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Avec le monstre du placard, ça déménage ! – Antoine Dole et Bruno Salamone

Voilà déjà un moment que le monstre a élu domicile dans le placard de la chambre et il serait temps qu’il déménage… Il a tellement pris ses aises que le petit garçon ne peut plus ranger ses affaires ! Il faudrait le reloger, mais où ? Ensemble, le monstre du placard et le garçon vont chercher, tester des endroits improbables pour trouver un nouvel habitat à cette grosse boule de poil ! Le sac à main de maman ? C’est pas bête, on y trouve des bonbons ! Mais il est trop encombré. Le journal intime de la grande sœur ? Impossible le monstre va être contaminé par une bisoutite aigüe et va vouloir faire plein de bisous ! Beurk ! Pas facile de trouver une nouvelle planque !

Amusantes, inconfortables, enfantines, les possibles cachettes du monstre du placard feront rire les enfants (et les adultes !). A chaque double page, c’est une nouvelle combine que l’on découvre pour notre plus grand plaisir. Cet album est la troisième histoire où l’on peut retrouver ce montre toujours aussi espiègle et tendre. En effet, ce duo d’artiste avait déjà dévoilé auparavant dans deux albums que Le monstre du placard existe et je vais vous le prouver ! et nous avait appris Comment élever le monstre du placard. Nul besoin d’avoir lu les albums précédents, même si le jeune lecteur aura certainement envie de découvrir comment le monstre s’est retrouvé dans le placard !

Les illustrations au trait griffonné de Bruno Salamone proposent un monstre, imposant certes, mais tellement adorable que l’on a envie de l’avoir en peluche ! Des mini-monstres se cachent un peu partout dans les dessins pour le plus grand plaisir des enfants qui adoreront les dénicher. Loin des monstres terrifiants, comme ceux que peuvent souvent imaginer les enfants sous leurs lits, ce monstre de chambre est le compagnon de jeu parfait, l’ami imaginaire idéal pour faire des bêtises !

Un album qui dédramatise la peur du monstre avec le rire, Antoine Dole arrive à mêler avec justesse le quotidien des enfants et leur imaginaire débordant. On en redemande !

Avec le monstre du placard, ça déménage !, Antoine Dole, illustré par Bruno Salamone (Actes Sud Junior)
disponible depuis le 21 octobre 2020
97823301409841 – 15,90€
à partir de 3 ans
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Le Cinérêve, t.1 Le mystère Hortensia – Anne Didier, Roland Garrigue et Catherine Duval

Augustin Poussin a 9 ans et adore aller espionner son étrange voisine mademoiselle Hortensia, surtout qu’elle fait pousser des fleurs abracadabrantes. Un jour Augustin, accompagné de sa chienne Croquette, l’entend parler de l’inauguration d’un Cinérêve. Qu’est-ce que cela peut être ? Est-ce que sa voisine a des pouvoirs magiques ? Le mystère est trop tentant pour Augustin qui décide de mener l’enquête !

Notre duo de héros très curieux et débrouillard va rapidement pouvoir rentrer au Cinérêve. Dans ce lieu incroyable, sont proposés des rêves à vivre comme si l’on choisissait son film sur un catalogue de VOD. Voulez-vous rêver de chevalerie ? De tapis volant ? Ni une, ni deux, Augustin va réussir à se faufiler dans un rêve incognito. Le voilà grand chevalier ! Dans son rêve, il peut se venger de son professeur M. Poincaré et de son camarade de classe Maxime qui ont tendance à le persécuter. Le lendemain, pour la première fois son maître le laisse tranquille. Drôle de coïncidence ? Notre cinéphile rêve (et c’est le mot) de retourner au cinéma mais celui-ci est réservé aux enchanteurs…

Ce premier tome d’une trilogie fut réjouissant. En parallèle de cette échappatoire fantastique qu’offre le Cinérêve pour Augustin, loin de l’école où il est harcelé, celui-ci va se se créer des amitiés féminines à l’école (qui je pense auront encore plus d’importance dans les prochains tomes). Cette BD se lit d’une traite et nous donne envie de découvrir rapidement les nouvelles aventures d’Augustin… surtout que le scénario se termine en plein suspense ! Du côté des illustrations, Roland Garrigue, s’il a déjà mis en couleurs des bandes dessinées, cette nouvelle série est la première qu’il signe en tant que dessinateur. Son trait assez rond nous plonge dès les premières pages dans une ambiance mystérieuse et pourtant familière. Les planches sont très harmonieuses et le rythme trépidant de l’histoire vient apporter un côté dessin animé, très rapide et prenant.

