf celles qui commencent pas « pourquoi ? »… Pourtant, Bérénice n’a que des questions de ce type à la bouche, car elle cache un lourd secret, qu’elle a confié à son amie qui pense que le livre lui permettra de soulager son cœur. Mais c’est tout le contraire qui se passe…
Sans vous en dire plus sur l’histoire, qui se découvre véritablement au fil des pages, Le livre de toutes les réponses sauf une est un très joli roman qui mélange une variété de thématiques sans pour autant tomber dans le fourre-tout. Un peu de suspense, des amitiés qui se nouent et se dénouent, des éléments fantastiques, des secrets et pas mal de références. Mais aussi une façon de gérer un deuil, de se construire ou se reconstruire. Une belle évocation de relations familiales, en somme. L’écriture de Manon Fargetton est tout en douceur, et la pointe de magie sert parfaitement le propos plutôt grave évoqué dans l’histoire. Je regrette peut-être juste que le mystère archéologique ne soit pas résolu, j’aurais été bien curieuse de découvrir l’hypothèse de l’auteure. 😛

Le livre de toutes les réponses sauf une, Manon Fargetton (Rageot)
disponible depuis le 16 septembre 2015
9782700247886 – 6,45€
à partir de 11 ans

Son
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Ma mère, le crabe et moi – Anne Percin

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Bob et Jean-Michel adorent les textes d’Anne Percin. Qu’elle soit drôle (on est tous fan de Maxime de Comment (bien) rater ses vacances) ou moins. Alors on avait particulièrement hâte de lire son nouveau texte… 😀

Tania a 14 ans et vit avec sa mère dans un petit village près de Clermont-Ferrand. Passionnée de loups-garous, elle tient un blog gothique tandis que celui de sa mère est plutôt « Lectures & confitures ». Et puis un jour, Tania apprend que sa mère a un cancer du sein. Une maladie qui va peu à peu changer leurs vies à toutes les deux, ainsi que la relation qu’elles entretiennent…

★★★★★

Bon, je vous la fais courte : Bob a A-DO-RÉ ! Décidément, Anne Percin sait comment parler aux lecteurs. Le personnage de Tania, qui s’adresse très directement à nous, est savoureux. On s’attache instantanément à elle et à son humour d’ado qui se la joue un peu rebelle. J’ai beaucoup aimé le style très direct, très oral qui sert à merveille cette histoire qui peut sembler au premier abord un peu sérieuse (on parle de cancer du sein, de chimiothérapie, de vivre avec une personne considérablement malade et affaiblie quand on a 14 ans) mais qui fait la part belle à l’humour. Je vous avoue que j’ai plusieurs fois éclaté de rire lors de ma lecture (je vous mets l’eau à la bouche en vous disant qu’il y a une scène de piscine tout à fait extraordinaire). Alors attention, Anne Percin ne traite pas le sujet à la rigolade, hein, mais c’est la relation entre Tania et sa mère, la volonté de la jeune fille de soutenir sa maman dans son combat en lui donnant le sourire qui fait que les deux vont surmonter cette épreuve avec le plus de positivisme possible. Il y a une belle émotion dans cette relation, dans ce désir de Tania d’être là pour sa mère quoi qu’il advienne, sans se soucier de ce que les autres pensent, des conseils débiles ou de la pitié des gens. Mais le roman ne se limite pas à ça, car on suit également Tania dans sa vie au collège, avec ses amis, dans sa préparation du cross départemental… Des petits moments de la vie quotidienne qui disent aussi de grandes choses : de l’amour au dépassement de soi. Un coup de cœur pour Bob ! Merci Anne pour ce très beau moment de tendresse, d’humour et d’espoir. 🙂

Ma mère, le crabe et moi, Anne Percin (Rouergue)
collection DoAdo
disponible le 16 septembre 2015
9782812609299 – 11,70€
à partir de 13 ans

Son
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Le prof, moi, les autres – Rachel McIntyre

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Rien de tel pour la rentrée des classes qu’un roman qui se déroule justement dans une école ! 😛 Bob vous emmène aujourd’hui dans un lycée d’Angleterre, à la rencontre de Lara…

Lara, 15 ans, est une élève effacée et, entre les moqueries de ses camarades, l’alcoolisme de son père et les disputes incessantes avec sa mère, la vie semble très sombre. Heureusement, il y a le beau Ben Jagger, son prof de littérature, qui lui propose d’organiser un concours de talents. Une occasion en or de se rapprocher de celui qui fait battre le cœur de toutes les filles du lycée…

★★★☆☆

Il y a longtemps que je n’avais pas lu un roman évoquant la relation amoureuse entre un professeur et son élève ! Le prof, moi, les autres s’intéresse ainsi à cette histoire d’amour interdite, mais pas que. Une grande part du roman traite en effet du harcèlement scolaire, un harcèlement vraiment terrible pour Lara. C’est sous la forme du journal intime que nous découvrons au fil des mois les épreuves que traverse cette rousse taille mannequin à la poitrine en planche à pain et dont le nom de famille, Tissein, est parfait pour se moquer de ses « Ptisein ». Sa situation familiale n’est pas meilleure : son père au chômage passe ses journées à picoler et sa mère porte toute la maison avec son maigre emploi de femme de ménage. Alors non, la vie n’est pas rose pour Lara. Mais son jeune professeur, Mr. Jagger, va être son rayon de soleil, la raison qui va la faire continuer à aller au lycée et subir tous les sévices inventés par ses camarades. J’ai trouvé certains moments véritablement très durs, pour ce qui est du harcèlement. Même les petites touches d’humour de Lara, qui n’a pourtant vraiment pas de quoi rire dans la vie, ne parviennent pas totalement à faire retomber la pression. L’histoire d’amour entre Lara et son professeur, quant à elle, met parfois mal à l’aise, et la fin ne nous permet pas de nous sentir mieux vis à vis de ce sujet, puisque l’on continue à se demander ce qui s’est réellement passé dans cette relation. Il n’en reste pas moins un roman intéressant, immersif et captivant par sa forme, et qui invite à la réflexion.