Augustin et Croquette se feront adopter très rapidement par les jeunes lecteurs. Le scénario est classique mais diablement efficace, on a envie de découvrir la suite et pourquoi pas nous aussi aller faire un tour au Cinérêve !

Le cinérêve, tome 1 : Le mystère Hortensia, Anne Didier, Roland Garrigue et Catherine Duval (Casterman)
disponible depuis le 21 octobre 2020
9782203181168 – 11,95€
à partir de 8 ans
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Anne de Green Gables – Lucy Maud Montgomery

Marilla et Mattew, un couple de frère et soeur âgés, souhaitent adopter un garçon pour les aider à la ferme mais par erreur, on leur confie une fille. Mais pas n’importe quelle fille : Anne. Cette orpheline de 11 ans, aux cheveux roux (pour son plus grand désarroi), à l’esprit vif, à l’imagination sans borne et amatrice des grands mots, n’est pas ce qu’ils attendaient. Anne est très. Très impulsive. Très bavarde. Très théâtrale. Très maladroite. Très fantasque. Et surtout très attachante. Elle va bousculer le calme et la monotonie à Green Gables.

Anne de Green Gables est une nouvelle traduction d’un classique (Canada), vendu à 60 millions d’exemplaires et traduit en plus de trente-six langues. L’édition de ce roman et la vie de son autrice sont déjà une histoire romanesque à eux seuls. Une mère emportée très tôt par la tuberculose et un père qui part fonder une nouvelle famille abandonnant la petite Lucy Maud à passer son enfance avec des grands-parents peu aimants à Cavendish, sur l’Île-du-Prince-Édouard. Lucy Maud Montgomery fait partie de ces autrices qui ont toujours écrit et qui ont persévéré avant de trouver leurs lecteurs. Alors que ce roman a été rejeté par tous les éditeurs auxquels elle l’avait soumis, un jour de 1908, la chance lui sourit et Lucy rencontre le succès immédiatement. Les plus grands auteurs ont salué son œuvre : « Ce qui fait le génie de ce livre, ce n’est pas son réalisme, Anne est le triomphe de l’espoir », a dit Margaret Atwood ou encore Mark Twaïn qui a déclaré que l’héroïne était « l’enfant la plus attachante, émouvante et délicieuse depuis l’immortelle Alice. » Plus récemment, vous aurez peut-être découvert l’adaptation Anne with a E sur Netflix.

Lisette a une confession à faire, elle ne connaissait pas du tout ce texte et fut très heureuse de faire la connaissance d’Anne. Au tout début du roman, Anne est trop. Elle est trop enthousiaste ou trop désespérée. Ses longues tirades sur la nature ont été des passages parfois difficiles à passer mais heureusement cette intensité romanesque est atténuée par le personnage de Marilla, sa mère adoptive. Marilla est très terre à terre et essaye toujours d’expliquer à Anne qu’elle doit se taire et ne pas vivre la vie aussi intensément ! Ce décalage très moderne entre la romanesque et la fermière apporte beaucoup d’originalité dans ce roman. L’héroïne n’est pas sans me rappeler la malheureuse Sophie de la Comtesse de Ségur, toutes deux sont maladroites et tellement captivantes. Tous les personnages secondaires vont permettre à Anne d’évoluer, de ne plus craindre le manque d’affection et de continuer à voir la vie à sa façon.

« Je suppose que vous êtes Monsieur Matthew Cuthbert de Green Gables, dit-elle d’une voix particulièrement douce et claire. Je suis très heureuse de vous voir. Je commençais à craindre que vous ne veniez pas me chercher et j’imaginais tout ce qui aurait pu vous retenir. J’avais décidé, si vous ne veniez pas ce soir, de longer la voie jusqu’à ce grand merisier là-bas, dans le virage, et de grimper dedans pour y passer la nuit. Je n’aurais pas eu peur du tout, et ça aurait sans doute été charmant de dormir dans cet arbre aux fleurs blanches au clair de lune, vous ne pensez pas ? Ça aurait été comme vivre dans un temple de marbre, non ? »

Le lecteur suivra Anne de son arrivée à Green Gables (l’extrait au-dessus sont ses premiers mots) jusqu’à ses études supérieures. L’évolution de ce personnage est très belle et l’ambitieuse Anne finit toujours par rire de ses erreurs et s’en sort plus forte ! Nous la suivons dans ses apprentissages, sa découverte de l’amitié, de la religion, ses questionnements haut en couleurs et sa détermination à être la première de la classe.

Saluons la fabrication de M.T.L, l’objet est si esthétique que l’on a envie de le chérir et de l’avoir dans sa bibliothèque juste pour faire des belles photos sur Instagram. Anne de Green Gables a le charme des romans classiques, une écriture parfois un peu surannée (il faut aimer les descriptions de nature) et des personnages qui vous accompagneront toute une vie. Grâce à cette belle réédition, Anne demeure immortelle et d’une modernité surprenante ! Merci à Monsieur Toussaint Louverture pour cette incroyable édition et bravo à la traductrice Hélène Charrier. Pour ceux qui tomberont sous le charme d’Anne, un second tome est prévu en février 2021.

Anne de Green Gables, Lucy Maud Montgomery, traduit par Hélène Charrier (Monsieur Toussaint Louverture)
disponible le 8 octobre 2020
9782381960081 – 16,50€
à partir de 12 ans
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Ours et les choses – Andrée Prigent

Tous les matins Ours regarde le ciel, heureux et souriant. Il a belle allure. Mais un jour, il trouve une carriole et décide de la remplir. Il se baisse tous les jours suivants pour y entasser les objets qu’il trouve par terre, mais ce n’est jamais assez pour lui. Au fil des jours, à force de s’incliner, son dos se courbe de plus en plus. Il est si courbé qu’on dirait qu’il a des soucis. Jusqu’au jour où la carriole craque !

Une très belle fable pour les jeunes enfants sur la surconsommation aveuglante, le matérialisme, il n’est jamais trop tôt pour discuter de ce sujet écologique. Ours et les choses est une histoire très poétique et joyeuse en même temps. L’autrice a écrit ce texte avec beaucoup de simplicité et montre aux enfants qu’il faut parfois ouvrir les yeux en grand et découvrir le monde.

Andrée Prigent a entièrement réalisé cet album en linogravure, un travail magistral qui allie force et délicatesse. Chaque page est un tableau expressif, imprimé en deux couleurs, un bleu profond et un orange chatoyant, permettant ainsi d’entrer de plain-pied dans l’histoire. Le lecteur, grâce aux cadrages, aura presque l’impression d’être dans la carriole et de suivre l’ours (qui a des expressions adorables!) au fur et à mesure de son rapetissement.

Un album qui n’est ni moralisateur ni donneur de leçon, qui raconte avec simplicité l’importance de ne pas agglomérer des objets pour le plaisir d’avoir. Ours nous montre que parfois, il faut simplement lever les yeux de notre nombril pour voir à quel point le monde est beau.

Ours et les choses, Andrée Prigent(Didier Jeunesse)
collection Hors Collection
disponible le 23 septembre 2020
9782278097937 – 13,90€
à partir de 3 ans
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Alice & Alex – Claire et Hugo Zaorski

Alice et Alex se croisent un jour chez le couturier alors qu’ils commandaient des tenues pour l’été. Un événement si insignifiant, qu’on pourrait ne pas en parler, cependant pour eux, c’est un événement important. Un trouble inconnu les saisit tous les deux. Malheureusement rien ne les retient ici, ils rentrent chez eux sans un mot, la tête en vrac. Les jours passent… Ils ne comprennent pas ce qui leur arrive, ils ne dorment plus, rougissent et enchaînent les catastrophes. Heureusement on leur diagnostique un joli coup de foudre ! Vont-ils se retrouver ? L’amour sera-t-il réciproque ?

Quel univers flamboyant que cet album ! Une rencontre amoureuse menée cheveux au vent, au rythme d’un texte dansant et chantant. La composition graphique est telle qu’Alice et Alex ont chacun leur page, tels des miroirs, ils sont reliés par un sentiment d’amour et de craintes identiques. Les plans symétriques nous montrent de manière subtile que les deux soupirants ont exactement les mêmes sentiments et désirs. (Oui même l’homme se languit d’amour !)