Le prof, moi, les autres, Rachel McIntyre (Milan)
collection Macadam
disponible le 9 septembre 2015
9782745972545 – 12,50€
à partir de 14 ans

Son
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Janis est folle – Olivier Ka

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Décidément, les éditions du Rouergue choisissent vraiment bien leurs photographies de couverture, vous ne trouvez pas ? 😀

Titouan et sa mère Janis sont en cavale, après qu’elle a incendié le deux-pièces où ils vivaient. Presque la routine pour Titouan, qui a toujours vécu en marge de la société, changeant d’endroit au gré des envies, ou de la folie, de sa mère. Cette fois, pourtant, il lui semble que leur fuite cache autre chose, que Janis a un but… Mais lequel ?

★★★★☆

Quel sont donc ces secrets que Janis semble garder au fond d’elle dans son esprit empreint de folie ? C’est cette question qui va obnubiler Titouan, pourtant habitué à soutenir sa mère depuis qu’il est tout petit. Déscolarisé, solitaire, autodidacte de l’accordéon, Titouan n’a toujours vécu qu’avec sa mère, parfois avec ses amants selon les endroits où il vivait. Il l’a toujours vu dans son monde, à part, un peu folle. Il est habitué. Mais lorsqu’elle incendie leur appartement, tout change. Il y a une urgence, un but caché, dans cette fuite à travers la France. Titouan est portant habitué à tout quitter pour tout recommencer ailleurs, à dormir dans la Volvo, à sentir mauvais pendant des jours… Mais pas à voler, braquer, s’enfuir comme un criminel. Il lui faudra faire preuve de patience, d’habileté pour commencer à percer les mystères de sa mère et les secrets qu’elle cache…
Janis est folle est un très beau et sombre texte, une évocation d’une relation mère/fils exclusive, étonnante, presque dérangeante. Il y a de la dureté et de la douceur dans la façon dont le jeune homme évoque sa mère et sa folie, on sent un amour inconditionnel et destructeur, une volonté de Titouan de tout porter sur ses épaules et désirer pourtant vivre une vie d’adolescent « normal », une vie qui lui échappe complètement. L’écriture d’Olivier Ka est toute en finesse, parfois d’une tranchante froideur, d’autres fois plus lumineuse, et nous laisse souvent au bord d’émotions très fortes. Un très beau roman !

Janis est folle, Olivier Ka (Rouergue)
collection DoAdo Noir
disponible le 9 septembre 2015
9782812609305 – 14€
à partir de 14 ans

Son
2

Le pays qui te ressemble – Fabrice Colin

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Après vous avoir présenté le roman d’Audren dans la nouvelle collection Litt’ chez Albin Michel, c’est au tour de celui de Fabrice Colin. 😀 Dont la couverture, que je trouve très cool, annonce très bien la couleur !

Jude et Lucy, des jumeaux, ont perdu leur mère et s’apprêtent à passer leurs premières vacances sans elle. Lorsque Maryline, leur grand-mère fantasque, leur révèle qu’elle n’était pas leur mère biologique, ils décident de partir à la recherche de leur génitrice, sans rien en dire à leur père, dévasté. Et c’est en camping-car que toute la famille traverse l’Europe à la recherche de cette mère biologique.

★★★☆☆

Si vous connaissez un peu les Beatles, vous avez sans doute déjà noté la référence dans les prénoms de nos jeunes héros ? Il se trouve en effet que Noël Farrow, le papa des jumeaux, est le spécialiste mondial du groupe et que Lucy et Jude soupent des Beatles depuis leur plus tendre enfance. Mais là n’est pas la question car il s’agit pour les jumeaux de découvrir qui, dans la liste des anciennes petites amies de leur père, est leur véritable mère. Leur périple à travers l’Europe, et même au-delà, va les mener à se redécouvrir après la tragédie, à mieux gérer leur deuil (ou pas du tout pour certains) et à essayer de comprendre pourquoi il est si important de retrouver leur génitrice alors que leur mère d’adoption était si géniale. Je ne vous en dirais pas plus sur l’histoire, qui se laisse découvrir au fil du voyage avec appréhension, doute, terreur, mensonges et situations rocambolesques. On s’attache très vite à cette famille déglinguée, à ce père au bout du rouleau, à ces adolescents paumés et à cette grand-mère totalement déjantée qui ne se laisse pas marcher sur les Louboutin. Et à Simone, of course (mais je vous laisse découvrir ce personnage). Un road-trip très pop, qui en fait un chouette moment, entre rire et émotion ! 🙂

Le pays qui te ressemble, Fabrice Colin (Albin Michel)
collection Litt’
disponible le 2 septembre 2015
9782226318503 – 14€
à partir de 13 ans