Les illustrations de Claire Zaorski sont captivantes et hypnotiques. Le lecteur n’aura qu’une envie : passer des longs moments à observer les motifs, les formes et les couleurs. L’univers est somptueux : végétaux et motifs sont les rois de cet album. Les couleurs sont magnifiques, le jaune, vert et rose se bousculent, se mélangent en une danse amoureuse. Une seule envie : avoir les dessins sur des cartes postales, des carnets, des tee-shirts pour prolonger le plaisir de l’illustration.

Alice & Alex, Claire et Hugo Zaorski (Sarbacane)
disponible le 2 septembre 2020
9782377314478 – 16,50€
à partir de 5 ans
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L’âge des possibles – Marie Chartres

Chicago. Saul et Rachel y sont en amoureux pour faire leur Rumspringa, une parenthèse hors de la communauté amish, qui leur permettra de découvrir le monde moderne pour le rejeter en toute connaissance de cause. Temple, quant à elle, doit quitter sa petite vie casanière pour rejoindre sa sœur à Chicago, mais la peur la paralyse. Dans cette immense ville, celle qui se pose trop de questions et ceux qui devraient ne pas s’en poser vont se perdre et se trouver. Mais ils vont aussi trouver des réponses qu’ils auraient peut-être préféré ignorer…

A chaque chapitre, nous entendons une voix différente. Toutes ces voix expriment avec justesse la ferveur et le doute de l’adolescence. Le couple Saul et Rachel vont connaître, grâce à ce voyage, le monde des empressés, notre monde à nous : le métro, l’ignorance des gens, le bruit mais aussi le goût des bonbons, la ferveur de la ville, le chamboulement du désir et l’Art qui prend une grande place dans ce roman… C’est un bonheur que de parcourir avec eux la ville. L’autrice nous la fait découvrir à travers tous les sens : le goût, les odeurs, les couleurs… C’est poétique et très touchant de parcourir notre monde à travers leurs regards naïfs.

Quel plaisir de retrouver la narration de Marie Chartres qui a le goût des mots. Dans ce roman, on trouve de la poésie dans les dialogues, de la justesse de cœur mais aussi de l’élégance et de l’humour face au monde. Le duo d’amoureux m’a bouleversée dans leurs questionnements, la conscience qu’ils ont de leur éducation, leurs doutes et leur tendresse l’un envers l’autre.

« J’ai observé Rachel à la dérobée. Je savais qu’elle avait adoré la phrase que venait de prononcer cet homme. Elle est tellement attentive aux mots. Rachel est comme cela, elle aime quand l’intime surgit accidentellement, tel un animal sauvage au détour d’un virage. Elle aime, malgré tout, les joyeux petits accidents dans les phrases et les yeux des gens. Je pense qu’elle ne le sait pas, mais moi, je le sais. »

Ce roman nous transporte dans l’adolescence, cet âge des possibles où tout peut basculer, où l’on comprend que la vie a toujours plus d’imagination que nous.

Un roman touchant qui nous embarque dans ce moment d’émerveillement, de liberté, qui parlera à tout les adolescents. Il faut savoir que Bob et Lisette adorent la plume de Marie Chartres, vous pouvez retrouver les chroniques de ces précédents romans. Ce roman est à la hauteur de ses précédents, lisez-le les yeux fermés ! (Bob me dit à l’oreille que ce ne sera pas pratique… aucune imagination)

L’âge des possibles, Marie Chartres (l’école des loisirs)
collection Médium
disponible depuis le 19 août 2020
9782211309714 – 15€
à partir de 14 ans
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L’affaire des fées de Cottingley – Natacha Henry

Été 1917, Angleterre. Elsie, 16 ans, s’occupe de sa cousine Frances, 9 ans, venue vivre chez elle avec sa mère, le temps que la guerre se termine. Elsie est furieuse de devoir s’occuper de sa cousine. Passionnée par la photo, elle ne rêve que d’une chose : travailler auprès d’un photographe de la région. Alors qu’un jour les deux cousines se font réprimander d’être revenues crasseuses de la rivière, Frances invente une excuse : elles ont vu des fées !

Ce roman, inspiré de faits réels, raconte l’un des plus grands canulars du XXème siècle : l’affaire des Fées de Cottingley. Deux jeunes filles vont en effet s’amuser à transformer des photos (je vous laisse découvrir comment) et le trucage va être si réussi que non seulement leurs mères vont les croire mais ces dernières décident de parler de cette révélation au monde scientifique. Si aujourd’hui nous avons l’habitude des fake news, cette plaisanterie enfantine va prendre des proportions immenses et va réussir à duper des membres très hauts placés du milieu scientifique mais pas que… même le célèbre spiritualiste Sir Arthur Conan Doyle, auteur de Sherlock Holmes, va y croire !

Au delà de l’histoire des photographies, ce roman permettra aux jeunes lecteurs de découvrir les fracas de la Première Guerre mondiale. Le père de Frances étant au front, nous avons régulièrement dans le roman des explications historiques de l’avancée de la guerre, de la vie des soldats. On se rend rapidement compte que pour certains personnages les fées deviennent l’ultime et unique échappatoire pour détourner leurs pensées de la guerre. Aujourd’hui, lorsque nous voyons les photographies nous ne comprenons pas comment autant de gens sont tombés dans le panneau ! Aux enfants sceptiques, il sera intéressant d’utiliser ce roman comme support pour discuter de notre rapport à l’image, aux effets-spéciaux.

Ce roman, qui a été écrit en collaboration avec les ayant-droit des deux soeurs, nous rappelle que les jeunes filles ne souhaitaient aucunement créer un canular, mais qu’il s’agissait simplement de deux cousines qui s’amusaient. Et ça c’est magique !

L’affaire des fées de Cottingley, Nathacha Henry (Rageot)
disponible le 26 août 2020
9782700263756 – 13€
à partir de 10 ans
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Taxonomie de l’amour – Rachael Allen

Il faut savoir deux choses sur Spencer : il a le syndrome de la Tourette et il est tombé fou amoureux de sa voisine Hope, qui vient d’emménager à côté de chez lui. Spencer sent tout de suite qu’elle est spéciale : Hope aime escalader les arbres, adore les anecdotes bizarres sur des sujets inutiles, et surtout, elle ne se moque pas de lui et de ses tics moteurs et vocaux. À ses côtés, il a l’impression de faire enfin partie du monde qui l’entoure. Les deux adolescents vont grandir l’un à côté de l’autre, oscillant entre amour et amitié. Malheureusement pour Spencer, la vie n’est pas aussi simple que les taxonomies qu’ils s’amusent à créer…

Si vous imaginez suivre les aventures d’un garçon qui crie des injures à cause de ce syndrome, passez votre chemin ! Spencer a des gestes involontaires, des tics nerveux (reniflements, haussements d’épaule) et des tics sonores (parfois il répète le dernier mot d’une phrase). Passé ce syndrome, c’est un adolescent curieux, passionné par les insectes, qui essaye de prendre sa place dans le monde. Il va y réussir, petit à petit, notamment grâce à son amitié avec Hope et un surprenant talent pour la lutte. Talent qui apparaît à force de se faire maltraiter par d’autres garçons et par son frère Dean, le beau grand frère à qui tout réussit.

Au début du roman, les personnages paraissent stéréotypés, comme une série télévisée (le beau garçon, le sportif…) mais au fil du roman, on va se rendre compte qu’ils ont tous des failles, des histoires dysfonctionnelles. On prend plaisir à suivre l’évolution d’Hope et de Spencer à travers le temps, car le roman les suit de 13 à 19 ans. Un temps de l’adolescence fort en émotions.

Taxonomie de l’amour est une excellente lecture, qui sous son air de romance, en réalité nous parle de différence, des liens familiaux et de deuil. La passion du protagoniste pour la taxonomie, un système de classification des êtres vivants, l’invite à en créer lui-même concernant les personnes qui l’entourent. On pourra ainsi découvrir par exemple une « Taxonomie des filles qui m’empêchent de me concentrer sur mes devoirs de maths », très drôle. Ces schémas apportent de la légèreté dans des situations parfois émouvantes.

Un roman parfait pour les adolescents qui souhaitent une histoire d’amour hors des cases et qui prouve que les relations humaines ne se résument pas à une classification scientifique !

Taxonomie de l’amour, Rachael Allen (Bayard)
disponible le 8 juillet 2020
9782747095051 – 14,90€
à partir de 14 ans
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Les esprits de l’escalier – Clémentine Beauvais et Gérald Guerlais

Un esprit frappeur hante depuis 118 ans un immeuble parisien. Seul, voilà plus d’un siècle qu’il observe les humains. Il pensait avoir tout vu… jusqu’au jour où une nouvelle venue débarque pour hanter son immeuble. Elle vient juste de mourir, c’est une fille d’aujourd’hui, impertinente et insaisissable. Lui, il se languit d’amour et vient d’hier… Comment pourrait-il lui plaire ?

Clémentine Beauvais nous parle une nouvelle fois d’amour avec cet album (découvrez son interview et pour les curieux ses précédents ouvrages ici, et même ici) avec un style frais, aérien et stylisé. Dans cette histoire d’amour futée, il est question des affres de la séduction et des jeux de mots qui tombent à plat. En effet, notre pauvre amoureux reste muet face à notre fantômette et sa répartie arrive quand sa dulcinée s’est envolée. Vous manquez, comme notre héros, de riposte et vous avez une épiphanie – une réplique parfaite – qui arrive trop tard ? Vous avez l’esprit de l’escalier ! Cette expression viendrait du livre Paradoxe sur le comédien de Diderot qui écrivait «…l’homme sensible comme moi, tout entier à ce qu’on lui objecte, perd la tête et ne se retrouve qu’au bas de l’escalier ». Mais heureusement pour notre esprit de l’escalier l’amour donne des ailes et des mots.

Au fil des grandes doubles pages, nos personnages virevoltent, se croisent ! Les grandes illustrations nous dévoile Paris, sa frénésie, ses chats (nombreux!) et l’architecture grandiose. Les lecteurs assidus de l’autrice apercevront un clin d’œil à l’une de ses précédentes œuvres – je vous laisse chercher. Mention spéciale à cette magnifique illustration d’escaliers !

 

Un très bel album pour profiter de la musique de l’autrice et pour plonger dans les somptueuses illustrations de Gérald Gerlais. Un livre qui évoque l’amour, le plaisir des mots. Comme quoi même l’amour peut toucher n’importe quel bon esprit !

Les esprits de l’escalier, Clémentine Beauvais, illustré par Gérald Guerlais (Sarbacane)
disponible depuis le 29 janvier 2020
9782377313730 – 15,90 €
à partir de 7 ans
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Starfell, Violette Dupin et le jour perdu – Dominique Valente

Vous avez égaré des clés, une chaussette ou même un dentier ? Adressez-vous à Violette, la plus jeune sorcière de la famille Dupin, qui retrouve tout ce qui a été perdu. Un don qui n’a rien d’excitant comparé aux autres membres de sa famille qui possèdent des dons puissants… Jusqu’au jour où Moreg Vaine, la plus redoutable des sorcières du royaume, demande à Violette de l’accompagner à la recherche… de mardi dernier. Ce jour a disparu de la mémoire de tous les habitants du royaume de Starfell !

Ce roman a tous les ingrédients pour plaire à de nombreux enfants : fantasy, aventure, humour et une galerie de personnages attachants ! On trouvera Oswin, un kobold (mélange de monstre sous le lit et de chat) au caractère épouvantable et très doué pour détecter les mensonges ; un voyant qui tombe dans les pommes ou encore une Calamity troll qui veut faire pousser des fleurs… Au fil du voyage de Violette et de Moreg Vaine, nous découvrons également le royaume de Starfell, royaume où la magie ne fut pas toujours tolérée. Le récit est très rythmé, les rebondissements ne manquent pas, on a vraiment envie de découvrir pourquoi le mardi a disparu, qui est derrière tout ça ?

Au début du roman, Violette Dupin souffre des moqueries dû à son pouvoir mineur, mais face à l’adversité, elle va progressivement prendre confiance en elle. Elle prendra très à coeur sa mission… et s’interrogera sur les effets secondaires d’avoir perdu une journée. Une très belle leçon de vie comme quoi chaque instant est important et qu’il faut faire très attention à ce que l’on souhaite dans la vie.

A noter, ce tome 1 se conclut très bien (sans cliffhanger) et on a hâte de découvrir les nouvelles aventures de Violette !

Starfell, t.1 – Violette Dupin et le jour perdu, Dominique Valente (Casterman)
disponible depuis le 27 mai 2020
9782203194717 – 14,95€
à partir de 9 ans